The Massive est la dernière création de
Brian Wood chez
Dark Horse. En ce mois de juin,
Panini nous propose une traduction des six premiers numéros regroupés dans un album cartonné. Pour ceux qui ne connaissent pas
Wood, il est surtout connu pour avoir réalisé
DMZ et
Northlanders chez
Vertigo. C’est un auteur assez prolifique actuellement, qui, en plus de son travail sur
Conan le Barbare,
X-Men et
Star Wars, se permet de créer cette nouvelle série. L’intrigue de
The Massive se déroule dans un monde ravagé par des catastrophes naturelles, et nous suivons l’équipage du
Kapital, un navire du groupe d’intervention écologiste la
Neuvième Vague, à la recherche du
Massive, leur second navire bien plus grand qui a été perdu lors d’une tempête. Voilà le pitch de base de la série, voyons maintenant ce que nous réserve ce premier tome.
Ce tome est composé de deux histoires de trois chapitres. Je vais donc parler dans un premier temps de la première moitié, celle dessinée par
Kristian Donaldson, c’est-à-dire
Terre en vue. Le récit commence sur le
Kapital, alors que les membres de l’équipage semblent avoir retrouvé la trace du
Massive. Nous sommes donc directement plongés dans l’aventure. Mais celle-ci sera régulièrement coupée de flashbacks permettant d’en apprendre plus sur l’état du monde et l’histoire de la
Neuvième Vague. Pour résumer, il y a eu une série de désastres environnementaux, sociaux et économiques que l’on a nommé le
Krach et s’étendant sur une année. Avant ça,
Callum Israel, le capitaine du
Kapital, était un militaire privé travaillant pour
Blackbell. En 1997, lassé de ce job, il disparaît pour revenir en 2001 et fonder la
Neuvième Vague. Ce groupe d’intervention pacifiste est donc créé par un
Ancien militaire entouré d’un autre
Ancien de
Blackbell,
Mag, et de
Mary, une femme dont on sait très peu de chose. Toutes ces informations sur le
Krach et sur la
Neuvième Vague sont présentées dans des flashbacks. Pour tout dire, l’histoire principale se déroulant dans le présent, même si elle comporte de bons moments, n’est pas très palpitante. Le vrai intérêt se trouve dans ces retours en arrière nous introduisant l’état du monde actuel et les protagonistes de l’histoire.
Le récit se centre sur ces trois personnages principaux :
Israel,
Mag et
Mary. Nous suivons leur histoire et quasiment uniquement leur histoire. Si cette première partie reste assez générale, la deuxième partie,
Pacifique Noir dessiné par
Garry Brown, s’attarde plus sur les personnages. Le postulat est simple : le
Kapital a besoin de ravitaillement.
Israel s’occupe de l’essence en magouillant,
Mary s’occupe de l’eau grâce à un secret qu’elle connait et
Mag utilise la force pour récupérer de la nourriture. Je pense que la manière dont agissent les personnages montrent bien leurs personnalités ainsi que leurs particularités que l’on va suivre durant l’aventure. En plus de ses compétences individuelles, c’est les convictions du groupe qui vont être intéressantes à suivre. En effet, à la suite du
Krach, le monde est devenu encore plus dangereux, et pourtant la
Neuvième Vague veut rester une force d’intervention pacifiste. Sachant qu’elle est en partie composée par des militaires, on se demande jusqu’où ils seront prêts à aller.
Ce qui est exemplaire dans
The Massive, c’est le ton donné par
Brian Wood. A aucun moment il n’y a prise de parti. Le récit est le plus neutre possible, le plus réaliste possible. Lors des flashbacks, notamment sur le
Krach, une voix off raconte ce qui s’est passé. C’est un texte froid qui énonce les faits, rien de plus. Ce n’est pas la voix de
Wood, mais plus un rapport le plus objectif possible. On ne rentre jamais dans la tête des personnages. On ne sait pas ce qu’ils ressentent, on voit juste ce qu’ils font, sans jugement. C’est à la fois la grande force du récit, et une faiblesse, car on s’attache difficilement aux personnages. En revanche,
Brian Wood a décidé d’avoir des protagonistes non-américains, et la seule américaine est considérée comme prétentieuse. Même si l’auteur est né dans le Vermont, c’est assez rafraîchissant de voir le recul qu’il peut avoir sur la vision du monde de son pays.
Attardons-nous un peu sur le côté écologiste de l’ouvrage, puisqu’il est assez exemplaire. La plupart des récits se basant sur ce type d’histoire font souvent des erreurs, montrant une nature bisounours contre les méchants humains. Le seul défaut que je peux trouver ici, et qu’on retrouve souvent, c’est que les modifications environnementales se passent très vite. Mais c’est ce postulat qui sert de base à l’histoire : qu’est-ce qui se passerait si toutes les catastrophes avaient lieu la même année ? La plupart des catastrophes ne sont pas inventées par
Brian Wood, mais s’inspirent de faits réels : l’explosion d’un volcan islandais, chutes d’oiseaux qui tombent morts sans raison apparentes, grosses coupures de courant, grosses tempêtes sont des évènements qui ont déjà eu lieux. La montée des eaux, des courants d’air et d’eau modifiés sont aussi prévus si ça continue. Bref,
Wood intègre tout ce contexte environnemental au récit de manière très intelligente, c’est-à-dire qu’à aucun moment, il se place dans la peau d’un donneur de leçon. Pourtant, la meilleure idée du bouquin est qu’à aucun moment l’année du
Krach n’est donnée. On devine que ce n’est pas loin d’aujourd’hui, mais nous n’avons aucune précision, comme si
Brian Wood voulait nous avertir de manière très subtile : attention ça peut arriver à n’importe quel moment si on ne fait pas d’effort.
Je n’ai pas encore parlé de la qualité des dessins, tout simplement parce qu’il n’y a rien à redire. Le trait de
Kristian Donaldson est très fin, assez épuré, mais très efficaces et précis. Quant à
Garry Brown, son trait est plus grossier, mais très contrôlé et très juste. En bref, les deux artistes servent de manière exemplaire le récit. La colorisation de
Dave Stewart est très sobre et assez terne, ce qui colle parfaitement à l’histoire. La partie graphique est donc un régal. Concernant l’édition de
Panini, là aussi, c’est du beau travail. Le cartonné est de très bonne qualité et le papier parfait. Entre les histoires, des documents ont été introduits afin d’étoffer l’univers (un peu comme dans
Watchmen par exemple). La traduction est bonne autant pour ces documents que pour la BD en elle-même. Tout est là pour nous proposer une lecture optimale et agréable.
Ce premier tome n’est finalement qu’une grosse introduction à l’univers et aux personnages de la série The Massive. Brian Wood prend son temps, et lance déjà pas mal de pistes de réflexion. L’album semble truffé d’indices qui méritent des recherches. Le récit est intelligent, un peu froid, mais passionnant. Les thèmes abordés notamment l’écologie et le pacifisme dans un monde imprévisible sont très intéressants. Et quelques questions restent en suspens : qu’est-ce que le Massive a de si important ? Qui est Mary ?
[conclusion=4][/conclusion][onaime]- Thèmes abordés
- L’intelligence du récit
- Envie d’en savoir plus[/onaime]
[onaimepas]- Récit assez froid
- Juste une introduction[/onaimepas]
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