[DDALE HS#06] Analyse de The Dark Knight Rises

[DDALE HS#06] Analyse de The Dark Knight Rises

Bonjour à tous ! Aujourd'hui Batdetective me laisse sa plume pour un numéro spécial hors série du DDALE, qui consistera en une analyse de The Dark Knight Rises. Encore du Batman vous allez me dire ? Oui mais ne partez pas en courant ! Pour chaque film de comics sorti on s'amuse souvent à un petit jeu, qui pour certains consistera à vérifier la fidélité du film par rapport aux comics, pour d'autres à analyser le jeu des acteurs, ou décortiquer le scénario, et même parfois percer le ou les messages du film. J'ai donc essayé d'intégrer tout ça pour analyser le film dans son ensemble, mais en y mêlant aussi les références et les influences cinématographiques, littéraires, comics, ou encore de notre actualité... qui ont contribué à la création de ce film, tout en oubliant pas les deux précédents films, pour replacer The Dark Knight Rises dans le contexte de la trilogie, pour mieux appréhender sa cohérence, et en y ajoutant quelques comparatifs avec la filmographie de Christopher Nolan. Une petite précision d'ordre pratique, je parle souvent de Christopher Nolan, mais comme il n'est pas le seul cerveau de ces trois films, je n'en oublie pas son frère Jonathan et le scénariste David S. Goyer. Même s'ils ne sont donc pas cités dans ce DDALE, le nom de Christopher Nolan englobe également leur importante contribution. Sur ce bonne lecture et évidemment, attention aux spoilers !



HS N°6 : ANALYSE DE THE DARK KNIGHT RISES.







« On doit lui courir après. Parce qu'il est le héros que Gotham mérite et pas encore celui qu'il faut à ses citoyens. Alors on va le traquer, car il est capable de l'endurer. Parce que ce n'est pas un héros. C'est un ange gardien silencieux. Un protecteur vigilant. Un Chevalier Noir . » Par ces mots à travers le Commissaire Gordon , Christopher Nolan concluait le deuxième épisode de sa trilogie, The Dark Knight, laissant présager un sombre avenir pour le Batman . Dans The Dark Knight Rises, le troisième et dernier acte concluant la trilogie, le Chevalier Noir va devoir se relever pour affronter un mal menaçant le fragile équilibre établit après la mort du procureur Harvey Dent . La situation n'a pas changé depuis la nuit où Batman a endossé la responsabilité des crimes du défunt procureur. Il a disparut sans jamais réapparaître depuis huit ans. Et pour cause, la police l'a longtemps traqué, et le mensonge sur le véritable visage de Dent, ainsi que de nouvelles lois répressives ont vaincu la criminalité et instauré une paix instable pour Gotham City . Nolan choisit ce statut quo comme point de départ pour mieux repartir et disposer d'une plus grande marge de manœuvre pour l'intrigue et les personnages, anciens comme nouveaux. Il puise ainsi son inspiration dans le comic-book de Frank Miller The Dark Knight Returns, où un Bruce Wayne vieillissant sort de sa retraite pour endosser une ultime fois le costume de Batman . Le réalisateur fait le pari de réaliser un troisième film une nouvelle fois davantage axé sur ses personnages, l'émotion et l'intensité que sur l'action, toujours avec ce savant dosage de blockbuster et de film d'auteur valorisant le genre.





Christian Bale compose donc un Bruce Wayne sur le déclin, très affaibli physiquement, et vivant en ermite dans le manoir familial avec son majordome Alfred (Michael Caine). Ce qui n'est pas sans rappeler Howard Hughes, dont Chris Nolan dit s'être inspiré. Il livre sa meilleure prestation dans le rôle de Wayne/Batman, en particulier lors de ses altercations avec Alfred, magistral Michael Caine, les moment les plus forts émotionnellement de toute la trilogie. Mais sa prestation en Batman est aussi remarquable, plus fort et plus faible à la fois, plus brutal, plus en colère, ses cris lors des combats contre Bane témoignant de toute la rage et toute la souffrance du personnage. Car ce personnage souffre beaucoup, physiquement et mentalement, chose assez rare dans le genre pour être soulignée. Cependant, c'est une caractéristique typique de chez Nolan. Le héros s'écrit dans une souffrance qui va changer sa psychologie et qui va devenir un élément moteur de l'histoire. C'était déjà cette souffrance de la mort de ses parent qui poussait le jeune Bruce Wayne à devenir Batman dans Batman Begins, dans Memento Leonard Shelby perdait sa femme et subissait des troubles de mémoire, dans Le Prestige la mort de sa femme Julia pousse Robert Angier dans un duel fratricide contre son Ancien ami Alfred Borden, et le Detective Dormer de Insomnia est poussé à l'insomnie par un assassin manipulateur. Enfin dans Inception Dom Cobb est hanté par la mort de sa femme et devient dépendant de la machine à rêves. Il est aussi intéressant de constater que chez Chris Nolan l'amour est synonyme de souffrance et de destruction, puisqu'il n'est pas rare que la femme aimée meurt, comme la femme de Leonard dans Mémento, Mél dans Inception, ou Julia dans Le Prestige, laissant le héros seul pour affronter son destin. Batman n'y échappe malheureusement pas, puisque pour la première fois dans un film de ce genre, l'amour secret du héros, Rachel Dawes , est une victime du chaos orchestré par le Joker dans The Dark Knight. Ce qui aura pour conséquence de rendre Harvey Dent fou et obligera un Batman accablé par le chagrin à salir son image en devenant un fugitif sur la base d'un mensonge. Détruit psychologiquement, le héros masqué va disparaître pendant huit longues années avant de revenir pour affronter un nouvel ennemi face auquel il pourrait bien ne pas être de taille.





C'est ainsi que Bane arrive à Gotham City avec un but unique, la destruction de la ville qui passera par un anéantissement du Chevalier Noir , une révolution du peuple, et une destruction de certains des plus grands symboles américains. Tom Hardy incarne avec brio ce personnage aux multiples facettes. Sans atteindre le génie de Heath Ledger en Joker , il impose son style dans ce rôle, tantôt tacticien hors pair, tantôt leader craint et respecté, puis révolutionnaire accompli, laissant même apparaître une pointe de sensibilité à la fin du film. Mais son personnage dégage en permanence une force, une agressivité et une rage, auquel les 15 kg pris en 3 mois par Tom Hardy avant le tournage du film ne sont sans doute pas étrangers. Mais à cause du masque qu'il porte pendant tout le film, son véritable tour de force est de communiquer toutes ses émotions exclusivement avec le regard, et dans une moindre mesure la voix. Une voix qui lance d'ailleurs haut et fort des appels à la révolte du peuple vivant dans la misère, contre les quelques élites vivant dans les buildings de luxe. Impossible de ne pas faire un lien entre la situation de la ville de Gotham et la crise économique qui fait trembler notre monde depuis trois ans. Pourtant le scénario a été écrit en 2008, avant le début de la crise donc, et Christopher Nolan se défend de ne pas avoir volontairement fait ce parallèle. Dans tout les cas le film est très politique, et cette vision reflète les peurs d'une Amérique qui ne s'est toujours pas vraiment remise des attentats du 11 septembre 2001. Le réalisateur avait déjà su le faire brillamment dans The Dark Knight avec un Joker anarchique symbolisant la peur du terrorisme. Avec The Dark Knight Rises il présente donc maintenant des démons plus récents comme la peur de la crise économique qui dure et dont l'issue est incertaine. Mais il exploite également la peur d'un monde en crise in-sécuritaire. En ce sens, la bombe nucléaire de Bane symbolise autant l'expiation de Gotham que la peur américaine des armes de destruction massive, dont le temps est ici compté avant autodestruction. D'ailleurs dans le film le gouvernement américain se verra contraint de coopérer sous cette menace nucléaire en organisant un blocus de la ville, participant de ce fait au cloisonnement de ses citoyens.





Pour parfaire cette vision apocalyptique d'une ville à deux visages, Nolan s’inspire de récits de référence, comme le Métropolis de Fritz Lang qui dépeint une mégapole divisée en une ville haute où vit la classe dirigeante dans l'oisiveté et le luxe, et une ville basse où les travailleurs font fonctionner la ville ; ainsi que Le Conte de Deux Cités dans lequel Charles Dickens décrit le sort de la paysannerie française accablée par l'aristocratie durant les années précédent la Révolution de 1789, puis la brutalité des révolutionnaires envers cette même aristocratie. The Dark Knight Rises suit à peu près ce même schéma. En apparence Gotham est apaisée suite aux événements et aux lois qui ont découlé de la mort de Harvey Dent , et peut même se passer du Batman et de la police, dans une certaine mesure. Mais derrière la façade la ville pourrit. L'écart entre les riches (traders, chefs d'entreprises...) dont Bruce Wayne fait partie, et les citoyens de Gotham se fait de plus en plus grand. Wayne vivant ermite, est donc complètement en décalage avec les réalités et persuadé que Batman n'a plus de raison d'être. Pourtant Gotham cache une autre facette. Si la surface de la ville se voile la face, dans ses entrailles gronde une révolution et un plan de destruction de masse minutieusement préparé par Bane et ses guerriers fanatiques, dont le but est moins la révolution que la destruction de la ville. Pour lier le tout, Christopher Nolan puise ses références comics dans Knightfall, la première apparition de Bane , dans laquelle il parvient à briser le Chevalier Noir et à prendre le contrôle de Gotham ; ainsi que dans No Man's Land où les criminels se partagent la ville après que celle-ci ait été justement déclarée « no man's land » suite à un tremblement de terre.





Dans le film, la ville est également coupée du reste du monde. Après avoir détruit son économie (Wayne lui-même est ruiné), moteur de la vie de nos jours, Bane l'offre aux révolutionnaires et aux citoyens opprimés, parmi lesquels figurent en première ligne les criminels enfermés à vie dans la prison de Blackgate . L'occasion de revoir le génial Cillian Murphy dans son rôle de Scarecrow , le temps de quelques scènes de jugements incroyables. Sous le régime de Bane , les riches sont jugés pour être riches, le juge (Scarecrow) leur offrant le choix entre la mort ou l'exil. Ce qui fait écho avec la Terreur et sa Justice tranchante pendant la Révolution française, comme l'écrivait Dickens. Un personnage se démarque des autres, une femme, une cambrioleuse de haut vol, Selina Kyle (Anne Hathaway) qui désire reprendre une vie à zéro, mais qui va vite s'apercevoir que ses mauvais choix l'on conduit à libérer le mal qui grondait dans l'ombre. Anne Hathaway est la très bonne surprise de ce film. Elle y incarne de façon subtile un rôle qu'on attendait pas forcément d'elle. Très inspiré du comic-book Batman Year One de Frank Miller, le personnage reste longtemps sur le fil, très ambigu, avant d'être contrainte à la trahison. Une femme égarée qui cherche un nouveau départ. C'est un personnage féminin relativement différent de ce à quoi Chris Nolan nous avait habitués. Dans ses précédents films les femmes étaient soit des guides qui amenaient le héros à se remettre en question, telle Olivia dans Le Prestige, Ariane dans Inception et bien sûr Rachel dans Batman Begins et The Dark Knight ; soit l'enjeu émotionnel de l'histoire, comme la femme de Leonard dans Memento, Julia et Sarah dans Le Prestige, Mél dans Inception et Rachel dans Batman Begins et The Dark Knight. Or Selina Kyle est un personnage solitaire, à part, elle a sa propre morale, prône une certaine Justice en volant aux riches, et se pose donc en égale du héros. Son alchimie avec Batman est d'ailleurs des plus efficace à l'écran.





Au milieu de ces personnages costumés et de cette déferlante de violence, la police, représentée par les personnages du Commissaire Gordon (Gary Oldman), John Blake (Joseph Gordon-Levitt) et du Commissaire-adjoint Foley (Matthew Modine) est restée impuissante et inefficace. Trop occupée à penser à la paix durement obtenue, à traquer le Batman dès son retour plutôt que les terroristes, elle n'a pas vu la flamme s'élever (venant une nouvelle fois de l'intérieur) et organise la résistance trop tard. Les interactions des trois personnages démontrent cette impuissance. Entre Blake le jeune idéaliste, Gordon le vieux Commissaire en quête de rédemption, et Foley l'adjoint dans le déni, la tension est palpable. Sans doute Nolan cherche-t-il à montrer les limites de notre système judiciaire et sécuritaire, et l'impossibilité de maintenir l'ordre lorsque la mort est programmée. Que peuvent faire les forces de l'ordre face à une bombe nucléaire en perpétuel mouvement et dont l'heure d'explosion est connue ? Gary Oldman est toujours excellent dans son rôle de Commissaire rongé par les remords, mais peut-être pas tout à fait assez présent. Sa considération et son respect pour Batman sont l'occasion de quelques scènes poignantes, notamment avec Blake , qui à l'inverse est un peu trop présent. Mais cette présence sera largement justifiée par la suite, en particulier grâce à sa relation privilégiée avec Bruce Wayne /Batman. C'est donc l'occasion pour Joseph Gordon-Levitt de se faire remarquer pour son très bon jeu simple et juste. Malgré leurs désaccords, les deux policiers partagent leur idéalisme et une foi dans Batman qui fera d'eux l'unique espoir de Gotham à l'heure où le Chevalier Noir a été vaincu et a une nouvelle fois disparut. La police est donc plus que jamais le symbole de la Justice et de la sécurité, sans laquelle le bon fonctionnement de la vie dans notre société ne peut être garantit. Ce symbole fort de la police, de l'ordre et de la Justice aux USA est réduit en miette par un révolutionnaire enterrant les forces de l'ordre vivantes sous terre. Christopher Nolan prend d'ailleurs la plupart des autres blockbusters à contre-pied en opérant la destruction d'une bonne partie des symboles forts des États-Unis, à commencer par le drapeau flottant en lambeau dans une ville assiégée. Une ville en ruines qui n'a jamais autant fait penser à New York, sachant que le tournage s'y est déroulé un certain moment, notamment à proximité de Wall Street. D'ailleurs la bourse, symbole de la puissance économique américaine, fait également les frais de la destruction symbolique opérée par Nolan. Sans oublier l'hymne national, le Star Spangle Banner , sublimé par un jeune choriste quelques secondes avant l'exécution apocalyptique du plan de Bane .





Enfin, le héros, Batman, n'échappe pas à cette tragédie de déconstruction des symboles. Lors d'une scène terrible où l'extraordinaire musique de Hans Zimmer laisse place à un Silence de mort, le Chevalier Noir se fait littéralement massacrer par Bane . Un événement inédit au cinéma pour un héros et un film de cette envergure. Les coup sont violents, les cris de lutte et de souffrance de Batman glacent le sang, tandis que son adversaire s'acharne sur son masque et lui brise le dos, avant de l'enfermer dans une prison dont la sortie est impossible. Pourtant, malgré ces épreuves atroces, le Dark Knight va se relever une dernière fois, pour sauver sa ville et ses citoyens. Car c'est bien de cela que le film traite. Comment un héros abattu psychologiquement puis brisé physiquement peut-il se relever ? « Et pourquoi tombons-nous Bruce ? Pour mieux apprendre à nous relever. ». Cette maxime de Thomas Wayne prononcée dans Batman Begins devient l'épine dorsale de ce troisième film. À la fin de The Dark Knight, Batman choisissait de devenir un paria aux yeux des citoyens, mais en dépit de cette solution très radicale pour garantir une paix durable, aux yeux du spectateur Nolan élevait son héros au rang de symbole « assurément incorruptible » selon les propres mots du Joker . Batman se relève donc une première fois, il s'agissait ici de sa dépression psychologique suite à la mort de Rachel, pour affronter son nouvel ennemi. L'occasion d'une scène mémorable, où dès son retour il se lance à la poursuite de Bane , alors que la police choisit de le traquer lui en souvenir de Harvey Dent , plutôt que les terroristes. Seul contre tous jusqu’au bout et fidèle à ses principes et ses valeurs. Hélas, il tombera donc encore plus bas après son échec contre Bane et sera contraint d'assister à la destruction de Gotham depuis une geôle au fond d'un puits. En dépit de quelques petites facilités scénaristiques, c'est un moment crucial du film, représentant toute la puissance de son message : le héros, ce Chevalier Noir jeté dans les profondeurs sombre d'une prison, va devoir se reconstruire un corps, et même retrouver foi en la vie pour pouvoir s'échapper.





Une autre caractéristique typique de chez Nolan, le héros doit sans cesse dépasser ses limites s'il veut survivre, comme le faisaient Borden et Angier dans Le Prestige avec leurs tours de magie, Leonard Shelby dans Memento devait trouver des solutions pour conserver sa mémoire, Dormer dans Insomnia devait traquer un assassin tout en affrontant son insomnie, et Cobb dans Inception devait mener sa mission et faire face à ses rêves et au spectre de sa femme. Enfin Batman lui-même avait déjà vécu des épreuves douloureuses dans les films précédents. Des épreuves toutes représentées par la galerie de « freaks » qui parcourent les films et qui permettent de définir le héros lui même. Le Scarecrow de Batman Begins symbolisait cette peur qui hantait Bruce depuis la mort de ses parents et dont il avait eu tant de mal à se débarrasser. Et Ra's Al Ghul était le maître que l'élève fini forcément par dépasser, mais il lui permettait également de comprendre la difficile frontière entre la Justice et la vengeance. The Dark Knight marquait un nouveau tournant avec la souffrance morale, puisque Batman prenait conscience que son action n'endiguait pas la criminalité, pire elle attirait de véritables monstres comme le Joker , son reflet négatif, et créait des victimes parmi les citoyens et ses proches dont Harvey Dent et Rachel Dawes . Enfin Bane n'est autre que le monstre forçant le héros à dépasser ses capacités physiques, son l'ultime épreuve. Il va permettre à Batman de passer du statut de symbole à celui de légende. Une transition qui s'opère lors de l'ascension du mur de la prison. Un passage de l'ombre à la lumière mis en scène de la plus belle des façons : alors que Bruce se hisse le long de la paroi rocheuse, les autres prisonniers entament un chant « DESHAY ! DESHAY ! BASARA ! BASARA ! » qui signifie tout simplement « Relèves-toi. ». On peut ainsi faire le lien entre le puits qui mène à la prison et les Puits de Lazare de Ra's Al Ghul dans les comics. D'ailleurs lors des prises de vue du tournage, de nombreux fans ont cru reconnaître un de ces Puits de Lazare. En effet, dans les comics les Puits offrent à ceux qui s'y plongent un renouvellement vital du corps. Dans le film Bruce Wayne arrive en prison blessé et meurtrit dans sa chair et dans son âme. Lorsqu'il en ressort il s'est reforgé un corps et a retrouvé l'envie de vivre et la rage de vaincre. Même si les deux concepts sont assez éloignés, la symbolique est pourtant la même, à savoir que ceux qui ressortent du puits ont le droit à une renaissance.





La voilà la finalité de l’œuvre de Christopher Nolan entrevue depuis la révélation du titre, The Dark Knight Rises littéralement « Le Chevalier Noir se relève »; et annoncée par Ra's Al Ghul dans Batman Begins: « Si vous dépassez votre condition d'être humain... Si vous vous consacrez entièrement à un idéal et si vous êtes insaisissable, là seulement vous serez devenu autre chose...une légende monsieur Wayne. ». Dans ce même film Nolan faisait donc de Batman un symbole, symbole qui illuminait le ciel de Gotham depuis le projecteur sur le toit du Commissariat. Dans The Dark Knight ce symbole chutait de son piédestal pour protéger l'image du Chevalier Blanc (Harvey Dent), assumant de ce fait son rôle de Chevalier Noir , et disparaissait dans la nuit alors que le projecteur, le symbole, était détruit. Avec The Dark Knight Rises Christopher Nolan offre donc à Batman un final de toute beauté, le faisant passer du statut de symbole à celui de légende. Depuis qu'il s'est fait connaître avec Memento, le réalisateur avait sacrifié ses personnages dans deux films (Insomnia, Le Prestige) comme s'il n'y avait plus de salut pour eux et qu'ils n'avaient plus de raison de vivre. Une évolution notable a fait grand bruit dans Inception. Le fameux twist final avec la toupie laissait l'imagination des spectateurs envisager soit la chute, soit la rédemption de Cobb, les clés de la véritable fin n'ayant jamais été révélées par Nolan mais seraient pourtant bien présentes dans le film. Avec The Dark Knight Rises il ne laisse plus ce choix, il choisit enfin de sauver son héros et ses compagnons de route en quête de rédemption (Gordon et Selina Kyle en tête), pour que les sacrifices qu'ils ont enduré ne soient pas vains. Le bien et la véritable Justice viennent reprendre leurs droits, et Batman le fait savoir à ses adversaires par les flammes, en faisant apparaître dans un brasier cette chauve-souris redevenue un symbole d'espoir pour la ville. En dépit de quelques facilités scénaristiques, les morceaux de bravoure sont de tous les fronts (dernier combat opposant Batman et Bane , la recherche et poursuite de la bombe à neutrons, Blake défiant l'armée...) et la mise en scène superbe, toujours sublimée par les compositions de Hans Zimmer. Seule ombre au tableau, la performance de Marion Cotillard est nettement en dessous du reste du casting, la faute à un personnage sans doute pas assez développé et qui ne correspond pas forcément à l'actrice. Pas de quoi gâcher un film dont le final se conclut en apothéose par une succession d'images fortes, dont celle d'un Batman se sacrifiant avec la bombe à neutrons pour sauver sa ville, et Alfred avouant son échec devant les tombes de Thomas et Martha Wayne, constituent les plus intenses émotionnellement du film, voire de la trilogie. D'ailleurs le sort quasi ambigu de Bruce Wayne /Batman n'est pas sans rappeler la fin du comic-book The Dark Knight Returns. Mais la conclusion finale est définitivement un message d'espérance comme en témoignent le retour du symbole de la chauve souris sur le toit du commissariat, et un passage de flambeau préparé depuis le début du film, personnifiant ainsi l'idéologie de Bruce Wayne dans Batman Begins: « On peut m'ignorer, on peut me détruire en tant qu'homme fait de chair et de sang, mais un symbole...En tant que symbole je deviens incorruptible, je deviens éternel. »





Ce dernier acte et l'ensemble de la trilogie sont d'une cohérence impressionnante, comme si tout avait été pensé depuis des années, avec un début et une fin à l'histoire de Bruce Wayne . Il s'agit là encore d'une chose assez rare pour des blockbusters de ce calibre, puisque l'attrait de l'argent et des suites faciles est généralement privilégié à la créativité pure. Il faut d'autant plus féliciter Nolan de na pas avoir cédé à la 3D pour de simples raisons financières, au profit d'un format IMAX beaucoup plus spectaculaire. De plus, l'aboutissement de cette trilogie s'inscrit parfaitement dans la filmographie du réalisateur, comme une évolution alors qu'il choisit enfin de sauver son plus grand héros. Le plus beau restant cet échange de regards entre Bruce Wayne et Alfred à la terrasse d'un café, marquant la rédemption du héros et son retour à une vie de bonheur avec celle qui s'était posée comme son égal alors que tout les opposait mais surtout les rapprochait tant. Sans oublier cette statue érigée en l'honneur du Dark Knight par la ville de Gotham, comme celle que Christopher Nolan et toute son équipe ont pris le temps de construire en huit ans et trois films. Une Légende est définitivement née.





Voilà c'est donc la fin de ce numéro hors série du DDALE, j'espère que ma contribution vous aura plu et que j'aurais l'occasion de revenir. Vous pouvez bien sûr consulter l'intégralité des anciens numéros de la rubrique ci-dessous. À bientôt !

1 : Le retour de Spider-Man au cinéma: un reboot à la quitte ou double ? 2 : Retour sur le San Diego Comic-Con 2010. 3 : X-Men First Class ou comment tuer la franchise des mutants au cinéma ? HS : Spécial Iron-Man 2. 4 : Les films Batman . 5 : Les séries animées DC (1° partie) : Le DCAU. 6 : Retour sur la fin 2010 - début 2011. 7 : Les séries animées DC (2nd partie) : la Nouvelle Vague. 8 : Batman The Brave And The Bold. 9 : Les films Marvel : Vengeurs Rassemblement. HS 2 : Les épisodes de Smallville vus par le staff. 10 : Les séries animées X-Men. 11 : Du Comic Con A l'Ecran. 12 : Les caméos du Marvel Cinematic Universe. HS 3 : X-Men First Class ou comment relancer la franchise des mutants au cinéma. 13 : Les jeux vidéo Batman . HS 4 : Young Justice en France. 14 : Captain America à l'écran. 15 : 2011, l'année des super-héros ou des super-zéros (1° Partie) : au cinéma, la concurrence fut rude. 16 : Marvel Knights au cinéma. HS 5 : Il faut sauver le soldat Carter. 17 : 2011, l’année des super-héros ou des super-zéros (2° Partie) : Petit écran et jeux vidéo. 18 : Retour sur The Avengers. 19 : The Dark Knight vs The Avengers : deux films, un duel au sommet et un seul vainqueur. 20 : Clins d’œil et suites possibles à The Amazing Spider-Man . 21 : A quoi ressemblera le prochain Batman ? 22 : Le SDCC 2012 et ses révélations. 23 : A quoi s'attendre pour la phase 2 du Marvel Cinematic Universe ?


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  • Forothangail
    Forothangail

    il y a 12 ans

    Une analyse tout simplement excellente. Le message de Nolan est plus difficile à cerner que dans TDK étant donné qu'il est plus "noyé" dans l'aspect blockbuster, mais reste tout à fait présent! Et c'est une vraie réflexion, bien éloignée des standards américains typiques. Je ne vois pas trop quoi rajouter de plus, alors je me tais et j'applaudis :)

  • Tomasi Maltese
    Tomasi Maltese

    il y a 12 ans

    Je pense que s'il y a vraiment un Director's Cut qui sort en Juillet prochain, tu pourras venir compléter ce DDALE :)Sinon, j'ai bien aimé ta façon de voir les choses, c'est très intéressant :)

  • Ashka
    Ashka

    il y a 12 ans

    HyperMan a écrit:
    Je pense que s'il y a vraiment un Director's Cut qui sort en Juillet prochain, tu pourras venir compléter ce DDALE :)Sinon, j'ai bien aimé ta façon de voir les choses, c'est très intéressant :)
    Non pas de Director's Cut, Nolan à annoncer que c'était totalement faux et que le Director's Cut n'existe pas.

  • Yal el
    Yal el

    il y a 12 ans

    Très bonne analyse ! Excellent même !

  • redman13
    redman13

    il y a 12 ans

    j aime bien ton analyse. Je me languis que la trilogie sorte en coffret bluray pr me la refaire et voir tte les subtilites que j ai raté! Le fait quil n y ai pas de directors cut montre que Nolan a reussi a sortir le film quil voulait c est pas plus mal!

  • Umibozu
    Umibozu

    il y a 12 ans

    j'ai été le seul a me lever et applaudir lorsque les riches de Gotham sont dépouiller de leur fortune