[Review VF] Sex Criminals - Tome 1

[Review VF] Sex Criminals - Tome 1

L'éditeur Glénat est de retour sur le marché du comics depuis ce mercredi 15 avril avec trois séries indés : Lazarus (voir la review), Drifter (voir la review) et enfin Sex Criminals, à laquelle l'on s'intéresse aujourd'hui.

 

 

Sex Criminals est une nouvelle série publiée chez l'éditeur US Image Comics, écrite par l'un des scénaristes phare de Marvel, Matt Fraction, à qui l'on doit notamment la récente et excellent série Hawkeye , qui s'est terminée il y a peu. Son acolyte au dessin est Chip Zdarsky, moins connu, qui a surtout travaillé pour un journal canadien mais aussi sur Prison Funnies et Monster Cops. Le duo nous livre ici un vrai OVNI, que ce soit dans son concept, dans sa narration, dans les limites du politiquement correct qu'il repousse ou même dans sa promotion très inspirée et provocatrice. Le concept de fond est basé sur le sexe (jusque là, tout va bien) et sur un phénomène très particulier et original lié à ça. Je n'en dévoile pas plus, tout l'intérêt du premier numéro et de sa narration est de découvrir ce phénomène. Fraction nous plonge d'ailleurs dans l'histoire avec une narration à la première personne d'un des personnages principaux de l'histoire, Suzie. Elle nous raconte sa vie, ses découvertes sexuelles et tous les problèmes et moments embarrassants que cela lui a causé. Et c'est drôle et frais et original et prenant et c'est un pur plaisir à lire et à découvrir. Matt Fraction se lâche vraiment, ne recule devant rien et se fait plaisir. Il place quelques blagues par-ci, des scènes plutôt osées par-là, se permet de placer quelques petites critiques de sujets de société, démolie le quatrième mur et nous offre l'une de ses meilleures écritures. Et ça continu tout du long, l'introduction du personnage de Jon dans le deuxième numéro est du même acabit. On retiendra même quelques scènes vraiment cultes comme celle où il explique directement au lecteur qu'ils n'ont pas eu les droits pour diffuser les paroles d'une chanson de Queen ou encore celle dans les toilettes, où il nous montre toute l'étendue de ses connaissances sur un kamasutra un peu bizarre avec des positions sexuelles plus dingues les unes que les autres. Le scénariste est vraiment dans son élément et l'on prend autant notre pied à lire ce comics qu'il a dû en prendre à l'écrire (pour ne pas utiliser un langage plus graphique en rapport avec le thème de ce comics).

 

 

Autant le dire, si le titre est provocateur, l'histoire et ce comic book en général le sont aussi. Fraction et Zdarsky n'ont pas froid aux yeux et ne font pas les choses à moitié. Ils parlent ouvertement de libération sexuelle, de tous les non-dits et du mal-être qui existe encore autour de ce sujet dans notre société et utilisent un langage clairement explicite pour envoyer balader le politiquement correct. Pour autant, on n'est pas du tout devant quelque chose de cru et de volontairement dégradant, à aucun moment ils ne franchissent cette limite. Le sujet est traité avec beaucoup d'humour et de légèreté, comme pour prouver qu'il n'y a rien de tabou là-dedans, qu'il faut garder l'esprit ouvert et que l'on peut en parler ouvertement comme n'importe quoi d'autre. Fraction et Zdarsky dédramatisent le sujet ô combien stigmatisé du sexe et nous disent : « Le sexe, c'est cool, alors lâche-toi ! ». On a notamment pu le voir dans une promotion assez provocatrice de la part des deux auteurs, qui se sont vraiment amusés à jouer avec le thème de leur comics book pour créer le buzz au moment de sa sortie, mais toujours avec beaucoup d'humour et de distance. Ce n'est évidemment pas la première que l'on parle ouvertement de sexe dans un comics indépendant, il n'y a aucune révolution à ce niveau là, mais c'est peut-être la première fois que le sujet est aussi présent en étant aussi bien abordé avec une vraie belle approche.

 

 

Le thème principal en ferait presque oublier l'intrigue principale, mais c'est un peu voulu par les auteurs. Ce premier tome se concentre sur les deux personnages principaux, leur passé, leur rencontre et ce fameux phénomène qu'ils partagent. L'écriture humoristique, fun et libérée de ces personnages les rend immédiatement attachants et très intéressants à suivre. Leur relation et tout le contexte original autour de celle-ci la rend très sympathique à lire et à voir évoluer. Fraction envoie des dizaines de références littéraires et culturelles qui leur donnent de vraies personnalités et même si l'on ne comprend pas la moitié de ces références, cela ajoute justement à l'aspect « hypster » et « élite de la jeunesse américaine » qui fait partie de leurs personnalités. Le choix est donc fait de laisser peu de place à ce que nous appellerons l'intrigue de fond, qui est développée sur quelques pages en début et fin des numéros. Un choix presque logique pour un premier tome, car il permet encore une fois le développement des personnages, mais permet aussi de montrer un peu le potentiel de la série et sa direction sur le long terme, tout en en gardant beaucoup sous le pied pour la suite, que l'on a du coup très envie de découvrir.

 

 

Chip Dzarsky est formidable aux dessins. C'est vraiment lui qui va permettre de désacraliser le thème du comic book et créer cette ambiance à la fois fun et légère. Avec un style tout en rondeur et très chaud, proche du cartoon par moment, il colle parfaitement au scénario de Fraction. Ses personnages sont très expressifs et il sait les rendre attachant, tout en développant de vraies personnalités complexes. Ses couleurs sont aussi un élément très important qui apportent de la chaleur au titre et les scènes aux effets de lumières roses et violets sont superbes, parfaitement mis en scènes. Le tout est de grande qualité dans l'ensemble et devient d'emblée indissociable de cette série.

 

En Résumé

 

LES POINT FORTS

- Originalité du concept
- Traitement du thème
- Narration
- Humour
- Dessins et couleurs

LES POINT FAIBLES

-

 

4.5

Orgasmique !

Conclusion

C'est un p'tit bijou d'humour et d'originalité et que nous livrent Fraction et Dzarsky. Sex Criminals se démarque clairement du reste de la pile par son concept original et osé, sa narration décomplexée et son traitement léger d'un thème encore trop lourd. (Ce n'est toutefois pas à mettre entre les mains des plus jeunes, quand même).

 

 

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