Aujourd'hui, on va parler d'un personnage plus que d'une série. À l'occasion de la sortie chez Panini de Vampirella Classic Tome 1, la rubrique va étudier sous toutes les coutures sur cette diablesse sexy mais aussi voir qu'il y a autre chose sous ce slip de Borat teint en rouge.




L'horreur sexy est un marché qui fonctionne toujours dans le milieu des comics. Des éditeurs comme Zenescope en font d'ailleurs leur marque de fabrique avec des ré-interprétations à la limite de l'érotisme. Vampirella est la première du genre à apparaître en 1969, et elle continue toujours à sévir chez Dynamite entertainement qui possède actuellement les droits. Mais nous allons voir très vite que ces problèmes de législation ont posés quelques problèmes par le passé.
Cela a permis au personnage de vivre plusieurs vies et d'exister sous plusieurs versions. Parfois simpliste, la créature des ténèbres est avant tout une femme fatale qui peut user de ses charmes quand la situation le permet. Mais elle n'est pas seulement l'objet sexuel de toute une génération. Enfin, si elle l'est mais pas que...

L'origine du démon

Vampirella apparait pour la première fois en 1969 dans les pages de Vampirella #1 publié par Warren Publishing. Ses créateurs Forrest J Ackerman et Trina Robbins ne sont pas encore conscient du phénomène qu'ils sont en train de créer. Ackerman est connu pour être un fan ardent de fantastique et de science-fiction. Robbins est, elle, une artiste et une scénariste de renom.




Warren Publishing est alors le spécialiste des comics d'horreur et du genre fantastique. Les mythiques magazines Eerie et Creepie y sont publiés. Alors que le Comic Code Authority empêche la distribution de comics violent ou sexué, Warren parvient à contourner la loi en publiant ses séries au format magazine. Cela entraîne un prix élevé mais que les lecteurs sont prêt à surmonter car le catalogue Warren est alors en plein expansion sous l'égide d'Archie Goodwin, son rédacteur en chef. Ce dernier a laissé une empreinte indélébile au genre de l'horreur en comics et décide de reprendre Vampirella pour en faire l'hôte de sa propre série. C'est à dire qu'elle sert à introduire chaque histoire comme Targ dans 2000AD.

Après une apogée de plusieurs années, l'éditeur commence à battre de l'aile vers la fin des années 60, principalement à cause d'un mauvais traitement après le départ de Goodwin. Avec l'arrivée de Vampirella, c'est une nouvelle orientation trouvée pour l'éditeur et aussi une bouffée d'air frais qui va leur permettre de survivre encore quelques temps.

Une fois la tête sorti de l'eau, Vampirella va perdurer, pendant 112 numéros et cela jusqu'en 1983.
De nombreux artistes se succèderont et on retient surtout les dessinateurs qui ont construit l'image du personnage dans la culture populaire. Aujourd'hui encore, un grand nombre de personnes ne connait pas forcément son nom, mais on reconnait aisément la silhouette et la tenue de Vampirella.
Parmi les noms indissociables, on note Jose Gonzalez qui travailla des numéros #12 à #33 mais surtout Frank Frazetta, une légende des comics à qui l'on doit de nombreuses interprétations de Conan, Tarzan, ou John Carter. On attribue à Frazetta la première illustrations de Vampirella. Une couverture qui a finalement remplacé celle de l'artiste Aslan.


La première esquisse signée Frazetta


Vampirella s'intègre dans le catalogue Warren et va même interagir avec d'autres personnages comme Pantha, une cousine éloignée de la vampire qui comme elle vit des aventures trépidantes avec peu de vêtements.


Warren fait finalement faillite en 1983 à cause des problèmes de santé de son dirigeant entraînant une gestion des plus critiques. Les droits de la plupart des titres seront rachetés par Harris Publication. Pour que vous compreniez rapidement la situation peu glorieuse une fois cette annonce faites, sachez que Harris publie énormément de magazines comme Celebrity Hairstyle, Men's Workout ou Guns & Weapons for Law Enforcement. C'était pas gagné donc...

L'utilisation de Vampirella y est alors intensive et de nombreux scénaristes et dessinateurs se sont succédés: Grant Morrison, Mark Millar, Gary Frank et bien d'autres.
Que ce soit en série régulière ou en mini-série, on voit beaucoup d'histoires sans forcément de rapport ou de tentative de continuité réelle. Seul ce qui est reconnu bon est alors assimilé comme faisant partie de l'histoire de Vampirella.




Finalement, ce status-quo durera pendant 20 ans et il serait beaucoup trop long de vous lister tout ce qui a pu sortir mais je vous assure qu'il y en a pléthore.

En mai 2010, Dynamite Entertainment récupère les droits. Le spécialiste de rachat de licence (Battlestar Galactica, Buck Rogers, Danger Girl, Game of Thrones, Green Hornet, etc) lance une série régulière très vite et on la voit même maintenant dans le crossover Prophecy, qui regroupe différents personnages de l'éditeur. Elle y retrouve Pantha et une autre itération un peu plus sauvage: Red Sonja. Y'a du monde au balcon donc.


Qui dit Dynamite dit Paul Renaud. Pour notre plus grand plaisir


Mais Vampirella, ce n'est pas qu'un physique, c'est aussi une vraie histoire et un personnage qui devient passionnant quand il est bien écrit.

Le fond derrière les formes

On pourrait penser que Vampirella n'est là que pour sucer des humains et faire d'eux ses marionnettes mais non, au départ Vampirella était sensée sauvé sa race, les Drakulon.
La planète au rivière de sang se meurt quand un vaisseau spatial terrien s'écrase, Vampirella récupère le vaisseau et fonce vers la terre dans l'espoir de sauver sa race. Arrivée sur place, elle va devenir une fervente adversaire du mal et combattre les créatures du vilains et les monstres qui peuplent la planète, abandonnant sa mission première.




Au moment de la passation de droits de Warren à Harris, de nouvelles origines sont établies.
Elle devient la fille de Lilith, la première femme d'Adam. Dans la bible, Lilith a été chassé du paradis par Dieu pour s'être rebellée et s'est ensuite alliée aux démons de l'enfer. Décision qu'elle regretta et dans l'espoir de se faire pardonner de Dieu, elle donna naissance à Vampirella, qu'elle envoya sur Terre pour s'occuper des créatures maléfiques. La dernière partie est bien sur inventée mais le personnage de Lilith existe bel et bien dans les textes religieux.

Une fois cela pris en compte, cela mène a diverses histoires et affrontements contre des monstres et des êtres démoniaques ou l'on se demande toujours comment la poitrine de cette plantureuse créature fait pour ne pas sortir de son si petit costume.
Si on passe outre le côté sexy, il faut quand même y trouver une portée politique voire sociale. Une femme forte dans les comics en 1969, en pleine révolution sexuelle, c'est à l'époque franchement moderne et innovant. C'est l'un des symboles d'un féminisme sexy et assumé inspirant par la suite d'autres héroïne, comme Buffy et d'autres porte-drapeaux de la cause féministe.
Le côté dominatrice que rien n'effraie a quand même apporté beaucoup.




Mais le personnage prend toute son ampleur quand de bons scénaristes utilisent ce côté libertin sans toutefois en faire le coeur de l'histoire. Vampirella est une femme forte, qui a un lourd passé et peut user de ses charmes pour faire parler ou charmer ces adversaires. Elle sait aussi faire preuve d'une extrême dureté et mieux vaut ne pas être dans le camp ennemi quand elle passe à l'action.
Les scénaristes qui ont laissés leur trace sur Vampirella ne sont finalement pas si nombreux. Même si de futurs grands ont oeuvrés sur elle, comme Mark Millar, Warren Ellis, Grant Morrison, Amanda Conner et d'autres, il y a des scénaristes de renoms qui ont su donner ses lettres de noblesse à Vampirella.

James Robinson en quelques épisodes, Tom Sniegoski durant 25 numéros de Vengeance of Vampirella. Et en dessinateur, quoi de mieux que Joe Jusko ou Frank Frazetta et leurs peintures pour donner toute sa magnificence à la vampire. Dans un style totalement différent, on pourrait aussi noter les versions cartoony de Bruce Timm et Amanda Conner, qui font d'elle plus une enfant dans un monde d'adultes.




Difficile de définir ce qui fait une bonne histoire de Vampirella. Certains recherchent le côté érotique de la belle, d'autres veulent y associer un scénario fort et une écriture maitrisé alors que d'autres apprécient aussi les récits plus atypiques voir enfantin. Vampirella a donc plusieurs facettes, ce qui permet à un public fidèle de la lire sans discontinuer et aussi aux nouveaux lecteurs de piocher des histoires qui pourraient les intéresser.
On pourrait résumer par un jeu de mot assez douteux que, dans Vampirella, il y a de l'art et du cochon.

Comment ça se lit?

Vampirella a un public assez développé en France. grâce à des artistes comme Manara, l'érotisme a su se faire une place au côté des histoires plus softs. Mais cela n'empêche pas une certaine frilosité des éditeurs quant à publier les histoires de la démone.
Panini fait l'effort de publier ces jours-ci un premier volume librairie d'une série qu'on espère devenir régulière, même si l'arc choisi ne l'est que grâce aux deux noms apposés sur la couverture: Grant Morrison et Mark Millar (avant qu'ils ne se fâchent et ne deviennent les pires ennemis du monde). Ce n'est pas forcément le meilleur mais c'est accessible pour tout le monde.




En VO, les collections sont très compliquées à suivre. Dynamite tente de re-publier certains arcs essentiels mais des problèmes de droits font que d'autres éditeurs publient aussi des recueils d'anciens numéros. On vous laissera plutôt piocher dans les TPB déjà sorti à la recherche d'un auteur ou d'un dessinateur qui pourrait vous intéresser et vous faire entrer dans cet univers un peu particulier.


Voilà, vous savez le principal pour débuter Vampirella. Dans deux semaines, je vous parlerais d'une des séries les plus importantes des comics: Sandman, à l'occasion de la sortie du premier tome de la nouvelle édition d'Urban Comics et de la venue de son auteur Neil Gaiman aux Utopiales de Nantes.


D'ici là, les anciens numéros sont toujours disponibles à ces adresses:
Other Comics #1 [22/11/2010]
Other Comics #2 : Vous êtes rebelle et indépendant
Other Comics #3 : The Green Hornet
Other Comics #4 : Spawn
Other Comics #5 : Planetary
Other Comics #6 : The Darkness
Other Comics #7 : Tony Chu
Other Comics #8 : Powers
Other Comics #9 : ABC
Other Comics #10: Transmetropolitan
Other Comics #11: Scott Pilgrim
Other Comics #12: Y Le dernier homme
Other Comics #13: Buffy The Vampire Slayer
Other Comics #14: Star Wars
Other Comics #15: La Tour Sombre
Other Comics #16: The Rocketeer
Other Comics #17: Nextmen
Other Comics #18: The Authority
Other Comics #19: The Walking Dead
Other Comics #20: Invincible
Other Comics #21: La jeunesse de Picsou
Other Comics #22: Kirkmanverse
Other Comics #23: Fear Agent
Other Comics #24: Teenage Mutant ninja Turtles
Other Comics #25: Sin City
Other Comics #26: Rising Stars
Other Comics #27: Locke & Key
Other Comics #28: Hellboy
Other Comics #29: Empowered
Other Comics #30: 100 Bullets
Other Comics #31: Fables
Other Comics #32: Transformers
Other Comics #33: Martha Washington
Other Comics #34: Criminal