N’y a-t-il donc que le soldat Lemire pour sauver ce qui reste de Trinity War ? Ce 5e épisode sorti aujourd’hui dans Justice League Dark 23 semble nous confirmer que sans ce scénariste, le crossover serait déjà tombé dans les mêmes abîmes que les New 52. Après une reprise plus que moyenne la semaine dernière, l’événement estival chez DC tient enfin ses promesses en nous proposant ici une vingtaine de pages d’action concentrée où tout commence à se mettre en place avant le grand final la semaine prochaine.



Le voici enfin ce feu d’artifice tant attendu depuis quelques épisodes. Après une tentative dans le premier épisode, lors du combat entre la Justice League et la JLA au Kahndaq, il est vrai que le crossover devenait plus cérébral que monumental pour ces affrontements entre super-héros. La faute sûrement à un Geoff Johns qui a trop l’habitude de poser ses intrigues quitte à les étendre sur de longs arcs. Mais à chaque fois que vient son tour, Jeff Lemire fait mouche en envoyant sans crier gare tout ce que retenaient ses collègues. Résultat, ce chapitre est grandement efficace même si la scène qui voit plusieurs héros se chamailler pour posséder la boîte de Pandore peut sembler répétitive et puérile. Mais à la lecture du tie-in de cette semaine, Pandora 3, on comprend ce qui anime ou plutôt dirige ces nouveaux ennemis plus du tout maître d’eux-mêmes.



Lemire reste fidèle à ce qu’il avait lancé dans l’épisode 3 de Trinity War qui marquait la croisée des chemins des trois Justice League. Ici encore il s’amuse à jongler entre ces trois groupes, les faisant avancer à différentes vitesse vers un point de convergence que l’on retrouvera irrémédiablement dans le dernier épisode. En soi un schéma plutôt classique mais qui finalement gagne par sa simplicité. Car il est devenu de plus en courant de découvrir des récits décousus qui ne peuvent être compris qu’à la toute fin, Lemire mise plutôt sur le suspense et la montée en pression, une gradation de plus en plus présente que les pages s’enchaînent. Si on retrouve avec plaisir la captive Xanadu qui encore une fois nous propose un rapide récapitulatif des derniers événements avant de reprendre le récit dans la cellule de Luthor, c’est-à-dire là où il s’était arrêté la semaine dernière, les rencontres entre les Justice League reprennent ici tandis que le groupe mené par Superman et The Question échappe à la destruction de la base d’A.R.G.U.S.
Si on a évidemment du mal à croire que Green Arrow passera à l’action, sa mise en joue d’Amanda Waller ne contribue qu’à faire croître la tension qui émane de tous les personnages. Et les dernières pages nous dévoilent un temple d’Héphaïstos qui n’est pas sans rappeler cette fameuse fresque de 4 pages réalisée Jim Lee dans le FCBD 2012. Si besoin était de le rappeler, nous approchons de la fin pour retrouver ce qui était annoncé depuis plus d’un an. Alors forcément, on se prend à espérer que l’événement sera enfin à la hauteur de son annonce. Ou au moins à celle de cet épisode.



Si encore une fois avec Lemire la caractérisation de chacun des personnages fonctionne à merveille (la mise en avant de Zatanna est à ne pas rater), la présentation charismatique de certains d’entre eux contribue à rendre ce chapitre palpitant. Est-il utile de rappeler que le dessinateur Mikel Janin apporte la qualité dans ces pages quand celle-ci faisait dernièrement défaut chez Mahnke ? Pour ceux qui en douteraient encore il suffit de scruter la pleine page représentant Shazam dont le triple regard reflète celui de la boîte qu’il tient dans les mains et qui pénètre le lecteur qui vient tout juste de tourner la page. A l’identique, cette moitié de page où l’on voit le grand retour de Constantine, clope au bec, un air nonchalant à faire frémir d’excitation tellement il rappelle de bons souvenirs et ces deux mots qu’il prononce qui remporte tous les suffrages. Sans oublier cette page finale qui nous fait définitivement regretter que Lemire et Janin n’aient pas officié sur tout le crossover. On pourrait évidemment cette bande de dessin dès la première page qui évoque The Death of Superman avec la cape rouge déchirée et qui fait monter la température dès le début de l’épisode. Et cette double-page magistrale qui réunit tous les héros d’univers différents mais reliés par la magie. Et pour rendre à César ce qu’il lui appartient, saluons le travail de Jeromy Cox qui gagne à être connu pour son travail sur les couleurs qui illuminent cet épisode.



Tout comme Lemire avait su insuffler de la consistance dans le 3e épisode à un crossover qui peinait à décoller, il parvient encore une fois après l’échec de Johns la semaine dernière à rendre palpitant Trinity War. Que ce soit par cette montée en pression qu’il sait parfaitement retranscrire, comme en témoignait la croisée des chemins des trois groupes de super-héros, ou par une caractérisation parfaite des personnages, au point d’en rendre certains aussi iconiques que la traditionnelle Trinité de DC, Batman, Superman et Wonder Woman . Et ce duo parfait qu’il forme avec le dessinateur Mikel Janin parvient pour la deuxième fois à sauver ce crossover tout en remplissant parfaitement la lourde tâche de nous lancer vers sa mystérieuse conclusion qu’on attend plus que jamais au tournant.

[conclusion=4,5][/conclusion][onaime]- La capacité de Jeff Lemire à redonner vie au crossover
- Le retour tout en gloire de Constantine
- Les destins parallèles des trois groupes qui vont converger[/onaime][onaimepas]- Des longueurs dans la scène de combat
- Que Lemire ne soit pas le scénariste de tout le crossover[/onaimepas]