La série [i]Batman[/i] de Scott Snyder est sans conteste l’une des séries-phares du très mauvais reboot de DC Comics. Il faut dire que le premier arc, [i]La Cour des Hiboux[/i], a remporté un large succès critique et commercial outre-Atlantique et en France comme le prouve notamment la [url=http://www.mdcu-comics.fr/news-007557-urban-comics-vf-batman-la-cour-des-hiboux-tome-1.html]review de l’album[/url] rédigée par Fitzlionheart et qui qualifiait cette histoire comme étant le meilleur récit réalisé sur Batman depuis Frank Miller. La fin de [i]La Cour des Hiboux[/i] voyait la mystérieuse organisation lancer ses ergots sur Gotham et le Chevalier Noir et le tome 2 était dès lors, très attendu ! Un deuxième tome, intitulé [i]La Nuit des Hiboux[/i] et qui devait conclure cette histoire autour de cette mystérieuse organisation. Un deuxième tome qui promettait une très longue nuit pour notre Chevalier Noir préféré mais un tome en lequel les fans espéraient beaucoup après le niveau du premier. [i]La Nuit des Hiboux[/i] s’est-elle avérée à la hauteur des espérances ? Je ne serai pas aussi catégorique là-dessus car le bilan, bien que globalement correct, reste mitigé…
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Tout d’abord, l’édition de ce deuxième volume reste de très bon niveau : belle couverture, une remise en contexte bienvenue avant d’attaquer la lecture et surtout, 30 pages en plus puisqu’Urban a eu la bonne initiative d’inclure les back-up (une histoire à lire en parallèle au récit principal) et le [i]Batman Annual #1[/i] (un numéro anniversaire) dans ce deuxième volume. Des back-up qui sont très bien venus au vu de leur qualité et des compléments qu’ils apportent à l’intrigue de Scott Snyder. Evidemment, ce gain de page se paie et le prix a augmenté par rapport au premier volume. Je ne rentrerai toutefois pas dans le débat de la légitimité de cette hausse mais il est clair qu’elle déplaira à plus d’un. Sachez malgré tout que cette augmentation de prix s’est aussi effectuée aux Etats-Unis… A côté de cela, Urban Comics a également dû trancher dans le choix des épisodes à publier dans ce tome 2. En effet, [i]La Nuit des Hiboux[/i] est en effet un vaste crossover touchant tous les titres de la Batfamily. Or tous les publier aurait été un véritable casse-tête et aurait forcé l’éditeur à revoir complètement la maquette de ce tome (et sûrement des suivants). Résultat : seuls les numéros de la série principale, à savoir [i]Batman[/i] sont présents. Certes, la globalité de l’event n’est de ce fait pas rendue compte dans son ensemble mais soyons honnête, vous ne loupez pas grand-chose ! En effet, les numéros des autres séries se rapportant à cet event sont plutôt mauvais, n’apportent que très peu de choses à l’histoire principale et sont donc largement dispensables. Seuls les numéros de la série [i]Nightwing[/i] tirent leur épingle du jeu mais vous pourrez les retrouver dans le deuxième tome dédié à la série, prévu pour la seconde moitié de l’année.
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[b][i]"Lamentable Bruce, tu aurais dû prévoir leur assaut. Tu aurais dû t’y préparer au lieu de ruminer…" / Batman.[/i][/b]
Quant à l’histoire, elle reprend là où nous l’avions laissée : les ergots se lancent à la conquête de Gotham et la Cour compte bien reprendre sa ville. Si le premier tome était très abouti en matière d’intrigue et de travail sur les personnages, celui-ci donne la part belle à l’action et plusieurs chapitres contiennent de bonnes bastons bien bourrines. Evidemment, Snyder joue moins sur le suspense et la profondeur du scénario et tombe ainsi parfois dans la surenchère, chose particulièrement visible lors des deux combats majeurs du tome, notamment dans le premier, où Batman combat une escouade d’ergots grâce à une Bat-armure ! Une scène qui divertit et remplit donc son contrat mais qui peut sembler quelque peu décalée par rapport au ton du récit de Snyder et à la mythologie de Batman.
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Quant à Batman, on le retrouve une nouvelle fois affaibli, torturé et en plein doute. Le héros doute en effet de sa ville, de ses connaissances et regrette d’avoir été si sûr de lui en ce qui concerne la Cour des Hiboux. Un aspect qui n’est pas tellement exploité par Snyder mais qui a tout de même le mérite d’offrir quelques bons passages notamment entre Alfred et Bruce. Le tandem est, en effet, très présent dans cette histoire et les relations entre les deux hommes restent très bien travaillées par Snyder qui retranscrit à merveille l’amitié, la complicité et l’amour parental les liant.
L’un des gros points faibles de [i]La Nuit des Hiboux[/i] reste tout de même ses dialogues. Certains, notamment ceux de Batman, sonnent très faux et frisent parfois le ridicule. En effet, notre héros fait de nombreuses blagues au cours de l’histoire or, je trouve qu’elles dénaturent totalement le personnage. Certes, je sais que le reboot a permis de rajeunir le héros, de lui offrir une nouvelle touche de modernité mais Batman n’est pas connu pour ses répliques cinglantes à la Spider-Man.
Snyder gère plutôt bien sa série par rapport au crossover qu’on lui a imposé. Certains jugeront certains numéros décousus mais personnellement, je trouve que la lecture des différents chapitres s’enchaine bien : ça se lit correctement, sans prise de tête et surtout, on ne s’ennuie pas. L’auteur fait abstraction des autres séries et balaie très vite l’event pour en revenir à son intrigue principale et mettre en place son dénouement, un dénouement marqué par un surprenant twist final. Ce twist a déçu de nombreux fans et j’avoue moi-même être encore mitigé quant à ce retournement de situation. Une part de moi pense que Snyder est un génie, un virtuose mais une autre partie n’a pas vraiment accroché et considère ce twist culotté, mal venu et inabouti. Tout d’abord, ce twist est vraiment bien intégré à l’histoire, Snyder n’a pas lésiné sur les moyens pour le mettre en place et on se rend compte que de nombreux éléments y mènent. Ensuite, cette révélation se tient, est crédible mais fait assez redite et même pâle figure après l’excellent run du grand Morrison. Là où je suis mitigé, c’est dans l’exécution de cette révélation, une révélation qui concerne le grand méchant de l’histoire et qui bouleverse en grande partie la mythologie de Batman. Or, d’abord, la situation est tout d’abord bien trop vite résolue ! Snyder se la joue à la [i]Inception[/i] en laissant une fin ouverte mais le souci c’est que cela en transpire presque le bâclé. Evidemment, nul doute que des réponses arriveront par la suite mais là, c’est trop rapide, trop facile et surtout, le déroulement n’est pas à la hauteur de cette révélation que beaucoup risquent, au final, d’oublier. Le sentiment du « tout cela pour ça ? » se produit finalement et on était en droit d’en attendre plus de la conclusion de cette excellente histoire.
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Greg Capullo, quant à lui, est toujours aux commandes des dessins de la série principale et livre une nouvelle fois une impressionnante prestation. Sa Gotham est malsaine, terrifiante, mystérieuse ; son Batman est ténébreux à souhait et surtout, ses pages d’action sont à la fois claires, dynamiques et époustouflantes. Bref, on en prend plein les yeux et Capullo continue de s’installer comme l’artiste du moment sur le Batverse.
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[b][i]"Je sais désormais qu'on peut passer toute une vie en plein cœur de Gotham... sans jamais la connaître réellement" / Batman.[/i][/b]
L’annual est, quant à lui, toujours écrit par Scott Snyder mais il est cette fois-ci assisté de son protégé, James Tynion IV.
Quant aux dessins, c’est le fabuleux Jason Fabok qui prend le relai, ce qui n’est pas pour me déplaire. L’artiste, très différent de Greg Capullo, confirme son statut de star montante avec des planches dynamiques, soignées, détaillées et un style qui fait presque penser à du David Finch.
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Côté dessins, c’est du tout bon mais en revanche, l’histoire derrière ne suit pas du tout.
L’histoire se focalise sur Mr Freeze, qui reste l’un de mes vilains préférés, qui a été totalement massacré par Scott Snyder et ce fichu reboot. L’auteur a une nouvelle fois le culot de modifier les origines d’un personnage d’envergure à sa guise et il enlève à Freeze ce qui fait sa force : son histoire tragique ! Alors certes, sa relation avec Nora est d’une quelconque façon toujours présente et l’auteur approfondit également les relations entre le personnage et sa mère mais là où cela ne colle pas, c’est qu’il en fait un sociopathe, un psychotique parmi tant d’autres. A la base, Mr Freeze est totalement sain d’esprit (bon un peu givré certes… ) et ne commet des actes criminels que pour sauver sa femme. Ici, sa femme est toujours présente mais Freeze est complètement fou, aliéné et psychotique. De ce fait, le vilain perd ce petit truc qui le différenciait des autres vilains de Gotham et en devient donc très banal. Alors oui, son histoire avec Nora reste, d’une certaine façon romantique, mais selon moi, elle est bien plus pathétique que tragique !
Ensuite, le récit en lui-même manque d’envergure, de développement et reste assez vide. On a droit à une succession de situations qui ne sont qu’un prétexte pour explorer le passé (qui en plus a été massacré) de Freeze ! Le récit tente tant bien que mal de se rattacher à l’intrigue autour de la Cour des Hiboux or force est de constater que c’est raté. Tout d’abord, il est très difficile de le situer chronologiquement mais en plus, certains éléments auraient vraiment mérité d'être approfondis et peut-être Snyder aurait-il dû se pencher sur cet élément au lieu de massacrer un personnage si emblématique.
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[b][i]" La famille Wayne, sa maison, et ses terres que j’arpente en ce moment sont maudites" / Jarvis Pennyworth.[/i][/b]
Vous l’aurez compris, l’annual reste la grosse déception de cet album mais heureusement, les back-ups remontent largement le niveau. Ils sont toujours scénarisés par Snyder et Tynion IV et c’est le fabuleux Rafael Albuquerque qui se charge de la mise en scène. Les dessins de ce dernier sont une nouvelle fois très différents de ce que l’on a pu voir sur la série mais conviennent parfaitement au ton de cette histoire, se situant dans le passé.
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Le récit nous en apprend plus sur Jarvis Pennyworth, le père d’Alfred mais aussi sur les actions menées par Martha Wayne afin d’aider Gotham. Première surprise du récit : le personnage de Martha qui est approfondie comme jamais. D’habitude, cette dernière était souvent placée en retrait au profit de Thomas Wayne mais ici, le contraire se produit et les auteurs nous montrent une femme aussi forte et déterminée que son fils, ce qui n’est personnellement pas pour me déplaire. Le personnage de Jarvis est lui aussi bien écrit et s’avère très touchant et attachant. Sa relation avec Alfred, les Wayne et Gotham est également correctement mise en évidence. Enfin, j’ai particulièrement apprécié la structure du récit ! Déjà, il livre de nombreux compléments à l’histoire principale et s’avère pratiquement indispensable pour saisir tous les tenants et aboutissements de l’arc de Snyder mais sa construction reste elle aussi très bien trouvée. Enfin, la fin de ce back-up permet à elle seule de conclure l’arc autour des Hiboux et s’avère très émouvante, mettant d’ailleurs en scène un Alfred comme on l’aime.
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Ce deuxième tome se termine sur le douzième numéro de la série régulière [i]Batman[/i], un numéro « épilogue » et de transition avec la prochaine grosse saga, [i]Death of the Family[/i]. Ce numéro se démarque fortement des autres et se focalise sur une habitante de Gotham, Harper Row, laissant ainsi de côté les justiciers et super-vilains de Gotham.
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Si l’épisode peut paraitre « bouche-trou », il séduit rapidement du fait de son nouveau personnage, Harper Row, qui se révèle terriblement attachant. A travers ce nouveau personnage, Snyder creuse les liens entre Gotham et ses habitants mais aussi entre Batman et ses habitants, nous montrant alors ce que symbolise et ce que représente le Chevalier Noir. L’histoire d’Harper est bien menée, intéressante (même si elle rappelle celle de Jason Todd sur certains aspects) et quelque-chose me dit que le personnage risque vite de devenir très important par la suite. Aux dessins, ce sont Becky Cloonan et Andy Clarke qui prennent le relai. Les deux ont un style très différent mais chacun se prête à cette histoire. Malheureusement, le mélange entre les deux ne fonctionne pas et rend cette histoire presque hétérogène. Il aurait sûrement fallu n’en choisir qu’un. Malgré cela, ce douzième numéro reste l’un des plus intéressants de ce tome et il serait dommage de s’en priver à cause de cela d’autant que comme nous l’avons dit, il est rondement mené.
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[b]Ainsi, [i]Batman : La Nuit des Hiboux[/i] reste globalement correct mais le bilan y est bien plus mitigé que pour l’excellent [i]Batman : La Cour des Hiboux[/i]. Un tome qui a permis de voir les faiblesses et limites de Snyder qui a parfois tendance à donner dans la surenchère, la facilité, le bâclage mais aussi l’absurde avec l’infâme réécriture du personnage de Mr Freeze. Malgré tout, ce serait être mauvaise langue que de dire que tout est à jeter dans ce deuxième tome. En effet, l’intrigue continue d’être très intéressante, les liens entre Gotham, les Gothamites et Batman n’ont jamais été aussi travaillés, l’action est au rendez-vous, le back-up est génial et surtout, les dessinateurs (Capullo en tête) offrent tous de superbes prestations.[/b]
[conclusion=3,5][/conclusion]
[onaime]- Une intrigue globalement bien menée et bien rythmée.
- L’action est au rendez-vous.
- Les relations entre les personnages et le travail sur Gotham.
- Le back-up, une grande réussite !
- Le personnage d’Harper Row.
- Les dessinateurs qui offrent tous de bonnes prestations.[/onaime][onaimepas]- Une hausse de prix qui risque de déplaire.
- Un peu trop de surenchère et de facilité dans le scénario.
- Un twist final raté et une fin bâclée.
- L’annual et l’horrible traitement de Mr Freeze.[/onaimepas]
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