[Dossier] Justice League : Des New 52 à leur Mort : Période DC Rebirth/Bryan Hitch & Priest

[Dossier] Justice League : Des New 52 à leur Mort : Période DC Rebirth/Bryan Hitch & Priest

Nombre de numéros : Justice League #1-43, Justice League Rebirth #1
Membres importants : Batman, Superman, Wonder Woman, Flash (Barry Allen), Cyborg, Aquaman, Green Lantern (Simon Baz et Jessica Cruz) et Mera.
Auteurs : Bryan Hitch et Christopher Priest
Dessinateurs Principaux : Bryan Hitch, Tony Daniel, Fernando Pasarin et Pete Woods
Durée : juillet 2016-avril 2018 (1 an et 9 mois)

Où trouver en VF : Justice League Rebirth en 6 tomes.

Justice League Rebirth Tome 1 à 5

Avec le relaunch DC Rebirth, l’éditeur avait pour volonté de revenir à un état d'esprit perdu avec les New 52. Fini l’aspect sombre des comics DC, c’est le retour de l’espoir et de certaines valeurs oubliées par le reboot comme l’héritage, les relations amoureuses disparues, l’espoir… C'était aussi le début d’un long chemin pour réintroduire les éléments de la continuité supprimés par les New 52, tout en essayant d'être une continuation logique et organique pour les lecteurs qui avaient débutés avec la période DC Renaissance qui passait d'un auteur à un autre.

Tire sur mon doigt

L’un des changements majeurs de ce relaunch a été un jeu des chaises musicales parmi les auteurs déjà présents, ainsi que la mise en avant de certains auteurs d’avant le relaunch. C’est le cas de Bryan Hitch, plus connu pour ses prestations graphiques légendaires sur Ultimates et The Authority, que pour ses talents de scénaristes (et ici, on comprend mieux pourquoi). Pendant la période DC You, on pouvait déjà le retrouver à l’écriture sur l’équipe avec le titre Justice League of America où il s’occupait du scénario et du dessin.
Cependant, le titre a connu des retards, ce qui n'a pas forcément permis d'avoir de meilleurs dessins et l’auteur ne s'est pas occupé de tous les numéros (Le numéro 5 était un numéro bouche trou sur Martian Manhunter qui n’avait aucun lien avec le titre. Il servait surtout à continuer des intrigues sur le personnage commencé dans d’autres titres). Le titre c'est terminé en 10 numéros, 1 an et 5 mois après la publication du premier numéro. Son travail sur ce titre nous donnait déjà le ton des numéros à venir pour son run sur la Justice League.

Big Seven, un indémodable

On aurait pu croire que comme pour les New 52, la Justice League allait occuper un rôle central chez l'éditeur. Cependant premier changement, c’est que le titre n’a désormais plus la même importance que le volume précédent. Il n’est plus le fil conducteur de la direction que doit prendre l’univers DC, c'est dorénavant le rôle de Geoff Johns avec son intrigue sur Watchmen qui prendra son temps pour arriver. (en conséquence, attendez-vous à une analyse beaucoup plus courte, ça me fera du repos au moins).

Regarder la dinguerie de son style !

Dans le run de Hitch c’est simple, tous les arcs ont une ambiance blockbuster où l’équipe doit affronter des menaces titanesques et galactiques qui menacent la Terre de destruction, mais souvent sans intérêt. Il y a 2-3 exceptions où des menaces relèveront l'intérêt, mais c’est relativement ennuyeux à suivre malgré quelques bonnes idées de l’auteur. Alors, il y a bien un semblant de fil rouge, le 1er arc tease une “Forever Crisis”, mais elle ne viendra jamais au final ou sous une autre forme. (et franchement, à ce qui paraît, tous les scripts des séries Rebirth ont dû avoir l’aval de Geoff Johns pour être publiés, mais j’ai du mal à croire que Johns ait pu valider ce script).

Alors dans le run précédent là aussi, on avait des arcs de type blockbusters. Sauf qu'à bien y regarder l’équipe n'affrontait pas à chaque arc une menace cataclysmique, on avait aussi des menaces à plus petite échelle. Et dans le cas inverse l’auteur savait jouer avec le rythme, les bons dialogues et les bonnes idées. Là, c’est l’inverse, sans compter qu’à chaque fois ça sera des menaces inédites qui seront vite oubliées et sans intérêt. De plus, après 5 arcs écrit par Bryan Hitch et 2 numéros tie-in à l’event Justice League vs Suicide Squad, qui n'aura aucun impact sur le titre, on aura plusieurs numéros scénarisées par des auteurs invités avec seulement le numéro 24 écrit par Dan Abnett de réellement intéressant, et servant de tie-in au titre Aquaman du même auteur. C'est le numéro 25 qui marquera le retour de Bryan Hitch, un numéro anniversaire que de nom puisque sans intérêt mis à part encore teaser une menace qui finira enfin par arriver et juste à temps puisqu’elle marque la dernière histoire de Hitch pour le titre.

Une armée de Dr Manhattan ...c'est original

Ainsi, l’arc final relève quand même le niveau, même si on reste dans le même style d’ambiance que les arcs précédents. L'apparition des enfants de la Ligue apporte des interactions amusantes et de très beaux moments entre parents et enfants. L’auteur réussit aussi à lier les événements des arcs précédents pour donner une fin satisfaisante, mais ça arrivera un peu trop tard au final. Un seul bon arc sur le reste ne remonte pas la qualité du run entier.

Les enfants de la ligue, la bonne idée...jusqu'à la prochaine Crise

On pourra aussi noter qu’après le départ d’Hitch, le titre est lié à l'event Dark Night Metal le temps de deux numéros pour le crossover Bats Out of Hell avec les titres The Flash et Hal Jordan and the Green Lantern Corps. Cette histoire se déroule entre les numéros 4 et 5 de Dark Night Metal pour nous montrer comment les membres de la Ligue réussissent à échapper aux chevaliers de Barbatos. Là aussi, pas d’impact sur le titre Justice League et c’est surtout une interlude sans grande conséquence sur l’event.

Batmen, Batmen everywhere !

Alors que retenir de ce volume majoritairement écrit par Hitch ? Pas grand chose au final.

Pourtant, il n’est pas dénué d’intérêt. L’un des intérêts, ce sont les “nouveaux” membres qui rejoignent l’équipe. Si on revient au classique Big Seven tel que défini par Morrison (avec toujours Cyborg remplaçant le Martian Manhunter), les nouvelles recrues permettent de changer un peu la dynamique de l’équipe, notamment avec l’ajout du Superman pré-Flashpoint à l’équipe. Il faut savoir que ce Superman est celui de la continuité pré-New 52 ce qui apporte des interactions et des doutes de la part de ses anciens coéquipiers intéressants, mais ce n’est pas assez exploité par l’auteur et c’est finalement vite oublié avec le crossover Superman Reborn (que l’on pourrait résumer par la fusion des continuité New 52 et pré-Flashpoint. Je reste vague sinon ça va mettre des heures). L’autre ajout important, c’est celui du duo de Green Lantern novices, Simon Baz et Jessica Cruz qui prennent le rôle de Green Lantern de la Terre à la place d’Hal Jordan qui est occupé de son côté par le Green Lantern Corps (à lire dans Hal Jordan and the Green Lantern Corps/Green Lantern Rebirth). Ces changements de membres apportent de nouvelles interactions bienvenues (comme le début d’une relation amoureuse entre Jessica Cruz et Flash assez mignonne qui continue la relation développée entre eux chez Johns, mais qui n’aboutira à rien étant donné cette volonté de revenir aux fondamentaux avec le retour du couple Iris West et Barry Allen dans le titre The Flash.). On peut aussi ajouter qu’il savait écrire certaines bonnes relations entre personnages, il avait des idées et un plan d’ensemble sur la fin. Néanmoins, à part ça, c’était un run très oubliable et pas des plus passionnants à suivre.

Justice League Rebirth Tome 6

Ce qui nous amène à parler du dernier run de ce volume qui va se démarquer des autres et se révéler plus qualitatif en peu de numéros. Après le départ de Hitch, un nouvel auteur vient s’occuper de l’équipe et c’est Christopher Priest, connu pour son run sur Black Panther et Deathstroke. Grâce au relaunch DC Rebirth, l’auteur a connu une nouvelle vie et on le retrouve depuis plus fréquemment sur des comics. Pour la composition de l’équipe, le seul changement est le retour d’Aquaman qui remplace Mera, le personnage pouvant désormais retourner sur Terre suite aux événements de sa propre série. Dès le premier numéro, le titre se démarque des deux runs précédents. Les menaces cataclysmiques ne sont plus le point central du titre (l'auteur propose même une petite vanne sur le sujet dans le 1er numéro), la menace principale sera plus intimiste, terre-à-terre et on se concentrera plus sur les membres de l'équipe. En effet, l’écriture de l’auteur est tournée vers le développement des personnages et leurs relations. Priest rend les super-héros plus faillibles (voir un Batman en manque de sommeil n’est pas commun et réaliste comme idée vu toute la charge de travail dont il s’occupe), il ne va pas hésiter à leur faire commettre une erreur et voir les implications que ça va avoir aux yeux du monde. Il va montrer des scènes de leur vie privée ou en habit de civiles. C’est pas inédit et d’autres auteurs le faisaient aussi, mais avec Priest c’est bien réalisé et ça permet de s’identifier aux super-héros de l’équipe. L’auteur sait aussi jouer sur l’humour avec différents registres et le réussit plutôt bien en proposant des moments cocasses.
L’auteur va mettre en avant Cyborg et lui donner une importance vraiment pertinente, que ça soit en faisant le chef de l’équipe ou pointant le potentiel qu’il peut avoir. Le run de Priest aura permis à Cyborg d’évoluer de sa position et d’être autre chose que le tech guy du groupe.

Une promotion s'accompagne toujours d'un relooking

L’auteur va aussi en profiter pour faire quelques références à ses propres travaux, que ça soit à son titre Deathstroke qu’on peut s'amuser à placer dans son run ou à ses anciens travaux chez DC en faisant revenir un personnage qu’il a créé dans la série Justice League Task Force. Toujours sur l’auteur, on retrouve des thématiques propres à lui, notamment des questionnements politiques sur le champ d’action de la ligue ou comment est perçu l’équipe par le monde.
Malheureusement, on voit que rapidement qu’il n’est juste qu'un auteur de transition devant faire le lien avec l’avenir du titre. Il conclut certaines intrigues qu’il a lancé de façon abrupte (c’est visible pour le cas du Fan qui est réglé par une balle en plein tête de la part de Deathstroke, ou le baiser entre Jessica Cruz et Batman résolu en une page).

Au niveau des dessins, ce volume reste solide, malgré quelques numéros graphiquement plus faibles, c’est le cas de ceux par Bryan Hitch qui retrouve un meilleur niveau lors de la reprise d’Hawkman par Robert Venditti. Chaque dessinateur réussit à reproduire l’aspect grandiose des scènes d'action quand c’est nécessaire dans le run d’Hitch. Certains se démarquent comme Fernando Pasarin qui proposait des scènes détaillées (enfin tant que vous regardez pas les mains des personnages). Pour le run de Priest, Pete Woods à un style plus convenu, il sait représenter des moments impressionnants quand il le faut. On peut aussi noter la régularité de certains dessinateurs car lors du relaunch DC Rebirth certaines séries étaient bi-mensuelles ce qui amenait à avoir des dessinateurs moins présents pouvant moins tenir la cadence. Ce qui arrivait moins pour ce titre.

Spoiler : Ils sont là pour une croisière

Dans tous les cas, c’est ainsi qu’après 43 numéros que ce nouveau volume sur l’équipe se termine. L’équipe est chamboulée, le Satellite de garde s'est (encore) écrasé sur Terre, une nouvelle menace arrive et la terre aura besoin de la Justice League pour y faire face.

Un constat final qu’on pourra faire, c’est que ce volume aura finalement eu peu d’importance dans l’histoire de l’éditeur, mais cela va de nouveau changer avec l’auteur suivant qui voit les choses en grand et a pour ambition d’écrire une intrigue importante sur le long terme.

Partie 3 : Période New Justice /Scott Snyder & co

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