Bonjour à tous ! Voilà la quatrième partie du dossier qui aura mis moins de temps à sortir au moins. Avant-dernière partie de ce long dossier, on s'attaque à une nouvelle année pour la Justice League. Est-ce que le titre restera intéressant à lire ? C'est ce que nous allons voir !
Bonne lecture !
Nombre de numéros : Justice League #40-58, Justice League Annual #2, Aquaman #66, The Flash #767, Justice League Dark #29, Justice League: Endless Winter #1-2, Teen Titans: Endless Winter Special #1, Black Adam : Endless Winter Special #1, & Superman: Endless Winter Special #1.
Membres importants : Batman, Superman, Wonder Woman, Flash (Barry Allen) & Green Lantern (John Stewart).
Auteurs : Robert Venditti, Simon Spurrier, Jeff Loveness, Joshua Williamson, Ron Marz & Andy Lanning.
Dessinateurs Principaux : Aaron Lopresti, Xermanico & Robson Rocha.
Durée : février 2020-décembre 2020 (11 mois).
Où trouver en VF : Batman Death Metal Tome 3 et Justice League Endless Winter. Le reste des numéros est inédit en VF.
Après le départ de Scott Snyder, le titre entre dans une période particulière. Il ne possédera plus d’auteur attitré pendant un an, ceci jusqu’au relaunch d’Infinite Frontier. Ce roulement d’auteurs permet d’offrir une diversité dans les arcs, mais en enlevant l’intérêt qu’on peut avoir à suivre le titre sur le long terme. En effet, le titre n’a plus vraiment d’importance dans l’univers DC. La série ne donne pas forcément envie de s’investir sur le long terme puisque le titre manque réellement de direction. Toutefois il faut reconnaître qu’on aura des histoires sans prétention qui ne réinventent pas la roue, ce qui fait du bien après le précédent run qui atteignait des sommets cosmiques en termes d’enjeux.
Du coup, pendant toute l’année 2020 (finalement, ce n'est pas la meilleure année à se souvenir), ce sera un défilé d’auteurs pour le titre. Pas moins de 6 auteurs s’occuperont du titre durant cette période. Le titre continue à être bi-mensuel permettant en un an d’avoir 18 numéros, et un nombre conséquent d’histoires.
Parmi les éléments à retenir de cette période, c’est qu’il est très difficile de placer le titre dans la continuité principale. D’un côté, plusieurs faits laissent penser que la série se déroule après Dark Nights: Death Metal, sauf que ça n’a pas de sens à cause de la présence de Wonder Woman dans l’équipe, elle disparaît après l'événement en question, ce qui rend sa présence impossible dans le groupe. Mais ça ne peut pas se dérouler avant Death Metal, au vu des évènements contés dans l’event. De plus les références à d’autres séries dans le titre se situent après l’arc Doom War. Bref, tout cela manque de logique.
J'essaye mais ... ça n'a pas de sens !
La composition de l'équipe reflète d’ailleurs cet état d’esprit. Le roster est limité à 5 membres seulement. Martian Manhunter et Hawkgirl n’étant plus dans l’équipe sans raisons apparentes, et Aquaman s’occupe de sa fille qui est née à ce moment-là. On retrouve ceux qu’on s’attend à toujours retrouver dans l'équipe à savoir Batman, Superman, Wonder Woman, Flash (Barry Allen) et Green Lantern (John Stewart).
Pour s’attaquer aux différentes histoires, on peut séparer cette période en 4 phases :
On commence par Robert Venditti (il est connu en France pour Green Lantern Rebirth et X-O Manowar) qui reprend le titre pour deux arcs et un annual. Les deux arcs démarrent bien à chaque fois puisque l’auteur sait mêler des ennemis connus de façon originale. Pour le premier arc, l’association entre l’Eradicator et les Daxamites fait sens, vu qu’ils peuvent avoir des pouvoirs similaires aux kryptoniens et l'Eradicator veut prolonger la civilisation de Krypton . Pour le second arc, c’est de lier le Spectre à un ennemi de la mythologie de Grec. Ces associations apportent un intérêt renouvelé pour des vilains qui ont été énormément utilisés.
Autre point appréciable, l’auteur fait référence aux événements des autres titres ancrant le titre dans la continuité “actuelle” (Avec des références à la disparition d’Alfred, la révélation de l’identité de Superman, etc.). L’auteur introduit quelques invités sympathiques comme Madame Xanadu et le Spectre qui apportent un effet de diversité au titre en puisant dans des personnages connus de DC.
Une collaboration logique entre xénophobes
L’auteur connaît bien les personnages, cela permet de ne pas avoir des caractérisations incohérentes. Les dialogues sont bien écrits et beaucoup plus lisibles, sans qu’il y ait trop de bulles de pensées comme le run précédent. Il offre des petits echanges entre les personnages qui permettent de souffler avant de passer à l’action. Il sait écrire une équipe de personnages et la faire fonctionner comme telle où chaque personnage a son utilité. Mais en même temps, il n’y a pas de scènes de personnages qui ressortent à la lecture.
Il faut reconnaître que les histoires sont divertissantes. L’action est efficace et on a quelques bons moments, mais sans plus. Sans compter que la fin reste toujours en dessous du début. La menace est à chaque fois bien construite, qu'il y a toujours un sentiment décevant dans sa résolution (l’affaire avec le Spectre est réglée grâce à un dialogue, certes bien écrit, mais qui semble trop facile ?).
Au niveau des dessins, on a au moins 5 dessinateurs, chacun proposant un style différent qui s'adapte au cahier des charges du titre en proposant notamment des scènes d'actions dantesques. Ce sont des vétérans dans l'industrie, très doués dans leurs domaines, même si ce ne sont pas leurs meilleures planches.
Un nouveau cri de guerre pour l'équipe ?
Le titre est ensuite repris par Simon Spurrier (il est connu pour X-Men Legacy et Doctor Aphra en France. Actuellement, il écrit le titre The Flash inédit en VF), pour un passage court mais intéressant, puisque c’est l'occasion d’interroger sur le rôle de l’équipe dans un conflit où ils sont des étrangers.
Avec cet arc en 3 numéros, The Rule (qui fait penser à l'arc Rules Of Engagement de Joe Kelly qui avait un sujet similaire). Il aborde un sujet qu'on aurait pu voir traiter dans le court passage de Christopher Priest sur Justice League. En effet, après avoir aidé une planète à évincer son dictateur, les aliens les plus haut placés de la planète veulent que la Justice League dirige la planète, car le peuple est trop divisé pour se diriger lui-même.
L'histoire permet d’insérer de la tension dans l’équipe puisque les membres de l'équipe ont une vision différente concernant ce conflit. Notamment, Wonder Woman qui ne veut pas les diriger, car ils ne connaissent pas leur culture. C'est l’amazone qui a le beau rôle dans cet arc où c’est elle qui incarne le bon sens dans l’équipe et la voix de la raison dans cette histoire. Toutefois, ça s’accompagne d’une caractérisation de Green Lantern, Flash et Superman plutôt en retrait et naïf.
Il y a des questions pertinentes qui sont posées : est ce que la ligue à le droit de diriger un peuple qu’ils ne connaissent pas, même pour la bonne cause ? Est ce que des Super-héros peuvent jouer le rôle de dirigeant ?
Les questions sont posées et traitées pour le coup, et offrent une vraie curiosité de voir comment la situation va évoluer. Particulièrement, car l’auteur développe la culture de cette race alien et nous investit un peu dans l’histoire notamment pour découvrir cette culture (leur rituel d’accouplement est assez drôle). Cela permet d'insérer quelques moments humoristiques jouant sur l’étrangeté de cette espèce alien. Il développe son sujet et sa thématique avec efficacité, et offre une conclusion satisfaisante, avec une bonne résolution.
Au final une histoire bien sympathique à lire qui change des dernières histoires du titre.
Quelques moments humoristiques bien dosés
Ensuite, on a un second arc de 2 numéros écrits par Jeff Loveness (que vous connaissez peut-être pour Ant-Man and the Wasp: Quantumania… Pas la meilleure référence à mettre dans son CV) qui réutilise une vieille menace, la plante Black Mercy (Vu pour la première fois dans Superman Annual #11 d'Alan Moore). Pour le coup, l’arc démarre bien avec un premier numéro très pertinent interrogeant sur l’aspect figé que peuvent traverser les personnages et s'ils changent vraiment. Avec des références à l'histoire de DC qui renforcent l'efficacité de la narration, ça offre un commentaire méta sur la nature cyclique des comics. La menace devient secondaire et c'est la narration qui est intéressante à suivre. Malheureusement, le second numéro finit par devenir un numéro d'analyse sur Batman (Après tout, ce n'est pas comme s'il n'était pas assez présent chez DC… Vous sentez le sarcasme ?) et se désintéresse des autres membres de l’équipe. Alors pourquoi pas ? Le numéro reste bien écrit et intéressant à suivre, mais on aurait été intéressé de voir ce que percevait le reste de l'équipe, et la menace est résolue en 5 pages alors qu'elle semblait plus difficile à défaire dans le précédent numéro. La fin rattrape quand même le numéro, en offrant une bonne résolution montrant que les personnages ne restent pas non plus immobiles et peuvent changer.
Pour l’auteur suivant on quitte la continuité actuelle (enfin, s’il y en a vraiment une) pour devenir un tie-in à l’event en cours Dark Nights: Death Metal pour 5 numéros. Dans cet arc, on suit une équipe dirigée par Nightwing pour libérer la Legion of Doom qui s’est retrouvée emprisonnée dans le trône de Perpetua dans le titre Justice League lors de l’arc Doom War.
Ici, l’auteur Joshua Williamson propose un mix des équipes qui avaient débuté avec New Justice : on retrouve Hawkgirl et Martian Manhunter de l'équipe principale. Cyborg et Starfire de Justice League Odyssey qui arrivent juste après la fin du titre en question. Detective Chimp pour Justice League Dark. Ajoutez à cette équipe hétéroclite Dick Grayson redevenu Nightwing depuis peu après sa période Ric Grayson, ainsi que Lex Luthor essayant de réparer ses erreurs pendant le run de Scott Snyder et on obtient une équipe très hétéroclite. Sans compter leurs tenues bien en phase avec l'évent (Très métal, très sauvage et pas très beaux honnêtement) qui offrent un style bien post-apocalyptique à l’équipe. La dynamique du groupe est correcte et l’auteur sait utiliser la continuité pour proposer des dialogues qui fonctionnent. Les péripéties permettent d’explorer cette planète refaçonnée par le Batman qui rit, permettant de voir l’aspect fou et étrange de ce monde (la vallée des Starro est très impressionnante visuellement grâce à Xermanico).
Le titre reste porté sur l'action et le spectaculaire, réussis grâce aux dessins de Xermanico et Robson Rocha qui rendent l’histoire très agréable visuellement. Il y a une curiosité de voir comment l’équipe va remporter le combat contre l’Omega Knight (Un autre rappel au run de Scott Snyder, tout est lié !) et Mindhunter, un Batman avec les pouvoirs de Martian Manhunter si ce n’était pas évident. Notamment, car l’équipe n’a pas la même puissance que celle qu’on a suivie jusqu’à maintenant. Après, soyons honnête les vilains ne sont pas plus passionnants que ça (L’Omega sert juste de force de frappe muette et le Mindhunter, c’est juste un Batman maléfique de plus qui se croit supérieur à tout le monde).
Deux antagonistes puissants, mais peu marquants
Ce sont vraiment les personnages qui rendent l’histoire appréciable. Nightwing est la star de cet arc, c’est le plus mis en avant dans l’histoire et la narration passe par lui. Il a le rôle de leader qui fonctionne naturellement dans l'histoire, on se plairait à le voir dans un titre Justice League. Dans les autres personnages mis en avant, on a Detective Chimp dans son rôle de traumatisé qui est bien écrit et son évolution est plaisante à suivre. C’est touchant à lire.
Nightwing, futur leader de la Justice League ?
Avoir lu le run de Scott Snyder sur le titre apporte un plus puisque qu’on revient sur les relations de trois personnages importants du précédent run : Hawkgirl, Martian manhunter et Lex Luthor qui retrouve la personnalité qu’on lui connaît, mais avec cette volonté de rédemption. Par contre, il est un peu irritant à lire dans son côté arrogant. Ces trois-là apportent une vraie continuité au run précédent du titre et un sentiment de conclusion à leurs arcs respectifs. Les autres personnages (Cyborg et Starfire) ne font pas non plus de la figuration (Ils ont quelques dialogues sympas entre eux), mais ils ont moins d'importance que le reste du groupe.
À noter que comme pour pratiquement tous les tie-ins de Death Metal, celui-ci se révèle important pour comprendre comment le Legion of Doom est libéré et arrive dans Dark Nights: Death Metal #5.
En soit, on ne change pas la formule du titre (Une histoire de Super-héros d’actions épiques), mais ce tie-in est rafraîchissant pour le titre en proposant d’autres personnages à suivre et une continuité au run de Scott Snyder.
La boucle est bouclée
Enfin, on termine cette période avec Endless Winter. C’est le crossover estival (qui se déroule en hiver, c’est paradoxal) bouche-trou, le temps d’arriver à Future State qui va aussi servir pour faire patienter pendant deux mois jusqu’à Infinite Frontier.
Du coup, pour continuer à vendre des numéros (après tout, DC Comics reste une industrie capitaliste) il faut faire du remplissage divertissant et intéressant à acheter. C’est ce qu’est cette histoire sans trop d’ambition, divertissantes et avec des défauts.
Premièrement, la longueur du crossover. 9 chapitres, c’est long, surtout que certains numéros donnent l’impression de faire du remplissage et de faire trop durer l’histoire juste pour jouer sur le suspens avec les Flashbacks qui sont plus importants à lire pour l’histoire. On aurait gagné à réduire le crossover de quelques numéros pour le rendre plus fluide (Au moins 3 numéros, par exemple dans The Flash #767, Superman: Endless Winter Special #1 et Justice League #58 l’histoire n’avance pas et c’est juste de l’action ponctuée de dialogues peu intéressants).
Ensuite le scénario global. Ron Marz (Witchblade, Silver Surfer) et Andy Lanning (connu pour le duo DNA sur des titres comme Guardians Of The Galaxy et Nova ) sont des vétérans de l’industrie qui ont l’habitude d’écrire les comics et savent faire le job. Honnêtement, ce n'est pas désagréable à lire, les auteurs connaissent les personnages et proposent un style d’écriture facile à suivre, mais il en ressort une écriture un peu automatique avec peu de moments mémorables. C’est vraiment l'action qui est le point central de l’histoire, le reste ? C’est peu marquant et c’est un comble. Rien que la menace globale fait très générique. Le vilain Frost King n’a pas une personnalité très intéressante (C’est juste un gars ivre de rage d’avoir perdu sa famille) et qui contrôle la glace. La conclusion plutôt sympathique, n’a pas eu de suite depuis, preuve en est de l’impact qu’a eu ce crossover chez DC.
Au moins, le crossover est bien dessiné par une cohorte de dessinateurs, avec pas moins de 10 dessinateurs pour illustrer ce crossover. Pour la cohérence graphique, on repassera, mais chacun fait le boulot et propose quelques belles pages visuellement.
Un viking tous de glace
Alors en vrai, il y a une thématique qui ressort de l’histoire, celle de la famille, notamment Flash qui se demande comment trouver cet équilibre entre vie personnelle (surtout familiale) et la vie de Super-héros. Une thématique qui a le mérite d’être posée et qui reviendra par moment dans les numéros, mais ne trouvera pas forcément de conclusion. Ce n'est pas le point central de l’histoire non plus.
L'élément important qui a le plus été mis en avant par la promo, qu’on peut voir comme une inspiration des Avengers préhistorique de la concurrence, c’est la “Justice League Viking” (Terme qui n’est jamais prononcé dans l’histoire, mais c’est comme ça que les scénaristes appellent cette équipe). Cette équipe à le mérite d’être plus cohérente que celle de Marvel. À part ça, l’équipe a déjà combattu le Frost King dans le passé dont les aventures sont racontées en parallèle du crossover sous forme de 4-5 pages pour chaque numéro dessiné par Marco Santucci. Mais là aussi, la Justice League Viking est décevante dans sa réalisation et se montre au final très classique, sans plus de folie dans les idées. Par exemple, la composition de l’équipe à part la présence du Viking Prince, aurait pu être fantaisiste. Elle n’a d’ailleurs pas été reprise par d’autres scénaristes depuis.
Une équipe qui ne fera pas long feu
Dans ce qu’on peut rajouter d’intéressant à dire, le crossover est ancré dans la continuité “actuelle” avec des références à d’autres titres (La destruction de la Forteresse de la solitude dans Man of Steel de Bendis ou la présence de Sebastian Stagg introduit en 2020 dans le titre The Terrifics). Il y a un côté scénario catastrophe sympathique avec l’utilisation de la ligue, mais aussi d'autres héros qui gravitent à ce moment-là (Justice League Dark, Teen Titans, etc.) même si seulement pour un numéro. Ainsi qu’une mise en avant de Black Adam dans l’histoire, pas si innocente, puisqu’on le retrouvera dans le run suivant sur le titre Justice League. Pour la composition de l’équipe, on retrouve la même que depuis le début de la guest-era, avec Aquaman (non-torse nu) qui revient prêter main forte. Finalement, pas grand-chose à retenir, de ce crossover honnêtement, à réserver aux complétistes.
Le constat qu’on pourra faire pour chaque arc de cette période, c’est qu’ils sont divertissants, variés avec chacun leurs qualités, mais ils ne sont pas "importants" à lire au final. On comprend qu’Urban Comics a largement zappé cette période en VF. C’est dommage que DC n’ait pas permis à un de ces auteurs de rester plus longtemps sur le titre pour développer l’équipe, et proposer un run marquant, mais étant donné le contexte compliqué laissé par la fin du run de Scott Snyder et l’event Death Metal en cours de parution en même temps que la continuité “actuelle”, c’était difficile de vouloir proposer un run qui ait plus d’importance.
En tout cas, Death Metal va marquer la fin d’un cycle chez DC lancé avec DC Rebirth et le titre va pouvoir repartir sur de nouvelles bases avec un scénariste régulier. Cette fois-ci, le titre allait beaucoup se démarquer de ses prédécesseurs, et malheureusement peut-être pas pour le meilleur.
Partie 5 : Période Infinite Frontier/Brian Michael Bendis
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