[Review] Wonder Woman

[Review] Wonder Woman

Pour le moins attendu, Wonder Woman est l’héroïne qui méritait son film. Porteuse de nombreuses valeurs dans les comics et incarnant la femme forte, le pari de la Warner est donc de rendre hommage à ce personnage tout en y insufflant une force, une vitalité et un héroïsme digne des grands super-héros masculins. Pari réussi ?

Merci Patty Jenkins

A la tête du film, Patty Jenkins, réalisatrice de Monster, long-métrage récompensé, avec Charlize Theron, également récompensé pour le film, qui réalise son second film. Comme Monster, l’histoire suit une femme qui sort de la norme que Jenkins va chercher à humaniser (Charlize Theron y incarne une tueuse en série réelle). La réalisatrice a une patte et a su filmer avec brio ce monstre en le rendant humain. C’est sûrement pour cela que la Warner a fait appel à elle pour mettre en images la princesse amazone. Le studio a été intelligent et a laissé Jenkins s’exprimer. C’est le point fort du film, Diana Prince est très bien représentée. Humaine, touchante et naïve, Patty Jenkins sait filmer de manière intime et réaliste une princesse amazone. Alors que le risque était qu’on ne se reconnaisse pas en elle, on se prend d’affection pour cette guerrière lâchée dans un monde d’hommes. Grâce à la réalisation, le contraste entre les deux univers est très bien fait. Notamment parce que le film prend son temps et choisi ses instants forts. Les premières paroles de Diana sont des souffles et râles de guerrières en combats. La première entrée en scène de Wonder Woman en armure se fait bien après quarante minutes voir une heure de film. C’est judicieux et intelligent et l'une des meilleures intros tous films "origin story" de super-héros confondus. Toujours pour souligner l'originalité, les choix de costumes sont souvent très bien pensé et discrets, je pense notamment aux masques à gaz à la fin du film, ou la tenue civile de Wonder Woman, très masculine avec un clin d'oeil à Clark Kent et ses fameuses lunettes. On sent une verve à la Spielberg, une naïveté enfantine dans un monde d’adulte. On ressent les mêmes émotions que dans Captain America : First Avenger. Diana est pleine de valeurs mais elles sont remises en question dans un conflit qui la dépasse. Justement ces valeurs sont très bien mises en place, parce que le film prend son temps sans tomber dans l’ennui. Le rythme est très rapide, on change rapidement de décors et d’ambiances sans pour autant être déboussolé.

Une Wonder Woman bien entourée

Jenkins arrive à capter l’essence du personnage, Gal Gadot l’incarne à merveille. Le charme naturel de la comédienne, son allure et son jeu font qu’elle fait une excellente Wonder Woman. On sent qu’elle s’amuse dans le rôle. Gadot oscille entre les émotions et use de petites expressions faciales touchantes et subtiles. Wonder Woman trouve ici une très bonne interprétation, en finesse, en subtilité et en émotion. Gadot arrive à jouer la jeune femme, presque une adolescente découvrant son corps, avec justesse sans tomber dans la parodie. Bien que les expressions de rage soient les moins présentes et réussites à mon goût. Comme l’actrice principale, on sent une aisance de la part du reste du casting. Chaque second rôle ayant son petit temps, et peu s’exprimer dans son rôle. L’équipe qui accompagne Wonder Woman au combat ne joue pas que le rôle de faire valoir, elle apporte à l’intrigue et aux messages portés par le film. Les différents personnages sont tous attachants et bien interprétés, mention spéciale à Saïd de La Haine  que l’on retrouve enfin à l’écran. Pour Chris Pine, le rôle de beau gosse lui va évidemment à merveille, tout en étant le guide de Wonder Woman dans ce monde et donc « l’ambassadeur des hommes » aux yeux de Diana. Sans être fantastique, il reste attachant et sympathique. Il fait une belle princesse en détresse en somme. Petite mention spéciale à la secrétaire de Steve Trevor qui est géniale de fraîcheur et également très subtil. Les relations entre les personnages sont évidemment bien filmés, venant de la réalisatrice le contraire aurait été étonnant. Surtout qu’elle parvient à mettre de l’humour sans pour autant désensibiliser les messages du film et cette ambiance de fin du monde.

Des intentions et messages intéressants

Le film est défini par certaines critiques comme féministe. Wonder Woman étant le premier vrai long-métrage sur une super-héroïne on ne peut échapper à ces propos extrêmes. Pourtant Jenkins évite de tomber dans des pièges du genre. On ne nous sort pas de discours sur la force des femmes, au contraire Wonder Woman incarne l’union des sexes et des peuples. C’est l’une des forces du film et du personnage, sa naïveté et d’être porteur de messages universels. Grâce aux différents personnages, des thèmes variés sont subtilement traités sans être insistant ou ridicule, par exemple le massacre des amérindiens, le racisme, les traumatismes de guerre, le sexisme, la guerre, l’homosexualité et surtout l’humanité. Un thème qui est fort à Jenkins quand on voit Monster. Tous les personnages sont humanisés et ambigus, personne n’est vraiment blanc ou noir. Sauf, chez les méchants qui sont mal développés.

 

Un problème d'antagonistes

On ne les connaît pas, on ne nous les présente quasiment pas ou maladroitement. Doc Poison n’est pas effrayante et on n’a aucune empathie pour elle, ce qui est gênant pour une scène en particulier. Le méchant principal et son interprète sont bons s’ils étaient restés dans le premier axe choisi. Ensuite, la mythologie de Wonder Woman et le super-héroïsme rattrapent le tout et le vilain perd de son intérêt et de sa force.

Un mauvais dernier acte

C’est ce qui pénalise le film finalement, les codes du genre super-héroïque dont Patty Jenkins a eu du mal à se libérer. La deuxième partie est une succession de clichés que l'on ne voit plus ou rarement dans les films modernes tellement ils sont devenus ridicules et parodiés. L’utilisation de flash-back dans les moments de trous explicatifs ou la voix off moralisatrice en sont des exemples qui ont fait rire dans la salle. Surtout que le film est subtil et intelligent tout du long, mais s’embourbe dans des grosseurs et poussifs qui font ressentir une baisse de scénario. La seconde partie fait malheureusement ressortir de la salle avec un goût de « merde, le film aurait pu être génial ! ». Wonder Woman tombe à plat et perd toute originalité et créativité dans les 20-30 dernières minutes. On retrouve le problème qu’avait eu Kenneth Branagh avec Thor, ce que je craignais justement. Surtout que le studio ou la réalisatrice a fait le choix étonnant d’intégrer le film dans la continuité du DCU. Ainsi tout le film passe pour un conte raconté façon Père Castor afin de lier Wonder Woman au reste de l’univers DC.

L'image et les combats

Filmé l’humain, Jenkins sait le faire, filmé un combat épique, un peu moins. On sent une inspiration des combats à la façon du jeux vidéo Injustice pour le combat final. Ainsi, les combats sont filmés à la manière de Snyder avec des ralentis, caméras volantes et images de synthèse habiles. Je ne blâme pas ce choix. La charge des amazones m’a fait frissonner façon débarquement de Il faut Sauver le Soldat Ryan. On est au cœur du combat dans la violence et la destruction des idéaux et du paradis de Wonder Woman. Enfin la scène de No Man’s Land est incroyable, elle m’a procuré mon second frisson. Les combats sont très bien filmés pour peu que vous aimez la façon dont ils sont mis en scène dans Batman vs Superman , 300 et Watchmen, car ce sont quasiment des copies. Ensuite les plans divinisent Wonder Woman avec de très belles couleurs et choix de cadrages. On sent l’inspiration comics, l'inspiration "Snyder" également dans le traitement et la façon de présenter ses super-héros ou encore le choix de découper une action en gros plans successifs par exemple. Enfin, la musique, elle ne mérite que deux lignes tellement elle est discrète. Par deux fois c’est une reprise du thème de l’héroïne et c’est tout. Rien de mémorable mais ça on s’en doutait, si vous avez lu mon dossier sur le sujet (ici).

Pari quasiment réussi

Wonder Woman reprend ce qu’incarne l’héroïne du comics grâce au talent de Patty Jenkins à filmer l’humain et humaniser l’impossible. Cependant, la réalisation est mal maîtrisée quand l’inhumain est personnifié. Le combat interne de chacun est représenté avec brio au travers de plusieurs personnages intéressants dont Wonder Woman, mais tombe dans des mauvais clichés du genre quand on entre dans le domaine pur du super-héroïque. Cependant les combats sont magnifiques tout comme les images. On frissonne devant une Wonder Woman guerrière, on rit d'une Gadot naïve et perdue dans un monde gris, sale et masculin, enfin on a le souffle coupé devant une Wonder Woman puissante, forte et divine. On passe vraiment un bon moment, sans s'ennuyer. Wonder Woman fait son office en nous divertissant et apportant un petit plus sympa avec des bonnes intentions. Le film rend hommage au personnage mais n’est pas assez marquant, notamment pour sa fin dont le message est raté, faisant passer le film à côté de l’occasion de devenir marquant et incroyable.

En Résumé

LES POINTS FORTS

- Gal Gadot
- Les messages subtils
- La réalisation
- Wonder Woman belle, attendrissante et forte

LES POINTS FAIBLES

- Les 20-30 dernières minutes
- Le Mal personnifié, le film perd de sa force

 

3.5

Presque Wonder

Conclusion

Jenkins maîtrise le personnage et nous fait vivre des émotions pures dans les domaines qu'elle maîtrise. Hors de ses sentiers de prédilection, elle emporte le film dans des chemins qui détruisent ce qu'elle a construit pendant les 1h30 précédentes.

 

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  • alecs
    alecs

    il y a 7 ans

    Ce Wonder Woman est le film que j'attendais chez DC Comics. Enfin comblé par un film chez eux. Putain que ça fait plaisir. Avec un gros pied de nez à tous les haters de Gal Gadot elle est juste magistrale. Elle s'approprie chaque scène. Sa relation avec Trevor est touchante, crédible, attachante. Je comprend les critiques US, encore plus quand ils parlent de la scène ou le "héros" se révèle ... cette scène du "No man's land" est juste parfaite. 
    La musique fait carrément son taff, épique à souhait et virant quasiment ce thème HORRIBLE entendu dans Batman v Superman.
    Si je devais pinailler je dirais que la fin est un peu moins bonne que le reste et le bad guy avec qui j'ai eu du mal. Mais bon, le film est tellement énorme qu'on lui pardonnera.

    Pour moi c'est un 4/5