RetroComics est enfin de retour (et a enfin son propre visuel) ! Ne faites pas les timides, je sais que vous le demandez à cor et à cri… mais sans le dire.
Je me pencherai cette fois sur le cas d’un run qui a fait date dans l’histoire des comics :
Green Lantern Co-Starring Green Arrow : Hard Travelin' Heroes… un nom à rallonge pour un run qui n’aura duré que 14 numéros !
Nous sommes à la fin des années 1960 et
DC Comics est dirigé d’une main de fer par son éditeur-en-chef,
Julius Scwhartz, l’homme de l’ombre qui a poussé les auteurs à se renouveler au milieu des années 1950, donnant ainsi naissance à l’âge d’argent… rien que ça ! Sentant la série s’essouffler, il souhaite donner un bon coup de fouet à
Green Lantern et fera appel pour cela à deux auteurs dans la force de l’âge mais ayant déjà fait leurs armes : le scénariste
Denny O’Neil et le dessinateur
Neal Adams. Ce coup de fouet se matérialisera pour le lecteur dans le #76 de la série, qui ne s’appelle alors déjà plus
Green Lantern, mais
Green Lantern Co-Starring Green Arrow . Vous vous doutez que si ce run n’a duré au final que 14 numéros, c’est que son succès ne fut pas si mirobolant, j’imagine donc que vous êtes étonnés par mon écriture au ton élogieux, et bien c’est parce que cette série fut malgré tout un énorme succès critique, et je vais tenter de vous expliquer pourquoi !
Depuis sa naissance, le comic book est alors un pur produit de divertissement à destination des enfants et adolescents. Nous avons deux camps facilement identifiables, les bons face aux méchants, et tout est fait pour favoriser l’évasion du lecteur et une identification aux personnages plutôt facile de par la diversité de l’offre.
Je ne dénigre en aucun cas cette recette, qui malgré un certain carcan éditorial, a permis à des centaines d’auteurs de s’exprimer et de nous soumettre leurs idées, bien souvent de manière sous-entendu. Il y a cependant eu le terrible Comic Code qui est passé par là et a fait du mal à l’industrie, mais cette dernière a su s’adapter et rebondir, et pour insuffler une énergie nouvelle à Green Lantern, Julius Schwartz a l’idée de lui faire changer de cible. D’une série super-héroïque tout à fait classique, nous passons à un comics engagé, dénonçant l’état de la société de son époque.
Tous les problèmes sociétaux y passeront, de la criminalité qui gangrène les grandes villes, au racisme, en passant par l’utilisation de drogues, Dennis O’Neil emmène ses deux personnages dans des contrées très différentes et leur fait rencontrer des gens normaux. Cette série devient une sorte de road-trip à travers les Etats-Unis où nos deux compères se pencheront sur le quotidien tout à fait ordinaire de personnes de milieux sociaux et culturels totalement différentes, qui forment l’Amérique de cette époque.
Le tandem formé par
Green Lantern et
Green Arrow , s’il n’est pas littéralement haut en couleurs, l’est bel et bien en pratique. En effet, le premier fait totalement office de figurine régalienne, c’est l’ « homme de loi » du duo et il en devient presque trop détaché et objectif, ce qui sera forcément créateur de beaucoup de situations tout au long des quatorze numéros. Green
Arrow est de son côté un fort représentant de la classe libérale, mais un personnage avant tout régit par ses émotions avec un profond sens du devoir vis-à-vis d’autrui.
L’élément surprise vient certainement de leur milieu social d’origine et la place qu’ils occupent désormais dans la société. Bien que fils d’un pilote de chasse, Hal Jordan est en quelque sorte un citoyen moyen américain, alors qu’Oliver
Queen est un riche héritier. Et de manière totalement surprenante, Oliver est très proche des petites gens, alors que
Green Lantern en est davantage détaché et semble bien au-dessus de tout ça.
Malgré toutes ces différences, Green Lantern et
Green Arrow restent néanmoins deux personnages qui s’apprécient, unis par un lien d’amitié assez fort, et si l’on fait abstraction de leur milieu social ou culturel, force est de constater que leurs skillsets s’associent à merveille. Nous avons la force de frappe aérienne et à distance grâce à GL, tandis que GA est une véritable force très polyvalente… mais clouée au sol. D’ailleurs, leur skillset est au final un peu le reflet de leur personnalité, à moins que ce ne soit l’inverse : GL ne frappe que rarement ses ennemis de manière directe, il reste détaché et utilise avant tout le pouvoir qui lui est octroyé par l’anneau afin de terrasser ses ennemis. Green
Arrow de son côté, lorsqu’il ne décoche pas de flèche, est bien plus physique, et n’hésite pas à faire usage de ses poings et pieds pour se débarrasser de ceux qui se mettent en travers de son chemin.
Green Lantern co-starring
Green Arrow reste aujourd’hui l’exemple type d’une série team-up, c’est-à-dire qui voit deux héros habituellement séparés s’associer, qui fonctionne. Mais autant vous le dire tout de suite, ce n’était pas couru d’avance !
Bien entendu, World’s Finest, la série associant
Batman et
Superman a toujours très bien fonctionné, mais c’est bel et bien car DC associait là ses deux héros les plus charismatiques et populaires. Une association pareille est une véritable machine de guerre qui ne peut que fonctionner, et au moins remporter un succès public plutôt facilement.
Mais le concept en lui-même est totalement bancal et aboutit très souvent à un résultat passable, et la raison est simple. Généralement, les deux héros sont associés pour une vingtaine de pages, et il faut alors décrire un contexte et trouver une excuse pour les faire ses battre ensemble. Bref, la fin justifie les moyens et plutôt que de nous raconter une bonne histoire bien construite, on nous propose des histoires souvent insipides, archi-classiques et à la limite de la caricature, l’essentiel du récit étant bien entendu de voir les deux héros combattre ensemble une menace commune.
Pour terminer ce numéro, je ne pouvais pas passer à côté d’un gros point positif de ce run : étant très porté sur les personnages, il constitue forcément une excellente entrée en matière, que ce soit pour découvrir
Green Lantern ou
Green Arrow . Le background des deux personnages est suffisamment abordé pour vous donner une idée bien précise de leur histoire, mais surtout, on découvre leur personnalité comme jamais. Confronter ces deux héros à ces problèmes communs est l’idée parfaite pour mettre en valeur tout le spectre de leur personnalité respective. Bref, après avoir lu cette histoire, vous êtes fin prêts pour aller plus loin ! Voilà par où continuer :
GREEN LANTERN :
Pour ce héros, c’est bien simple, la meilleure solution est de découvrir le run de l'excellent Geoff Johns en intégralité. Il faut débuter par
Green Lantern : Rebirth, publié en France par Panini Comics, puis enchainer par la collection Goff Johns présente
Green Lantern d’Urban Comics, puis Blackest Night et Brightest Day. Les deux numéros de
Green Lantern Showcase vous permettent ensuite de faire le lien avec la série
Green Lantern de la Renaissance, dont le premier tome est disponible en librairie sous le nom
Sinestro (ou dans les magazines
Green Lantern Saga).
GREEN Arrow :
Pour les aventures du célèbre
Archer Vert Oliver Queen, je ne peux que vous conseiller d’approfondir les origines du personnage avec l’excellent
Green Arrow : Year One d’Andy Diggle, publié par Panini Comics, qui reprend habilement les fondements de la série, tout en les modernisant et en faisant ressortir le côté héroïque du personnage. Vous pouvez également découvrir une facette un peu sombre du personnage, comme il était très à la mode de le faire à cette époque, dans The Longbow Hunters de Mike Grell, une histoire en trois parties qui a donné en son temps l’envie à DC de lancer la première série régulière solo du personnage. Ensuite, autre relance du personnage : celle de Kevin Smith en 2001 avec Quiver, dans laquelle il nous raconte la résurrection d’Oliver, faisant suite directement à Final Night.
Pour finir, Cry for
Justice (publié par Panini dans DC Heroes) vous propose de découvrir ce qu’il se passe lorsque Hal et
Oliver décident d’amener la lutte contre les super vilains à un niveau au-dessus… une
Justice plus expéditive et violente que jamais. Le tout abouti d’ailleurs au très bon Fall of
Green Arrow , qui vient clore en beauté cette petite sélection.
Vous êtes désormais prêts pour découvrir ce run devenu un classique, il vous fera voyager et surtout changera certainement à jamais votre vision des comic books. J’espère que vous avez apprécié cette lecture et je vous donne rendez-vous bientôt pour un nouveau numéro de RetroComics !
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