Sélec' de l'été 2016 : Batdetective

Sélec' de l'été 2016 : Batdetective

Si pour certains les vacances d’été sont déjà bien entamées, pour d’autres, elles commencent à peine voire n’ont pas encore commencées. L’été rime traditionnellement avec le soleil, la plage et les filles en bikini (ou les hommes en maillot de bain pour vous mes demoiselles). Toutefois, les vacances d’été restent une occasion privilégiée pour lire des comics et (re)découvrir certaines histoires de qualité sorties plus tôt dans l’année.

Voici, pour ma part, les trois titres que je vous recommande chaudement pour cet été. Pour ne pas faire de jaloux, vous trouverez un titre estampillé DC Comics, un autre publié par Marvel et enfin, un rattaché aux éditeurs indépendants. Allez, c’est parti.

Batman : L’énigme de Red Hood ou comment redécouvrir une saga d’enfer sur le Chevalier Noir  :

Ecrite par Judd Winick (qui signe là son meilleur travail) et mise en image par un collectif d’artiste, dont le talentueux Doug Mahnke, cette saga est un incontournable dans les comics sur le Chevalier Noir de part les bouleversements qu'il amène à sa mythologie.

Attention, je risque de révéler quelques éléments clés de l’intrigue, notamment l’identité de Red Hood , qui est certes connue par un grand nombre de fans maintenant mais sait-on jamais.

A lire après Batman : Un deuil dans la famille et Batman : Silence, cette histoire suite le Chevalier Noir aux prises avec un nouveau justicier, aux méthodes expéditives et discutables, utilisant l’ancien alias du Joker  : Red Hood. Naturellement, les deux se retrouvent rapidement face à face mais Batman découvre une effroyable vérité : Red Hood n’est autre que Jason Todd , le deuxième Robin assassiné par le Joker , et il est bien décidé à se venger de celui qui l’a tué mais aussi de son mentor, qui ne l’a pas sauvé. Si l’identité du Red Hood est désormais connue de tout le monde (encore plus depuis Batman : Arkham Knight), la révélation a fait l’objet d’un choc monumental à l’époque d’autant que le récit, et le retour du personnage, était superbement mené.

Red Hood / Jason Todd est superbement écrit et caractérisé et on suit avec plaisir le retour de ce personnage, devenu un salopard finit mais dont on ne peut s’empêcher de prendre en pitié et de comprendre (sans approuver) ses actes et ses motivations. Judd Winick a la bonne idée de distiller ses révélations, ses retournements de situation et gère à la perfection le rythme de son intrigue en dévoilant d’abord l’identité de Red Hood aux lecteurs et en montrant ensuite Batman la découvrir et surtout l’accepter, en réaliser la véracité. Mais surtout, c’est l’affrontement entre les deux protagonistes qui est extra à suivre. Guerre fratricide, guerre psychologique : l’affrontement est sans concession et voit aussi deux conceptions de la Justice se faire face. Winick axe une partie de son récit là-dessus et a la bonne idée de ne pas prendre réellement partie, permettant ainsi aux lecteurs de s’identifier aux personnages et à leurs conceptions singulières de la lutte contre le crime. Batman est lui aussi très-bien caractérisé, Winick mettant en scène un héros rongé par le déni et la culpabilité de n’avoir pu sauver son protégé mais obligé de l’arrêter car mû par son désir de Justice . A côté de cela, un tas d’autres personnages interviennent également dans ce récit où Black Mask fait office de grand-méchant et se révèle être une menace de poids, malgré le fait qu’il soit mis à mal par nos deux justiciers.

Bref, c’est une excellente histoire d’autant qu’elle est très accessible et ne requiert pas une connaissance accrue du Batverse. Vous avez de l’action, des retournements de situation et des passages touchants et plein d’émotions. Certes, certains épisodes sont en-dessous et on peut regretter que la troisième partie de l’ouvrage, The Lost Days, qui explique la résurrection de Jason Todd , soit de moins bonne qualité que le reste, mais globalement, l'album est de très bonne facture et je ne peux que vous en conseiller la lecture.

Après la série TV, direction les comics : Daredevil par Bendis et Maleev :

Vous avez aimé les deux premières saisons de Daredevil et vous souhaitez vous plonger dans les comics, alors je ne peux que vous conseiller le run de Brian Michael Bendis, réédité en ce moment même pas Panini Comics dans la collection Marvel Select. Trois tomes sont d’ores et déjà sortis, trois tomes qui sont donc trouvables facilement et ce à un prix très avantageux.

La série Ultimate Spider-Man et ce run mythique sur Daredevil ont permis à Brian M. Bendis de devenir la star qu’il est aujourd’hui et l’un des auteurs majeurs de Marvel. Il faut dire que ces trois tomes sont tout bonnement excellents. L’auteur renoue avec le genre qui l’a fait connaitre, le polar, et livre un récit proche du policier et du thriller. Dans la continuité de ce qu’avait fait Frank Miller une vingtaine d’années avant lui, il replace Daredevil dans un contexte sombre, angoissant et réaliste. Finit les menaces cosmiques et vilains bariolés, le super-héros renoue avec ce qui avait fait son succès sous l’ère Miller et retrouve son quartier, toujours aussi pourri, pour y affronter la pègre, la corruption, le Caïd ainsi que des super-vilains urbains. Toutefois, Bendis décide de bousculer le statu-quo du héros et en quelques numéros, il bouleverse totalement son univers en remettant en cause tout ses fondamentaux et ce qui existait. On prend un certain plaisir à suivre la déconstruction (et la désacralisation) du personnage et de son entourage et la manière dont notre héros doit surmonter les crises et y trouver ses solutions.

Si l’histoire fait la part belle aux retournements et à l’action, Bendis excelle toutefois dans le traitement et les relations entre les personnages, grâce à des dialogues toujours aussi bien écrits. Plus que le super-héros, Bendis s’attache à écrire sur l’homme derrière le masque : on y suit ses motivations, ses combats, ses joies mais surtout ses peines, ses angoisses, ses doutes et ses revers. Daredevil en prend plein la figure au cours de ses trois premiers tomes et Bendis met un point d’honneur à montrer comment l’homme, et ses proches, en sont affectés. Le récit est donc très axé sur le côté psychologique du héros et offre également de nombreuses pistes de réflexions sur la figure du super-héros mais aussi sur certains aspects de nos sociétés modernes. Bendis prouve ainsi qu’écrire des comics intelligents, pleins de bons sens et agréables à lire reste tout à fait possible. La partie graphique est assurée par le génial Alex Maleev qui retranscrit parfaitement cette ambiance polar, sombre et réaliste.

Vous avez donc là un véritable must-have et ce qui s’est fait de mieux dans le genre. Trois tomes c’est un peu long à lire mais vous avez tout l’été, alors profitez-en !

Birthright, tomes 1 et 2 : de l’indé, de l’heroic fantasy, des grosses épées et beaucoup d’émotion :

 

Birthright ou mon coup de cœur de ces derniers mois. On tient là une véritable petite pépite et je ne pouvais pas m’empêcher de vous en parler.

L’auteur, Joshua Williamson, embarque le lecteur dans un récit rythmé, vitaminé, intriguant mais aussi très émouvant. Il est vrai que de visu, Birthright n’attire pas spécialement : à mi-chemin entre Le monde de Narnia et Jumanji, l’œuvre ne semble être qu’une histoire d’heroïc fantasy parmi tant d’autres. Pourtant, si bien des points, Birthright nous surprend. Tout d’abord, Williamson ne perd pas son temps et livre un véritable modèle de dynamisme et d’accroche. En un chapitre, il installe la situation, l’intrigue, les protagonistes et les bases de son intrigue, ce qui lui permet par la suite de développer correctement son histoire et ses personnages. Partant du constat de la disparition d’un enfant, Mikey, envoyé dans une autre dimension, Terrenos, et de son retour, adulte, quelques semaines plus tard (le temps a passé plus vite dans Terrenos) l’auteur se paye le luxe de donner à son récit l’aspect d’un drame familial en montrant les ravages que cause la disparition d’un enfant au sein d’une famille. Il donne à son œuvre une profondeur particulière et il ne s’arrête pas là car il termine son tout premier chapitre par un twist surprenant qui permet un renversement total de l’intrigue et de ses perspectives. Les motivations des personnages sont mises en avant et Williamson a la bonne idée de livre une histoire qui est tout sauf manichéenne : le grand méchant, le Dieu Lore, n’a qu’une place infime et tout est sujet de point de vue, la frontière entre le bien et le mal demeurant ainsi très floue.

A la manière d’Arrow, l’un des points fort de Birthright est de structurer le récit en deux trames narratives : le présent qui voit le retour de Mickey, devenu adulte, dans notre monde, où quelques semaines se sont écoulées depuis sa disparition et le passé, ou son arrivée, alors qu’il n’était qu’un enfant, sur Terrenos. Encore une fois, Williamson s’éloigne des clichés du genre et son travail sur l’ambiance et sur les personnages permettent tout de suite d’accrocher au récit. L’histoire, en plus d’être rythmée, est pleine d’émotion et permet vraiment de faire immerger son lecteur. Williamson sait aussi surprendre son lecteur et livre donc une gistoire pleine de possibilité.

Accrocheuse, la série l'est également grâce au dessinateur Andrei Bressan. L'artiste brésilien livre un superbe travail : c’est beau, c’est soigné et les traits du dessin retranscrivent parfaitement les émotions des différents personnages. Bien que le découpage soit classique, il permet une immersion totale dans cet univers. La colorisation d’Adriano Lucas n’est pas en reste : à la fois flamboyante et sombre, elle permet judicieusement de marquer les changements d’ambiance.

En somme, Birthright est une petite pépite qui reste encore injustement mal connue. C’est un récit à ne pas rater et je ne peux que vous conseiller de profiter de l’été et du soleil pour lire ce récit rafraichissant.

En Bonus, pas de comics mais du franco-belge : L’homme qui tua Luky Luke :

En bonus, je ne vous conseille pas de comics, ni quelque-chose qui soit relié au monde des comics, mais je ne peux m’empêcher de vous parler de l’un de mes coups de cœur de l’année : L’homme qui tua Luky Luke, qui me permet de rester dans le genre de la BD (le mec qui se cherche des excuses pour parler de ce qu’il aime…)

Tandis que Luky Luke fête cette année son 70ème anniversaire, Matthieu Bonhomme, auteur de l’excellent Texas Cowboys, décide de s’attaquer à ce monument de la BD franco-belge, non sans une certaine appréhension des fans. Le résultat est sans appel et il nous livre l’une des meilleures histoires sur le personnage. L’album est un vibrant hommage à l’œuvre de Morris et renoue avec le Luky Luke des origines, celui qui fumait encore la cigarette, qui était sombre, froid et cynique et qui n’hésitait pas à abattre des ses adversaires. L’histoire est dès lors plus sérieuse même si Bonhomme reprend avec prouesses les codes et scènes iconiques qui ont fait la renommée du cowboy solitaire. Outre l’hommage, Bonhomme réussit le tour de force de se réapproprier le mythe de Luky Luke pour livrer un héros en proie à ses démons (la cigarette) mais aussi aux doutes. S’il s’occupe du scénario, Matthieu Bonhomme est aussi en charge des dessins et là, le résultat est juste bluffant. Mêlant son propre style à celui de Morris (encore une fois, l’hommage), il apporte une touche de modernité au personnage et nous offre sa propre vision de ce dernier. La dégaine de Luky Luke est parfaite, on a le droit à des décors sublimes et surtout, la colorisation grandit davantage les dessins.

Bref, jetez-vous sur cet album plein de qualité : vous y retrouverez un Luky Luke certes différent, proche de celui qu’il était lors de ses premières aventures, mais qui reste quand même le héros avec lequel vous avez grandit et sur lequel vous avez dévoré vos premières BD.

Voilà, j’en ai fini pour ma part. Je reconnais que d’autres histoires auraient pu figurer dans ce classement mais ces trois ouvrages ont le mérite de se lire facilement, assez rapidement et de se suffire à eux-mêmes. Ils seront donc parfaits pour des lectures sous un soleil de plomb ou lors d’un moment calme entre deux visites culturelles ou deux escapades à la plage.

En complément, je pourrais conseiller le run d’Ed Brubaker sur Captain America   (publié par Panini Comics au sein de Marvel Icons) ou encore celui de Todd McFarclane sur Spider-Man . Deux runs acclamés par la critique et qui ont chacun fait date dans la mythologie de nos deux héros. Chez DC Comics, allez jeter un œil à Justice League : Darkseid War, qui est une lecture dynamique, rythmé, au style blockbuster mais qui est vraiment plaisante. Ne loupez pas non plus Batman : The Dark Knight III – tome 1 qui fait suite au mythique Batman : The Dark Knight Returns et au dispensable Batman : The Dark Knight Strikes Again. Frank Miller, aidé par Brian Azzarello et Andy Kubert, y fait son come-back en très grande forme.

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