Après nous avoir tenus en haleine pendant plus d’un an, DC sort enfin le grand jeu à travers ce crossover
Trinity War dont le premier épisode a été publié ce mercredi. Attendu comme le messie depuis le Free Comic Book Day de 2012, l’event a été largement teasé, voire même un peu trop, dans de nombreuses séries, pendant plusieurs mois. Mais pour ceux qui seraient tentés de l’assimiler à une arlésienne, il n’en est rien car DC avait déjà prévu en 2012 que
Trinity War serait l’événement de l’été 2013. Pour finalement se faire voler la vedette par le
Villains month qui lui signera le deuxième anniversaire des New52.
Si au début le nom du cross évoquait la Trinité des péchés, ce trio mystérieux constitué de
Pandora, cette femme en rouge qui serait responsable du changement de continuité,
Phantom Stanger et
The Question, l’éditeur a révélé que deux autres trinités seront impliquées dans cette histoire : celle plus qu’iconique de DC, en les personnes de
Batman , Superman et
Wonder Woman mais aussi une triade qui rassemble trois groupes de super-héros : la
Justice League, la
Justice League of America qui s’offre ici un nouveau membre, Dr Light
(1) et la
Justice League Dark. Autant dire que même si
Trinity War ne contiendra pas énormément d’épisodes – 6 plus 4 tie-ins et 1 prélude – l’univers DC sera tout de même largement représenté et le statu quo risque de s’en retrouver bouleversé.
Mais à présent que le décor est posé, trêve de bavardage et plongeons-nous dans ce premier épisode scénarisé par Geoff Johns et dessiné par Ivan Reis (duo que l’on a pu retrouver sur
Blackest Night,
Brightest Day et plus récemment
Aquaman).
Une fois n’est pas coutume, ce #22 de
Justice League nous propose un récit d’une trentaine de pages, sans back-up. Et c’est une agréable surprise car à découvrir cette histoire à l’intrigue construite en crescendo, la crainte de la voir s’interrompre à l’approche de la page 20 m’incitait à ne pas tourner les pages trop vite. Car disons-le sans détour, on ne peut que se délecter de cette mise-en-bouche grâce notamment aux doubles-pages qui provoque une petite chair de poule. Même si ce premier épisode souffre évidemment de quelques imperfections qui, si régulières peuvent rendre le récit rédhibitoire. Trois problèmes se posent ici, l’un au niveau de l’inspiration, puis de la caractérisation de certains personnages et enfin autour de la cohérence.
La réputation du scénariste n’est plus à faire et en lui confiant les rênes de ce crossover, DC ne s’est pas vraiment mis en danger. En partant d’une simple rencontre entre une jeune femme venue demander de l’aide à Madame Xanadu et la voyante qui voit l’avenir grâce à cette inconnue et ses cartes de tarot représentant les super-héros, Geoff Johns offre une parfaite porte d’entrée pour les novices, et un résumé pas redondant pour les fidèles lecteurs. Les liens entre les trois
Justice League se tissent sous nos yeux, la Trinité des péchés est également introduite avec fluidité et suspense. La sauce prend vite et en prenant ainsi la main du lecteur, on n’est pas confus par l’amas de personnages.
Mais là où le bât blesse côté inspiration, c’est au niveau de l’élément perturbateur. Car si on sent bien la pression monter, un incident mettra le feu aux poudres. Et c’est ici que l’on reprochera le manque d’inspiration de Geoff Johns qui a été la piocher du côté du crossover Legends, écrit par Ostrander en 1986. Darkseid voulait déjà mettre à mal la réputation des super-héros en montrant qu’ils représentaient un danger pour la Terre. Et c’est en faisant croire que
Captain Marvel était responsable de la mort d’un super-vilain qu’il est parvenu à ses fins. Du côté de Trinity War, DC avait déjà prévenu que la mort d’un super-héros provoquerait un grand conflit. La bonne surprise est de constater qu’il ne s’agissait pas de cette fausse mort vue dans la série
Justice League of America. Mais la mauvaise est de constater qu’il n’y a rien d’original dans ce processus scénaristique.
Côté caractérisation, Geoff Johns nous avait déjà fait rêver en créant des personnalités hors du commun, notamment lors de son run sur
Green Lantern . Mais ici il semble tomber dans des pièges qui ne reflètent pas son talent. Et cela tourne essentiellement autour d’un personnage, déjà bien réputé pour être plus cogneur que penseur : Superman. Déjà négligé dans sa franchise, il est vraiment réduit ici à un amas de muscle et de pouvoir, impétueux et dénué de toute réflexion. Il ne sait pas argumenter lors d’une discussion avec
Wonder Woman , il tape sans réfléchir, parce qu’on l’a tapé en premier. Et a priori il est très facilement manipulable. Pas de quoi attirer la sympathie en soi. Mais pour contre-balancer cela, on nous présente un
Shazam (2) partagé entre son physique d’adulte surpuissant et un tempérament plus enfantin, dans la continuité de la série de back-ups.
Enfin, question cohérence avec les séries dont les personnages sont les héros, on repassera. La série
Wonder Woman est connue pour être vraiment à part de la continuité. Mais notons juste qu’elle est censée se trouver sur
New Genesis, avec le New God Orion. Batman n’en parlons pas, avec sa dizaine de séries, on ne saurait laquelle prendre pour base. Mais on se doute que les scénaristes respectifs n’allaient pas modifier leur histoire pour s’accorder avec
Trinity War. Toutefois, plus flagrant, la présence de Vibe dans l'équipe de la JLA alors qu’aux dernières nouvelles il était enfermé dans une cellule d’Argus et
Amanda Waller cherchait déjà un remplaçant. On pourrait allonger la liste mais cela ne mettrait que plus en valeur l’absence de cohérence entre les scénaristes et les éditeurs.
La machine est donc en route. Si ici j’ai plutôt mis en lumière les défauts de ce premier épisode de Trinity War, ce que nous sommes en droit de faire étant donné qu’on l’attend depuis longtemps, l’histoire n’en reste pas moins prometteuse car tenue par les plus grands du moment, Johns et Reis. Les dessins de celui-ci restent fidèles à son talent et la profusion de couleurs vives enrichissent les traits précis, fluides et énergiques du dessinateur. Si côté scénario, l’élément perturbateur ne semble pas original, et la présence des personnages n’est pas cohérente avec les autres séries, on a tout de même ici un parfait point d’entrée dans l’univers DC. La suite dans Justice League of America 6, la semaine prochaine.
(1) Petite info autour du Dr Light. Lorsqu’il appelle sa femme, on apprend qu’elle s’appelle Kim. Ce qui n’est pas sans rappeler Kimiyo Hoshi, la scientique japonaise qui était Doctor Light avant les New52. Et d’après une photo de famille posée sur le bureau d’Arthur Light, sa femme est asiatique… Aurons-nous droit au retour de la version féminine du Dr Light qu’on connaît depuis 1985 ? Attention à ne pas confondre avec Dr Light alias Arthur Light d’avant les New52 qui lui était un ennemi de la JLA et des Teen Titans.
(2) Depuis 2012, Captain Marvel alias Billy Batson a troqué son nom pour Shazam . Avant les New52, Shazam était en réalité le nom du sorcier qui lui avait conféré ses pouvoirs. Aujourd’hui on ignore le nom de ce sorcier.
[conclusion=3,5][/conclusion]
[onaime]- Un parfait point d'entrée dans l'univers DC
- La montée en pression d'une histoire a priori bien ficelée
- Les doubles-pages précises avec tous les super-héros [/onaime][onaimepas]- Les incohérences avec les séries
- Superman[/onaimepas]
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