[Review VF] Tom Strong Tome 1

[Review VF] Tom Strong Tome 1

La review du jour est un titre proposé par Urban Comics. Il s'agit de Tom Strong Tome 1, écrit par Alan Moore et dessiné par Chris Sprouse. Il est sorti le 7 décembre pour 35 euros et contient les numéros US Tom Strong #1-19.

Né sur l'île d'Attabar Teru en 1900, Tom Strong a toujours défendu les faibles, les opprimés et la Justice . C'est accompagné de sa femme Dhalua, de leur fille Tesla, de leur serviteur robotique Pneuman et du singe Salomon qu'il entend défendre ces valeurs. Sur Vénus, à new York ou dans un lointain passé, Tom Strong veille toujours... et nous entraîne dans un tourbillon d'aventures plus originales les unes que les autres.

Tom Strong est une oeuvre particulière. Une oeuvre qui, au-delà de distraire le lecteur, est également une véritable déclaration d'amour aux anciens comics pulp. Un statut un peu particulier qui fait que l'oeuvre propose fréquemment une mise en abyme mais également un quatrième mur à la paroie très fine. Ainsi, il n'est pas rare que les personnages s'adressent aux lecteurs, comme à la belle époque, à coup de "N'oublie pas que tu peux lire nos aventures tous les mois dans Tom Strong Magazine !"

Un des points forts de l'oeuvre réside dans son écriture. Un beau travail de la part d'Alan Moore qui maîtrise son récit, qui narre son histoire d'une belle manière et avec des dialogues plutôt percutants, mais pas seulement. En effet, la traduction et le travail d'Urban Comics sont également à saluer. Ce bel effort d'écriture est notamment visible dans la toute première histoire. Les parents du personnage principal sont assez distingués (du genre à lever le petit doigt en buvant le thé). Or, c'est bien en ce sens qu'Urban Comics a tourné les phrases françaises. Nous avons donc des "ma chère", qui doit être une simple traduction, mais également des choses plus rares, pas forcément présentes dans la VO comme le vouvoiement ou même l'utilisation du subjonctif imparfait. Ce temps a beau exister, il n'est clairement plus utilisé et encore moins à l'oral. Le plus souvent, si le subjonctif est nécessaire et que la phrase est au passé, le subjonctif imparfait sera remplacé par un subjonctif simple, une tournure qui n'est pas plus juste mais qui reste plus digeste. A ce moment-là de l'histoire, nous sommes en 1899. L'époque et la condition des personnages laissent entendre un certain raffinement. Un raffinement qui n'aurait pas été complet sans le vouvoiement ou le subjonctif imparfait.

 

Cette écriture de Moore permet également d'avoir pas mal de thèmes qui se dégagent de la lecture que cela soit de manière directe ou de manière plus diffuse. On peut penser à la reconnaissance de ses parents, le fait de léguer quelque chose... En ce sens, le petit garçon qui lit les BD est assez intéressant à étudier. Plongé dans sa lecture, il montre l'importance de s'évader mais il montre également très bien que mille choses peuvent vous passer sous le nez si vous ne levez jamais les yeux.

Pour le reste, le ton est léger, les histoires très variées (on passe des aztèques aux nazis quand même...) et le tout est ponctué de très nombreuses idées plutôt bonnes. On se déplace énormément sur la ligne temporelle mais sans se perdre pour autant. On a beau passer du coq à l'âne, on accroche aux histoires et le livre se dévore finalement sans grande difficulté malgré le nombre de pages. L'auteur va à l'essentiel et ça passe.

Euh... Je pensais plutôt à quelques innovantes expériences sur le cerveau d'un singe... mais je suppose que nous pouvons aussi avoir un enfant.

De manière générale, le traitement des personnages est plutôt bon et ce, que cela soit au niveau de la Strong Family ou des bad guys. Tom Strong en lui-même est très intéressant. Le personnage semble être un mélange entre Superman et Tarzan. Sur de nombreux points, Strong est très proche de Kal-El tout en étant très différent. Il partage nombre de ses qualités : il a l'amour de son prochain et une positivité à toute épreuve mais sans avoir ce côté boyscoot (tout du moins, avec ce premier et unique tome entre les mains)... Le tout rend le personnage de Strong très attachant. Pour ce qui est des autres personnages, l'Homme Modulaire était sympathique, tout comme Ingrid Weiss. Concernant Ingrid, cela va même au-delà. La jeune femme est, à elle seule, un hymne aux anciens comics pulp. Cela faisait très longtemps qu'il n'y avait pas eu cette tension sexuelle, ce franc parlé, ce racisme non dissimulé, non "amoindri" dans un comics récent. Ingrid, c'est tout ça. Pour l'explication, il s'agit d'une femme, leader d'un groupe nazi (voir image ci-dessous). Une femme qui attache Strong et lui fait des avances tout en étant dans une tenue qui met en valeur ses formes. Le but étant de créer un être "supérieur" bien que Strong ne soit pas blond (on ne peut pas tout avoir). Ce personnage est livré avec beaucoup de dialogues aux mots forts tels que :

Comment osez-vous poser sur moi ces mains qui ont tripoté votre putain noire.

Ici, elle parle de la femme de Strong qui, comme vous l'aurez compris, est noire. Inutile de préciser qu'il s'agit là d'une approche souvent délaissée de nos jours afin de ne pas choquer et ce, que le personnage soit le méchant de l'histoire ou non. Pour tous les points cités, Ingrid est une claque qui vous ramène à la première moitié du XXème siècle et vous fait immédiatement penser à des films tels que Ilsa, la louve des SS ou encore Werewol Women of the SS de l'ami Rob Zombie.

 

 

 

Concernant la partie graphique, elle est plutôt bonne. La mise en scène est particulièrement efficace et les décors et les visages des personnages sont, le plus souvent, réussis. La principe oeuvre vs réalité est efficace.

En fait, les points négatifs sont assez rares. Au-delà des quelques planches parfois un peu trop vite expédiées, on notera surtout un enchaînement parfois trop rapide. Il y a quelques histoires qui sont peut-être un peu trop survolées. C'est sans doute le cas des premières histoires destinées à installer le personnage. Des planches supplémentaires à propos des parents n'auraient pas été forcément de trop, par exemple. Après, c'est plus le format qui est ici en cause plutôt qu'une réelle volonté de l'auteur.

En bonus, vous trouverez la galerie de covers, les travaux de recherche mais également un article d'Alan Moore pour aller plus loin et approfondir l'univers.

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

- L'écriture
- Les thèmes abordés
- L'hommage aux comics pulp
- Les personnages notamment Tom et Ingrid
- Les bonus proposés

LES POINTS FAIBLES

- Quelques planches plus expéditives
- Quelques histoires qui auraient mérité plus de pages

 

4

Bel hommage

Conclusion

L'oeuvre d'Alan Moore est distrayante tout en faisant la part belle aux anciens comics pulp. Une très bonne lecture au double intérêt.

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  • mmat1986
    mmat1986

    il y a 5 ans

    Otes moi d'un doute, "Werewolf Women of the SS de l'ami Rob Zombie." est resté une fausse bande annonce glissé dans l'un des délires "Grindhouse" de Tarantino et ses potes, ce n'est pas sorti en vrai film grindhouse? si?

    • Jeff
      Jeff - Rédacteur de l'article Staff MDCU

      En réponse à mmat1986

      il y a 5 ans

      Non, cela ne me dit rien. Je crois bien que c'est resté une bande annonce (contrairement à Machete d'ailleurs).

      • mmat1986
        mmat1986

        En réponse à Jeff

        il y a 5 ans

        OK merci, oui Machette j'ai vu les deux et j'attendais le 3 en mode star wars XD