James Bond est de retour dans un album intitulé Eidolon publié par Delcourt. Le premier tome, dont vous pouvez trouver la critique ici, avait un peu déçu avec une histoire qui ne semblait pas tant coller au personnage. Pourtant, l’initiative de plus se rapprocher du roman était intéressante, et certaines idées donnaient tout de même envie de lire la suite.

Bond a une mission : il doit exfiltrer une espionne britannique posté à l’ambassade de Turquie à Los Angeles. Seulement tout ne va pas se passer comme prévu. Bien sûr, les services de renseignement turque, le MIT, s’en mêlent, mais aussi la CIA qui va s’attaquer à Bond. De plus, depuis le tome 1, on sait que le MI6 n’a plus le droit de porter une arme à feu sur sol anglais, puisque c’est le rôle du MI5 de protéger le Royaume-Uni sur son territoire. Petit à petit, on va découvrir une machination, des liens avec SPECTRE vont être établis, et le MIT, la CIA et le MI5 seront impliqués. Bref, pour résumer, un des défauts du premier album est totalement balayé du revers de la main : on est dans du pur 007.

Attention tout de même, si on retrouve un scénario plus proche de l’image qu’on a de James Bond, on se rapproche toujours plus du roman que du film. Certaines répliques de Bond sont remplies de flegme anglais, notamment quelques moqueries envers les Américains. En revanche, les scènes d’action sont toujours aussi froides et violentes. Bond n’hésite pas à se salir les mains, et à tuer ses adversaires, parfois même de manière brutale. Le récit oscille entre ces scènes d’action, souvent muettes, et des phases plus calmes où on essaie de démêler l’intrigue, et de comprendre ce qui se passe. Même si le scénario n’est pas d’une originalité folle, il est efficace, et contient tous les ingrédients d’un bon James Bond. On a un grand méchant, un ennemi avec une particularité physique et très puissant, ainsi qu’une grande base pour leur organisation.

Warren Ellis, le scénariste, avait bien calculé son coup. Dans le tome 1, il avait déjà disséminé des éléments sur lesquels se baser dans ce tome 2. Et ça marche. Le récit est bien ficelé, et on se demande vers où on va, avant de découvrir petit à petit tous les aspects de l’histoire. Et bien sûr, on finit l’album sur une bonne grosse dose d’action. Si vous aviez hésité à prendre le tome 1, de peur de voir un Bond dénaturé, vous pouvez donc y aller. Cette suite nous réconcilie avec le personnage, et nous captive du début jusqu’à la fin. Alors oui, ce n’est pas tout à fait comme dans les films, puisqu’on a peu de gadget ou de glamour, mais c’est finalement assez anecdotique tant l’action et le suspens sont bien gérés ici. N’hésitez pas à redonner une chance à la série, puisque ce deuxième tome est bien meilleur que le premier.

Au niveau des dessins, Jason Marsters est toujours là avec ses qualités et ses défauts. Son style est épuré et ne se tracasse pas de décors. C’est simple mais efficace. Les scènes d’action demandent beaucoup de travail, puisqu’elles ne sont accompagnées d’aucun texte explicatif ou de dialogue. Du coup, c’est le dessin et la construction des planches qui font tout le travail. L’artiste s’en sort plutôt honorablement, malgré certains passages peu clairs. Il semble en tout cas plus emballé que dans le premier tome, et c’est tant mieux. Enfin, l’album en lui-même est encore d’excellente facture, avec un grand format et du papier épais. Les amateurs de James Bond apprécieront donc cette lecture, et on est curieux de savoir où la suite nous mènera, surtout que Warren Ellis quitte le navire, et ne sera pas le scénariste du prochain tome.