[Review VF] Les Archives de la Suicide Squad tome 1

[Review VF] Les Archives de la Suicide Squad tome 1

Comme vous le savez, le film Suicide Squad est sorti sur les écrans de cinéma cet été, et a plutôt bien attiré le public malgré les critiques partagées. Logiquement, Urban Comics a accompagné le long-métrage avec des sorties Suicide Squad. L’éditeur ne s’est cependant pas contenté de publier des séries récentes avec l’équipe la plus proche de celle du film. Il a en effet pris le risque de proposer des choses plus anciennes, qui peuvent un peu faire peur aux néophytes, mais qui vont attirer l’œil de l’expert, heureux de pouvoir lire en France une série aux fondations de ce qu’est la Suicide Squad aujourd’hui.

Nous allons commencer par situer cet album dans la continuité. La première apparition de la Suicide Squad dans un comics date de 1959 dans un numéro de The Brave and the Bold. La deuxième apparition est bien plus récente et date de 1987. Que s’est-il passé entre-temps ? Crisis on Infinite Earths bien sûr ! Suite à cet event, l’univers DC repart sur de nouvelles bases, et le premier crossover qui y fait suite est Legends publié par Urban dans l’album La Légende de Darkseid. C’est dans cette histoire que réapparaît la Suicide Squad. Cette version moderne sera ensuite reprise dans une série régulière, nommée tout simplement Suicide Squad, et qui correspond à l’album qui nous intéresse. Ça, c’est pour la petite histoire éditoriale, mais la magie des comics (c’est pour ça qu’on les aime non?) fait que tout doit avoir une explication, et donc le lien entre l’équipe de 59 et celle de 87 va être détaillé dans le Secret Origins #14. Et comme par hasard, notre album commence par ce numéro.

Le premier chapitre présente donc la reformation de la Suicide Squad, et nous montre un entretien entre Amanda Waller et Ronald Reagan, le président des Etats-Unis à la publication du comics, en 1987. Des flashbacks nous permettent de voir toute la vie de Rick Flag, le meneur de l’équipe. On apprendra aussi l’histoire de Waller. Ce qui marque avant tout, c’est la tragédie que sont les vies de ces deux personnages, qui ont tous les deux perdu des êtres chers. L’autre chose, c’est cette volonté de se raccrocher à la réalité. La présence de Reagan en est un exemple. On apprend aussi que l’équipe de la Suicide Squad de 1959 avait été mise en place après la Seconde Guerre Mondiale pour prendre la place de la Société de Justice destituée par McCarthy. Ce qui est génial, puisque presque réel ! On nous explique donc tout ce qui s’est passé, jusqu’à aujourd’hui. On retrouve l’ambiance des comics des années 50, lorsque les super-héros n’existaient pratiquement plus, et que les comics étaient notamment des BD d’espionnage et d’aventure.

La série Suicide Squad va garder cet héritage, ce qui était le but de Crisis on Infinite Earths : le mélange des genres. Donc lorsque la première série Suicide Squad, celle de notre album, débute, on y découvre un mélange entre le récit d’espionnage et le comics de super-héros. Le début de ce tome 1 est constitué d’histoires courtes qui tiennent en un chapitre. Le plan de chacune d’entre elles suit d’ailleurs un peu le style des séries TV de l’époque. On assiste à un évènement, et on retrouve ensuite notre équipe ainsi que la mission qu’il leur est assigné. Ça m’a beaucoup rappelé Mission Impossible notamment. On découvre le principe de la Suicide Squad : son repère se situe à Belle-reve, une prison pour super-vilains, et Waller forme une équipe avec ses criminels qui seront libérés s’ils mènent à bien la mission. La composition varie donc selon les numéros. Il y a tout de même des personnages récurrents, comme Rick Flag, le chef de l’équipe. On retrouve aussi souvent Deadshot, Tigre de Bronze, Captain Boomerang, Enchanteresse ou Nightshade (et non, pas d’Harley Quinn qui n’existait pas à l’époque).

Waller a beau défendre comme elle peut son équipe, cette dernière est vendue auprès des dirigeants comme « sacrifiable ». On lui confie des missions plutôt risquées, et la mort est omniprésente dans le comics. Ca rajoute un certain intérêt à la série puisqu’on ne sait jamais vraiment si la mission va être un succès, ou si des membres de l’équipe vont mourir. Et croyez-moi, il arrive même parfois que ce soit un énorme fiasco. D’ailleurs, ce qui différencie la Suicide Squad d’une équipe de super-héros classique, c’est aussi qu’ils tuent sans sourciller leurs ennemis. Pourtant elle s’intègre parfaitement dans l’univers DC puisqu’elle justifie le fait que les super-vilains se retrouvent un peu trop souvent en liberté, même après avoir été arrêté par un super-héros. On croise notamment dans l’album plusieurs fois Batman qui ne cautionne absolument pas ce que fait Waller .

Dans ce premier tome, il n’y a pas uniquement la série Suicide Squad, il y a aussi quelques chapitres connexes, mais qui sont, plus que complémentaires, nécessaires à la compréhension de certaines intrigues. De récits courts en début d’album, on va aller de plus en plus vers des intrigues plus longues, et plus super-héroïques. Il va y avoir des affrontements avec la Justice League et la Doom Patrol. On va aussi avoir un numéro lié au crossover Millenium : je vous rassure tout de suite, Urban explique tout ce qui faut savoir pour en profiter. Tout ça donne une vision à la fois de ce qu’est la Suicide Squad, mais aussi de sa position au sein de l’univers DC de l’époque. L’équipe va même accueillir quelques « stars » comme le Pingouin, Vixen ou Speedy. Bref, c’est un régal de lire le DC de cette période que l’on connaît finalement que trop peu en France.

Mais ce qui fait la force de ces histoires, c’est son scénariste, John Ostrander. Il arrive à donner une touche de modernité à son récit qui fait que c’est encore très intéressant à lire aujourd’hui. A titre d’exemple, dans la première mission de la Suicide Squad, ils vont s’attaquer à un groupe terroriste nommé Djihad. Ou il y a cette histoire avec un super-héros raciste. Tout ça permet un ancrage dans le réel qui est encore d’actualité aujourd’hui. De plus, le véritable intérêt de la série reste l’équipe de la Suicide Squad en elle-même. Ses membres sont imprévisibles, égoïstes et n’en font qu’à leur tête. Ostrander forme des équipes différentes selon les histoires, ce qui lui permet de choisir les personnages qu’il va plus développer. Parfois, il n’y a même pas de missions, juste les personnages qui interagissent, et c’est tout aussi, voire plus, passionnant. Le scénariste s’amuse aussi à intégrer des zones d’ombre chez ses personnages qui, plus tard, révèlent des secrets qui peuvent lancer de nouvelles missions à nos anti-héros. Ostrander n’a aussi pas peur de parler politique. Aujourd’hui, les comics de super-héros ont tendance à rester un minimum écartés de ce point, il est du coup assez étonnant de voir certains sujets traités ici.

Mais ne vous trompez pas non plus, ça reste du comics old-school. La façon de raconter les histoires à l’époque était différente, peut-être plus posée, plus descriptive. Le dessin de Luke McDonnell est maitrisé, mais c’est un style qui peut paraître vieillot aujourd’hui. La couleur est d’époque donc forcément limitée. Urban ne ment cependant pas sur la marchandise lorsqu’on voit les couleurs qui bavent un peu sur la couverture. Mais vous savez quoi ? C’est ce qui fait le charme de ces histoires. C’est une époque riche de l’histoire de DC, et cet album mérite amplement votre intérêt si vous souhaitez la découvrir. On peut même dire que la série était un peu old-school pour l’époque puisqu’elle s’inspire des comics d’espionnage des années 50, remis au goût du jour avec des superpouvoirs. Pour finir, il y aussi quelques autres artistes qui participent à l’album, mais dans une moindre mesure, comme Keith Giffen, Jim DeMatteis ou Rob Liefeld (à ses tout débuts, c’est très différent d’aujourd’hui). Et en bonus de l’album, la genèse de la série nous est racontée.

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

L’ancrage dans le réel
La période de DC
Le travail sur les personnages

LES POINTS FAIBLES

Le côté old-school

 

4

Du bon comics à l’ancienne

Conclusion

Un classique à découvrir enfin en France. La série mélange Mission Impossible et des super-vilains, avec des thèmes forts et des personnages bien construits.

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  • Mike
    Mike

    il y a 8 ans

    Lorsque mon porte-monnaie s'en sera remis, je me jetterai là-dessus, j'espérais de tout coeur que Urban sorte la mythique Squad d'Ostrander (désolé ça s'écrit comme ça?!) en vf, grâce au film c'est le cas