La collection [i]Grant Morrison présente Batman[/i] s’est incontestablement imposée comme l’une des plus audacieuses mise en place par l’éditeur Urban Comics. En effet, elle nous permet de redécouvrir, dans son ensemble et dans des ouvrages à la qualité éditoriale indéniable, la totalité du run de Grant Morrison sur le personnage. Run qui reste encore aujourd’hui d’une richesse incroyable de par ses apports et ses rebondissements et qui donne encore une belle leçon aux auteurs actuellement en charge sur le Chevalier Noir.
En Septembre dernier, le sixième tome de cette collection, intitulé [i]Batman contre Robin[/i] était sorti dans l’hexagone et nous permettait d’y voir la suite des aventures du nouveau Dynamique Duo, alors désormais représenté par Dick Grayson en tant que Batman et Damian Wayne en tant que Robin. Ces derniers étaient toujours en charge de Gotham mais tentaient aussi de retrouver leur mentor, Bruce Wayne, qu’ils savaient vivants. Parallèlement, le Dr. Hurt, le grand vilain de la saga [i]Batman : RIP[/i] préparait son retour à Gotham sous le nom du Penitente.
Après la déception du cinquième tome, intitulé [i]Le Retour de Bruce Wayne[/i] et dont vous pouvez retrouver la review en cliquant [url=http://www.mdcu-comics.fr/comics/mag-vf-5549-dc-signatures-grant-morrison-presente-batman-tome-5.html]ici[/url], nous étions en droit d’attendre de nombreuses réponses et éclaircissements de la part de ce sixième volume. D’autant que ce tome contient les derniers épisodes de la série [i]Batman And Robin[/i] écrits par Grant Morrison. Rappelons que ces épisodes étaient censés conclure de nombreuses intrigues laissées en suspens par l’auteur Ecossais mais aussi amener à un nouvel arc, une nouvelle série et de tas de nouveaux éléments dont nous ne connaissions qu’un nom : [i]Batman : Inc[/i].
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Ces réponses, nous les trouvons enfin et force est de constater que ce tome, bien qu’aussi riche que les autres, reste beaucoup plus accessible et compréhensif. De nombreuses questions laissées en suspens depuis le début du run de Morrison trouvent enfin leurs réponses. L’auteur Ecossais en profite également pour conclure de nombreuses intrigues majeures et que dire à part qu’on est bluffé. Tout d’abord, pour une fois, c’est très compréhensif, très facile d’accès ce qui fait assez plaisir mais surtout, c’est incroyablement logique. En effet, dans ce sixième tome, les différentes pièces manquantes s’offrent enfin à nous et c’est tout un puzzle qui s’assemble. Bref, après la lecture de ce volume, on se rend vraiment compte où Morrison voulait en venir et on ne peut être qu’impressionné devant l’ampleur de son récit.
Il se passe donc de nombreuses choses dans ce sixième volume divisé en trois sagas qui, comme je l’ai dit plus haut, apportent chacune son lot de rebondissements et de révélations.
La première, intitulée [b]Batman contre Robin[/b], creuse davantage le personnage de Damian Wayne. Encore une fois, le jeune homme occupe une place centrale dans l’histoire de Morrison et s’avère être de plus en plus attachant (mais aussi assez amusant comme le prouvera une scène tout bonnement excellente où Damian s’adresse au Conseil d’Administration de Wayne Entreprises).
Personnellement, c’est mon personnage préféré du Batverse et cette histoire lui rend vraiment justice. La psychologie du personnage est vraiment bien explorée mais c’est surtout ses relations avec la Bat-family mais aussi sa mère, Talia Al Ghul, que Morrison met en évidence de la plus belle des manières. On suit également avec plaisir l’arrivée d’un nouveau personnage, Oberon Sexton et attendez-vous à une révélation de taille le concernant.
Andy Clarke s’occupe des dessins et offre une prestation assez correcte. Il n’y a rien d’extraordinaire mais l’essentiel est là et le seul reproche que je pourrais lui faire concerne la carrure de ses personnages. Certains manquent vraiment de corpulence…
La deuxième est intitulée [b]Que meurent Batman et Robin[/b] et s’impose comme la meilleure de ce tome (mais aussi l’une des meilleures du run de l’auteur). C’est avec cette saga que Morrison conclut la majeure partie de ses intrigues et pour cela, il fait appel aux nombreux personnages qu’il a créé et/ou utilisé tels que le Dr. Hurt, le Professeur Pyg ou encore le Joker. Cette saga est une véritable pépite : un rythme effréné d’action et de révélations, une ambiance de folie, un travail sur les personnages de toute beauté mais surtout le retour de Bruce Wayne en tant que Batman… On pourrait reprocher à Morrison d’aller un peu vite sur certaines choses : le retour de Bruce sous le masque arrive vite, très vite et il en est pareil pour le retour de Hurt à Gotham. Toutefois, ces ellipses ne sont pas non plus préjudiciables et on reste content de voir que les choses avancent.
Un point aussi sur les relations entre les personnages qui sont comme d’habitude, gérée d’une main de maitre par l’auteur Ecossais.
Le duo Damian/Dick fonctionne toujours aussi bien et on se demande ce que cela va donner avec le retour de Bruce. Personnellement, je trouve que leur équipe a vraiment apporté un vent de fraicheur sur le Batverse. Il y a vraiment une synergie entre les deux qui est parfaite et les voir devenir de plus en plus proche au cours de ce tome est un véritable régal.
L’autre duo fort de cet album est celui formé par le Joker et par… Damian ! Les deux personnages partagent également de nombreuses scènes et elles figurent parmi les plus fortes de l’album. Evidemment, le Joker tient un rôle assez important dans cette histoire. Certains trouveront le personnage sous-utilisé au premier abord mais à la seconde lecture, ils se rendront vite compte qu’il tient une importance centrale.
Enfin, le Batman incarné par Dick Grayson se rapproche également de Jim Gordon lors d’une scène assez touchante. Là encore, je ne raconte rien mais cette scène montre à quel point le commissaire de Gotham est proche des protecteurs de la cité.
Ainsi, cette deuxième saga reste de très haute volée. On est proche de la perfection et Morrison conclut de manière magistrale ce que l’on pourrait appeler la première partie de son run. L’intrigue autour de Hurt est enfin résolue (même si elle reste toujours un peu tirée par les cheveux mais bon, c’est le monde de Morrison et il faut l’accepter) et son dernier combat face à Batman/Bruce Wayne envoie vraiment du lourd. Mais surtout, non content de conclure la première partie de son run, Morrison en ouvre aussi une nouvelle lors des dernières pages de cette histoire. Pages qui vous donneront à coup sûr de nombreux frissons. Une nouvelle fois, l’auteur bouleverse en effet les codes établis et va assez loin (personnellement, j’ai même cru qu’il irait encore plus loin et nous rejouerait un passage très connu de [i]Civil War[/i] de l’éditeur Marvel) mais on s’en fiche. C’est Morrison, ce type reste l’un des plus grands parmi les grand et où qu’il aille, on va le suivre.
Aux dessins, nous retrouvons Frazer Irving et Chris Bunham qui collaborent ensemble sur cette saga.
Une nouvelle fois, Frazer Irving (dont vous pouvez voir les planches durant les précédentes images) ne fera pas l’unanimité et risque d’être très décrié. Il faut dire que son style reste très spécial et bien moins « classique » que celui des autres artiste. Il nécessite donc un temps d’adaptation mais une fois que vous vous y serez fait (ou pas me direz-vous), c’est tout simplement génial. L’artiste rend vraiment honneur à l’ambiance macabre, horrifique, glauque et apocalyptique mise en place par Morrison au cours de cette saga. Alors certes, l’artiste peine à trouver ses marques sur des personnages tels que Batman, Gordon ou encore Alfred mais sur le Dr. Hurt, le Professeur Pyg et le Joker, il excelle.
Bunham de son côté, reste plus classique, et ne s’occupe que d’une petite partie de cette histoire et s’occupe des parties de l’histoire plus « classique « (notamment les scènes d’actions contre les troupes de Hurt), laissant ainsi la place à Irving pour les passages orientés « horreur » et ce partage est à mon sens assez bien réalisé même si au premier abord, il est bizarre de passer d’un artiste à l’autre. Bunham s’en sort vraiment bien et offre un travail soigné. Le seul petit reproche qu’on peut lui faire serait le manque de rythme de certains passages mais il n’y a rien de dramatique.
La dernière saga est en réalité un seul chapitre, une sorte d’one-shot, intitulé [i]Batman : Le Retour[/i]. Cette histoire reste avant tout une histoire de transition. La tension redescend ainsi d’un sérieux cran et la narration devient plus calme. Morrison introduit de nouveaux éléments et pose calmement les bases de sa nouvelle intrigue. Malheureusement, encore une fois, l’auteur retombe dans ses travers et certains passages de l’histoire restent difficiles à comprendre. Néanmoins, on est loin de la bouillie indigeste qu’était [i]Le Retour de Bruce Wayne[/i] et cette histoire a le mérite de nous faire attendre le septième tome.
Les dessins sont ici assurés par David Finch et force est de constater que ce n’est pas son meilleur travail. Certes, son Batman a de l’allure et envierait presque celui de Jim Lee mais ses pages de son pas toujours soignés, certains personnages sont bodybuildés et surtout, il y a un cruel manque de travail sur les visages des personnages. Outre le fait qu’ils soient inexpressifs, ils se ressemblent tous et pour donner un exemple, j’ai l’impression de voir la tronche de Bruce partout lorsque Finch dessine Dick, Damian ou même Tim. Bref, petite déception de ce côté-là…
[b]En conclusion, ce tome (au contenu éditorial toujours très riche) illustre donc une nouvelle fois toute la magie de la narration de Grant Morrison. Grant Morrison c’est certes des prises de tête, beaucoup de réflexion et certains passages indigeste mais c’est surtout un jeu de pistes incessant, une intrigue construite et cohérente ainsi que de l’action, de la surprise et de l’émotion. Ce tome illustre tout cela en même temps et s’avère donc très riche ainsi que très surprenant lorsqu’on arrive à rassembler toutes les pièces du puzzle éparpillées par l’auteur Ecossais tout au long de ces six tomes. Certains trouveront peut-être l’auteur surestimé mais moi, je le considère comme l’un des plus grands grâce à ce run qui offre une vision révolutionnaire sur le Chevalier Noir et son univers. Bref, vivement le septième tome et [i]Batman Inc[/i] ! [/b]
[conclusion=4,5][/conclusion][onaime]- Un contenu éditorial au top.
- Un cocktail d’action, d’émotion et de belles surprises.
- Une tonne de révélations et un puzzle qui s’assemble enfin !
- Les relations entre les personnages.
- Les duos Damian/Dick et le Joker/Damian.
- Des dessinateurs au niveau (notamment Frazer Irving).
- La fin et la suite qu’elle annonce.[/onaime][onaimepas]- Frazer Irving qui ne fera pas l’unanimité.
- David Finch qui déçoit.
- Une fin et une direction qui risquent de choquer les puristes.[/onaimepas]
[titre]Autres tomes :[/titre]
[url=http://www.mdcu-comics.fr/comics/mag-vf-3285-dc-signatures-grant-morrison-presente-batman-tome-1.html]Tome 1 : L’Héritage Maudit.[/url]
[url=http://www.mdcu-comics.fr/comics/mag-vf-3691-dc-signatures-grant-morrison-presente-batman-tome-2.html]Tome 2 : Batman : RIP.[/url]
[url=http://www.mdcu-comics.fr/comics/mag-vf-4003-dc-signatures-grant-morrison-presente-batman-tome-3.html]Tome 3 : Nouveaux Masques.[/url]
[url=http://www.mdcu-comics.fr/comics/mag-vf-4869-dc-signatures-grant-morrison-presente-batman-tome-4.html]Tome 4 : Le Dossier Noir.[/url]
[url=http://www.mdcu-comics.fr/comics/mag-vf-5549-dc-signatures-grant-morrison-presente-batman-tome-5.html]Tome 5 : Le Retour de Bruce Wayne.[/url]
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