[TPAMC#42] L'intérêt de la continuité dans les comics

[TPAMC#42] L'intérêt de la continuité dans les comics
Amis lecteurs, bonjour ! Il existe un concept important dans les comics, j'ai nommé la continuité. Il s'agit tout simplement de la chronologie des histoires publiées qui doit être respecté. Ainsi, si on tue un personnage, on ne peut pas le ramener plus tard sans donner une explication valide. Le scénariste doit donc prendre en compte ce qu'il s'est passé avant pour respecter les histoires qui l'ont précédé. Malheureusement, ce n'est pas toujours le cas, soit par choix (nouvelles origines), soit par inadvertance. Ainsi, les lecteurs ont pu remarquer de nombreuses incohérences en 50 ans de publication. Certains fans sont même devenus des extrémistes/fanatiques de la continuité, refusant tout altération, volontaire ou non. On va donc voir aujourd'hui pourquoi ce concept est si important. Allez c'est parti et n'oubliez pas, on vous attends pas sur le forum mais c'est pas grave, y'a de la place !



DE L'INTERÊT DE LA CONTINUITE DANS LES COMICS


Un concept crucial pour l'existence d'un univers partagé

Comme je viens de vous l'expliquer, la continuité dans les comics, c'est la chronologie des histoires publiées qui doit être respecté. Ainsi, il existe une sorte de mémoire collective qui s'applique pour respecter les précédentes publications et conserver une cohérence au fil des épisodes. Bien sûr, tout peut être modifié à condition que le scénariste explique la chose de façon logique, logique élastique au vu des sujets traités (si Galactus est impliqué par exemple...). Si quelqu'un meurt, dit quelque chose, fait un choix, il faut s'en souvenir car les histoires sont liées, sauf précision contraire. Ainsi, le numéro 382 de la série doit prendre en compte ce qu'il s'est passé dans le 254 par exemple. Si on va plus loin, on applique ce concept aux univers partagés de comics comme Marvel et DC (mais cela est applicable pour n'importe qu'elle série indépendante). Les 10 séries X-Men se déroulent dans un même monde mais c'est aussi le cas pour le reste de l'univers Marvel et des séries liées. Tout se passe dans un univers commun (à part quelques exceptions). Si New York est détruit dans Avengers, logiquement, il faut que cela soit pris en compte dans Hulk par exemple. Sans cette continuité, on ne pourrait avoir d'univers partagé car les contradictions briseraient l'illusion. Autre effet : les personnages sont présents dans plusieurs séries, allant des équipes comme X-Men et Avengers aux séries individuelles du type Iron Man et Wolverine . Si Logan à une fiancée dans sa série, il va en parler à ses collègues des Vengeurs. Si Tony Stark change d'armure, il va falloir que ce soit visible partout. On suit donc la vie des héros et vilains en papillonnant de séries en évents car on a une sorte de bible des comics qui protège la continuité. Enfin, on a parfois des histoires liées de plusieurs manières possibles. Elle peuvent avoir lieu au même moment comme dans les crossovers et évents ou se faire suite avec des années d'écarts (le retour de Robin 2). La conclusion d'une grande saga ne peut ainsi être ignorée, non ?



Le truc en plus

Quelles sont les conséquences de ce concept ? Tout d'abord, on a une histoire sans fin. Attention, je ne parle pas d'une suite d'histoires au gré des artistes qui se relayent sur la série. Non, ici, on a théoriquement une seule histoire, supposée cohérente, qui est publiée pour certaines depuis 50 ans. Si on lit Spider-Man ou les 4 Fantastiques depuis leur création, on est censé avoir sous les yeux qu'une seule histoire, longue, très longue....J'ai bien dit censé. Avoir un univers partagé offre de nombreuses possibilités, de nombreuses occasions pour les scénaristes pour étoffer le background des personnages. Avoir une série Iron Man permet de présenter ses aventures en solo. Avoir en plus un titre Avengers nous donne une autre vision de son combat, celle au sein d'une équipe. Cependant, quand on a un crossover, on peut faire intervenir un personnage seulement s'il est disponible. Si le gars est perdu dans l'espace, il faut le rapatrier sur Terre d'abord. C'est la même chose pour les mystères laissés en suspens, les personnages oubliés ou ceux peu en vu. Tel vilain apparaît à la fin de l'épisode ? Ah oui je me souviens, c'est lui qui a combattu l'autre gars en caleçon dans l'épisode 64 de la JLA...Mais pour s'en souvenir, il faut respecter la version précédente du personnage. Attention, je ne dis pas qu'aucun changement n'est possible. Le personnage peut évoluer ou régresser, mais il y certains éléments qui ne peuvent être contredits (certains caractères physiques par exemples) ou dénaturés (sa psychologie) sous peine de perdre l'essence du personnage. Dernière conséquence et pas des moindres, la continuité aboutit sur une vraie histoire globale. On a avec les crossovers et évents des histoires qui s'étalent sur plusieurs séries et qui vont présenter une chronologie globale. House of M, Civil War, World War Hulk , Secret Invasion, Dark Reign, SIEGE et enfin Heroic Age, autant de jalons dans la grande histoire de Marvel. Ces évènements se suivent et sont profondément liés, les conséquences de l'un devenant les causes de l'autre.



Un poids mort au fil des ans ?

Malheureusement, il n'y a pas que des bons cotés à la continuité. Ainsi, on a au fil des ans un fossé qui se creuse entre la chronologie des comics et la nôtre. Un comics, ça sort tous les mois. On a donc 12 épisodes par an dans une série et quelques évènements en plus. Généralement, une histoire s'étale sur 1 à 6 mois, ce qui n'offre que 2 à 5 histoires par an en moyenne. Pour avoir un rythme soutenu et dynamique, les histoires ne prennent pas plus d'une semaine en générale (là je parle du point de vue des personnages, pas des sorties). Au final, on a un bon mois qui s'écoule dans un univers de comics pour une année dans la réalité (attention, aucun calcul rigoureux derrière cela). En 50 ans, les personnages ont vieilli d'approximativement 15 ans. Ainsi, si on prend pour exemple les 4 Fantastiques, pionniers des comics Marvel avec Flash chez DC, on a là un couple marié avec des enfants de moins de 10 ans. Le problème (selon certains qui n'arrivent pas à faire la part des choses), c'est que les lecteurs vieillissent plus vite que les personnages. Le lectorat ne serait plus en phase avec ses héros même si ces derniers prennent de l'âge. C'est pour cela que Spider-Man est si souvent rajeuni, on veut conserver le mythe du jeune étudiant. Mais le même problème se pose pour l'univers en général. Comment expliquer que seulement 15 ans se sont écoulés entre le début de la Guerre Froide et le 21ème siècle ? Ou alors, comment expliquer que les origines de personnages comme Iron Man (lors du Vietnam) ou de Captain America (entouré de communistes qui remplaçaient les nazis des débuts) sans se sentir « obsolète » ? Le ton a changé, les menaces, les thèmes, les esprits ont subi de profondes modifications. Un personnage façonné par la Guerre Froide n'a pas la même logique que celui touché par la Guerre du Golfe. En ancrant une histoire dans son époque (ce que fait Millar par exemple), on s'expose à un problème de continuité par la suite. D'ailleurs, certaines histoires ne sont pas bonnes ou contredisent l'état d'esprit actuel. Les combats politiques évoluent avec les mœurs mais la réalité va plus vite que les comics, donc il y a un décalage au bout d'un certain temps. Parfois, la position ou l'acte d'un personnage ne convient plus et il faut l'effacer de l'histoire pour valider les nouvelles histoires. Enfin, les éditeurs sont aussi exposés à des accidents comme des sorties décalés (par exemple, le retour de Captain America a posé des problèmes, on connaissait le résultat avant la sortie du dernier épisode) ou des scénaristes qui ne font pas leur « travail » en (re)lisant tous les comics concernés....autant dire une tâche compliquée.



Les solutions

Face à ces problèmes de continuités qui produisent des incohérences plus ou moins gênantes (tiens, depuis quand ce gars-là a oublié qu'il a trahi son chef ?), les éditeurs ont utilisé une panoplie d'outils pour corriger ces erreurs. On parle ainsi de « retcon » quand on revient sur une histoire pour annuler ses conséquences. Par exemple, DC Comics a présenté Maxwell Lord à l'aube d'Infinite Crisis comme un vilain souhaitant l'extermination des métahumains alors que l'on ne lui prêtait pas cet état d'esprit. Ce qui est intéressant, c'est sont les excuses pas toujours crédibles. On a tout d'abord l'explication narrative, en mode « bah ouais en fait il est pas mort il était dans les Balkans en voyage et en fait c'est pas son bras qu'on a retrouvé mais celui d'un clone ». Autre méthode, le ni-vu ni-connu : « quoi, on a modifié les évènements ? Nooooooooooooon, jamais !!!! ». C'est commun pour les personnages mineurs, même s'il suffit parfois de filer le costume à un autre, on a parfois des scénaristes qui sont pas au courant ou qui le font exprès. En revanche, le coup des origines nouvelles est fréquent, mis en avant et très apprécié par les éditeurs car on peut relancer l'intérêt d'un personnage en fidélisant de nouveaux lecteurs. Deux solutions : la méthode Geoff Johns avec les « Secret Origins » qui sont en fait une compilation des différentes histoires publiées sur ces origines (ah mince, avec le reboot, son Superman : Secret Origins va devenir inutile au vu des teasers....) ou la méthode « mini-série qui présente une aventure en solo du personnage qui doit affronter une menace issue de son propre passé et qui va lui rappeler ses origines ». C'est le cas en ce moment de la mini-série sur Hawkeye par exemple. Si cela ne vous suffit pas, il y a plus fort : la bonne vielle Crisis. Alors là, c'est simple, on annonce une crise du multivers qui va avoir un impact direct sur la continuité car, comme par hasard, si on touche à la réalité, on touche aux évènements passés (comme frapper sur une vitre pour Superboy -Prime). Le truc, c'est que DC joue franc jeu en annonçant la couleur. D'ailleurs, la première Crisis a vraiment fait le ménage, à la différence de Marvel qui laisse le bordel dans son multivers, empilant les Terre parallèles. L'une d'elle présente les histoires Ultimate. C'est une gamme qui avait à sa création un objectif simple : au lieu de corriger la continuité, on va carrément en créé une nouvelle, tranquille en mode « ta un problème toi ? », comme ça on pourra écrire les histoires qu'on veut sans choquer les fans.



L'arnaque

A force de bricoler pour corriger les erreurs, on fait des bêtises et cela peut devenir une solution de facilité pour certains. Les comics se différencient des autres univers de fiction de par le lourd héritage issu d'une histoire sans fin. Cette complexité, qui rebute certains nouveaux lecteurs, est la source de l'addiction des fans de longue date. Ainsi, on prend plaisir à suivre l'évolution des personnages. Malheureusement, ces mêmes fans se voit parfois bafouer dans leur fidélité sur l'autel de l'accessibilité aux nouveaux lecteurs. C'est le cas du reboot de DC, un mal (perdre de nombreux détails et avoir suivit/acheté des histoires « pour rien ») nécessaire (les ventes sont mauvaises ce qui met en péril l'univers) qui fait mal (on va quand même suivre les nouvelles séries, au moins par curiosité, mais on dégoûté). Cependant, à part ce cas extrême, les changements de continuité ne sont pas toujours justifiés ou justifiables. Si les éditeurs faisaient leur travail ou assumaient certains choix, ils n'auraient pas à revenir dessus. Le mariage d'un héros est ainsi le parfait exemple. One More Day pour Peter Parker et bientôt le cas de Lois et Clark selon les premières infos sont caractéristiques de la volonté d'un éditeur d'effacer un événement car il dérange (on préfère le célibat, par identification pour les plus jeunes ou ouvrir de nouvelles possibilités scénaristiques), au mépris des centaines d'histoires liés à ce statut qui sont alors caduc. En effet, au lieu de choisir le divorce, on préfère, pour ne pas « ternir » son image (si tant est que cela soit le cas), annuler le mariage. Bah oui, pourquoi se casser la tête, un coup de gomme suffit. On modifie la continuité car on pense que cet événement enchaîne le personnage dans une situation qui le coupe d'histoires intéressantes.



Le conservatisme de certains

Néanmoins, on a vu qu'il est parfois nécessaire d'agir pour protéger ces univers. Cependant, les fans sont souvent réticents alors qu'il faut accepter la mise à jour et le changement pour sauver des personnages. Bien sûr, on a parfois des solutions imparfaites (le cas de Wonder Woman avec cette réalité alternative qui n'aura servit à rien) mais on ne peut accepter l'immobilisme, il faut bien voir les personnages vieillir, mûrir, changer. De la même façon, il faut jouer le jeu pour corriger les erreurs ou faire évoluer les univers. Cela ne sert à rien de demander le retour d'un personnage car, parfois, sa mort est utile ou satisfaisante (Blue Beetle chez DC, Captain Marvel chez....Marvel). On doit faire la part des choses en prenant une nouvelle direction car une histoire n'a aucun intérêt si elle reste prévisible, non ? Jusqu'au prochain changement.



Les autres numéros de "Touche pas à mes comics" :

Iron Man : Reboot en mode sans échec

Dark Reign : Allume la lumière

Young Avengers : Papa est en haut, maman est en bas

Wonder Woman : Autopsie d'une icône à l'abandon

Captain America : T'aurais pas vu mon bouclier ?

Mais qui est donc Booster Gold ?

Méritons-nous DC Comics en France ?

Sentry ou le syndrome Superman

Le retour des légionnaires

La relance de Superman

Atlas, leur univers impitoyable

Les chiffres des comics

Secret Six : Six fois plus de fun !

La fin des Second Features

Les nouveaux crossovers Marvel

Un an de comics Batman Reborn

Blackest Night : la bonne formule ?

Usain Bolt plus rapide que Flash ?

Thor : relancer un personnage en 5 préceptes

Mighty Avengers : victimes de la mode ?

Vulcain, l'étoile filante des X-Men

Le buzz 2010

Au menu en 2011

Vinci+Richards+Fury=Hickman

Marvel vs DC

Les magazines Panini Comics

L'histoire contemporaine de Marvel

Heroïc Age : les séries à suivre

Second Coming

Robinson et Loeb , c'est le mal...

Marvel Architects

Les scénaristes DC

Marvel reste le boss

La nouvelle vie de James Howlett

Commencer DC Comics

Superman : Earth One

Les éditeurs indépendants

Nextwave, aucun respect

La lente déchéance de l'homme d'acier

La longue histoire des X-Men

Age of Apocalypse
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Scott et Logan se mettent sur la gueule

  • Jeff
    Jeff Staff MDCU

    il y a 13 ans

    Tout le monde sait qu'une très grande continuité est toujours très important :D

  • -Setsu-
    -Setsu-

    il y a 13 ans

    Oui la continuité c'est le bien de toute façon je trouve ! Mais bon, elle entraine forcement des problemes chez les scénaristes un peu flemmard.

  • Stan Stoupak
    Stan Stoupak

    il y a 13 ans

    C'est ce qui fait le sel des comics c'est sur. Bon TPMAC, bref mais efficace.

  • Bubl
    Bubl

    il y a 12 ans

    J'aime beaucoup l'univers Ultimate car on retrouve les mêmes persos mais qui évolue différement, Red Richards qui deviens Fatalis, Ben Grimm qui perd sa peau et ressemble a WonderMan, le nouveau Spiderman ça change et au moins les morts reste morts enfin pour certains.

  • Bubl
    Bubl

    il y a 12 ans

    J'aime beaucoup l'univers Ultimate car on retrouve les mêmes persos mais qui évolue différement, Red Richards qui deviens Fatalis, Ben Grimm qui perd sa peau et ressemble a WonderMan, le nouveau Spiderman ça change et au moins les morts reste morts enfin pour certains.