Top 10 Superman : 4 - Man of Steel

Top 10 Superman : 4 - Man of Steel

Lorsque Joe Shuster et Jerry Siegel créèrent Superman en 1938, ils étaient loin d’imaginer que leurs historiettes pour la jeunesse constitueraient le socle d’un mythe d’une ampleur inégalée. Et ce manque de clairvoyance fut une bénédiction pour eux et leurs successeurs car, s’ils avaient su, auraient-ils jamais écrit toutes ces histoires naïves ou burlesques qui firent le charme des âges d’or et d’argent ? Mais voilà, les époques changent, le lectorat aussi et toutes les trouvailles qui firent le bonheur des enfants des 60’s s’avèrent bien encombrantes à l’heure où DC s’apprête à basculer dans la maturité avec Watchmen et The Dark Knight Returns. L’éditeur a donc décidé de remettre à plat de son univers avec Crisis of Infinite Earths pour en rénover les fondations, notamment celles du premier de ses héros. Mais, existe-t-il un artiste à la hauteur de ce défi monumental ? Heureusement, au fin fond de l’univers, à des années et des années-lumière de la Terre, veille celui que DC appelle quand il n’est plus capable de trouver une solution à ses problèmes, quand il ne reste plus aucun espoir : John Byrne.





L’artiste canadien a le vent en poupe dans les 80’s. Il vient d’achever deux runs légendaires sur les X-Men et Fantastic Four et son égo démesuré ne peut qu’être flatté à l’idée de réinventer la plus grand icône de l’histoire des comic-books. Et, pour réussir son pari, il se donne les moyens de son ambition : une mini-série en 6 épisodes retraçant les débuts du personnage (à l’époque, les origines étaient généralement relatées en un seul épisode introductif) suivie de deux mensuels (Action Comics et Superman ) dont Byrne gère à la fois le scénario et le dessin. Un véritable exploit au regard de la faible productivité de la plupart des dessinateurs actuels. La mini-série s’appelle Man Of Steel et a pour but de moderniser et de rendre plus réaliste Superman . Tout comme le film du même nom. Chaque épisode de Man Of Steel s’attarde sur un personnage central de la série. Les épisodes sont plus ou moins indépendants, se situent à des périodes différentes et balaient les principales étapes des débuts de Superman , de son départ de Krypton à sa prise de conscience de son double héritage, humain et extra-terrestre. Cette structure (une intrigue et un personnage mis en avant par épisode) sera d’ailleurs réutilisée dans d’autres mini-séries narrant les débuts de l’homme d’acier (For All Seasons et Secret Origin pour ne citer qu‘eux). D’emblée, ce récit fondateur s’impose comme l’étalon auquel seront comparés toutes les histoires qui suivront.





En reprenant tous les éléments qui firent le succès de ses prédécesseurs et en les intégrant dans une vision moderne, Byrne effectue un droit d’inventaire sur l’univers bigarré du héros rouge et bleu pour ne garder que l’essentiel, les éléments les plus emblématiques. Et chaque concept est alors réinventé, chaque personnage brillamment redéfini : Krypton devient une planète aseptisée où règne l’eugénisme et où les sentiments sont proscrits (vision qui inspirera Snyder), Lex Luthor n’est plus le scientifique maléfique mais un redoutable homme d’affaires, Loïs Lane prend du galon et n’a plus rien d’une demoiselle en détresse... Le fan de l’âge d’argent se consolera avec les nombreux clins d’œil au passé du héros (l’armure de Luthor, l‘évocation d‘une Forteresse de Solitude …). A tout point de vue, cette mini-série est conçue non pas pour être un classique mais LE récit classique de Superman . Grâce à une mise en scène soigneusement pensée, chaque apparition de Superman éblouit le lecteur. Byrne prend plaisir à représenter son héros dans des poses iconiques sans nuire au récit, les splash pages s’intégrant parfaitement à la narration. Byrne dessine le Superman ultime, la référence que tous ses successeurs essaieront d‘égaler. Au point d’ailleurs qu’il sera victime de son succès : copieusement pillé, son travail perdra toute originalité aux yeux du jeune lecteur. Malheureusement, l’œuvre ne souffre pas que des contrefaçons. Près de 30 ans après sa parution, certains défauts deviennent flagrants : plusieurs détails ont mal vieilli et nuisent au caractère intemporel du récit (le nœud papillon de Jimmy Olsen dont il aurait vraiment fallu s‘affranchir, Magpie qui provoque au mieux la circonspection, au pire l’hilarité…). A trop vouloir se concentrer sur son héros, Byrne en oublie de lui opposer de véritables défis : même Luthor semble bien peu menaçant. Or, sans réel enjeu, point de suspense et le manque d’intensité se fait cruellement sentir. Pire, les menaces et les intrigues se succèdent sans fil directeur. Les épisodes sont tellement indépendants qu’ils peinent à former une tout. Pour une œuvre fondatrice, ces choix sont regrettables.



Graphiquement, il ne s’agit pas du meilleur travail de la carrière de Byrne même s’il se situe dans une de ses plus fructueuses années. Outre quelques défauts (Clark Kent ado qui ressemble à une trentenaire…), il manque ce petit supplément d’âme, cette inspiration qui distingue les chefs-d’œuvre des simples réussites. Et la colorisation datée n’améliore pas ce sentiment. Si la narration reste très efficace, elle manque également d’audace.



Conclusion : Oui, Byrne a accouché d’une œuvre magistrale, il a parfaitement répondu à son ambitieux cahier des charges. Le mythe a été modernisé et son œuvre fait encore référence de nos jours. Son Superman est parfait. Un peu trop, d’ailleurs. A faire un héros trop lisse, il le rend plus iconique qu’attachant. Peut-être aurait-il fallu un peu moins de mythe et un peu plus d’humanité. Et une infime touche de grâce dans le traitement.



Points forts : Le classique qui a redéfini l’homme d’acier - Un excellent point de départ pour tous les lecteurs - Byrne dessine le Superman ultime



Points faible : L’absence de trame globale - Quelques détails ont mal vieilli - Le manque d’émotion



Note : 4,5/5


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  • Coconut 71
    Coconut 71

    il y a 11 ans

    "Graphiquement, il ne s’agit pas du meilleur travail de la carrière de Byrne même s’il se situe dans une de ses plus fructueuses années." Ce n'est pas faux, j'ai toujours trouvé que la période de la fin des 80's/début 90's était celle où il était à son plus haut niveau graphiquement, que ce soit sur Omac, She-Hulk, Namor ou encore Next Men (de toute les séries qu'il a pu faire c'est celle que je préfère) même si j'aime beaucoup également son style des débuts, très influencé par neal Adams...

  • Ryez
    Ryez

    il y a 11 ans

    Un Must Have, a avoir absolument! Certains éléments ont un peu vieilli (du au traitement contemporain de leur époque), mais quand the rédéfinition de Superman à l'époque et qui a non seulement influencé beaucoup d'auteurs après et en influence encore beaucoup aujourd'hui. Le comics aurait limite pu s'appeler "The Man of Tomorrow"

  • Ryez
    Ryez

    il y a 11 ans

    @A for Anonymous, quand tu dit que le Superman de Byrne manque un peu d'humanité et qu'il est un peu trop parfait, il faut aussi se remettre dans le contexte de l'époque, une Amérique forte et son apogée culturelle (le cinéma Américains, ainsi que la musique Américaine et la culture Américaine dans sa globalité exportés partout dans le monde), du coup forcément il dépeint ici l'American way du moment. Une Amérique indéfectible, puissante et sur laquelle tout se brise.

  • juliencroquette
    juliencroquette

    il y a 11 ans

    J'ai bien aimée un peu viellot ^^

  • AfA
    AfA - Rédacteur de l'article Staff MDCU

    il y a 11 ans

    Coconut, j'aime beaucoup les débuts de Byrne, influencés par Neal Adams comme tu l'écris justement. Je l'ai trouvé très bon sur les premiers numéros de She-Hulk, sur Star-Lord, les X-Men, les FF, sur OMAC et même sur Wonder Woman (certaines planche). En revanche, si j'adore ses Next Men, c'est pour leur scénario car, graphiquement, c'est le début de la fin de l'ère Byrne selon moi (alors que son 2112 était très beau).

  • AfA
    AfA - Rédacteur de l'article Staff MDCU

    il y a 11 ans

    Ryez, si Superman était certes le symbole d'une Amérique rayonnante, à la même période Miller et Moore s'apprêtaient à remettre fondamentalement en cause le mythe du super-héros. Les X-Men étaient déjà très faillibles, le Punisher commençait son ascension. Bref, Superman, même modernisé, prenait un train de retard alors que Year One redéfinissait Batman de façon beaucoup plus moderne et radicale. La perfection de Supes ne me gêne pas, c'est son côté lisse qui le rend peu attachant dans ce récit. Ca n'enlève rien à la qualité de Man of Steel qui est vraiment un incontournable mais qui aurait pu être meilleur encore.

  • Coconut 71
    Coconut 71

    il y a 11 ans

    "En revanche, si j'adore ses Next Men, c'est pour leur scénario car, graphiquement, c'est le début de la fin de l'ère Byrne selon moi (alors que son 2112 était très beau)." Non je trouve que graphiquement c'est également très bon (la série est beaucoup plus appréciable dans sa version noir&blanc selon moi) je trouve que le début de la fin ce serait plutôt ses séries de la fin des 90's...

  • DarkChap
    DarkChap

    il y a 11 ans

    Je ne comprends pas trop le reproche s'agissant de son humanité. Man of Steel, c'est justement LE récit qui a humanisé le personnage. Il reste un bloc moral mais il est désormais bien plus fermement ancré dans l'humanité. La Krypton froide et aseptisée de Byrne sert parfaitement à contraster ce qu'est être Kryptonien, ce que Kal-El serait devenu là bas et ce qu'il est devenu sur Terre. Le Superman de Byrne n'est pas un alien sur Terre, rejeté de ses pairs et mal dans sa peau, c'est un humain qui se découvre des pouvoirs et un héritage qu'il ignorait. Et franchement, je ne comprendrai jamais les critiques sur le fait que l'arc soit épisodique. Pourquoi lire du comic book si on n'aime pas cette manière de raconter des histoires? Et sur les couleurs "datées", tout est daté. Je préfère mille fois la colo d'époque aux immondes recolorisations que nous sert Neal Adams.

  • AfA
    AfA - Rédacteur de l'article Staff MDCU

    il y a 11 ans

    DarkChap, je suis d'accord avec toi, la froide Krypton sert à faire ressortir le côté humain de Superman. Mais si cette face humaine est clamée, elle n'est pas vraiment prouvée ici. Ce qui caractérise l'humain, ce sont ses émotions, ses doutes, sa faillibilité. Or, Byrne nous ne montre pas assez cela. Son Superman est un immense progrès par rapport à ce qui se faisait avant. Il marque une rupture. MoS est une oeuvre remarquable. Mais on ne peut pas dire que l'auteur explore le côté humain du héros qui reste finalement très lisse. Sinon, je ne critique pas la narration par épisode, juste le fait qu'il manque de lien entre ces épisodes. Or, ceux-ci étant censés former un tout, une certaine continuité n'aurait pas fait de mal. Je te rassure, les prochaines critiques seront beaucoup plus positives car il s'agit d'oeuvres proche selon moi de la perfection. Et au fait, je t'ai un peu menti. Nous avons glissé une histoire pré-crisis dans le classement. Nous n'avons pas eu la force de l'exclure. Tu pourras la découvrir tout à l'heure.

  • DarkChap
    DarkChap

    il y a 11 ans

    A for Anonymous a écrit:
    DarkChap, je suis d'accord avec toi, la froide Krypton sert à faire ressortir le côté humain de Superman. Mais si cette face humaine est clamée, elle n'est pas vraiment prouvée ici. Ce qui caractérise l'humain, ce sont ses émotions, ses doutes, sa faillibilité. Or, Byrne nous ne montre pas assez cela. Son Superman est un immense progrès par rapport à ce qui se faisait avant. Il marque une rupture. MoS est une oeuvre remarquable. Mais on ne peut pas dire que l'auteur explore le côté humain du héros qui reste finalement très lisse. Sinon, je ne critique pas la narration par épisode, juste le fait qu'il manque de lien entre ces épisodes. Or, ceux-ci étant censés former un tout, une certaine continuité n'aurait pas fait de mal. Je te rassure, les prochaines critiques seront beaucoup plus positives car il s'agit d'oeuvres proche selon moi de la perfection. Et au fait, je t'ai un peu menti. Nous avons glissé une histoire pré-crisis dans le classement. Nous n'avons pas eu la force de l'exclure. Tu pourras la découvrir tout à l'heure.
    Je ne suis pas d'accord. Le récit nous montre les doutes, les joies et les peurs de Clark Kent (ne serait-ce que la scène où il revient bouleversé de sa première apparition publique est absolument géniale et pleine d'émotions). Le fameux "lien" entre les épisodes, c'est le character development, qu'on suit essentiellement dans ses réflexions et dans ses conversations avec ses parents, ici omniprésents.

  • L'homme d'acier
    L'homme d'acier

    il y a 11 ans

    DarkChap a écrit:
    Je ne suis pas d'accord. Le récit nous montre les doutes, les joies et les peurs de Clark Kent (ne serait-ce que la scène où il revient bouleversé de sa première apparition publique est absolument géniale et pleine d'émotions). Le fameux "lien" entre les épisodes, c'est le character development, qu'on suit essentiellement dans ses réflexions et dans ses conversations avec ses parents, ici omniprésents.
    Honnêtement je ne vois pas ou tu vois une scène géniale. Plus sérieusement je suis d'accord avec A for anonymous, MOS reste très froid pour moi, à aucun moment on n'accroche à se Superman. D'ailleurs ce récit semble presque caricatural, je n'arrive jamais à y croire, un peu comme un film avec de mauvais acteurs. Le seul point fort se trouve dans ce qu'il a apporté au personnage en terme de mythologie (ici Superboy n'existe pas et ça c'est bien)