La review du jour est, pour la première fois en 15 ans d'existence, un titre qui n'a rien à voir avec la BD américaine puisqu'il s'agit de Laurel et Hardy, écrit et dessiné par Gianluca Buttolo. Edité par Oxymore, il est sorti le 22 mai 2024 pour 22.95 euros.
« Laurel et Hardy, comme nous le savons tous, sont deux géants du comique, deux maîtres incontestés d'un genre. Partir à la découverte des efforts, du travail et des problèmes qui se dissimulent derrière chacun de leurs films, léger en apparence et uniquement créé dans l'objectifde « faire rire », constitue un enseignement approfondi pour quiconque s'intéresse à cette profession mais en ignore ses innombrables facettes secrètes. [...] si avant j'aimais Laurel et Hardy, à présent, grâce aux dessins et aux mots Gianluca Buttolo, je les adore encore plus. »
Aujourd'hui, pas de comics ou de super-héros sur MDCU. Du coup, est-ce que Laurel et Hardy a sa place sur MDCU ? Pas vraiment. Mais en tant que grand fan de Laurel et Hardy devant l'éternel, je ne pouvais pas passer à côté de cet ouvrage. Et les occasions se faisant rares, je trouvais criminel de ne pas en parler ici (d'autant plus qu'après l'avoir feuilleté, je trouvais qu'il y avait énormément de choses à en dire).
Laurel et Hardy part de la fin de vie de Stan Laurel. Une période durant laquelle l'acteur, scénariste et réalisateur était chez lui à continuer d'inventer des sketchs pour son défunt partenaire et lui tout en répondant aux courriers et aux appels téléphoniques de ses fans (ndlr : Stan Laurel était dans l'annuaire). Un jour, il reçoit un appel d'un écolier qui dit avoir un devoir à rendre et qu'il aimerait le faire sur Laurel et Hardy. De là, Laurel accepte de lui raconter toute l'histoire autour de son duo. Et lorsque l'on dit "toute l'histoire", c'est bien "toute l'histoire". Entendez par là que Buttolo a fait un travail assez incroyable de recherches afin de proposer un récit fort et complet. A ce titre, il peut nous livrer des anecdotes connues, d'autres moins connues mais également tordre le coup à des légendes urbaines comme le fait qu'ils aient tous les deux fini dans la misère. L'auteur alterne avec une grande aisance la vie professionnelle et privée de chacun avec les échanges difficiles que Stan a pu avoir avec les grands studios. De plus, le portrait est réalisé avec un véritable recul. Aussi, nous comprenons rapidement que, oui, l'acteur était fréquemment "coincé", que son génie créatif était éttoufé, mais également qu'il s'agissait d'une personne qui, comme tout le monde, a réalisé de nombreuses erreurs tout au long de son parcours. Et c'est sans doute cela, la plus grande réussite de l'oeuvre : être parvenu à rendre hommage aux deux hommes sans pour autant partir sur une édulcoration sans limite.
- Allo ?
- Allo ? Est-ce bien monsieur Stan Laurel à l'appareil ?
- Bien sûr.
- Le vrai Stan Laurel ?
- J'espère, sinon je ne sais pas pourquoi je répondrais à son téléphone.
Bien sûr, de par sa dimension biographique, l'ouvrage n'est pas destiné à ceux qui ont Laurel et Hardy en horreur. Pour autant, on ne peut pas non plus dire qu'il est uniquement à mettre entre les mains de ceux qui apprécient les personnages. Après tout, nous en apprenons beaucoup sur l'envers du décor de l'époque et, bien sûr, Laurel et Hardy ont chacun eu une vie pleine de rebondissements. Vous pouvez donc très bien vous prendre d'affection pour ces deux monstres du cinéma sans pour autant les connaître. Et si la curiosité et l'amour du cinéma ne sont pas des arguments suffisants, sachez qu'il y a également beaucoup, beaucoup de choses à se mettre sous la dent visuellement parlant.
Tout le monde s'étonne de trouver mon numéro dans l'annuaire. Pourquoi ne devrait-il pas y figurer ? J'aime passer du temps avec ceux qui ont envie d'en passer avec moi.
Pour ce qui est de la partie graphique, il y a beaucoup de choses à dire et sans doute autant de qualités à souligner. Tout d'abord, Laurel et Hardy sont bien représentés à travers le temps. Nous les reconnaissons sans aucun problème, mais nous retrouvons aussi leur posture et mimiques. Aussi, on peut se délecter de voir le Laurel gaffeur devant la caméra mais également le Laurel plus âgé et sérieux devant le téléphone. A ce propos, on notera d'ailleurs que ce n'est pas parce que Laurel est souvent présenté au téléphone que le dessinateur est tombé dans le piège du copier/coller. C'est même tout l'inverse. Il y a clairement des efforts qui ont été fournis afin que ces scènes n'aient pas une allure de redite.
L'autre point fort concerne le découpage et la mise en scène qui sont, eux-aussi, plutôt incroyables. Buttolo a redoublé d'inventivité afin que les cases reflètent les propos. Et les exemples sont nombreux ! On peut penser aux planches qui ont des allures de touches de piano lorsqu'il parle du film "Livreurs, sachez livrer" dans lequel les deux artistes doivent livrer un piano mais on peut également penser à Stan qui est transformé en ombre lorsque ce dernier, dans la vie, n'est plus que "l'ombre de lui-même" ou encore au personnage qui tombe justement d'une case à une autre lorsque Stan Laurel explique qu'ils aimaient jouer avec l'absurde. Bref, sur ces points, l'auteur s'est vraiment creusé les méninges, ce qui rend la lecture d'autant plus incroyable.
Un vieux proverbe chinois dit "A qui sait attendre, le temps ouvre toutes les portes". C'est évident qu'aucun chinois n'a eu à poireauter dans les studios de la Fox.
Je dédie cette critique à deux hommes exceptionnels. Mon père, qui, de son vivant, était un immense fan de Laurel et Hardy. Mon grand-père, dont la santé bat de l'aile, qui n'a eu de cesse de me fredonner le thème de Laurel et Hardy / La chanson du coucou durant mon enfance. Un air que je fredonne à mon tour fréquemment à mes trois enfants. Je vous aime.
Très heureux que tu parles de ce duo légendaire qui sont mes premiers "comiques" et tu ne fait pas tellement de hors propos que ça en en parlant sur ce site vu que bah ils ont eu leur comics et même leur série animée avec le célèbre générique "c'est moi laurel et lui hardy c'est lui le gros et moi le petit..." et le comics fut même édité par ici via interpresse (les vieux batman et superman des années 60 étaient édités dans le même format par le même éditeur)
https://www.bedetheque.com/serie-39840-BD-Laurel-et-Hardy-1re-Serie-Interpresse.html
serie
https://www.youtube.com/watch?v=6kO57bWXUEc
le générique en français
https://www.youtube.com/watch?v=3QZ7bZ8RtWM
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