La review du jour est un titre proposé par Delcourt. Il s'agit de Poussière d'os, un récit complet écrit et dessiné par Ben Stenbeck. Il est sorti le 11 septembre pour 18,50 euros.
Ben Stenbeck - après avoir souvent collaboré avec Mike Mignola (Lord Baltimore, Hellboy) - signe ici une fresque post-apo en tant qu'auteur complet. Un coup d'essai qui se révèle être un coup de maître !
Un enfant sauvage, à la fois prédateur et proie, tente de survivre dans un monde post-apocalyptique cauchemardesque habité par des tribus cannibales, qui n'est pas sans rappeler l'ambiance de Mad Max... Au milieu de cette brutalité, de cette misère et de tout ce sang, une intelligence artificielle, curieuse et fouineuse, observe et s'intéresse de très près à ce qui se passe...
Ben Stenbeck est un collaborateur de Mike Mignola qui a dessiné plusieurs comics notamment dans l’univers de Hellboy. S’il s’agit avant tout d’un illustrateur, il tente avec Poussière d’os de faire un écart du côté de l’écriture. Nous suivons donc un gamin dans un monde post-apocalypse peuplé d’humains primaires. Il se retrouve aidé par une IA bienveillante. Dès les premières pages, l’ambiance est captivante.
La grande force du récit est sa narration. Lorsqu’un dessinateur est aussi scénariste, il a une vision claire de la façon dont il veut raconter son histoire. Du coup, sans aucun dialogue superflu, elle nous est contée principalement par les dessins, ce qui donne une ambiance très cinématographique. Le personnage principal est d’ailleurs muet, les humains survivants ont un dialecte régressif, et finalement seules les IA s’expriment correctement. L’auteur nous offre donc une bande dessinée dans sa définition la plus pure, où la narration passe quasi-exclusivement par le dessin.
Le dessinateur était très bon sur l’univers de Mignola, il est ici excellent. La narration est fluide et captivante, on se laisse très facilement porter par l’histoire. Les dessins sont particulièrement travaillés, et probablement l’un des meilleurs travaux de l’auteur. Les combats sont très bien chorégraphiés, très clairs dans leur déroulement, et le design des monstres et autres est réussi. Les visages sont travaillés, et font ressortir les émotions. L’album est donc graphiquement une belle réussite.
L’histoire en elle-même est finalement assez simple, avec quelques poncifs du post-apocalypse. En fait, l'auteur s’en sert surtout pour ne pas trop s’attarder sur des explications, et aller au principal : la fluidité de la narration. L’histoire est très correcte, avec certains passages vraiment violents, et d'autres plutôt poétiques, mais Poussière d’os est avant tout une œuvre de dessinateur. Tout est dans la construction des planches et le graphisme. Il en résulte un joli récit complet bien travaillé, un peu dans la même logique que ce qu’avait fait Lorenzo de Felici sur Kroma l’année dernière. C’est très bien que ce genre de récits arrive en France.
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