[Critique] Spider-Man : No Way Home

[Critique] Spider-Man : No Way Home

Il est enfin là. Depuis hier, le public français peut se ruer dans les salles obscures pour découvrir Spider-Man  : No Way Home. Depuis l’apparition des premières fuites et rumeurs sur Internet il y a plus d’un an, le long-métrage n’a cessé de créer des attentes au-delà de l’imaginable et nourrit des fantasmes de fans dopés à la nostalgie. Tom Holland l’a lui-même confié, les leaks ont obligé la production à revoir leur campagne promotionnelle qui ne devait pas initialement révéler le retour des spider-vilains. Mais Marvel Studios et Sony ont dû composer avec cela et finalement dévoilé les contours multiversels de ce troisième opus Spider-Man . Doctor Octopus , le Bouffon Vert ou Electro viennent ainsi croiser le fer avec un Tom Holland bouleversé par la révélation de son identité. No Way Home supporte-t-il le poids des attentes de 3 générations de fans de Peter Parker  ? Verdict.

CRITIQUE SANS SPOILERS

Après les événements de Far From Home, la vie de Peter Parker et de ses proches est chamboulée. L’anonymat de Spider-Man n’est plus et l’attention du monde entier est tournée vers le jeune super-héros. Entre une attention médiatique envahissante et des refus à la chaîne en provenance des universités, Peter Parker est pris dans la toile de la célébrité et le seul qui puisse l’en sortir se nomme Stephen Strange. Un sort raté plus tard, voilà que d’étranges mais familiers visiteurs en provenance d’autres univers s’invitent dans celui du MCU. Monsieur Strange se la joue alors Professeur Chen qui demande à Sacha Peter de tous les attraper, avant de les renvoyer chez eux.

Pour commencer, il faut dire que le rythme du film est assez élevé. Probablement porté par la frénésie des spectateurs dans la salle du Grand Rex, je me suis très vite pris au jeu et n’ai pas décroché pendant les 2h30 passées dans mon siège. À la sortie, la magie du moment était bien présente et le sourire avait du mal à quitter mes lèvres malgré de nombreux défauts perçus pendant la séance. 24 heures plus tard, je dirais que Spider-Man  : No Way Home n’est pas un grand film mais un grand moment. Tout dépend de l’importance que vous accordez au produit cinématographique en lui-même.

 

Assurément, en tant que long-métrage, ce troisième opus est bancal, principalement au niveau de l’écriture. L’histoire ouvre de nombreuses portes et oublie souvent de les refermer quand elle ne choisit pas de grossières facilités pour se faciliter la tâche. Le scénario tient en quelques mots et le multivers n’est qu’un prétexte pour offrir aux fans cette réunion d’anciens élèves de l’école Marvel. Mis sur le devant de la scène dans les derniers éléments promotionnels de Sony et Marvel Studios, les vilains des générations précédentes sont inégalement traités. Le Lézard et l’Homme-Sable sont les moins bien lotis, cantonnés à des rôles moindres même si l’arrivée de Flint Marko pouvait laisser présager d’un traitement plus intéressant. Jamie Foxx est en démonstration, campant un Electro empreint d’un charisme nouveau, bien loin de sa précédente interprétation.

Octopus et Osborn sont évidemment les plus mis en valeur, portant chacun une partie du film. Alfred Molina et Willem Dafoe n’ont rien perdu de leur superbe et personne ne peut rester indifférent tant ils incarnent si bien leurs rôles respectifs. Malheureusement, l’écriture ne leur offre aucune ambition supplémentaire que celles de chercher des noises à Peter Parker alors qu’il y avait de quoi espérer. En mettant le multivers à l’affiche, Spider-Man : No Way Home s’ouvrait le champ des possibles narratifs mais n’a décidé d’en extraire qu’un enrobage fait de fan-service pour couvrir une histoire finalement plus intimiste que prévu.

En effet, l’une des réussites du film est le développement de Peter Parker , dont le parcours initiatique semble bel et bien conclu. Plusieurs choix scénaristiques réservent des surprises aux spectateurs. Peter est mis face à sa moralité et le personnage grandit à une vitesse éclair. Tom Holland est étonnant dans son jeu qui dépasse enfin celui du jeune adolescent ingénu. Sa complicité avec Zendaya est évidente et très touchante, rendant parfaitement hommage à leurs incarnations papier. L’actrice est toujours aussi attachante et sympathique à l’écran malgré la légèreté d’écriture de son personnage. Petite déception cependant concernant Ned, le dernier membre du trio d’ados, beaucoup trop identifié « geek rigolo ». Plusieurs de ses répliques tombent à l’eau, malgré la bonhommie évidente de Jacob Batalon.

Malgré tout, le troisième volet des aventures arachnéennes estampillées MCU a un gros point fort : l’émotion. Il est indéniable que ce long-métrage procure des sensations assez rares, et cela à de multiples égards. On le disait juste avant, l’histoire personnelle de Peter Parker de Tom Holland passe un cap. Plusieurs scènes chargées en émotion jalonnent son parcours et il est difficile de rester insensible. Puis, malgré des volontés mercantiles facilement discernables, Marvel Studios et Sony ont réussi leur coup avec le retour d’Otto Octavius, Norman Osborn et compagnie. Leur première apparition à l’écran marque et la nostalgie frappe. Libre à vous et votre sensibilité de vous laisser porter par la suite.

 

Pas encore évoqué jusqu’ici, il est regrettable de voir Benedict Cumberbatch disparaître au fil du long-métrage. Stephen Strange vole la vedette dans chacune des scènes dans lesquelles il apparait, et cela même si la caractérisation du personnage sonne fausse parfois. La maladie du MCU a frappé le bon docteur, forcé de faire des blagues dès qu’un peu de sérieux est instauré dans une scène. Un constat par ailleurs applicable à l’ensemble du film. Je suis pourtant assez bon client mais là, cela m’a sauté aux yeux à plusieurs reprises.

Côté réalisation, rien de bien nouveau à la caméra de Jon Watts. La scène la plus inventive reprend l’esthétique de Doctor Strange et de son monde miroir, les vilains ont le droit à quelques plans iconiques qui leur rendent bien hommage, à l’inverse d’un Spider-Man un peu pauvre en terme d’iconisation. Comme souvent dans le MCU, les scènes d'action sont haletantes et les effets spéciaux réussis, avec une mention spéciale pour un affrontement dans un immeuble entre deux protagonistes qui m'a donné des frissons par son intensité.

Pour conclure, Spider-Man : No Way Home souffre évidemment de son ambition. La promotion a insisté sur la notion de multivers, utilisé comme solution de facilité pour convoquer cette réunion d’anciens vilains qui apparait finalement comme le seul argument de vente de cet opus. Cela peut-il suffire au spectateur ? Je ne peux nier avoir passé un excellent moment tant le film joue sur des cordes personnelles. Mais l’intention de Marvel Studios et Sony Pictures est sournoise, en voulant cacher dans tout cela un film objectivement moyen, sauvé par quelques fulgurances. Si le temps me le permet, cette critique sera par la suite agrémentée d'une partie avec spoilers pour évoquer d'autres points.

 

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

- Une grande expérience riche en émotions...
- Le fantasme du multivers porté à l'écran...
- Un Peter Parker nouveau et un étonnant Tom Holland
- Willem Dafoe et Alfred Molina au top
- Un bon rythme...
- De belles scènes d'action

LES POINTS FAIBLES

- ...qui cache beaucoup de défauts
- ...mais sous-exploité
- Le fan-service ultime ?
- Des personnages secondaires mal écrits parfois
- ...gâché par de l'humour hors propos

 

3

Un grand moment n'implique pas un grand film

Conclusion

Spider-Man : No Way Home est un très bon moment malgré un long-métrage très inégal, qui va polariser les opinions. Le coeur y voit l'un des plus grands films Marvel, pas la raison.

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Je veux juste une dernière danse

  • scarletspider
    scarletspider

    il y a 2 ans

    L'humour ne m'a personellement pas dérangé (sauf la scène avec le nom d'octavius présente dans la bande annonce). Par contre c'est vrai qu'il y a a beaucoup de fan service qui fait plaisir et derrière ça, il n'y a pas beaucoup de scénario