[Review VF] The Twelve

[Review VF] The Twelve

Panini Comics a la très bonne idée de nous proposer à nouveau la maxi-série The Twelve dans une belle édition intégrale. Il s’agit sans doute de l’une des œuvres les plus méconnues du scénariste J. Michael Straczynski, mais qui possède sa petite réputation plus que méritée. Le dessin est signé Chris Weston. Ce volume contient les douze numéros de la maxi-série, plus le one-shot réalisé entièrement par Weston.

Le concept est simple, avant l’âge d’or de Marvel qui a vu Stan Lee et Jack Kirby développer l’univers que l’on connait encore aujourd’hui, l’éditeur Marvel avait déjà tenté le coup au début des années 40 en lançant de nombreux personnages. On en retiendra des noms comme Captain America ou Namor, qui ont survécu à cette époque, mais d’autres n’ont pas forcément eu cette chance. Et c’est le défi que s’est donné Straczynski, ramener une douzaine de ces personnages à notre époque (2008 pour la parution du titre), pour leur donner une seconde vie. L’idée n’est pas forcément des plus originales, c’est un mécanisme que l’on a beaucoup vu dans les comics, mais ce n’est jamais un exercice facile. Les personnages sont souvent devenus trop kitsch et n’ont plus l’aura suffisante pour intéresser. Pire, ça tombe parfois dans la facilité et on oublie totalement d’aborder le vrai décalage qui existe entre ces personnages et notre époque. Le scénariste ne tombe pas dans ce piège et c’est ici l’un des axes principaux du récit. Des super-héros combattant les nazis en pleine seconde guerre mondiale se réveillent à notre époque moderne et peuvent témoigner du résultat de leur combat, et de leur victoire. Comment retrouver une place dans un monde qui n’a jamais arrêté d’avancer et est devenu totalement inconnu ? Et est-il vraiment si différent ? Ce futur valait-il la peine que l’on se batte pour lui ? Toutes ces questions sont abordées à travers le prisme des douze personnages, qui amènent chacun une réflexion et un angle d’approche différent, en fonction de leur personnalité et de leur pouvoir, ou l’absence de pouvoir. C’est bien sûr quelque chose qui a déjà été abordé avec Captain America et son entourage de la seconde guerre mondiale, mais c’est ici encore plus intéressant puisqu’il s’agit d’une grande équipe, avec beaucoup de personnages. Mais une équipe qui a été montée un peu par hasard, et de manière très temporaire, et dont la cohésion est donc extrêmement fragile. Tous ne se connaissent pas bien et ne se font pas forcément confiance, et ont des objectifs différents dans ce nouveau monde, tout en partageant un lien et un sentiment de non appartenance que personne d’autre ne peut comprendre à part ces douze-là. Cela fournit le terreau parfait au développement de relations complexes et ambiguës, qui sont parfaitement écrites par Straczynski.

Le scénariste fait le choix d’un narrateur unique pour son histoire, dont c’était également le rôle à l’époque, avec le Reporter Fantôme. Un choix qui permet d’avoir une vraie cohérence dans l’écriture et dans l’approche des choses, à travers les douze numéros. Ce qui n’aurait pas forcément été le cas si la parole avait été donnée aux douze personnages, avec un par numéro, par exemple. D’autant que s’ils ont tous un temps de présence honorable, certains sont clairement plus mis en avant et plus importants que d’autres. Ce qui semble logique dans l’approche d’une série qui ne fait que douze numéros. C’est aussi un choix de narration qui va totalement servir l’autre gros axe de la série, une enquête autour de meurtres perpétrés depuis le retour des héros. On suit l’évolution de l’affaire à travers les yeux du Reporter Fantôme, et on découvre les éléments en même temps que lui. Les indices et les faits s’empilent petit à petit durant le récit, pour monter en crescendo sur la fin vers une révélation fracassante. Les derniers numéros sont d’une intensité assez dingue, il est difficile de lâcher la BD en cours de route une fois que le sprint final est lancé. Straczynski se fait également plaisir, et nous régale au passage, en s’offrant une scène de révélation classique inspirée des plus grands récits « Whodunnit », où tous les personnages suspects sont réunis dans la même pièce. On pourrait peut-être regretter que l’histoire tourne finalement autour de cette enquête, et du fameux « y a-t-il un traitre dans l’équipe ? », qui est un choix narratif très courant, et souvent vu en comics. On peut tout simplement penser à Watchmen, si on veut viser la référence ultime. D’autres éléments dans les relations entre les personnages et l’ambiance générale feront d’ailleurs régulièrement penser au chef-d’œuvre d’Alan Moore et Dave Gibbons. Cette enquête et la révélation du coupable prennent presque toute la place sur la seconde moitié du récit, délaissant un peu le reste, et nous privant d’autres thématiques et histoires qu’il aurait pu être intéressant d’aborder. Mais l’ensemble est tellement bien réalisé, et tellement prenant, que l’on ne peut que se taire et profiter.

La partie graphique est elle aussi absolument irréprochable. Weston réussit à donner un vrai aspect retro au titre, tout en étant sur des techniques de dessin plutôt modernes. Les costumes sont inspirés et font tous référence, d’une manière ou d’une autre, à des tenus de super-héros plus connus. Chaque personnage dégage une vraie personnalité distincte rien que par son apparence et son charisme. Les détails dans les dessins sont assez fous et bien servis par un encrage de qualité. Les scènes de flashback ont des colorisations différentes qui accentuent encore l’aspect retro et dénote du reste. Et le rythme imprimé par la narration et le découpage des planches est tout aussi maitrisé. Chris Weston rend une superbe copie, qui participe à faire de ce The Twelve, une grande œuvre.

Le numéro individuel signé Chris Weston, en fin de tome, n'a pas le poids de la série principale, mais reste très sympa à lire. On y retrouve les héros durant la seconde guerre mondiale, lors d'une mission au côté de Captain America . Une addition bienvenue dans cette intégrale. En plus de jolies couvertures variantes, notamment celles de Paul Renaud.

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

- Le concept
- Les thématiques
- Les relations entre les personnages
- La dernière partie ultra prenante
- Les dessins

LES POINTS FAIBLES

- L'enquête qui prend peut-être trop le pas sur le reste

 

4.5

Un must-read !

Conclusion

On n'est pas loin du chef-d’œuvre pour cette réinvention d'anciens personnages Marvel plongés dans le monde moderne. Un récit de Straczynski et Weston qui mérite encore plus de reconnaissance.

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