Guide de lecture : les titres James Bond de Delcourt

Guide de lecture : les titres James Bond de Delcourt

Pour ceux qui ne nous suivent pas sur les réseaux sociaux (honte à vous !) sachez que, depuis quelques semaines déjà, plusieurs concours ont été mis en place en partenariat avec des éditeurs. Ainsi, en début novembre, et afin d'accompagner la sortie de James Bond : Casino Royal de Delcourt, prévue pour le 4 novembre, nous avons mis en place un concours et nous avons demandé à une connaissance, gros lecteur de comics mais également fan de James Bond, de rédiger ce guide de lecture des titres Delcourt autour du plus célèbres des espions. L'immense Sir Sean Connery nous ayant quittés entre-temps, nous avons décidé de lui dédier le guide de lecture prévu.

Pour ceux qui veulent le détail de tous les comics James Bond disponibles actuellement, je vous invite à cliquer ici. Vous pouvez également retrouver la review de James Bond : Casino Royal ici.

Ceci étant dit, je laisse la main à Philippe.

Bonne lecture à tous.

Jeff.

Bonjour à tous,

Avant toute chose, sachez que je suis un grand fan de James Bond. Pour cette critique, il est donc primordial pour moi de vous expliquer d’abord rapidement mon histoire avec le personnage avant de vous parler des comics récents.

Je connaissais déjà le personnage de James Bond étant enfant, j’avais notamment vu Le Monde Ne Suffit Pas au cinéma en 1999… mais je n’étais pas fan, je n’étais pas amoureux.

Puis j’ai vu Casino Royale au cinéma en 2006. LE FILM ABSOLU sur James Bond. Et là, là j’ai découvert et aimé ce personnage. Ce fut une révélation.

Si vous n’êtes pas familier avec l’histoire des films, sachez que Casino Royale est le premier roman écrit par Ian Flemming en 1953, et que suite à des problèmes de droits après une première adaptation télévisée en 1954, la société qui gère la licence depuis la sortie de Dr No au cinéma en 1962 n’avait pas l’autorisation d’en faire un film. Jusqu’à ce qu’elle récupère les droits au début des années 2000, et qu’il soit décidé de faire un reboot de la saga après 20 films répartis sur 40 ans (1962-2002).

Casino Royale est donc comme Batman Begins en 2005 ou le jeu Tomb Raider de 2013, un reboot. C’est une réimagination plus mature, plus sérieuse, plus réaliste et plus ancrée dans le présent de son personnage. C’est pile ce qu’il fallait à une saga comme James Bond, tout comme Batman Begins l’avait été pour Batman après Batman et Robin en 1997. Le personnage et ses films étaient avant cela devenus en effet ridicules de gadgets, de comédies potaches et de situations invraisemblables. C’était comme pourrait le dire Harvey Dent « la nuit sombre avant l’aube ». C’était réellement nul.

Mais l’aube est finalement arrivée donc, et Casino Royale est sorti sur les écrans. Le film a relancé, avec Daniel Craig, la franchise, et nous a fait comprendre pourquoi et comment James Bond était devenu LE James Bond que l’on connaissait. Et malgré quelques égarements dans les métrages suivants (je n’en dirais pas plus, on n’en aurait pas fini et là n’est pas le sujet) je me suis plongé dans la saga comme un enfant perdu dans un magasin de bonbons. Dès lors, j’ai vu tous les films aussi bien en VO qu’en VF, j’ai lu tous les livres écrits par Ian Flemming… et c’est alors que j’ai réalisé une chose fascinante sur James Bond : ce n’est pas seulement la plus vieille franchise du cinéma, c’est aussi un témoignage de notre propre histoire. Car à travers lui, on voit sans fard l’évolution de notre société et celle de la machine hollywoodienne. Peu de gens le réalisent en effet, mais le personnage et sa narration ont énormément changés avec l’évolution de notre mentalité, de la technologie, des standards d’Hollywood. A travers la différence entre les livres et les films, et à travers l’évolution de ses longs métrages tout au long de bientôt 60 ans de cinéma, on constate donc comment nous, en tant que société, nous avons évolué.

Et c’est pour ça que j’aime James Bond, qu’il me fascine tant. Car outre ses qualités intrinsèques et son histoire, il est un reflet de nous-mêmes, de notre société et de notre monde. Et surtout, il en est le seul témoin depuis 60 ans à être encore en activité.

Mais passons aux choses sérieuses. Pour ne pas rallonger cette introduction, je vous mettrais en fin d’article en quoi James Bond a évolué depuis ses débuts, et je vous signifierai avec cette analyse des comics James Bond édités chez Dynamite Entertainement aux USA et chez Delcourt chez nous en quoi il a encore évolué.

VARGR :

JAMES BOND ! Une icône de la culture populaire incontournable, issue de la littérature et du cinéma trouve enfin une adaptation en bande dessinée à sa mesure, dans une nouvelle série écrite par Warren Ellis !
James Bond est de retour à Londres après une mission teintée de vengeance à Helsinki, afin de reprendre une affaire qui a laissé un autre agent 00 sur le carreau. Quelque chose de terrible est en train de se faufiler dans les rues de la capitale britannique, qui va entraiîner Bond à Berlin. Pris au piège, isolé, il va devoir percer le secret qui entoure quelqu’un – ou quelque chose – baptisé… VARGR.

Dans VARGR, de Warren Ellis et Jason Masters, on suit James Bond, qui, de retour d’une élimination presque personnelle de l’assassin de 008, se voit assigné ses dossiers en cours. Il part donc enquêter sur le continent sur une affaire de drogue qui menace directement la Grande-Bretagne.

L’enquête est classique, mais c’est honnêtement un bon démarrage pour la série. On retrouve un James Bond proche de toutes ses versions filmiques et littéraires et c’est la meilleure idée possible pour une adaptation comics. L’humour, le sérieux, l’ingéniosité, le côté coureur de jupons, la froideur et la brutalité, il est ici un amalgame de toutes ses précédentes versions pour ne ressembler à aucune en particulier. Des prises de risques plus qu’intéressantes sont faites concernant M, Q et les autres protagonistes pour les rafraichir et en faire des versions tout aussi uniques et différentes des autres incarnations.

Pour 16,95€ vous avez donc dans ce tome les six épisodes de l’histoire aux graphismes plutôt sympa, avec une ambiance très moderne et contemporaine. C’est efficace, sans prétention, agréablement dosé en termes d’humour, et cela donne envie de lire la suite.

Les plus :

  • On comprend tout de suite que c’est un James Bond contemporain, qui fait suite aux histoires que l’on connait déjà sans pour autant y être rattaché, et sans s’encombrer de nous réexpliquer toutes ses aventures, on est ainsi libéré d’un poids et on passe directement au sujet de l’intrigue.

  • Ce premier tome est très simple dans son histoire, mais il a l’avantage de nous mettre dans le bain et de nous familiariser avec cette itération du personnage.

  • L’auteur joue agréablement avec les codes de James Bond. (Voir note 1).

  • Un humour subtil. (Voir note 3).

  • James Bond possède sa cicatrice sur la joue droite, signe de respect par rapport au personnage écrit par Ian Flemming, et effacé au cinéma pour des raisons d’esthétisme.

Les moins :

  • L’histoire et l’action peuvent vraiment paraître trop simples pour certains, malgré l’efficacité du tout.

  • Le vilain est à mon sens un peu trop basique. (Voir note 2).

CONCLUSION de VARGR : cette nouvelle série de comics prend d’entrée de jeu un tournant à la fois familier et différent du James Bond que l’on connait, mais c’est un gros avantage : on le découvre d’une manière plus terre à terre, libéré du poids de la narration d’un livre de plusieurs centaines de pages ou de la construction cinématographique forcée par un film. Ici l’action est simple, efficace, graphique, et les personnages sont utilisés correctement et sans détour. James Bond est un outil de l’histoire, et non le centre de l’histoire, et cette approche est bonne, voire idéale. On ne perd pas de temps à se demander s’il s’agit d’un coureur de jupons ou d’un fumeur (voir note 1) on sait qu’il l’est et on s’intéresse à sa mission.

 

EIDOLON :


Après la Seconde Guerre mondiale, les agences de renseignements de l’armée créèrent des cellules fantômes – baptisées les « Stay-Behinds » (ceux qui restent à l’arrière) – à travers toute l’Europe, au cas où les pays signataires du Pacte de Varsovie auraient décidé d’agir. L’organisation SPECTRE infiltra alors l’une de ces cellules avec des agents dormants. Et le moment de leur réactivation est venu…

Cette seconde histoire disponible pour le même prix de 16,95€ est pour moi encore meilleure que la première. Ici James Bond part exfiltrer une simple agente britannique dont la couverture est grillée pour, de fil en aiguille, tirer peu à peu les ficelles d’une conspiration bien cachée au sein des services secrets mondiaux.

Reprenant des éléments des derniers films concernant la situation du MI6 au sein de la société anglaise (même si l’histoire ne se passe pas dans la même continuité que les films, le thème rappellera Skyfall et Spectre et les films Mission Impossible d’ailleurs) on peut reprocher à l’histoire d’être un poil classique dans certains de ses aspects vus et revus au cinéma dans les films d’espionnage, mais cela ne gâche en aucun cas la qualité de son intrigue. Les personnages sont bien écrits, humains, attachants, et les dialogues sont toujours de qualité. Un MUST HAVE !

Les plus :

  • Des références subtiles aux histoires des films et des livres.

  • Un humour toujours bien dosé.

  • Un découpage très cinématographique et un rythme très bien géré.

  • Des personnages intéressants.

  • Une histoire très contemporaine malgré son usage répété dans les films d’espionnage.

  • Une fois de plus, l’histoire fait une utilisation équilibrée des gadgets. (Voir note 4).

Les moins :

  • Certains twists se devinent, car malheureusement déjà exploités jusqu’à l’overdose dans les films.

CONCLUSION d’EIDOLON et du cycle d’Ellis et Masters : l’histoire est classique, mais très efficace et les personnages sont au service de l’intrigue et non l’inverse. James Bond en comics va à l’essentiel pour l’instant. Pas de longues scènes de drague, pas d’humour trop potache, pas de placement de produit, pas d’introspection superflue, et surtout, un personnage qui est une personnification parfaite de lui-même. Qu’on ait préféré Daniel Craig, Roger Moore, Sean Connery, Timothy Dalton, George Lazenby ou Pierce Brosman au cinéma, ici il est tous ceux-là à la fois. Il est celui du livre, celui des films, mais il est aussi différent, car avant toute chose, on lit des aventures de James Bond, pas sur James Bond.

Il est encore trop tôt pour dire que James Bond en comics témoignera de l’évolution de la société comme l’ont fait 60 ans de films inspirés de romans originaux, mais le comics marque déjà l’évolution du personnage par rapport à ses précédents médias. Ici, il est un condensé de lui-même, une simplification à son résumé le plus pur, et cela lui donne une nouvelle jeunesse.

 

HAMMERHEAD :

La mission du célèbre espion au service de sa majesté est d’éliminer Kraken , un terroriste anti-capitaliste, qui vise l’arsenal nucléaire britannique. Mais les choses sont loin d’être ce qu’elles semblent. Son enquête l’entraîne à Dubai où se tient un marché aux armes. Il y est aidé par la sulfureuse Victoria Hunt. Bond dispose du permis de tuer, et cette fois-ci, il a bien l’intention d’en faire usage…

Ce premier tome écrit par Andy Diggle et dessiné par Luca Casalanguida disponible toujours au même prix de 16,95 € chez Delcourt envoie cette fois James Bond à la poursuite d’un anticapitaliste dénommé Kraken qui cherche à s’en prendre à l’arsenal nucléaire britannique.

Que dire ? Le tome est bon, voire très bon, mais il l’est un peu moins qu’EIDOLON à mon sens.

Je m’explique ; on sent que c’est le premier arc de ce nouvel auteur, et son histoire est bonne, très bondienne et très intéressante, mais comme c’est déjà le troisième volume de la série, elle ressemble du coup beaucoup aux deux précédentes. Ses qualités sont éclipsées par le fait qu’on commence à voir les ressorts d’une histoire bondienne se dessiner d’un tome à l’autre. Malgré la qualité du scénario, on peut donc regretter une absence de prise de risques réels dans la narration de l’histoire par rapport aux précédentes. Cela reste toutefois très agréable à lire, ne vous y trompez pas.

Les plus :

  • Le scénario et l’ambiance sont encore une fois classiques et quelque peu prévisibles pour du James Bond, mais il y a d’excellentes idées de situations et les rebondissements sont intelligents et inventifs.

  • L’histoire reste dans la continuité des précédentes sans pour autant s’y rattacher.

  • L’humour et les répliques sont plus proches des films que chez Ellis, mais ce n’est pas non plus désagréable.

Les moins :

  • Les graphismes font beaucoup plus comics. Ils sont plus épurés, ce qui n’est pas un mal en soi, malheureusement, ils sont parfois du coup très basiques, ce qui donne une impression de travail bâclé. (Le même personnage d’une page à l’autre est réduit à ses traits les plus simples).

  • Il y a des redondances dans les situations qui commencent à se faire sentir par rapport aux deux arcs précédents et aux derniers films en général.

  • C’est la troisième fois qu’on peut deviner à mille lieux que le méchant (ou l’un des méchants) est un « traître ». Alors, certes dans les James Bond le méchant est facilement identifiable d’entrée de jeu, mais là il s’agit à nouveau d’un traitre, pour la troisième fois d’affilé. Et il y avait déjà cette figure du traître dans les deux derniers films (Skyfall et Spectre) voir au sens large dans sept des huit derniers films, et dans les six films Mission Impossible. Écrivez des histoires d’espionnage sans traîtrise bon sang !

Conclusion d’HAMMERHEAD : malgré de bonnes choses, un tome un peu en déca des deux précédents, dû à l’effet Waouh ! de la série terminée. Cette troisième histoire manque un peu d’originalité dans ses ficelles malgré un bon scénario et de bonnes idées. Le dessin est plus comics et moins cinématographique et cela se ressent parfois avec regret.

 

KILL CHAIN :

Quand une opération du contre-espionnage tourne mal à Rotterdam, James Bond découvre une tentative de destruction de l’OTAN. Quelqu’un assassine des agents alliés et Bond est le prochain sur la liste. Le MI6 se retrouve prit entre deux feux, celui de ses vieux ennemis : le SMERSH (remplacé dans les films par SPECTRE), mais également les alliés d’hier, dont même la CIA !

Second et dernier tome écrit par Andy Diggle et dessiné par Luca Casalanguida, toujours au même prix. KILL CHAIN est comme un film d’espionnage sombre et trépidant. Suite à une opération de contre-espionnage qui tourne mal, Bond se retrouve ici dans le viseur de la C.I.A., accusé d’avoir tué un de leurs agents, et dégradant donc de ce fait les relations entre les États-Unis et l’Angleterre. Remontant le peu de pistes qu’il a pour tenter de comprendre ce qu’il se passe réellement, il va alors découvrir un terrible complot...

KILL CHAIN est un excellent tome. Je le trouve supérieur à HAMMERHEAD et aussi bon et captivant qu’EIDOLON. Pourtant, en démarrant ma lecture, ma première note était « ça commence par une histoire de traîtrise ». Pour la quatrième fois consécutive en quatre volumes, il y a donc une histoire de traître dans l’entourage des services secrets !

Mais malgré ce point de départ ô combien classique, on arrive au final à une aventure haletante et honnêtement, je l’ai adorée ! Le récit est riche, digne d’un film noir, les personnages sont intéressants, et l’intrigue est vraiment très bien ficelée. Ici contrairement aux volumes précédents, on ne voit pas venir à des kilomètres que tel personnage est un traître, on avance en sachant d’entrée de jeu qui l’est, et on se concentre du coup pour essayer de comprendre où l’histoire nous mène. Et c’est là qu’est le plus. Comme pour EIDOLON, Bond a découvert quelque chose, mais ne sait pas où cela le mènera. Il met juste à jour un complot, sans comprendre d’entrée de jeu ses ramifications ni quelle est sa finalité. Et c’est la base d’une bonne histoire d’espionnage selon moi, quand le protagoniste, tout comme le lecteur, ne sait pas où le mène l’intrigue. C’est tellement plus agréable à lire que « lui c’est le méchant, il a volé ça, et il faut l’arrêter avant qu’il ne détruise le monde ».

Les plus :

  • L’histoire est très intéressante et très bien écrite.

  • Il y a un très bon humour, moins proche de celui des films. (voir note 3).

  • L’action est riche et bien dosée, le rythme est bien géré.

  • Il reste du mystère à la fin du livre. On n’a pas toutes les clés en main et la suite est sous-entendue.

Les moins :

  • Les graphismes me paraissent un peu mieux que dans le tome précédent, malgré encore une fois des cases où les personnages féminins sont réduits à leurs traits les plus fins.

  • Dernière histoire de ce couple d’auteurs, on ne sait pas si ses ouvertures donneront lieu à une suite.

Conclusion des deux tomes de Andy Diggle et dessinés par Luca Casalanguida : ce fut très bon ! Certes les graphismes sont différents et pour ma part moins jolis et moins cinématographiques, mais sur ce point cela relève du goût de chacun. Le seul vrai hic de ce diptyque selon moi réside dans le fait qu’il arrive après VARGR et EIDOLON et souffre donc forcément de la comparaison. Le même constat aurait certainement été fait si ces deux récits étaient sortis en premier toutefois. En tous les cas la qualité est au rendez-vous, permettant à la série de rester à un excellent niveau.

 

BLACK BOX :

Dans les Alpes françaises, James Bond est sous le feu croisé d’un assassin qui cible des assassins. Mais il ne s’agit là que de la première pièce d’un puzzle qui va entraîner un Bond sous tension à travers le monde, afin d’infiltrer le monde du crime qui menace – une fois de plus – la sécurité du monde.

Dans cette première histoire écrite par Benjamin Percy et dessinée par Rapha Lobosco, James Bond part à la recherche de la BLACK BOX, un ensemble de données numériques personnelles compromettantes volées aux dirigeants britanniques dans le but de les faire chanter.

Cette histoire est différente des quatre précédentes. Et, Dieu merci, il n’y a plus d’histoire de traître ! Enfin !

Plus sérieusement, pour ma part je l’ai trouvée plutôt sympathique, mais sans plus. C’est très classique. Elle n’est pas la plus mauvaise, il n’y en a d’ailleurspas, toutes ont leurs qualités et leurs défauts, mais comme le furent VARGR et HAMMERHEAD, c’est le premier arc de son auteur, et on sent bien qu’il n’ose pas du coup sortir des sentiers battus malgré quelques ajouts intéressant au comics. C’est donc plus encore une fois une prise en main du personnage avant de lui donner une vraie mission trépidante.

Les plus :

  • Introduction d’une narration à la première personne en « voix off ». (Pour ma part je préférais sans, mais je le mets tout de même en plus)

  • Dessins de meilleures qualités que dans les deux précédents volumes. Les cases sont très graphiques et très colorées. Le parti pris est très cinématographique.

  • Introduction de la figure de l’homme de main emblématique cher à la saga (Oddjob dans Golfinger, Jaws/Requin dans L’Espion Qui m’Aimait et Moonraker...)

  • Références contemporaines pour ancrer l’histoire dans la réalité (Incident de Fukushima)

  • Références mythologiques aux films et aux livres sans pour autant s’y raccrocher (La forêt des suicidés qui rappelle le repère de Blofeld dans le livre On Ne Vit Que Deux Fois, ou la décision que prend Bond à la fin comme un écho à celle qu’il prit dans Rien Que Pour Vos Yeux avec l’ATAC face au général Gogol)

  • Des gadgets oui, mais des gadgets réalistes et intelligemment utilisés. (voir note 4).

Les moins :

  • Un tome plus classique dans sa narration et son déroulé.

  • On sent l’esprit des films, pas forcément dans le bon sens du terme (répliques bondiennes bateaux, la James Bond Girl est malheureusement redevenue une récompense de fin de mission…) (voir note 1 et 3).

Conclusion de BLACK BOX : ce premier tome est très classique, très proche de l’ère Pierce Brosman au cinéma (la bonne période, celle de GoldenEye et de Demain Ne Meurt Jamais) pour moi c’est un peu dommage, mais encore une fois, ce n’est qu’une histoire sur cinq, et elle a le mérite de reprendre des codes auxquels on est habitués et qui font le personnage. Cela n’a pas gâché mon plaisir pour autant, cela reste un très bel ouvrage.

Les plus DELCOURT : ce sont de très beaux recueils. La finition est de qualité, c’est solide, bien relié, les couleurs sont bonnes, le papier est épais, et la couverture cartonnée en fait un ouvrage vraiment sympa. J’apprécie l’ajout des couvertures originales et des travaux préparatoires en fin de volumes. Enfin, je n’ai pas lu la version originale, mais les traductions me semblent correctes.

Les moins DELCOURT : je ne sais pas si cela est dû à DELCOURT ou au matériel de base avec lequel ils ont travaillé, mais une page était de mauvaise résolution dans HAMMERHEAD. La planche semble trop petite pour le format du livre et a été comme maladroitement agrandie et s’en retrouve de moins bonne qualité.

J’ai relevé des coquilles ici et là dans la traduction d’HAMMERHEAD. (Il manque le 'D' de Nord par exemple)

NOTE 1 : James Bond a beaucoup évolué dans les mœurs sociétales : la main au cul des filles dans le film Goldfinger en 1964, le machisme violent et violeur du personnage, la cigarette, l’alcool… tout ça disparait peu à peu ou est de plus en plus critiqué dans les films comme un reflet de notre propre indignation face à ce qui était à l’époque considéré comme normal. Même l’idée de la James Bond Girl a évolué… de femme en détresse, femme-objet ou coup d’un soir, elle est devenue l’égale voire une femme supérieure à/de James Bond.

D’ailleurs, pour l’anecdote, dans le livre Moonraker, James bond ne met même pas la JBG dans son lit à la fin, car elle lui dit grosso modo quand l’aventure est finie que : « Hey, en fait j’ai un fiancé, donc je vais juste rentrer chez moi quoi ! », et notre cher 007 tout bête et tout seul en fera de même. Bien entendu, à l’inverse dans le film, comme dans quasiment tous les autres, James couche avec toutes les jolies filles qu’il croise sans aucune difficulté ou question de moralité. On peut ainsi bien voir que c’était une construction de la machine filmique d’alors d’en faire une récompense, un butin pour James Bond, alors qu’Ian Flemming en jouait lui parfois au détriment de son personnage et surtout ne considérait pas cela comme obligatoire ou normal.

Ici, que ce soit dans VARGR ou EIDOLON, James Bond boit, fume, mais sans plus. C'est juste un trait de caractère. De plus, les femmes sont ses équivalentes, voire elles sont plus fortes ou plus intelligentes et enfin, surtout, James ne couche pas systématiquement avec elles !

 

 

NOTE 2 : À travers ses livres et ses films, les histoires et les vilains de Bond ont beaucoup changé : de savant ou génie voulant dominer le monde ou l’extorquer, on évolue au fil du temps pour arriver à des magnats de la télécommunication qui veulent contrôler toute l’information et sa diffusion ou des organisations qui veulent s’accaparer les ressources vitales comme l’eau pour assoir leur pouvoir. On passe ainsi de l’ennemi classique et générique à l’ennemi représentatif d’un problème de société. La technologie, l’écologie, James Bond se modernise, car les méchants de notre société ont changé pour devenir de vrais problèmes concrets. 

Ici, les ennemis de Bond sont toujours dans cette continuité, à la page, à la pointe. Sans trop en révéler, on est pour ainsi dire face à des ennemis réels et réalistes, à savoir des ennemis qui pourraient concrètement exister dans notre monde.

NOTE 3 : Il faut savoir que la filmographie de James Bond a un rapport compliqué avec l’humour, le second degré et les blagues en général. Dans ses aventures cinématographiques, le ton se relâche en effet presque toujours sous forme de répliques lancées par Bond lui-même et les autres personnages, ou alors par le montage et le bruitage, donnant ainsi le ton de chaque film pour le meilleur et surtout pour le pire. D’un humour peu présent sous Sean Connery, il devient ainsi potache sous Roger Moore, voire lourd ou de comédie (le cri de Tarzan quand il saute de liane en liane dans Octopussy et le bruit cartoonesque quand il saute un pont en voiture dans L’homme au pistolet d’Or), et malgré un passage plus sérieux avec Timothy Dalton, il redeviendra très lourd sous l’ère Pierce Brosman (avec des tirades parfois très mauvaises et beaufs comme dans Meurt Un Autre Jour : « …et dépêche-toi, si tu ne veux pas qu’on t’appelle Fidel Castrato ! »).

Actuellement, avec Daniel Craig, l’humour était redevenu subtil et intelligent pour les trois premiers films avant de resombrer lourdement pour Spectre et la très mauvaise écriture de ses dialogues.

Ici, l'humour est rafraichissant, drôle. On n'en fait pas des caisses, on rit juste des personnages ou avec eux.

NOTE 4 : Les gadgets sont peu présents dans les romans originaux, mais deviennent une part de plus en plus importante des films au fil du temps, avec pour summum la voiture invisible dans Meurt Un Autre Jour. Oui, oui, vous avez bien lu. On passe dans les années 60 de James bond qui colle son cheveu avec sa salive sur la porte de sa chambre pour détecter si quelqu’un est entré dans la pièce (si le cheveu n’est plus là à son retour) à une voiture invisible équipée de lance-missiles en 2002.

Ici, il n’y a pas de gadgets particuliers qui sortent du lot, rien d’over the top. Les gadgets de Bonds reviennent à leur place initiale, en renfort d’appoint si besoin pour ses missions.

Guide de lecture réalisé par Phileox.

 

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