[Review VF] Une touche de couleur

[Review VF] Une touche de couleur

La review du jour est un titre proposé par Delcourt. Il s'agit d'Une touche de couleur (ou Une touche de couleur, comment j'ai perdu ma mère, trouvé mon père, et fait face aux addictions de mes parents), écrit et dessiné par Jarrett J. Krosoczka. Il est sorti le 12 février pour 24.95 euros.

A l'école maternelle, l'enseignante de Jarrett Krosoczka demande à sa classe de dessiner sa famille avec une maman et un papa. Mais pour le petit garçon, ce n'est pas si simple que ça. Sa mère, toxicomane, navigue entre centres de désintoxication et prison, ne s'occupant que très rarement de son fils. Son père, lui, est un mystère. Jarrett ne l'a jamais vu, ne sait pas où il se trouve, ni même comment il s'appelle.

Jarrett a été élevé par ses grands-parents, Shriely et Joe : deux personnalités qui prennent beaucoup de place, parfois trop, mais qui vont véritablement l'aimer et le protéger.

C'est grâce à l'art, à sa passion pour le dessin et à la bande dessinée que le jeune homme réussit à passer son enfance et son adolescence dans une maison pleine de secrets et de non-dits. Jusqu'au jour où il apprend la vérité sur sa famille. Jarrett va alors tenter de trouver sa propre identité.

C'est dur de rester humble quand on est aussi beau.

C'est un fait. Avec un tel synopsis, on a l'impression que l'auteur en fait des caisses et que l'on peut déjà sortir les violons. Rassurez-vous, rien ne serait plus faux. En fait, cela fait sans doute un sacré bout de temps que nous n'avons pas eu droit à un livre aussi sincère. Vous l'aurez compris, il s'agit ici d'un livre "tranche de vie" (on peut même dire que l'on est dans l'autobiographique puisque l'auteur nous livre ici sa jeunesse). Et le point fort réside dans le fait que chaque page transpire la douceur et la sincérité. Vous prendrez de plein fouet la naïveté de l'enfant et la froideur de l'adolescent. Tout ceci est possible grâce à plusieurs points. Tout d'abord, bien évidemment, le narrateur est l'auteur du livre. Il utilise donc constamment le "je", ce qui créé un lien évident avec le lecteur. Ensuite, les anecdotes sont extrêmement parlantes. Lorsque Jarrett parle de ses grands-parents, il parle de la guerre, de la séparation, des mariages de l'époque, de l'argent... Le genre d'anecdote qui refait de temps en temps surface lors des repas de famille. Tout cela pour dire qu'il est possible que vous ayez déjà entendu ce genre d'anecdotes de la bouche de votre tante ou de votre grand-père. Voici un exemple tout bête : "Elle voulait appeler le bébé Holly, car elle avait toujours adoré ce prénom. Mais la voisine d'en face avait un chat nommé ainsi. Alors ils ont décidé de l'appeler Lynn". Qui n'a jamais entendu une histoire de ce genre ?

L'autre point fort majeur est le fait que l'auteur décrit les personnes qui l'entourent comme elles le sont / comme elles l'étaient. Il ne semble y avoir ni édulcoration, ni diabolisation. Il faut prendre les personnages comme ils viennent avec leur complexité, leurs nombreuses qualités et leurs nombreux défauts; Vous pouvez très bien adorer un personnage et le détester la page d'après. En somme... comme dans la réalité donc. Ce n'est pas tant le personnage que vous aimez mais plus une facette de ce dernier. Or, il est peu probable que vous appréciez toutes les facettes d'un personnage (ou d'une personne). Cette approche rend certaines scènes d'autant plus fortes comme la scène de la peluche pour ne citer qu'elle. Ajoutez à cela des dialogues forts, des mots qui ne sont âs mâchés ("ça vous tuerait de vous marier avant de commencer à pondre ?") et vous vous retrouvez avec une bande dessinée qui sort réellement du lot.

Tu sais pourquoi je t'apprends à conduire dans un cimetière ? Parce que tout le monde est déjà mort.

Par contre, pour ce qui est de la partie graphique, c'est déjà un petit peu plus litigieux. En fait, le travail présenté est bon. De plus, il colle plutôt à l'oeuvre en général et aux thèmes abordés mais cela n'enlève rien au fait que la technique utilisée reste peu conventionnelle. Et comme d'habitude, lorsque ce n'est pas conventionnel, il y a des chances que cela dérange. En fait, l'auteur réalise toutes les pages à la peinture à l'huile (ndlr : j'espère ne pas me tromper...). Il y a donc un effet brouillon/flou. Voyez plutôt :

Et autant le dire tout de suite, tout le livre est ainsi. Si vous n'aimez que les cases avec le classique crayonné/encrage/colorisation, ce n'est peut-être pas un livre pour vous. Pour tous les autres... foncez ! D'autant plus que la partie graphique possède bien moins de limites que l'on pourrait le croire. Il n'y a qu'à voir les scènes de cauchemars du personnage principal qui permettent à l'auteur d'avoir une approche différente et qui sont très efficaces. A noter que c'est le scénariste qui fait le dessin. Or, on vous a expliqué combien la sincérité était omniprésente dans ce livre. Il est donc tout bonnement impossible de remplacer les dessins sous peine de perdre de cette sincérité, justement.

En bonus, vous trouverez les notes de l'auteur, les note techniques ainsi que les notes de la traductrice. A titre personnel, je pense que tous ces éléments font partie intégrante de l'oeuvre. C'est notamment dans cette partie que l'on découvre pourquoi "une touche de couleur" ou encore pourquoi cette cover.

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

- Une sincérité qui en donne la chair de poule
- Les dialogues
- Les personnages
- La partie graphique
- Tout le reste

LES POINTS FAIBLES

- Il vaut mieux feuilleter l'ouvrage avant de l'acheter afin d'être sûr de ne pas avoir de problème avec la partie graphique

 

5

A dévorer !

Conclusion

Comme quoi, en de très rares occasions, on peut encore se prendre une grosse claque dans la gueule. Même après vingt ans de BD.

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  • mmat1986
    mmat1986

    il y a 4 ans

    Bah en fait le coté graphique est plutôt extrêmement logique... l'auteur couche sur papiers ses souvenirs et on sait tous qu'avec le temps les souvenirs s'estompent, deviennent flous par endroit. donc c'est plutôt sensé