[Review] JOKER

[Review] JOKER

Nous y voilà enfin : l’enfant terrible, le petit dernier des adaptations comics de cette décennie (du moins au cinéma), Joker, montre enfin le bout de son nez rouge. Difficile d’être passé à côté du phénomène ces dernières semaines : remarqué lors de la Mostra de Venise où il a remporté le Lion d’or et une standing ovation de huit minutes, le projet a très récemment fait naitre plusieurs polémiques et ce n’est pas son réalisateur qui a inversé la tendance, Todd Phillips n’ayant pas sa langue dans sa poche. Ainsi, le film se présente déjà comme son personnage principal : haut en couleur et fascinant. Est-il pour autant la perle de l’année que tout le monde prédit ? 

Les années 80. Confronté à une terrible crise économique et sociale, la ville de Gotham City entre tragiquement dans une ère sombre, celle qui fera d’elle “La capitale du crime”. Arthur Fleck, un apprenti comédien de stand-up va être le témoin, la victime et l’acteur de cette évolution qui va voir naitre l’incarnation du chaos : le Joker .

C’est surement une évidence, mais il est bon de le souligner : Joker n’a rien d’une adaptation de comics classique. Loin des blockbusters que l’on nous sert depuis 20 ans, le film s’apprécie comme l’oeuvre d’un réalisateur ayant une vision et un message, comme un Logan ou la trilogie Nolan. Sans blâmer Endgame, Joker joue dans une catégorie très différente et il en est le contrepied parfait, incarnant une proposition différente qui débarque au bon moment, pour Warner comme pour les spectateurs. Un vrai souffle comme le fut The Dark Knight 10 ans plus tôt, lui aussi cloturant une décennie d’ailleurs (et nulle doute que comme son ainé, Joker influencera les futures adaptations de comics). Mais cette patte indé est à la fois une force et une faiblesse : s’il est bon d’avoir un auteur à la barre qui n’a pas à se brider pour développer un univers pré-établi, on pourra se poser la question suivante : le film n’aurait-il pas été plus efficace libéré de la mythologie Batman ? Car si le film n’abuse pas d’easter egg, les quelques éléments tirés des comics font un peu tache si bien qu’on peut se demander si c’était réadapter le Joker était l’intention d’origine de Todd Phillips ou si la Warner n’en a pas profité pour lui demander de repenser son remake de Taxi Driver et La Valse des Pantins - dont il s’inspire énormément, Joker étant un hommage non caché au cinéma de Scorsese. Le film aurait surement eu moins de visibilité mais aurait certainement été aussi bon voir meilleur… 

Car oui, Joker est un très bon long-métrage. Si je suis partisan de l’idée que le Prince du Crime doit rester une énigme, une force de la nature sans origine, le film prouve que l’on peut explorer le passé du personnage intelligemment. Et le fait que le film soit un one-shot hors continuité ne cherchant pas à bousculer l’univers Batman aide à accepter certaines  liberté du scénario (si le spectateur continue à chercher une cohérence avec l’univers des comics). Todd Phillips et Joaquin Phoenix délivrent un nouveau Joker , revenant aux sources du personnages, le réinventant sans le trahir. Un clown triste qu’aurait pu affronter le Batman de Bale tant son traitement colle à l’adaptation de Nolan et pourrait être l’origin story du clown de Ledger, dix ans plus tard. Il reste cependant très différent (mais tout aussi bon), notamment par ses multiples facettes qui collent au caractère imprévisible du vilain, écrit différemment à chaque auteur. Ici, Arthur Fleck est d’une scène à l’autre humain, attachant, drôle, terrifiant, pitoyable et fascinant. On le redécouvre constamment et sa descente en enfer est entrainante : on est happé par la manière dont cet homme bon mais fragile va être brisé par la maladie et la société, tombé au plus bas pour mieux se relever… et danser. Et dieu qu’il est bon de voir la performance (et le déhanché) de Joaquin Phoenix, qui vole le film à son réalisateur à chaque scène. Et bientot l’Oscar à Brad Pitt ?

De par ses plans travaillés, un scénario percutant et un casting efficace, Joker a tout pour être une des grosses claques cinématographiques de l’année. Il est trop tôt pour parler de film culte, à mon sens dans le même genre, The Dark Knight lui reste supérieur ; mais il est déjà un bon sujet de conversation, tant le film est généreux en interprétation et en message et qu'il risque de questionner certains spectateurs, dont les plus fragiles. Attention à ne pas tomber dans les pièges de son sujet révolutionnaire (rappel : Arthur Fleck n’est pas un modèle) et révolutionnaire, Joker ne l'est pas : ses thématiques ont déjà été traités dans bien des films et il y en aura encore dans les années à venir, merci bien. Mais au vu de l’actualité des derniers mois, le film tombe au bon moment. Le gros reproche que je pourrais lui faire, mais il est minime, c’est d’être un semi remake qui ne se démarquera pas vraiment de ses modèles et que certains effets de style, comme la recherche d’une esthétique des films à l’ancienne, font plaisir mais paraissent un peu artificiels.

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

- Incroyable Joaquin Phoenix
- Une belle réinvention du Joker
- Une vraie prise de risque
- Des plans déjà cultes

LES POINTS FAIBLES

- Quelques maladresses...
- Hommage ou remake de Scorsese ?

 

4.5

A ne pas rater !

Conclusion

Si le projet pouvait faire peur, le Joker a eu un traitement digne de son personnage et marquera autant les fans de comics que les cinéphiles. Il sera intéressant de voir si le film aura un impact sur l'industrie dans les années à venir ou si Warner a accidentellement produit un film réellement intéressant.

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The World is a stage

  • Adam
    Adam

    il y a 5 ans

    "Et bientot l’Oscar à Brad Pitt ? "
    -> gné ? J'ai mis 2 minutes à comprendre que c'est la suite de la phrase precedente si Bradd pitt est bien en lice cette année

    Sans surprise . encore un gars de conquis.

  • mmat1986
    mmat1986

    il y a 5 ans

    Si Brad Pitt Choppe l'Oscar cette année je me demande si ce sera pour Once upon a time in Hollywood ou Ad Astra ? fin pour celui de Tarantino, je trouve que les acteurs se parodient beaucoup en fait,ce qui est récurrent chez Tarantino, enfin je veux dire même si j'aime Tarantino mais j'ai souvent l'impression que ses acteurs jouent des américains, jouant des Français qui tentent de jouer des américains

    P.S: "Arthur Fleck n'est pas un model" c'est bien de le signaler pour les détraqués qui passeraient dans le coin car oui c'est un point qui peut choquer dans le film, je ne pense pas que le but est d'élever le Joker en model de révolution social mais plus de l'iconiser en "prince du chaos" mais oui, la scène où il se dresse sur le capot de la voiture de police renvoi vraiment au tableau d'Eugène Delacroix "la liberté guidant le peuple" et justement ce tacle pour dire "c'est le chaos qui anime/gangrène nos sociétés" peut ne pas être compris par pas mal de gens, assez pauvres en neuronnes car de ce type de scène(et tout un pan très politisé du film) on pourrait se dire que le film part dans une propagande genre "Joker roi des gillets jaunes" alors que c'est loin d'être ça

    • Krislenoob
      Krislenoob

      En réponse à mmat1986

      il y a 5 ans

      Je ne partage pas ton avis sur la comparaison "joker sur le capot" / liberté guidant le peuple. Je ne sais pas comment va se developper le personnage du film par la suite mais à l'instant de cette scène...
      ATTENTION MERCI DE NE PAS LIRE PLUS ET D'ALLER VOIR CE MAGNIFIQUE FILM
      ... il est encore dans une mue et n'est pas à proprement parler le Joker. Il est juste heureux d'avoir trouvé son "public" et d'être la star qu'il a toujours voulu être. Avec son terrifiant et infantin besoin viscéral d'être aimé. On ne peut aller dans son sens, forcé de condamner la méthode expéditive et violente, mais on comprend son inévitable descente vers la folie qu'est le Joker

      • mmat1986
        mmat1986

        En réponse à Krislenoob

        il y a 5 ans

        Je serais d'accord avec toi si le peuple en colère n'applaudisait pas le meurtre des 3 employés de Wayne, et si l'un des protestant ne commettait pas un autre acte récurrent avec le masque du clown, ce n'est pas tellement le personnage qui peut passer pour "symbolique " mais plutôt l'image et le fait de liquider la puissance oppressante au dessus du peuple représenté par les "miséreux, les handicapés, les dingues"  "Joker" passerait pour le coup moins pour le nom du personnage ultime nemesis de Batman mais pour l'individus X créant le chaos et pouvant renversé l'ordre établis du coup comme le "nous sommes tous des clows" n'importe qui peut être "un Joker"

        Krislenoob
        Krislenoob

        En réponse à mmat1986

        il y a 5 ans

        Ben pour moi le joker c'est un enfant capricieux et égoïste. Il ne souhaite pas être la porte drapeau d'un mouvement qui le dépasse mais ça le fait jouir d'avoir initié le mouvement des clowns... mais pas pour la portée revendicatrice mais bien pour son ego qui s'en retrouve flatté.
        Le succès qu'il n'aura jamais comme humoriste il saura l'embrasser avec délectation comme psychopathe tueur et blagueur... qui à être l'icône d'une révolution qui le dépasse.

        mmat1986
        mmat1986

        En réponse à Krislenoob

        il y a 5 ans

        Oui je comprend nos deux visions différentes, tu parles de l'individus toi, moi je parlais plus globalement du film et des symboles/critiques dispersé par l'image....enfin c'est à ça qu'on reconnait un bon film il donne libre court à l'interprétation de chacun et autant en profiter car à mon avis ça n'arrivera plus avant un long moment

  • Jeff
    Jeff Staff MDCU

    il y a 5 ans

    Hâte d'aller le voir !