Glénat accueille dans son catalogue une nouvelle série : Shutter. Publié aux Etats-Unis chez Image, elle est écrite par Joe Keatinge et dessinée par Leila Del Duca, des artistes encore peu connus dans le monde du comics. Intéressons-nous au premier tome sorti il y a peu.
Le personnage au centre de l’aventure se nomme Kate. Elle fait partie d’une famille d’explorateur dont il ne reste qu’elle et son père qui lui explique ça sur la lune lorsqu’elle a 7 ans. Vingt ans plus tard, alors qu’elle a parcouru le monde et écrit beaucoup de bouquins, on la retrouve à la "retraite". Elle va se recueillir sur la tombe de son père, et se faire attaquer. Alors qu’elle pensait en avoir fini avec sa vie d’aventurière, voilà le passé qui la rattrape. Le scénario de Keatinge n’est pas d’une originalité folle, mais fournit une bonne base pour le reste. Parce que c’est au niveau du "reste" que les choses sont très intéressantes.
En effet, l’univers de Shutter est assez dingue. Il est un patchwork de créatures et de bizarreries empruntées à la mémoire collective du fantastique. Les auteurs ont pris une base réelle : nous sommes à New-York. On retrouve les buildings, les gens qui vont travailler ou faire les boutiques. Sauf que ces gens ont des têtes d’animaux ou sont des robots, et que les flics patrouillent en soucoupes volantes.
Le récit est entrecoupé de flashbacks de Kate avec son père, en pleine exploration, ce qui permet de voir d’autres choses. L’album a donc beaucoup d’imagination que la dessinatrice, Leila Del Duca, met très bien en forme. Son trait est nerveux, très stylisé, et vraiment agréable à la lecture.
A partir du moment où Kate découvre qu’elle est une cible, le rythme de l’histoire va s’emballer, avec beaucoup d’action. C’est une fuite en avant, tout va très vite, ce qui bien soutenu par le dessin. Ça va d’ailleurs peut-être un peu trop vite, au détriment du travail sur les personnages. Kate va découvrir que sa famille s’étend un peu plus de ce qu’elle pensait, avec notamment l’existence de frères et sœurs. Keatinge rajoute donc dans son récit des éléments de mystères qui lui permettent de titiller notre curiosité.
Malheureusement, on a un peu parfois l’impression de nous mettre des scènes d’action pour remplir les pages, ce qui ralentit l’intrigue principale qui, du coup, n’avance pas très vite. On assiste aussi à quelques scènes dont on ne comprend pas bien où le scénariste veut en venir. Espérons que ce soit développé dans les prochains tomes.
Au final, le gros atout de l’album est son ambiance. L’univers est atypique, et même s’il pourrait être travaillé plus en profondeur, il reste très dépaysant. Le ton de l’histoire est assez décalé, voire humoristique. Tout est assez joyeux et haut en couleurs. Attention cependant, l’album est tout de même très violent avec quelques démembrements et morts impressionnantes.
Shutter est un comics dans ce que fait beaucoup Image en ce moment. Un récit fun, dynamique, mais un peu superficiel, un peu dans la lignée de Black Science, Saga ou Rat Queens. Cependant, ce tome 1 pose de bonnes bases pour la suite, et la série pourrait arriver à se démarquer de ses grandes sœurs.
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