2022 : 30e Anniversaire de l'éditeur Image Comics, et de l'un de ses personnages emblématiques créé par Todd McFarlane : SPAWN. Cette édition exclusivement en VF est l'occasion de célébrer dignement cet anti-super-héros.
Al Simmons est un militaire, tué par ses supérieurs et revenu sur Terre après avoir passé un marché avec un démon, mais il a été transformé en suppôt des Enfers ! Cet ouvrage édité uniquement en VF comprend les 15 premiers épisodes de la série, et de nombreux inédits en VF !

Pas d'avis pour le moment.

Spawn, comme Image Comics, fête son trentième anniversaire cette année. Delcourt ne pouvait pas passer à côté de l’évènement, et pour célébrer ces trois décennies, l’éditeur a sorti un album spécial sur le personnage.

L’album contient les quinze premiers chapitres de la série, ainsi que de nombreuses pages de bonus à la fin. Todd McFarlane a créé Spawn bien avant le lancement d’Image Comics, mais sa forme définitive est arrivée avec sa série. Relire le premier numéro aujourd’hui nous fait comprendre le succès de la série. L’histoire est forte dès le début. Pour ceux qui ne la connaissent toujours pas, elle commence avec un Spawn à moitié amnésique à New York. Quelques bribes de son passé lui apparaissent, lui permettant de resituer le personnage. Il est Al Simmons, un agent spécial qui a été tué et qui est revenu à la vie.

Éperdument amoureux d’une femme nommée Wanda, il accepte de passer un pacte avec le diable pour revenir sur Terre. Il se fait duper puisqu’il revient cinq ans plus tard, le visage cramé donc impossible à reconnaitre, et entre temps, Wanda a eu un enfant avec son meilleur ami et a une vie de famille heureuse. Spawn se retrouve seul, trahi de tous, en colère, ce que recherche l’enfer. Malgré ces thèmes très sombres, le début de la série propose parfois un ton léger, et des situations assez marrantes au final.

Spawn est un célèbre exemple d’anti-héros. Il se retrouve malgré lui avec des pouvoirs et la possibilité de changer les choses, pourtant il reste à se morfondre, et lorsqu’il agit, c’est souvent sous le coup de la colère. Il n’hésite pas à punir et à tuer ses adversaires. Il n’accepte pas qui il est. Le personnage est vraiment très intéressant. Il est aussi amusant de revoir ses débuts, et les relations qu’a la série avec les autres productions Image, à une époque où on imaginait qu’un univers partagé allait exister. Nous croisons donc des Youngblood dont un des membres aura une grande importance, un peu rognée par la suite, ainsi que Savage Dragon.

Todd McFarlane tient la barre de toute la série : il scénarise et dessine. Il ne s’occupe juste pas de la couleur. D’ailleurs, niveau dessin, c’est bluffant. C’était la grande force d’Image, et si certaines séries ont un peu vieillies, Spawn tient encore bien la baraque. La construction des planches dynamiques, les jeux sur les ombres et les contre-jours, le style du trait, tout est vraiment bien travaillé, et encore pertinent aujourd’hui. Pour résumer, les dessins de McFarlane sont sur cette série le meilleur travail qu’il a jamais produit.

Pour le scénario, McFarlane ne traîne pas. Il est évident que le travail sur son personnage a été fait en amont, et beaucoup de choses sont introduites dès le début. Les histoires s’enchaînent et des éléments très marquants arrivent dans ces quinze chapitres : le Violator apparaît dès le deuxième chapitre, le pacte avec Malebolgia est expliqué dans le troisième et quatrième, Billy Kincaid arrive dans le cinquième, Overt-kill dans le sixième, etc. Pourtant malgré ce très bon début, l’auteur décide de laisser d’autres scénaristes proposer des histoires. Pendant quatre chapitres, quatre auteurs populaires vont prendre le contrôle de sa création.

Le chapitre 8 est écrit par Alan Moore et nous raconte l’arrivée de Billy Kincaid en enfer. Le scénario du 11 est de Frank Miller qui nous montre une guerre des gangs avec Spawn et ses amis SDF pris entre deux feux. Ces deux histoires sont très bien, et se trouvent d’ailleurs déjà dans la série Spawn publiée par Delcourt. En revanche, les chapitres 9 et 10 ont plus d’intérêt. Le 9 est écrit par Dave Sim, le créateur de Cerebus. Il nous offre une histoire onirique, faisant des clins d’œil aux univers DC et Marvel, et croisant le monde de Cerebus. Absent de la série Spawn de Delcourt pour des raisons de droits, l’éditeur avait fini par publier ce numéro dans l’album Violator. Il retrouve là toute sa place dans la continuité de la série.

Enfin, il y a le chapitre 10, écrit par Neil Gaiman et sujet de tous les conflits entre les deux auteurs. Ce numéro est très important, car il introduit des personnages que McFarlane réutilisera beaucoup par la suite : le Spawn médiéval, Angela et le Comte Cogliostro. Les procès qui ont suivi ce numéro se concentraient sur la propriété des personnages, et ont bloqué la réédition de ce chapitre qui n’a, de mémoire, jamais été publié par Delcourt. Pourtant, il est important, puisqu’il introduit des personnages faisant partie de la mythologie de Spawn, c’est donc une excellente nouvelle de voir ce chapitre dans cet album.

Du coup, lire ou relire le début de Spawn avec cet album a tout son intérêt. Ceux qui ont découvert Spawn avec La Saga infernale ou Renaissance, ont l’occasion parfaite pour découvrir les excellents débuts du personnage. Une question se pose sur le choix de Delcourt de proposer quinze chapitres, ni plus ni moins. En fait, il semble que l’éditeur ait voulu se focaliser sur le premier run de McFarlane au dessin. En effet, Greg Capullo dessine les chapitre 16 à 20. L’album permet de conclure sur une fin ouverte, ce qui est normal pour une saga qui, de toute manière, n’est toujours pas terminée aujourd’hui.

Si je dois émettre une réserve, je trouve dommage que l’album n’ait pas contenu plutôt treize numéros. Les deux derniers chapitres ne sont pas très importants, avec une histoire du Spawn médiéval raconté par Violator, et les suites de la mini-série Violator. C’est surtout dommage pour ceux qui voudront continuer l’aventure. En effet, pour lire la suite, il faudra acheter le tome 2 de la série Spawn. Or celui-ci débute par le chapitre 14, ce qui fera deux chapitres en doublon.

Cependant, ce contenu permet d’offrir un épais et magnifique ouvrage, avec une tranche arrondie du plus bel effet. Le format de l’album est plus grand que les autres tomes de Spawn, permettant d’encore plus profiter du dessin. Petit détail, la couverture, sur certains sites internet, présente un bandeau en bas, indiquant “Edition spéciale 30è anniversaire” : ce n’est qu’un bandeau en papier. La couverture est épurée au maximum, laissant voir tout le dessin de McFarlane, rendant hommage à celui de Joe Quesada pour Ultimate Spider-Man.

 

 

L’ouvrage est donc superbe, mais il y a aussi à l’intérieur quelques petites friandises en plus. D’abord, une préface inédite de McFarlane, mais relativement succincte. Beaucoup plus intéressant, l’album contient le director’s cut du premier chapitre. Il s’agit d’une copie des planches originales, donc sans couleur, avec des commentaires de McFarlane expliquant page par page ses choix de création. Indispensable pour les amateurs de l’auteur et du personnage. Ensuite, plus classique, nous avons une galerie de couvertures avec des dessins promotionnels, et donc premières apparitions publiques de Spawn. Enfin, petites pépites pour les fans, l’album se termine sur des croquis du personnage réalisés par Spawn lorsqu’il était adolescent. Vertigineux !

Cet album est donc globalement une réussite qui plaira tout autant au nouvel arrivant qu’au fan chevronné. Il faut souligner qu’il n’est pas le résultat d’une seule traduction : l’album est une création totale de Delcourt, et est exclusif à la France. Cette initiative aurait même donné des idées à McFarlane pour en faire une version américaine. La France a donc une relation particulière avec Spawn, et c’est tant mieux !

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

- Les débuts de Spawn
- Enfin le chapitre de Gaiman !
- Les dessins encore pertinents aujourd'hui
- Les bonus
- La qualité de l'album

LES POINTS FAIBLES

- Le choix des 15 premiers chapitres discutable

 

4.5

Top !

Conclusion

Cet album est l’édition ultime des débuts de Spawn, qui restent encore pertinents aujourd’hui, que ce soit graphiquement ou scénaristiquement. Les riches bonus permettent de fêter dignement les 30 ans de ce personnage si particulier, dont les aventures continuent aujourd’hui. Un bel ouvrage à posséder dans sa collection !