Top 10 Superman : 7 - Secret Origin

Top 10 Superman : 7 -  Secret Origin

Six mois après son excellente origin story sur Green Lantern , celui que l'on pourrait appeler Architecte DC : Geoff Johns récidive sur l'univers Superman qu'il construit depuis son relaunch sur la série Action Comics. Mais à la différence d'un Green Lantern , c'est à une véritable icône qu'il s'attaque désormais, icône qui au fil des années aura eu de multiples origines variant en général sur une même base biblique : un jeune enfant kryptonien est sauvé de la destruction de sa planète par ses parents en étant envoyé sur la Terre. Sans varier fondamentalement sur cette constante, les scénaristes ont pu coudre la naissance du super-héros de diverses manières, avec divers sensibilités et surtout suivant les contextes dans lesquels s'inscrivaient ces différentes histoires. En l'occurrence, ce contexte n'est guère joyeux pour l'Homme D'acier; les ventes stagnent, le titre Superman était au mois d'octobre (un mois avant la sortie de cette mini-série) à la 55ème position et son pendant Action Comics à la 58ème, les divers événements sur le titre ou les différentes équipes n'y font rien et le seul media qui semble avoir un semblant de succès pour le héros est la série tv Smallville qui en était à sa neuvième saison. Une claire influence sur le titre, mais au final pas tant que ça puisque comme vous le voyez, il est à la septième position de notre classement.





Derrière des apparences modestes ou extrêmement plates communes en général à des origin stories qui ne cherchent pas à prendre de risques ou à mécontenter les fans, l'oeuvre de Johns est bien plus que cela. C'est une déconstruction du personnage de Superman , un réductionnisme de génie qui reprend point par point, numéro après numéro ce qui fait ce personnage et qui avec une certaine pédagogique et une maestria rarement vue explique ce qui fait ce héros. La famille en premier lieu, vous n'êtes pas sans savoir que Kal El est un Kryptonien, tout juste débarqué sur Terre il est adopté par deux modestes paysans américains. Ce qui pourrait sembler être une simple origine se révèle être bien plus que cela et dépasse le comic book : nous avons là une double assimilation. La première est celle de l'étranger, un étranger en l'occurrence totalement vulnérable qui est intégré dans ce pays et plus généralement sur cette planète par des valeurs universelles : l'amour, la bonté, la solidarité. C'est par des valeurs humanistes que ce jeune étranger sera adopté comme humain. Et le mot adopté n'est pas choisi par hasard puisque la seconde assimilation est plus centrale, c'est l'assimilation à une famille. Un jeune homme qui n'est pas du même sang et qui pourtant sera intégré et aimé comme un vrai fils. Cette idée prend d'ailleurs tout son sens et de manière extraordinairement tendre dans la scène de "rencontre" entre les mères biologique et d'adoption du jeune Clark/Kal. Sans une ligne de texte, juste sur l'expression de Ma Kent, on comprend ce que tout cela veut dire.





L'humour est cependant bien présent, ce qui pourrait sembler être par le prisme de ma présentation une sorte de thèse est enrobée d'un humour très présent. Fin et délicat, il parsème toute l'histoire est est là pour rappeler le positivisme que représente ce surhomme. Loin d'être un Dieu qui nous épie de loin en accomplissant ses desiderata, cet humour qu'il pouvait ne pas partager au début mais qu'il apprend petit à petit est une relation prosaïque vis à vis des autres personnes. Même dans les moments les plus durs. Les diverses étapes qu'aura à passer Clark sont d'ailleurs divers moments qui le construiront, lorsqu'il se rend compte que ses pouvoirs sont là nous sommes évidemment dans la manifestation de ses différences (manifestation connue de tous les enfants adoptés d'ailleurs) et de la gestion de celle-ci dans un monde qui se révèle soudainement étranger, culturellement aussi il existe ce déphasage lors de son arrivée en ville. Clark découvre qu'au delà de sa nature, c'est aussi sa culture qui le pose comme différent, la ville est différente de la campagne. Ses habitants aussi et Clark doit gérer cette situation à laquelle il ne s'attendait guère.





Johns comprend que tout cela ne suffit pas à construire le personnage, plongé dans son passé il connaît désormais ses origines et sa place dans le monde de par la découverte de ses extraordinaires pouvoirs. Il lui faut désormais un modèle, outre le costume kryptonien, outre de manière fondamentale disons, les traits empruntés à Christopher Reeves par le génial Gary Frank qui aura livré un travail remarquable sur cette mini-série, c'est désormais vers le futur qu'il faut se tourner. Johns fait pour cela le choix judicieux d'utiliser la Legion, cette équipe de super-héros débarquée du futur avait déjà été utilisée dans le titre Action Comics (dans le présent cette fois), et le scénariste montre la première rencontre entre ces jeunes héros et l'Homme d'acier, lui aussi jeune. Cela va au-delà de l'anecdotique puisque cette rencontre revêt beaucoup d'importance pour l'auteur, il faut insuffler à Superman un objectif, un idéal, une utopie vers lequels notre Kryptonien se tournera et c'est le futur de la Légion qui le sera. La suite est plus terre-à-terre, le héros sera confronté désormais à des obstacles desquels il devra s'extraire, ses ennemis seront eux aussi particulièrement importants et seront autant de reflets de l'identité du personnage. Le Parasite est ce vers quoi Superman aurait pu tomber s'il n'avait pas réussi à devenir humain, un être rejeté, monstrueux, différent qui aura été une victime d'un bout à l'autre et n'aura jamais véritablement cherché à faire du mal. Metallo c'est la kryptonite, le rappel des origines de Superman , un humain qui utilise sa plus grande faiblesse contre lui, faiblesse qu'il avait déjà rencontré dans sa jeunesse sans se rendre compte de la liaison étroite qu'il établissait avec son autre famille, son autre monde et son histoire personnelle. Luthor enfin, c'est l'Humanité qui rejette ce surhomme. Une Humanité amoindrie, affaiblie face à justement cet übermensch qui lui est meilleur en tout point, face à cette infériorité naturelle, c'est vers la technologie et l'intellect que l'Homme se tournera quitte à justement s'extraire de cette Humanité pour devenir mauvaise. Johns réussit à nous montrer que le plus important n'est pas ce que l'on est mais clairement ce que l'on choisit, ce que l'on désire, ce que l'on nous fait devenir.





Conclusion : L'oeuvre de Johns avec ce Superman Secret Origin va donc au-delà de l'anecdotique d'une histoire censée établir les origines d'un héros majeur. Nous avons ici une démonstration brillante de ce qu'est Superman dans une narration maîtrisée d'un bout à l'autre. Servie par des dessins exceptionnels de Gary Frank, l'oeuvre s'adresse à tout le monde et réussit parfaitement son pari, à savoir ne pas trahir le personnage tout en l'ouvrant aux autres. Un must have.



Points forts : Une illustration brillante - Le travail remarquable de Johns sur le personnage - La douceur de l'écriture



Points faibles : Un basculement dans le grand spectacle compréhensible



Note : 4,5/5


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  • DarkChap
    DarkChap

    il y a 11 ans

    C'est ma version favorite des origines mais j'aurais été moins dithyrambique. :D A la différence de Man of Steel ou de Birthright qui trouvaient des idées originales, là c'est un best of. Un très bon best of mais toutes les idées ici développées ont leurs origines ailleurs. La qualité du travail est dans le talent qu'a Johns de comprendre l'essence du personnage et de parvenir à compiler ces différentes versions en une histoire qui fonctionne.

  • Woody
    Woody

    il y a 11 ans

    Je vois déjà All Star Superman en première position :D