[Review VF] Batman Knightfall Tome 3

[Review VF] Batman Knightfall Tome 3
A l’occasion de la sortie de The Dark Knight Rises, le dernier opus de l’excellente trilogie de Christopher Nolan, Urban Comics a fait le très bon choix de publier la saga dont s’inspire le film : Batman : Knightfall. Le troisième tome, intitulé La Croisade, est sorti le mois dernier et mettait en avant l’intérim de Jean-Paul Valley , définitivement installé en tant que Batman , mais aussi la quête de Bruce Wayne , visant à retrouver le Dr Shondra Kinsolving.



Un troisième tome qui nous est donc proposé dans un beau pavé de 450 pages. L’ouvrage est très beau, très soigné (même si j’avoue avoir peur que la reliure ne cède un jour) et le choix de la couverture ne mérite lui aussi aucun reproche. Niveau travail éditorial, là aussi il n’y a rien à redire car comme d’habitude, Urban nous propose une frise chronologique, des résumés et fiches de présentation de personnages et d’auteurs, de quoi bien restituer la chose dans son contexte. Quant à la traduction, là aussi nous pouvons saluer le boulot d’Alex Nikolavitch.
Bref, vous l’aurez compris, Urban fait encore du très beau boulot et cela fait plaisir car au final, le bébé en impose et le rapport quantité/prix est bel et bien là (28 € pour 450 pages soit 18 chapitres, il y a peu à redire).



L’édition est donc belle mais l’histoire vaut-elle le coup ? Jusqu’à présent, Batman : Knightfall s’est révélée être plus que correcte grâce aux moments forts et rebondissements importants que l’histoire proposait. Ce troisième tome continue-il dans cette direction ? Nous allons le voir tout de suite.

Jean-Paul Valley est donc le véritable héros de ce tome ou plutôt l’anti-héros. En effet, l’ancien bras armé de l’Ordre de Saint Dumas incarne un Batman bien plus violent, plus sombre et plus dangereux. Avec cette histoire, DC Comics surfe sur les succès des anti-héros tels que Wolverine , le Punisher ou encore Spawn et offre un héros quelque peu dérangé, à la morale floue et qui n’hésite pas à adopter des méthodes similaires aux criminels qu’il combat. On sent là l’influence des années 90 (années qui ont vu surgir ce type de personnage très "borderline") dans le récit et ce nouveau Batman s’impose par son apparence, sa morale mais aussi ses méthodes très différentes de son prédécesseur.
Les auteurs donnent donc beaucoup d’importance à ce nouveau personnage, à ses buts, ses objectifs, sa morale et font tout leur possible pour le rendre différent de Batman . Malgré tout, il faut reconnaître que le lecteur n’arrive pas à s’attacher à Jean-Paul Valley.



D’abord, les auteurs jouent avec nos sentiments et savent que le lecteur attend impatiemment le retour de Bruce Wayne . De ce fait, ils font tout pour rendre le personnage détestable au possible et s’amusent à nous décrire un Jean-Paul Valley névrosé, psychotique, sombrant progressivement dans la folie et plus intéressé par sa petite personne, son ego surdimensionné que la protection des habitants de Gotham. Le but est réussi : au bout de 30 pages, on ne peut plus saquer le personnage et on a envie de lui mettre des claques tout en espérant vite retrouver ce bon vieux Bruce sous le masque. Ainsi, les auteurs préparent doucement le terrain pour le retour du véritable Chevalier Noir , retour qui sera sans nul doute l’apothéose finale de cette saga. Malgré tout, vu que l’on déteste le pauvre Jean-Paul et bien l’on ne s’attache pas vraiment à lui. Le lecteur n’arrive ainsi pas à ressentir de l’affection, de l’empathie pour le personnage et si on le déteste dans un premier temps, on va vite s’en lasser. Personnellement, il y a des personnages de comics que j’aime détester (c’est le cas de ces quelques grands méchants qui sont grandioses) mais dans le cas de Jean-Paul Valley , bah à part lui mettre des claques, il n’y a rien d’autre. Le personnage est juste insupportable et lire ses aventures devient au final une chose assez difficile et ennuyeuse et ce malgré l’effort que font les scénaristes pour le rendre crédible.



Ennuyeux est en effet le mot juste pour caractériser plusieurs histoires de ce tome et pour parler vulgairement, j’irais presque à dire que l’on se fait parfois chier. Les histoires ne sont pas mauvaises mais c’est plat, il ne se passe jamais grand-chose et le fil conducteur de l’histoire semble trop effacé au profit d’épisodes répétitifs qui voient Jean-Paul Valley affronter différents vilains que ce soit des nouveaux venus ou des ennemis de Batman (Freeze, Catwoman et le Joker ) et ceci tout en réitérant ses pulsions de meurtre. Ce tome manque donc véritablement de tonus et rien ne sort vraiment du lot. Il y a malgré tout quelques bons passages tels les scènes entre Valley et Catwoman ou encore certains passages avec le Joker .
On sent le réel travail sur les personnages et les scénaristes arrivent à bien les développer. Ainsi, le Joker reste égal à lui-même tandis que la relation entre ce nouveau Batman et Catwoman s’avère au final assez intéressante et permet de pimenter l’histoire. Malgré tout, ce tome manque cruellement d’un moment marquant. En effet, dans les deux précédents volumes, il se dégageait une tension dramatique du fait des combats contre Bane (que ce soit dans le premier avec Bruce Wayne ou le second avec Valley) ou de moments forts (la chute du premier Chevalier Noir et la consécration de son remplaçant) alors qu’ici, l’histoire ne nous prend jamais véritablement aux tripes et ne nous surprend pas. C’est très calme, c’est très classique et on a vraiment l’impression de lire un volume de transition.
Seule la relation entre Tim Drake et Jean Paul Valley est véritablement intéressante et tient en haleine le lecteur. Malgré tout, on pourra regretter le fait qu’Urban Comics n’inclut pas dans son édition les épisodes de la série Robin qui auraient pour le coup été très intéressants pour mieux suivre cette relation qui se détériore au fil de ce troisième volume. Certes, je sais que là je suis exigeant : il y a 18 chapitres et j’en réclame d’autres ! Bah peut-être aurait-il fallu faire un choix et favoriser les épisodes clés de la série Robin au profit de ceux des séries principales qui sont sans intérêt.



Outre la croisade de Jean-Paul Valley contre le crime, ce volume permet aussi de suivre celle de Bruce Wayne , alors à la recherche de son amour, le Dr Kinsolving, et de Jack Drake, le père de Tim. Les scénaristes ont la bonne idée de déplacer l’action à Londres et cela permet de faire intervenir Bruce dans un environnement qu’il connait assez mal et il doit donc travailler avec d’autres personnages tout en veillant à rétablir l’usage de ses jambes. Ces différents aspects sont traités correctement et les scénaristes passent habilement d’un thème à l’autre. On y voit un Bruce qui doute, qui ne sait plus où il en est dans ses sentiments, dans sa vie et qui réfléchit à son futur : le point est correctement traité et cela rend notre Chevalier Noir plus humain, plus réaliste et le personnage gagne en consistance.
Evidemment, l’intérêt de ces chapitres est de montrer le rétablissement progressif de ce bon vieux Bruce. Dans le volume 2, nous l’avions quitté paralysé alors qu’ici, il arrive à se déplacer debout avec des cannes et autres artifices. Bref, l’espoir qu’il remarche est de plus en plus présent et le souvenir de sa paralysie s’estompe. Bien-sûr, le thème de la guérison du personnage est bien traité et on le voit souffrir, avoir du mal et surtout, il est assisté et conseillé par Alfred qui est ici très bien utilisé. Les auteurs donnent au majordome ce rôle de confident, d’ami mais aussi de père spirituel qui lui va si bien et les quelques pages qui sont consacrées à sa relation avec Batman sont assez savoureuses. Malgré tout, on pourra penser que tout cela se déroule un peu trop rapidement ! Certes, nous sommes dans l’univers des comics mais il y a que moi que cela choque de voir Bruce remarcher aussi vite ? Certes, ce sont là des détails mineurs et un souci de réalisme que les pages mettant en avant les difficultés de Bruce à se déplacer pourront vite estomper mais quand-même, je trouve que le rétablissement de Wayne est assez miraculeux.



Malgré tout, le fait essentiel est là : Bruce va mieux et les auteurs préparent une nouvelle fois le terrain pour son retour. Dans la première partie du volume, tout a été fait pour que l’on déteste le personnage de Jean-Paul Valley et dans cette partie, le lecteur attend impatiemment le retour de son héros, un retour qui ne devrait plus tarder et quant à sa guérison, elle devrait être rapide surtout quand on voit que le Dr Kinsolving possède des pouvoirs de guérison. Un procédé un peu facile de ce côté-là car on devine facilement ce qu’il va se passer par la suite. Néanmoins l’explication est là et même si elle ne sera pas des plus crédibles ni des plus convaincantes, elle aura le mérite de vite nous ramener le Batman original.
Malgré tout, comme pour les chapitres sur Jean-Paul Valley , ceux sur Bruce s’avèrent un peu long et parfois mal maîtrisés. Il y a de bonnes choses, l’enquête et le mystère autour de Kinsolving est intéressant mais ça traîne tout de même en longueur et il y avait moyen de faire quelque-chose de plus court. Quant au méchant de cette histoire, il manque clairement de charisme et reste assez inintéressant.

Enfin du côté des dessins, nous avons là aussi plusieurs dessinateurs ayant un style bien ancré dans les années 90. La plupart restent très classique et ainsi Graham Nolan, Barry Kitson, Mike Manley et Jim Balent ont une touche très old-school. Les visages sont expressifs, c’est soigné et certaines pages sont vraiment belles. Personnellement, j’avoue avoir une petite préférence pour Jim Balent qui assure les numéros de la série Catwoman. Si son Batman reste classique, sa Catwoman est absolument superbe et reste un modèle d’inspiration pour de nombreux dessinateurs.
A côté de cela, il y a aussi Vince Giarrano dont le style s’inspire largement des comics Spawn de Todd MacFarclane. Le rendu est spécial, différent des autres mais va vraiment bien avec le ton que les auteurs veulent donner à la série et à Jean-Paul Valley.
Enfin, les chapitres consacrés à Bruce Wayne sont entrepris par Brett Blevins et c’est le dessinateur que j’ai le moins apprécié. C’est trop épuré, trop grossier et j’aurais aimé voir quelque-chose de plus soigné. Malgré tout, ce n’est pas mauvais et ça reste correct.
Bref, pour conclure sur ce point, nous avons là des dessinateurs qui ont été oubliés depuis (personnellement, je n’en connaissais aucun) et ils ne font pas parti parmi les plus populaire du milieu (hormis Balent). Malgré tout, ce ne sont pas des manchots pour autant et ça reste lisible et très correct.



En conclusion, ce troisième volume est avant tout un tome de transition et ne possède pas véritablement de moments forts contrairement à ses prédécesseurs. La lecture reste tout de même agréable et il y a de bonnes choses mais on regrettera le côté années 90 qui se fait trop ressentir (et qui a du coup pris un petit coup de vieux) et les diverses longueurs au sein des différents chapitres. Malgré tout, l’édition d’Urban, les dessins de Jim Balent et l’amorce de la guérison du vrai Batman donnent un certain intérêt à cette histoire d’autant qu’il n’y a plus que deux tomes avant d’arriver à la conclusion. En tout cas, le lecteur n’attend qu’une chose : le retour de Bruce Wayne !

[conclusion=3][/conclusion]
[onaime]- La prestigieuse édition d’Urban Comics.
- Un effort dans le travail des personnages.
- Les dessins (notamment Jim Balent) qui sont très soignés.
- Bruce Wayne revient bientôt.[/onaime][onaimepas]- Un type d’histoire qui a vieillit.
- Un peu long et ennuyeux à certains moments.
- Un héros auquel on ne s’attache pas.
- Un manque d’évènements forts.[/onaimepas]
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C'est parti pour la sixième vague !

  • Antistrophe
    Antistrophe

    il y a 11 ans

    Pour ma part, pas de point faible, sauf peut-être l'épisode de "Catwoman". Pour moi qui ai découvert les comics assez tard, je dois dire que celui-ci est étonnant ; ce Batman est bien le reflet de son époque (c'est-à-dire les années 90, où le genre des comics s'est renouvelé) et si on ne devait lire que les comics actuels ce serait bien dommage. Les dessins de Vince Giarrano sont superbes et ce troisième tome m'a donné envie de lire la série "Sword of Azrael". Une heureuse découverte !

  • DarkChap
    DarkChap

    il y a 11 ans

    DC Comics ne publiait pas cet arc dans ses éditions précédentes et par conséquent je n'ai jamais lu cette partie de la saga Knightfall (par contre j'ai la suite, KnightsEnd, Prodigal et Troika) et vu les résumés et les reviews que j'en avais lu par le passé, et celle-ci n'y fait pas exception, je pense que je ne m'y mettrai probablement jamais.

  • DarkChap
    DarkChap

    il y a 11 ans

    Quant au fond, comme l'a très bien expliqué Chris Sims Batman-ologiste émérite dans cet article ( http://www.comicsalliance.com/2011/12/02/ask-chris-84-azrael-the-fans-and-you/ ), Azrael était pensé comme le Batman que les lecteurs disaient vouloir dans les années 90. Pendant tout cet arc, Dennis O'Neil, le père du Batman actuel, n'a fait que montrer aux fans combien leurs demandes d'un Batman 90's était risible et (un peu comme un troll) il l'a fait en écrivant le personnage de la sorte, justement pour que les fans veulent que Bruce les débarrasse une fois pour toute de ce faux Batman qu'en fait ils ne voulaient pas. Le truc, c'est que pour que la démonstration fonctionne, il a fallu écrire du très mauvais comic book pendant des mois entiers et à lire, c'est forcément désagréable.

  • Antistrophe
    Antistrophe

    il y a 11 ans

    DarkChap a écrit:
    Quant au fond, comme l'a très bien expliqué Chris Sims Batman-ologiste émérite dans cet article ( http://www.comicsalliance.com/2011/12/02/ask-chris-84-azrael-the-fans-and-you/ ), Azrael était pensé comme le Batman que les lecteurs disaient vouloir dans les années 90. Pendant tout cet arc, Dennis O'Neil, le père du Batman actuel, n'a fait que montrer aux fans combien leurs demandes d'un Batman 90's était risible et (un peu comme un troll) il l'a fait en écrivant le personnage de la sorte, justement pour que les fans veulent que Bruce les débarrasse une fois pour toute de ce faux Batman qu'en fait ils ne voulaient pas. Le truc, c'est que pour que la démonstration fonctionne, il a fallu écrire du très mauvais comic book pendant des mois entiers et à lire, c'est forcément désagréable.
    Le genre de la parodie (et ce "Batman années 90 est bien évidemment une parodie) a ses qualités, et je suis loin de penser que ce troisième tome soit du "mauvais comics book" ; en tout cas, aujourd'hui, ce n'est pas si désagréable...

  • PartyOver!
    PartyOver!

    il y a 11 ans

    Belle analogie entre Batman/Valley et Punisher .... à la maison j'ai un comics qui réunit les 2. Ca s'intitule Batman/Punisher Lake of Fire et Batman/Punisher Deadly Knights et même si c'est pas du grand comics c'est pas non plus à chier comme on à l'habitude de dire. Ca a été publié par Semic en 1994.