[OTHER COMICS #16] The Rocketeer

[OTHER COMICS #16] The Rocketeer
Ce mois-ci, la rubrique a décidé de coller à l'actualité des sorties VF car après La Tour Sombre il y a deux semaines, c'est un autre titre qui sortira le 24 août que nous vous proposons aujourd'hui, avec The Rocketeer de Dave Stevens aux éditions Delcourt.




Un numéro un peu spécial car c'est rare de voir une série aussi liée à son créateur. On se consacrera donc d'abord au regretté Dave Stevens et a son incroyable talent pour ensuite parler un peu plus de la série qui a fait de lui une légende.


Un artiste rare et exceptionnel

Né en 1955, la famille de Stevens s'installe à San Diego pendant son adolescence. Une rencontre avec l'artiste Russ Manning lui donne l'occasion d'entrer dans le monde des comics. Il encrera les dessins de ce dernier pendant plusieurs années sur des titres comme Tarzan ou Star Wars.

En 1977, il entre dans le milieu de l'animation et de l'audiovisuel pour le studio Hanna-Barbara et participe à l'écriture de la série Super Friends mettant en scène la Justice League of America. À la fin de la décennie, il collabore aussi au story-board des Aventuriers de l'arche perdue et au clip Thriller de Michael Jackson.




C'est à cette époque qu'il se passionne pour les années 30. Il va s'inspirer des feuilletons, ces films courts diffusés avant les longs métrages dans les salles de cinéma. Mis les uns à la suite des autres, ils forment une histoire complète souvent sur les thèmes des Westerns, de la science-fiction ou de l'aventure. Ils s'inspirent parfois des comics, ce qui donne l'idée à Stevens de créer son propre titre inspiré de ce genre cinématographique souvent décrié car peu original.
Il va s'inspirer fortement d'une série nommé King of the Rocket Men qui met déjà en scène en 1949 un homme "roquette".

De plus, il voue une grande admiration pour Betty Page et les pin-up en général. Ils aiment le côté sexy que ces femmes représentent. Il est d'ailleurs toujours reconnu pour ces talents de dessinateurs érotiques mettant en scène des femmes dénudées dans des positions assez lascives.


Cet artbook sorti en 2011 regroupe ses plus beaux dessins



Il va mixer toutes ces passions et en faire un titre à part dans les comics de l'époque: The Rocketeer.
Malheureusement, il ne fut pas très prolifique en dehors de sa série. À part quelques posters, portfolios ou commissions pour des fans, il se tourne résolument vers l'érotisme soft avec des dessins de pin-up. Il est d'ailleurs considéré comme un de ceux qui a pérennisé le mouvement "Good girl art" dont elles sont les égéries.

En 2008, il décède des suites d'une leucémie laissant derrière lui un trace indélébile grâce aux traits de Rocketeer. Toute une génération de nouveau dessinateur va s'inspirer de son oeuvre. Parmi eux, Adam Hughues est sans doute celui qui s'en rapproche le plus et qui perpétue au mieux la légende d'un artiste d'exception.


The Rocketeer: l'histoire d'une vie

Dave Stevens n'était pas vraiment partie intégrante du monde des comics. Il n'a jamais travaillé chez les grands éditeurs et a débuté chez les indépendants pour ensuite ,victime de son succès se retrouver chez des plus gros distributeurs. La preuve en regardant de plus près l'aventure éditoriale de Rocketeer.

Au départ, la série est proposée comme bonus à la fin des numéros #2 et #3 de Starslayer de Mick Grell chez l'éditeur Pacific Comics, pour gonfler le nombre de pages. Le succès n'est pas là en terme de vente, mais le dessin de Stevens se fait remarquer. Deux petits suppléments seront publiés et un cinquième épisode sortira chez Eclipse Comics suite à la faillite de Pacific Comics finalisant ainsi un premier arc narratif.




En 1988, c'est chez Comico comics que l'on retrouve l'homme roquette pour deux numéros parus pour la première fois dans un titre entièrement consacré à ses aventures. Mais l'histoire n'est pas complète et il faudra attendre 1995 pour que sorte chez Dark Horse la dernière histoire de Dave Stevens sur son héros.

En tout, seulement 150 pages regroupent toute l'histoire de Rocketeer mais cela a suffi pour faire de ce titre une légende.


On parle si souvent de l'homme derrière les crayons qu'on en oublie souvent ce que raconte la série.

L'histoire prend place en 1938, Cliff Secord est un pilote d'avion un peu casse-cou. Un jour, il met la main sur un prototype de fusée à taille humaine abandonné par deux bandits poursuivis par la police. Il décide de s'approprier la machine et après quelques modifications, il parvient à en faire un jet-pack lui permettant de voler.
Lors d'une démonstration aérienne, il sauve in extremis la vie d'un pilote sur le point de s'écraser et va faire l'objet de toute l'attention dès ce moment.
C'est ainsi que commence les formidables aventures de THE ROCKETEER!




Bon, soyons franc, niveau scénario on a vu mieux. Mais c'est fait exprès.
Vu la parution erratique et le peu de pages de chaque numéro, on a le droit a une aventure épique et héroïque très efficace même si elle n'est pas très construite.
De plus, Stevens voulait coller avec le style des serials dont il s'inspire et cela est parfaitement évident quand on lit l'intégralité du titre: on veut lire la suite grâce au suspense.

Il parvient cependant à accrocher un public avec les références qu'il insère dans ses scripts. Il intègre le phantom ou Doc Savage, des figures emblématiques des magazines Pulps du début du siècle, dans les numéros pour encore montrer son admiration pour cette période.

Mais le véritable atout de Rocketeer, c'est son dessin. Stevens est un génie visionnaire.
À l'époque, Batman Year One n'est pas sorti, Watchmen non plus et des dessinateurs comme Jim Lee et J Scott Campbell n'arriveront pas avant 10 ans. Et voilà qu'un artiste, scénariste et dessinateur prend tout le monde par surprise par sa maîtrise de l'anatomie et un style résolument moderne situé dans une époque passée.

L'action est omniprésente et extrêmement bien rendue par le dynamisme du dessin. Les traits de ses personnages sont très expressifs, et les filles sont diablement sexy. Pour accompagner Cliff, il crée un personnage féminin clairement inspiré de Betty Page, elle aussi mannequin comme son modèle.




Loin des comics sombres et dépressifs de l'époque, Stevens a construit en peu de pages un univers d'actions efficace en mélangeant l'aventure, la romance, et l'irréel.


Le film et après?

Cet ovni Comics a rapidement attiré l'attention des studios de cinéma qui ont rapidement lancé une adaptation.

En 1991 sort le film Rocketeer. Dave Stevens a pu participer à l'élaboration du script pour retranscrire au mieux l'ambiance de son comics et le résultat est très fidèle.




Le réalisateur n'est autre que Joe Johnston, que l'on retrouve ces jours-ci aux commandes de Captain America : The First Avenger. On lui doit aussi Jurassic Park 3, Jumanji et les effets spéciaux de nombreux films d'aventures comme Star Wars ou Indiana Jones.
Le casting comprend Billy Campbell (Dracula; les 4400) dans le rôle-titre, Jennifer Connelly (Requiem for a Dream; Dark City; Hulk) pour jouer Jenny Blake /Betty Page, et Timothy Dalton, et Alan Arkin dans des rôles secondaires. Un casting haut de gamme pour un film qui se voulait divertissant.

Malheureusement, même si le film a beaucoup de qualité, il ne rencontrera pas le succès. Stevens expliquera plus tard son point de vue. Selon lui, les affiches et visuels du film ne montraient pas assez son potentiel car ils étaient trop abstraits. Le studio a d'ailleurs changé l'image ci-dessus par une autre, plus classique montrant le casting du film.


En prime, un petit trailer qui donne envie.



Après cet échec, il faudra attendre 2008 et la mort de l'auteur pour voir ressurgir Cliff et les aurais protagonistes.
C'est l'éditeur IDW qui est à ce jour détenteur des droits et qui a lancé le projet hommage Rocketeer adventures. Quatres numéros (le troisième vient de sortir aux États-Unis) de 30 pages avec plusieurs histoires, chacune écrite et dessiné par des auteurs connus et fans de Stevens.
Ainsi, le premier numéro regroupait John Cassaday (Planetary; Uncanny X-Men), Mike Allred (Madman) et Kurt Busiek (Marvels; Astro City). Des artistes phares des comics, accompagnés de pin-up de Mike Mignola et Jim Silke ainsi que des couvertures d'Alex Ross.




Les critiques sont dithyrambiques sur ces titres, même si les ventes ne suivent pas forcément. Espérons qu'IDW prolonge le concept et que des suites de qualité soient au rendez-vous.


Comment peut-on lire Rocketeer?

Après sa mort en 2008, IDW a décidé pour la première fois d'éditer l'intégrale des histoires de Dave Stevens en un seul volume. La particularité est que les couleurs ont été refaites par Laura Martin (Planetary; Authority; Civil War; Secret Invasion) choisie par Stevens lui-même peu avant sa mort pour assurer une réactualisation de son oeuvre.


À gauche, l'original de Stevens et à droite celui de Laura Martin



Baptisé The Rocketeer: The Complete Adventures, ce volume existe en deux versions.
La première est une édition deluxe, reprenant toutes les histoires et complétée par plus de 100 pages de sketchs et brouillons préparatoires de Stevens. Elle a été récemment rééditée après une rupture de stock dès sa sortie en 2009. Il vous en coûtera quand même environ 50 euros pour ce livre d'exception.
La deuxième est plus simple et se contente des histoires, sans bonus pour seulement 20 euros sur certains sites marchands.

C'est cette deuxième édition que Delcourt propose dès le 24 août à 17,50 euros. Je ne peux que vous conseiller ce titre culte et d'une modernité toujours d'actualité.

Voilà pour aujourd'hui. Mercredi, foncez donc chez votre libraire vous procurer The Rocketeer et La Tour Sombre!

À dans deux semaines, on vous parlera peut-être de Mark Millar, ou des Nextmen (les X-mens en mieux).
D'ici les anciens numéros sont toujours disponibles:

Other Comics #1 [22/11/2010]

Other Comics #2 : Vous êtes rebelle et indépendant

Other Comics #3 : The Green Hornet

Other Comics #4 : Spawn

Other Comics #5 : Planetary

Other Comics #6 : The Darkness

Other Comics #7 : Tony Chu

Other Comics #8 : Powers

Other Comics #9 : ABC

Other Comics #10: Transmetropolitan

Other Comics #11: Scott Pilgrim

Other Comics #12: Y Le dernier homme

Other Comics #13: Buffy The Vampire Slayer

Other Comics #14: Star Wars

Other Comics #15: La Tour Sombre
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  • Littlereader
    Littlereader

    il y a 13 ans

    Je vais acheter l'édition Delcourt, c'est une série assez fascinante que j'ai découvert à travers le film. Je ne savais plus la date de sortie: merci. Vivement le 24 août.

  • Leto320
    Leto320

    il y a 13 ans

    J'en avais entendu parlé mais là tu m'a donné envie d'acheter cette édition vf !

  • Gorbakto
    Gorbakto

    il y a 13 ans

    Ma fois ça donne l'eau à la bouche tout ça et change un peu de Batman. De plus j'aime beaucoup ce genre de dessin.

  • FitzBDnetNation
    FitzBDnetNation - Rédacteur de l'article

    il y a 13 ans

    @Patou: merci pour la correction, j'ai pas été assez attentif.

  • alecs
    alecs

    il y a 13 ans

    Idem, prochain bouquin sur ma liste. vivement le 24 !

  • coconut 71
    coconut 71

    il y a 13 ans

    un numéro sur next men ! ça c'est bon ! perso j'ai l'intégrale de la série en vf...

  • Hunabku
    Hunabku

    il y a 13 ans

    Très belle édition de Delcourt, je la conseil vivement ^^