[Review VF] Les aventures originales de Red Sonja volume 1

[Review VF] Les aventures originales de Red Sonja volume 1

L’éditeur Graph Zeppelin continue son remarquable travail sur le personnage de Red Sonja, et nous propose ce mois-ci les toutes premières aventures de la diablesse à l’épée chez Marvel, sous la direction de Roy Thomas. Un premier tome sur quatre, qui couvre les années 1975-76.

La plupart des numéros de cet album, et des suivants, sont dessinés par l’artiste Frank Thorne, qui vient malheureusement tout juste de nous quitter. Nous profitons donc de la sortie de ses travaux sur Red Sonja et de cette review pour lui rendre hommage.

Créée par Robert E. Horward en 1934 sous le nom de Sonya la rousse de Rogatine, le personnage est repris et adapté par Marvel et Roy Thomas en 1973, sous le nom simplifié de Red Sonja. Après une première apparition dans la série Conan, la guerrière hyrkanienne vole de ses propres ailes comme star du titre Marvel Features, dont les numéros sont présentés dans cette collection. Tout ceci, et bien plus encore, est expliqué dans l’excellente préface signée Roy Thomas, qui permettra à tous ceux qui découvrent le personnage, ou le connaissent à peine, d’en apprendre énormément sur elle. Le travail éditorial est vraiment intéressant et permet de savoir exactement ce que l’on lit et comment cela se situe dans l’histoire du personnage et des comics de manière générale. On a aussi à la fin de l’album le contenu des trois tomes suivants, une vue d’ensemble toujours appréciable pour s’investir dans une série.

L’album s’ouvre sur une sorte d’origine du personnage, de quelques pages, tirées d’un numéro de The Savage Sword of Conan, signée Roy Thomas et Esteban Maroto (Ernie Chan et Neal Adams à l’encrage). C’est une très bonne entrée en matière avant de se lancer dans les aventures du personnage. On identifie déjà la personnalité forte de Red Sonja, qui s’oppose à un seigneur et son garde du corps sans trembler. Débute ensuite les numéros de Marvel Features Red Sonja, avec Roy Thomas qui n’écrit que le premier et doit laisser la place à Bruce Jones pour les quatre suivants, avant de revenir pour le sixième. Paradoxalement, les histoires de Jones sont peut-être les plus attrayantes. Il confronte la diablesse à des mythes très connus, comme le Golem ou la Gorgone, offrant un mélange de genres qui fonctionne très bien. Il donne également une impression de cohérence et de sérialité sur ses numéros, y intégrant des éléments et intrigues qu’il reprend ensuite. On s’éloigne sans doute un peu de l’aspect heroic fantasy, qui est la nature du personnage, mais les scénarios sont rythmés et divertissants. Quand Roy Thomas reprend la main, il nous replonge tout de suite dans cet âge hyborien, et joue avec beaucoup d’éléments du folklore ou de personnages déjà existants. Ce ne sont pas forcément des références que tout le monde détiendra si l’on n’est pas très fan des œuvres du genre. Bruce Jones est donc un peu plus accessible sur ses histoires, mais Roy Thomas vise au cœur de l’univers du personnage, et fait même intervenir Conan dans la dernière aventure. Thomas est également très bavard, parfois trop pour son propre bien, mais c’est un élément à remettre dans le contexte des publications et de la manière d’écrire de l’époque. La narration « old school » avec de belles descriptions que l’on retrouvera sur tous les numéros de cette série a, en tout cas, toujours beaucoup de charme.

Il est aussi intéressant de noter que l’on découvre ici une Red Sonja très humaine. Le premier aspect étant sa vulnérabilité. Là où des versions récentes la rendent plutôt invincible, on la voit dans ses premières aventures être assez souvent en danger, voire dépassée. Elle trouvera toujours les ressources ou aura l’intelligence nécessaire pour s’en sortir, mais ce ne sera jamais avec une grande facilité. Elle va également se faire aider à quelques reprises, mais plus ou moins volontairement, n’oublions pas sa fierté et son fort caractère ! Le trait humain est aussi appuyé à plusieurs reprises par ses réflexions, et les choix auxquels elle est confrontée. Elle ne va jamais être totalement égoïste et s’intéresser au sort des autres personnes qui l’entourent. Que ce soit des innocents ou même des vilains aux personnalités nuancées, elle tentera d’en sauver certains et de ne pas faire trop de dégâts, même si son instinct premier est de trancher dans le tas avec son épée. Ce sont les héroïnes que l’on aime voir, fortes et déterminées, mais qui savent faire preuve de faiblesse et tendre la main quand il faut. Parce que l’on peut bien sûr souligner l’aspect très féministe d’un titre porté par une femme dans les années 70, d’autant plus pour une guerrière qui vit dans un monde majoritairement composé d’hommes. Elle se retrouve régulièrement à vaincre des hommes, voire à les humilier, ce qui n’est pas rien. Red Sonja a beau être écrite par des hommes et porter leurs visions du monde, leurs fantasmes et imaginaires, elle n’en reste pas moins un porte-étendard pour la place des femmes dans les comics. Et nous avons là ses premiers pas.

Le désormais regretté Frank Thorne est donc au dessin de la série dès le numéro 2, le premier étant signé Dick Giordano. Thorne nous offre une ambiance très sauvage qui colle parfaitement à un titre d’heroic fantasy comme celui-ci. Que ce soit dans les décors, les créatures, les vêtements et costumes des personnages, et de manière générale la localisation dans les bois, grottes, et autres contextes sauvages. Son trait porte également cet aspect assez brut, mais pour autant très travaillé et tout en maitrise. Il donne vie à Red Sonja dont il est capable d’illustrer toutes les facettes citées précédemment : la guerrière déterminée et féroce, l’aventurière parfois dépassée qui se retrouve dans des situations périlleuses, et la femme capable de faire preuve de douceur et de bonté. On pourrait pointer du doigt les planches souvent un peu trop chargées, ce dont on n’est plus habitué avec la narration moderne. On se demande par moment comment il a fait pour caser autant de choses dans une seule planche. Cela amène un découpage pas toujours des plus judicieux, pour la visibilité et pour le rythme de la narration. Mais hormis cet aspect, qui là aussi colle à son époque, les dessins sont un vrai bonheur. Il n’y a qu’à voir la superbe couverture choisie pour illustrer ce tome.

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

- Les débuts de Red Sonja
- Des histoires qui puisent dans les mythologies
- Une Red Sonja à la fois forte et vulnérable
- Les dessins de Frank Thorne

LES POINTS FAIBLES

- Une narration d'époque parfois trop bavarde

 

4

Par Mitra ! C'est un trésor !

Conclusion

Un petit trésor pour les fans de Red Sonja, et une occasion immanquable de découvrir les premières aventures d’un personnage féminin marquant dans l’histoire du comic book.

 

 

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