WandaVision : Critique et analyse (avec spoilers)

WandaVision : Critique et analyse (avec spoilers)

La série WandaVision s’est terminée hier après neuf épisodes, il est donc temps d’en faire le bilan et de vous partager notre avis (qui n’engage bien sûr que l’auteur de cet article).

Concept de la série

Je ne sais pas ce que l’on retiendra le plus de cette série : le concept d’hommage aux grandes séries qui ont marqué la télévision à travers les décennies, ou plutôt la patte 100% MCU des derniers épisodes. Sans doute un peu des deux. Ce qui est certain, en revanche, c’est que cette idée d’hommage, et les trois premiers épisodes au minimum, n’ont laissé personne indifférent, que ce soit dans le bon ou le mauvais sens. On peut comprendre les difficultés à accrocher à un début de série surprenant, qui déstabilise forcément les habitués de Marvel Studios, qui n’ont pas retrouvé le produit habituel. Mais je crois que pour lancer cette nouvelle phase du MCU, après une année 2020 blanche et une certaine fatigue du super-héros ; il fallait quelque chose de différent. De frais. Une série, en soi, est déjà un produit différent. Mais il fallait quelque chose d’encore plus impactant. Personnellement, Avengers: Endgame signait peut-être la fin du MCU pour moi, en tout cas de mon intérêt à tout suivre à l’avenir. Pour réussir à me récupérer, il fallait quelque chose d’innovant, d’original, et une certaine prise de risque. C’est exactement ce qu’ils ont fait. WandaVision ne devait pas être la première série à sortir (place réservée à The Falcon & The Winter soldier ), mais c’est une vraie aubaine que le contexte sanitaire ait forcé la modification du planning.

WandaVision marque donc l’arrivée du MCU à la télévision, et pour marquer cet évènement, le studio décide de regarder en arrière et de rendre l’hommage et le respect que méritent les grandes sitcoms qui ont montré la voie. Histoire de rappeler d’où on vient. On ne peut qu’apprécier l’initiative. Et cela permet à toute la production de s’éclater à reconstituer toutes les décennies télévisuelles. On ressent, depuis l’autre côté de l’écran, le plaisir qui a été pris à monter cette série, et c’est communicatif. Ces premiers épisodes sont des petites sucreries que l’on ne peut refuser. Ils sont réalisés avec une grande virtuosité et beaucoup de talent. C’est drôle, décalé et divertissant. Le format d’une demi-heure colle parfaitement au concept et permet de ne pas être trop long sur ces épisodes. Elizabeth Olsen et Paul Bettany sont assez exceptionnels, sur toute la série et on y reviendra, mais ces épisodes tiennent en grande partie sur leurs performances (et celles de tout le cast), et ils répondent présents. Ils trouvent une justesse dans le sur-jeu qui est requis par les époques que la série pastiche. Et ils sont extrêmement drôles et touchants.

D’autres éléments vont rendre ces hommages tellement fun, d’autant plus par la suite, sur les épisodes 4 à 7. Et en premier lieu les génériques, qui débordent de créativité et de références et qui sont un bonheur à découvrir. De manière générale, l’arrivée dans les années 90 abordent des séries qui sont sans doute plus parlantes pour une grosse génération (dont je fais pas partie), ce qui décuple encore le plaisir. On s’est tous amusés chaque semaine à essayer de reconnaitre les séries choisies comme inspiration. Et les reconstitutions étaient tellement bien faites, que c’était souvent assez simple. Même s’il y a eu quelques débats enflammés sur la toile entre les épisodes. Tiens, une chose que ne permet pas forcément le « binge watching ». On salue le choix de la diffusion hebdomadaire, qui est la meilleure manière d’apprécier une série à sa juste valeur.


Les forces du MCU

Si les trois premiers épisodes sont entièrement dédiés à ce monde télévisuel, on ne peut pas dire qu’il n’y a d’éléments disséminés pour nous faire comprendre que quelque chose d’anormal se trame. La série réussit à installer une ambiance assez oppressante, qui monte crescendo. Des hélicoptères colorés, des radios qui s’adressent à Wanda, une Vision qui se pose des questions. Tout est bien construit pour garder le téléspectateur sur le qui-vive et lui donner envie de découvrir la suite. Puis arrive l’épisode 4 et le retour en grande pompe du MCU. C’est déjà une sorte de récompense pour les fans, et quelle récompense ! Une scène d’intro marquante qui nous replonge dans l’ère post-Endgame et replace WandaVision dans la timeline du MCU. Encore une fois, le retour dans le MCU tel qu’on le connait et l’apprécie marche aussi bien parce qu’on n’y est pas plongé tout de suite. Parce que, d’une certaine manière, on l’a attendu et on le mérite. Marvel Studios sait y faire, n'en doutez pas.

Ma question de début de critique est légitime : si on a pris plaisir à suivre les épisodes hommage, c’est lorsque le MCU fait son retour que l’on prend totalement son pied. Il y a alors moins de prise de risque. La recette est toujours la même. Mais bon sang ce qu’elle fonctionne bien ! C’est un bonheur de revoir d’anciens personnages, de faire des liens avec d’autres films. On a l’impression de retrouver de vieux amis que l’on pensait peut-être ne jamais revoir. On retrouve un univers connu, dans lequel on possède des repères, qui est confortable. Ce qui a été construit depuis Iron Man en 2008 est assez incomparable, même si toutes les briques ne sont pas de même qualité. On a l’impression que Marvel Studios peuvent faire à peu près ce qu’ils veulent de nous, parce qu’ils savent comment nous amadouer, comment nous faire plaisir et nous donner ce que l’on attend. Voir Monica Rambeau évoluer vers la super-héroïne qu’elle deviendra est un bonheur. Creuser le passé de Wanda , dévoiler son costume et enfin entendre prononcer les mots « Scarlet Witch » est un geekasm absolu. Marvel sait respecter le matériel d’origine et les fans de comics comme personne d’autre. On peut leur reprocher des choses, notamment sur la profondeur et la portée de leurs films, mais on ne peut pas leur enlever ça. Le MCU continue d’être un rouleau compresseur qui écrase tout sur son passage.


Les personnages secondaires

Comme cité précédemment, la capacité à ramener des personnages ou à en introduire de nouveaux avec une grande aisance, est l’un des points forts du MCU. Et WandaVision n’échappe forcément pas à la règle. En tête de gondole, Monica Rambeau fait ses débuts en tant qu’adulte, après avoir été introduite enfant dans Captain Marvel. C’est elle qui fera le lien entre l’intérieur et l’extérieur de Westview, et c’est également elle qui permettra de raccrocher les wagons dans la timeline du MCU. Son introduction légèrement dissimulée au départ, pour exploser ensuite dans une superbe scène de l’épisode 4, est rudement efficace. Le personnage s’avère bien traité durant les sept premiers épisodes, ayant un rôle de femme forte, permettant de remettre le S.W.O.R.D. en avant, et acquérant ses pouvoirs de manière plutôt intelligente. Malheureusement nous resterons sur notre faim, le final de la série n’étant pas à la hauteur pour elle, avec un rôle anecdotique. Mais ce sera le cas pour tous les autres personnages secondaires, à peu de choses près. Monica, enfin, sert bien évidemment de tremplin pour Captain Marvel 2, comme nous le révèle, s’il le fallait, la première scène post-générique. On n’oublie jamais de préparer les projets à venir.
Deux personnages que l’on n’attendait pas forcément font leur retour dans la série : Darcy Lewis et Jimmy Woo. N’ayant pas un énorme potentiel, leurs petits rôles amenant surtout légèreté et humour leur correspondent parfaitement. C’était pour moi un réel plaisir de revoir Kat Dennings en Darcy, que j’appréciais beaucoup dans la saga Thor, ce qui, j'en suis conscient, n’est pas forcément l’avis de tout le monde. Mais justement, son retour ici sert le personnage et la rend peut-être moins irritante que par le passé. Elle en gagne un vrai capital sympathie. En espérant la revoir pointer le bout de son nez à un moment ou à un autre.
Tyler Hayward peut être considéré comme l’un des vilains de la série, mais il entre surtout dans la longue lignée des personnages monodimensionnels. Il n’a absolument aucune nuance et n’est là que pour mettre des bâtons dans les roues des héros. Il aurait gagné à être un peu plus travaillé et sera vite oublié. À juste titre.

Pietro ! Ce fut la grosse surprise qui avait été bien gardée sous clef, comme quoi c’est encore possible à l’ère des réseaux sociaux. Marvel Studios ramène Quicksilver avec un gros twist, prenant l’acteur Evan Peters de l’univers des X-Men de la Fox. Son introduction sous les faux applaudissements du public, et la réaction de Darcy avec la réplique « She recast Pietro ?! », est du génie métaphysique. Un grand moment. La porte était ouverte pour une intégration des mutants, mais ce ne sera finalement qu’un gros clin d’œil. Et c’est sans doute mieux ainsi, cela a bien fonctionné, et ce n’était peut-être pas le moment, ni l’endroit pour gérer un morceau aussi conséquent de l’univers Marvel. Oh, et Evan Peters est fantastique !

On la sentait venir la Agnes ! Dès la promotion de la série, avant même sa diffusion, elle avait une place particulière. Ce n’est donc pas une énorme surprise qu’elle s’avère être la méchante de la série. Par contre, la révélation est plutôt efficace. Elle a mis du temps à venir, nous laissant partir dans de nombreuses autres théories, en oubliant presque celle-ci. Le timing est très bon. Et c’est également géré de mains de maîtres avec un segment musical d’anthologie, déjanté et plein de second degré. La révélation peut paraître un peu « too much », mais la production en est consciente et l’assume à fond. C’est une nouvelle fois un beau cadeau fait aux fans de comics et de l’univers Marvel en général, puisque l’on va chercher un personnage pas trop connu, mais qui a de vrais liens avec Scarlet Witch . Les connaisseurs seront ravis et les autres vont s’amuser à faire des recherches sur le personnage. Kathryn Hahn éblouissant chaque scène aide pas mal à accepter le personnage également.
Mais était-elle indispensable ? J’en venais à me dire que Wanda comme vilain principal de la série fonctionnait très bien. Avait-on besoin d’un énième vilain qui possède les mêmes pouvoirs que le héros ? C’est une habitude assez agaçante du MCU. Si le personnage est fun et fait des liens directs avec les comics, je ne suis pas certain qu’on ne s’en serait pas mieux sorti sans elle, comme l’a d’ailleurs prouvé le final.


Un final plutôt décevant

Des semaines de teasing, de théories, de construction d’intrigues et de personnages, pour en arriver à un final de quarante minutes qui fait un peu trop vite retomber le soufflé. Cet épisode renferme à lui seul le meilleur et le pire du MCU. Le pire étant sans doute le divertissement pur où deux sorcières s’envoient des boules d’énergie colorées dans les dents. Où les valeurs positives sur la famille prennent le pas sur tout le reste. Où les personnages secondaires sont sacrifiés parce qu’ils n’ont, finalement, pas tant d’importance que cela. La présence d’Agatha dans la série est vraiment à questionner ici puisqu’elle n’apporte rien de plus qu’un combat interminable, dont on se fiche un peu, et dont la résolution est encore et toujours très simpliste. C’est la seule fois de la série où je me suis senti devant un produit Disney, ce qui n’est pas une bonne chose pour moi. Et en parlant de simplicité, si la discussion entre les deux Visions est vraiment réussie, tout le reste concernant White Vision est très vite expédié et ressemble à un gâchis. Cela ouvre la porte pour le futur de Vision dans le MCU, mais ça n’excuse pas tout.
Il y a malgré tout de très belles choses dans ce final, en commençant par la relation entre Wanda et Vision. Heureusement, parce que c’est un peu le cœur de la série. Le couple a de très belles scènes tout au long de la série, de beaux dialogues, et on sent une vraie alchimie entre Olsen et Bettany, qui transpire à l’écran. On a enfin une vraie belle histoire d’amour entre super-héros dans le MCU, qui est crédible et attendrissante. Leur dernière scène ensemble, alors que tout disparait, est magnifique.
Wanda Maximoff devenant Scarlet Witch est un autre grand moment de ce final. La série tourne autour d’elle, de son deuil et de ses pouvoirs enfuis. Elizabeth Olsen est fantastique tout au long des neufs épisodes, faisant preuve de beaucoup de nuances, dans des registres très différents. Son personnage est enfin développé, épaissi, et il devient tout simplement l’un des meilleurs du MCU au sortir de la série. L’épisode 8 revenant sur sa vie et le développement de ses pouvoirs est l’un des meilleurs. La voir à son plein potentiel, avec son superbe costume dans le final, est définitivement un grand moment made in Marvel Studios.
Et bien sûr, on retrouve toute la force du MCU dans ce final, avec notamment les scènes post-générique habituelles, mais également toutes les pistes lancées pour la suite. Deux scènes, pour deux films à venir : Captain Marvel 2 et Doctor Strange in the multiverse of madness. Elles manquent peut-être un peu de folie, on aurait aimé voir Carol Danvers , ou à minima Stephen Strange. Le covid n’a sans doute pas aidé à mettre en place ces cameos. Mais on se régale toujours de la cohérence de cet univers partagé et des liens entre les différents projets.


Et ensuite ?

Marvel Studios a annoncé ne pas avoir prévu de saison 2 pour WandaVision. Ça ne paraît effectivement pas nécessaire dans l’immédiat, mais rien ne dit que l’on n’y revienne pas plus tard. Wanda sera dans la suite de Doctor Strange, ce qui est teasé dans la scène post-générique, et il y a des chances qu’elle ait un rôle assez important. L’arc du personnage va donc continuer, mais qu’en est-il de Vision ? Il ne sera pas évident de le ramener proprement dans un film et de lui accorder un temps d’antenne suffisant. Un retour pour une seconde saison pourrait être une solution au moment de réunir une nouvelle fois le couple. Il y a en tout cas largement le matériel à adapter pour ce duo.

Monica Rambeau, quant à elle, s’apprête à visiter les étoiles ! Nous la retrouverons dans Captain Marvel 2, qui accordera sans doute une belle place au personnage, et à l’organisation du S.W.O.R.D..

Prochaine étape du MCU : l’entrée en scène de Sam Wilson et Bucky Barnes sur Disney+ ! Ce sera dans deux semaines, le 19 mars.

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

- L'originalité et la prise de risque
- La relation entre Wanda et Vision
- Les acteurs
- Le développement de Scarlet Witch
- Les liens au sein du MCU

LES POINTS FAIBLES

- Un vilain dispensable
- Un final plutôt décevant

 

4

On n'arrête plus Marvel Studios !

Conclusion

Marvel Studios se lance dans les séries TV et fait mouche d’entrée. On y retrouve toutes les forces du MCU, et quelques-unes de ses faiblesses, avec un produit qui tente de se renouveler et prend des risques payants.

 

Partagez cet article !
Ça peut vous intéresser
Pas d'avis pour le moment.