[Review VO] Batman #50

[Review VO] Batman #50

« Vous avez peut-être lu certaines choses sur Batman #50. Vous pouvez maintenant lire Batman #50 ». Ce sont les mots du scénariste Tom King aujourd’hui sur Twitter, pour la sortie de ce numéro évènement, qui aura beaucoup fait parler de lui, que ce soit en positif ou en plus négatif. En positif car c’est un numéro important, un numéro anniversaire, le mariage annoncé de Batman et Catwoman, l’apothéose du très bon run de deux ans de King. En mois positif, comme à l’accoutumée depuis de nombreuses années désormais, l’éditeur n’a pas pu s’empêcher de dévoiler beaucoup trop d’éléments du numéro pour en faire la promotion et attirer le lectorat récalcitrant. Était-ce réellement payant au final ? Pas certain, comme nous allons le voir.

Cette critique ne contient pas plus de spoilers que DC vous en a mis dans la tronche ! Et en vous faisant croire que c’est ce que vous vouliez. Alors c’est pas à nous que vous allez en vouloir, quand même, hein ?

Tom King a marqué les esprits de nombreuses manières depuis son arrivée sur le titre principal de la franchise Batman, il y a 50 numéros de cela. De part la qualité et la profondeur de son écriture, la maitrise de son run, l’angle avec lequel il aborde et creuse le personnage de Batman comme rarement avant lui, mais s’il y a bien un élément qui aura marqué son passage sur le titre, c’est sa vision et son amour pour la relation entre Catwoman et Batman. En moins d’une cinquantaine de numéros, il aura réussi à la remettre sur le devant de la scène, à la rendre extrêmement belle et crédible (au point de nous faire accepter un mariage), à l’approfondir et la travailler comme jamais auparavant et encore plus fort que ça, à la rendre fondamentale pour les deux personnages. Il y en a eu de bonnes histoires sur le chat et la chauve-souris au fil des décennies et celle-ci se classe directement dans les toutes meilleures. Et ce n’est sûrement pas ce numéro 50 qui contredira ces propos. On y retrouve tout ce qui a fait la qualité du run de King et de la construction de cette relation, découverte sous un nouveau jour. Et paradoxalement, c’est peut-être là que réside la vraie faiblesse de ce numéro.

Nous pouvions nous attendre à un numéro en grande pompe, un grand évènement autour du mariage tant attendu, toute la galerie de personnages du batverse présents, un vrai grand numéro historique sur la forme comme sur le fond. C’est en tout cas ainsi que nous l’a vendu DC Comics, n’est-ce pas ? Sauf que ce serait bien mal connaître Tom King et le reste de son run jusqu’ici. Le scénariste fait un joli pied-de-nez à tout cela et opte pour un non-évènement, un numéro très intimiste et introspectif, comme il l’a souvent fait à merveille. Il nous sert une fois de plus un hymne au couple Selina Kyle/Bruce Wayne, lui rend hommage, et laisse une pléthore de superbes artistes lui rendre hommage à ses côtés. Il nous ressert cette narration en parallèle qui a si bien marché jusque là, commençant dès le numéro 10 de la série par un échange de lettre lors de l’arc « I Am Suicide », et bouclant ainsi la boucle dans un certain sens. Sauf que forcément, on ne peut s’empêcher d’avoir une certaine impression de redite. La qualité dans l’écriture est toujours présente, et c’est une nouvelle fois un plaisir à lire, mais la plupart des éléments ont déjà été travaillés par King plus tôt, et sûrement de plus belle manière, avec plus d’impact émotionnel, en tout cas. Et l’on est en droit de s’attendre à ce que ce soit dans ce numéro que l’on atteigne des sommets d’émotions. Il peut donc y avoir une pointe de déception sur cet aspect durant la lecture mais attention à ne jamais sous-estimer la maitrise du scénariste. Parce qu’une fois qu’il commence à y avoir des retournements de situations, des perturbations, une fois que les personnages font les choix qu’ils font, ce dialogue à distance entre les deux protagonistes prend tout son sens. On a finalement une montée en puissance dans l’écriture, qui nous conduit vers ce qui pourra être pris comme un gros « flop » par certain, mais qui s’avère être tellement logique et totalement dans la continuité du travail sur les personnages effectué depuis deux ans.

Pour ce genre de numéro et autour de ce genre d’évènements, on peut toujours se demander comment il faut procéder. Est-ce au scénariste d’avoir la main sur la promotion parce qu’il s’agit de son histoire et qu’il sait mieux que personne comment elle doit être gérée ? Ou est-ce à l’éditeur de faire son boulot, parce qu’il sait mieux que personne comment vendre un numéro ? Et si déception il y a à l’arrivée, la faute à qui ? Clairement, ce n’est pas le numéro qui nous a été vendu. Doit-il être jugé là-dessus ? C’est toujours la même question. Mais dans un sens, tant mieux, King mène sa barque comme il l’entend et ne change pas ses plans pour des raisons éditoriales. Mais au fond, pensions-nous vraiment assister à un grand mariage en bonne et due forme pour… Batman ?! On avait commencé à presque accepter l’idée, mais tout de même. Ce numéro ajoute simplement une pierre de plus à la grande histoire que nous raconte King et qu’il est loin d’avoir terminée, il le dit lui-même qu’il y en a pour cent numéros, on en serait donc à peine à la moitié. Ce numéro est néanmoins spécial dans sa manière de rendre hommage au duo, avec la présence de tous ces artistes de talent. Et ne lui enlevons rien, il nous offre aussi de très beaux moments, entre Selina et son témoin (aller, ça on ne vous le révèle pas!), mais surtout entre Bruce et Alfred. Et la fameuse fin du numéro non « spoilée » dans les médias fait son effet et rabat toutes les cartes, montrant une fois de plus que le scénariste maitrise son récit et que tous les éléments de son run sont connectés.

Mikel Janin est fidèle au poste et présent au dessin pour les parties principales de ce numéro. Son originalité et son talent dans la mise en scène sont encore une fois payants, il accentue notamment de jolie manière le parallélisme du récit et des personnages. Il est aussi efficace dans l’émotion, avec une superbe scène entre Bruce et Alfred, et sur toute la fin du numéro un peu plus dure et sombre, qu’il gère avec beaucoup de sobriété poignante. Et que dire de toute la galerie de grands artistes qui l’accompagne, nous offrant chacun une scène entre Batman et Catwoman, à des époques différentes, dans des chronologies différentes. C’est évidemment un vrai régal et ils font toute la magie de ce numéro. On citera les superbes planches de Rafael Albuquerque, de Paul Pope ou encore de Greg Capullo et Lee Weeks. Ouais, on n’est pas du tout partial !

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

- La continuité du run de King
- La montée en puissance de la narration
- Les révélations finales
- L'hommage de tous les artistes

LES POINTS FAIBLES

- Une certaine redondance dans l'écriture
- Le fiasco promotionnel autour du numéro

 

4

Don't believe the hype ! Believe in the King.

Conclusion

Batman #50 n’est pas le comic book que l’on attendait mais c’est exactement celui que l’on voulait. Tom King est totalement dans la continuité de son run et de son travail sur le personnage de Batman et sa relation avec Catwoman . Si quelques éléments de dialogue et de construction du récit sont un peu redondants avec le reste du run, le numéro monte crescendo et récompense le lecteur dans sa finalité. Si toute la promotion autour du numéro peut sembler faire un « flop » grandiose, ce n’est pas ce que les amateurs du run de King retiendront, et à raison. On est prêts pour les 50 numéros suivants !

Partagez cet article !
Ça peut vous intéresser
Bande annonce pour Joker : Folie à Deux

Bande annonce pour Joker : Folie à Deux

10 Avril 2024

La voila enfin !

Robin venge sa mort dans une nouvelle série DC

Robin venge sa mort dans une nouvelle série DC

05 Avril 2024

Suite à Death in the family

Affiche et date de trailer pour Joker: Folie à Deux

Affiche et date de trailer pour Joker: Folie à Deux

05 Avril 2024

The World is a stage

  • Invité
    Invité

    il y a 6 ans

    Spoiler
    Le numéro est très bon et tout aussi beau, mais c'est dommage de ne pas essayer d'aller jusqu'au bout des choses.
    La relation Cat/Bat est toujours très juste, mais j'aurais tellement aimé voir un marriage et une vrai vie de couple pendant 10 - 15 numéros, voir justement ce que la majorité des auteurs répètent à chaque numéro sur comment et pourquoi Batman ne peut pas être heureux.
    Mal vendu ou pas, qui n'aimerait pas voir le couple ensemble et marié, tout en racontant et expliquant le pourquoi plutot que de nous dire et répéter que ça ne peut pas marcher.
    J'ai hâte de voir la suite et j'espère que King restera aussi longtemps qu'il aura des histoires à raconter.

  • Dykonn
    Dykonn

    il y a 6 ans

    Je sais que je vais me faire lyncher, mais pour ma part, c'est une énorme déception, tant tout le bruit qui a eu lieu autour de ce numéro n'était pas justifié! 
    - Vous voulez un livre "collectionneurs" qui probablement ne vaudra jamais rien, foncez!
    - Vous aimez l'art "pin-up" de nombreux artistes différents, foncez!

    Pour le reste passez... (Mon avis :) )
     

    • Jeff
      Jeff Staff MDCU

      En réponse à Dykonn

      il y a 6 ans

      Pas mieux que toi. J'ai l'impression que nous sommes retournés dans les années 70-80 avec cette volonté des éditeurs de ne jamais bouleverser les choses pour ne pas perdre le lecteur.
      Cela reste crédible par rapport à Catwoman. Mais d'un autre côté, il serait peut-être temps de changer les choses concernant son personnage qui, clairement, est enfermé depuis... bah presque toujours en fait...
      Tout comme invité, hâte de voir la suite.

  • Sifes1
    Sifes1

    il y a 6 ans

    Un pétard mouillé recouvert de paillettes ça reste un pétard mouillé.

  • LightBen
    LightBen

    il y a 6 ans

    Je suis le seul a ne pas avoir aime Batman Rebirth ? J'ai lu les runs 1 et 3 (Gotham, Bane) et je me suis arrete la, je voudrais meme les revendre...

    • HattoriH
      HattoriH Staff MDCU

      En réponse à LightBen

      il y a 6 ans

      Non, tu n'es pas le seul. Et encore tu as bien fait de t'arrêter là, ça c'était encore potable. C'est après que ça se gâte. Sinon j'ai pas encore lu le #50, mais les numéros précédents sont vraiment horribles. On verra ça pour le prochain Zap VO MDCU.