Reviews et détails sur Glénat Comics

Reviews et détails sur Glénat Comics
Le fragile petit marché des comics est depuis quelques années devenu un terrain de combat acharné pour plusieurs éditeurs. Si à une époque, seul le kiosque comptait, aujourd’hui le champ de bataille se trouve en librairie, où les éditeurs voient dans le comics un nouvel éden comme a pu l’être le manga. Cependant, le sort des Big Two, les deux principaux éditeurs américains que sont Marvel et DC, semble sellé concernant leur distribution en France. Il reste donc le marché indépendant, et le cœur de la bataille se trouve là. Cette année 2015 sera décisive, et Glénat en profite pour revenir sur le devant de la scène.

 

 

En effet, l’éditeur propose depuis quelques années déjà des albums comics, mais cette fois, il décide de sortir les grands moyens. Le label Glénat Comics est relancé, avec un nouveau logo, un nouveau responsable et une nouvelle stratégie. Des contrats sont signés avec des auteurs américains renommés pour des séries dont certaines ont eu un beau succès aux Etats-Unis. On verra cela plus en détail. L’autre point intéressant, c’est qu’avant même la mise en vente du premier album issu de ce renouveau, un partenariat avec Comixology d’un genre nouveau est annoncé.

 

L’histoire entre Glénat et Comixology n’est pas nouvelle, puisqu’un accord est signé entre les deux entreprises en juin 2013. Ce qui est nouveau en revanche, c’est le système de publication qu’a choisi Glénat pour ses comics. Comme vous le savez, les fascicules américains font une vingtaine de pages, et un album librairie français va contenir en moyenne entre 4 et 6 numéros. Eh bien l’éditeur a décidé de suivre de près le système américain, puisque chaque mois sortira juste un fascicule américain, en numérique sur Comixology, traduit bien entendu en français. Chacun de ces numéros coutera 1,99€, et ces sorties mensuelles auront lieu jusqu’à ce que l’album complet soit disponible.
 

 


C’est une façon nouvelle de voir les choses, et c’est plutôt malin, puisque ça évite à l’éditeur d’aller en kiosque, un domaine qu’il ne connait pas forcément bien, tout en proposant quand même des sorties mensuelles de magazines. On sait aussi que Comixology proposera des contenus inédits certaines séries Glénat Comics, mais gratuitement. Ce système a été mis en place le 29 janvier dernier à l’occasion du festival BD d’Angoulême. Les premiers numéros de certaines séries sont déjà disponibles, et c’est l’occasion parfaite de faire le point sur le catalogue que va nous proposer l’éditeur. Je donnerai mon avis sur le premier chapitre de chacune des séries.

 


L’une des séries-phare du label, Lazarus est écrite par Greg Rucka et dessinée par Michael Lark . Nous avons donc une équipe de chevronnés, et une qualité quasi-assurée pour cette série. D’ailleurs, à la lecture du premier chapitre, on sent la maitrise du récit, et on découvre des pistes plutôt intéressantes. On rencontre une femme, Eve Pour-Toujours, qui semble immortelle. L’univers est assez dépaysant, puisqu’on est dans un futur proche, où le monde semble divisé en plusieurs territoires. Chaque territoire est habité par une famille qui gouverne, des serfs qui leur obéissent et des déchets. Ce premier chapitre sert surtout à situer l’histoire et à connaitre le personnage principal. Si plusieurs pistes sont données, l’intrigue principale n’est pas encore clairement définie. Cependant, l’univers est attachant, assez mystérieux et donne envie d’en savoir plus. Le premier chapitre est déjà disponible chez Comixology à 1,99€, mais pour découvrir l’univers, vous pouvez y récupérer un prélude proposé gratuitement. L’album complet quant à lui sortira en librairie le 15 avril prochain au prix de 14,95€ pour 112 pages.

 

Là encore, il s’agit d’une grosse série qui a, en plus, reçu de belles récompenses. Elle est écrite par Matt Fraction et dessinée par Chip Zdarsky. Dans ce comics, du moins dans le premier chapitre, l’héroïne s’adresse directement à nous et nous raconte son histoire. L’astuce du récit, c’est que lorsqu’elle fait l’amour, le temps s’arrête. A partir de ce constat, on craint le pire, mais c’est oublier le talent de Fraction. Au lieu de s’arrêter à ça, l’auteur trouve un moyen de nous raconter la découverte du sexe par une jeune fille, de manière intelligente et subtile, sans tomber dans le vulgaire ou le cliché. Très peu de choses sont montrées au final - on est dans le suggéré, et le récit est toujours juste. Bref, c’est une histoire marrante, et assez légère, et ce premier chapitre est très bien fichu, ça donne envie de lire la suite. Les dessins sont plutôt simples, mais efficaces avec de jolies couleurs. Ce premier chapitre est déjà disponible sur Comixology, et l’album complet est prévu pour le 15 avril au prix de 19,95€ pour 144 pages.

 

Au début du premier chapitre de Drifter, on voit un vaisseau se crasher, et un homme en sortir. Il se fait tirer dessus, et se retrouve dans une petite ville où il est soigné. Il doit apprendre à vivre avec ses habitants, et lorsqu’il tombe sur la personne qui lui a tiré dessus, il part à sa poursuite mais le perd. Puis le chapitre se finit par une révélation très intéressante ! Clairement, quand on termine la lecture, on a envie de se procurer la suite. Même si le mélange science-fiction et western est déjà vu, l’ambiance est très bien retranscrite, et les dessins peints sont vraiment magnifiques. Niveau rythme et graphisme, on a plus l’impression d’une BD franco-belge. Les auteurs ne sont pas forcément très connus, nous avons Ivan Brandon au scénario et Nic Klein au dessin, mais ce premier chapitre est une réussite, et les nombreux mystères donnent envie de continuer la lecture. Le chapitre 1 est disponible chez Comixology, et l’album complet arrive le 15 avril prochain au prix de 14,95€ pour 112 pages.

 

Pretty Deadly est un comics créé par une équipe de femmes, ce qui est assez rare pour être souligné. Kelly Sue DeConnick écrit, tandis qu’Emma Rios dessine. Il s’agit d’un western teinté de fantastique, avec un soupçon d’horreur. Le souci de ce premier chapitre, c’est que c’est très confus. La narration n’est pas fluide, c’est assez chaotique, ça part dans tous les sens. On ne comprend pas bien ce qu’on veut nous raconter ni qui sont les personnages principaux. On suit un vieillard aveugle accompagné d’une jeune fille, qui racontent l’histoire de la fille de la mort. Bien sûr, on a des pistes qui sont lancées, et je suis convaincu qu’on y verra rapidement plus clair. En tout cas, l’ambiance, à la fois fantastique et plutôt poétique, est très intéressante, et l’univers donne vraiment envie d’en savoir plus. Surtout pour comprendre les mystères et les pistes lancées. Au final, un chapitre un peu fouillis, mais avec un charme indéniable ! Lui aussi est déjà disponible chez Comixology, et sa version papier arrivera en librairie le 9 juin au prix de 15,95€ pour 144 pages.

 

Dans Letter 44, on suit la prise de poste d’un nouveau président des Etats-Unis, ce qui implique la découverte d’un secret : la présence d’extra-terrestre dans notre système solaire ! Une mission est d’ailleurs en cours pour aller les rencontrer, sans que personne ne soit au courant à part certains haut-placés. Ce premier chapitre met l’intrigue en place. On a beaucoup de texte, et des dessins d’Alberto Jimenez Alburquerque parfois approximatifs, mais il y a aussi une ambiance qui sent bon les années 90, période de diverses conspirations et de la mode des extra-terrestres. Il y aussi un côté exploration et découverte très plaisant. En plus de certains mystères, on est quand même curieux de savoir ce que veulent ces E.T. Ce premier chapitre donne envie de lire la suite, à voir si le scénariste Charles Soule continuera à susciter l’intérêt. Le chapitre 1 est disponible sur Comixology, tandis que l’album complet sortira en librairie le 9 juin au prix de 16,95€ pour 160 pages.

 

Glénat proposera donc aussi du comics de super-héros avec Furious. Attention cependant, on est loin de Marvel et DC, ici c’est bien plus violent. Une super-héroïne essaie de lancer sa carrière, mais cède à la colère et s’acharne sur les criminels. Du coup, elle devient célèbre non pas pour son héroïsme, mais pour sa violence. Mais ce n’est pas tout puisqu’elle semble cacher des choses sur son passé. Ce premier chapitre alterne différente période pour nous raconter une histoire, ce qui la rend inutilement confuse. Le dessin parfois peu précis n’aide pas à poser le récit pour prendre un peu de recul sur l’histoire. Le bon côté, c’est que c’est assez frénétique, et on a une vision intéressante du super-héroïsme et de la célébrité. L’histoire est principalement basée sur son héroïne, et le personnage semble suffisamment intéressant pour vouloir en savoir plus sur elle. Ecrit par Bryan JL Glass et dessinée par Victor Santos, le premier chapitre est disponible sur Comixology ainsi qu’un prélude gratuit. L’album complet arrivera dans les librairies le 9 juin au prix de 14,95€ pour 128 pages.

 

Pathfinder est un comics adapté d’un jeu de rôle qui se base sur les règles de Donjons et Dragons 3.5. Je ne connais pas le jeu, mais si vous connaissez ce genre de RPG, même en jeu vidéo, vous ne serez pas dépaysé. On y retrouve gobelins, elfes, nains, humains… Pour l’histoire, que du très classique : un groupe d’aventuriers part faire une quête. Bien sûr, chaque membre a un job et un caractère propre. Bref, le début d’histoire lancé par Jim Zub, le scénariste, dans ce premier chapitre n’a rien de bouleversant. Peut-être que les fans sauront déceler des clins d’œil que j’ignore. En revanche, les dessins très stylisés d’Andrew Huerta sont plutôt agréables, et lorgnent vers du Madureira, même si la construction de ses planches reste assez basique. Ce chapitre n’est pas encore disponible sur Comixology, mais ne devrait pas tarder. L’album complet quant à lui est prévu pour le 9 juin dans les librairies au prix de 14,95€ pour 64 pages.
Glénat Comics revient en force, et nous propose un catalogue plutôt alléchant. Hormis les grosses séries plutôt attendues que sont Lazarus et Sex Criminals, d’autres proposent des alternatives intéressantes. Drifter et Pretty Deadly ont un potentiel énorme qu’on suivra avec attention. Quant aux séries Letter 44 et Furious, si elles semblent être sans prétention, elles pourraient très bien trouver leur public. Mais il y a un point qui semble vous inquiéter, c’est le prix qui semble assez élevé. Il ne l’est finalement pas tant que ça, puisque celui-ci dépend du format des albums. Lazarus, Drifter et Pretty Deadly ont un format de 18,5 x 28,3 cm, ce qui est équivalent à un Marvel Deluxe chez Panini par exemple. Si Sex Criminals semble plus cher, c’est que c’est le format au-dessus : 19,90 x 30,20 cm. On se rapproche de la BD franco-belge, comme pour Pathfinder qui fera 22,5 x 32 cm. Pour Letter 44 et Furious, les prix sont plus conventionnels, parce que le format l’est plus pour un comics (17,3 x 26,5 cm). Enfin, ce sont des séries indépendantes, et les prix dépendent aussi des négociations faites avec les auteurs. Maintenant, nous attendrons avril et les premiers albums physiques pour connaitre la qualité de l’objet, même si ça devrait être proche de ce que Glénat nous a proposé précédemment. Le point qui m’a le plus inquiété est finalement la traduction française parfois approximative, mais les versions que j’ai eues entre les mains ne sont peut-être pas les définitives. Ça restera aussi à confirmer. Bref Glénat devient un acteur sérieux du marché des comics. Qu’en pensez-vous ? Y a-t-il des séries qui vous intéressent ?
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Edité par Glénat Comics

  • pulpy
    pulpy

    il y a 9 ans

    J'attends le format physique pour prendre Lazarus et peut être Sex criminals.
    Mais quand même, la traduction de Eve Forever en Eve Pour toujours, ça pique les yeux. Pourquoi traduire un nom que tout le mond ecomprend par un truc aussi moche. J'espère que Glénat pourra corriger pour la version physique, ou du moins pour la suite, pcq là c'est vraiment stupide.

    • Adrien L.
      Adrien L. - Rédacteur de l'article Staff MDCU

      En réponse à pulpy

      il y a 9 ans

      Glénat vient de confirmer sur sa page Facebook que l'héroïne s'appellera bien Forever dans la traduction finale.