C'est ce mercredi que s'est terminé le titre Batman: Three Jokers, annoncée depuis des années. Trois petits numéros très attendus et bourrés de promesses. Trois membres du staff vont vous donner leur avis sur l'intégralité du titre. Pour rappel, l'équipe créative est composée de Geoff Johns au scénario et de Jason Fabok au dessin.
Pour rappel, l'idée des trois Jokers a débuté en 2015 (ouais ! déjà cinq ans d'attente !). Dans Justice League #42, en plein Darkseid War (déjà par Geoff Johns et Jason Fabok), Batman devient un temps omniscient après avoir pris la place de Metron. À ce moment-là, le Chevalier Noir en profite pour poser des questions sur le Joker. Et après une attente de huit numéros, la réponse tombe enfin. Et elle n'est clairement pas celle attendue par Batman. En effet, à ce moment-là, nous apprenons qu'il n'est pas possible de répondre car il n'y en a pas un... mais trois !
L'avis de Cyrille
Eh bien, on ne va pas y aller par quatre chemins, autant j'étais mitigé par les numéros d'avant, autant ce numéro remonte le niveau ! Je pense que l'histoire aurait sincèrement gagné en terme de rendu s'il avait été publié directement en Original Graphic Novel et non pas en 3 numéros dont 2 servant d'exposition. On va commencer par les dessins, rien à redire, Fabok fait un taff magnifique sur le titre donc inutile de s'éterniser davantage sur cette partie, vous en aurez pour votre argent. Maintenant attardons-nous à l'histoire. Celle-ci se conclut et bien qu'on peut penser que cela s'enchaîne un peu trop vite par moment, elle rend hommage au personnage du Joker. En effet, ici l'histoire du personnage est bien traitée. Petit aparté pour revenir sur les relations entre Bruce, Jason et Barbara. Ces dernières sont plutôt bien écrites bien qu'un peu expéditives par moment, et aurait eu le mérite d'avoir un peu plus de dialogue par moment. Ensuite la relation entre le Joker et Bruce est bien écrite et sur ce point, rien à redire.
Passons au sujet à polémique, la fin. Elle est assez intéressante, tout en étant assez controversée également. Honnêtement, j'ai bien aimé, c'est en soit intelligent, on parle quand même du plus grand détective du monde mais après certains puristes risquent de voir ça d'un mauvais oeil. A noter qu'au moins cela peut offrir des histoires à l'avenir intéressantes donc on verra bien. Mais encore Johns fait subtilement une revisite d'une certaine oeuvre, ainsi il permet ainsi de justifier la révélation et aussi de montrer qu'il respecte le personnage à sa manière. Néanmoins est-ce que cela était utile de faire trois Joker ? Seul l'avenir nous le dira, surtout si l'histoire est réellement dans la continuité DC. Egalement, Johns a pris en compte le Joker de Snyder, donc je retire ce que j'ai dit dans la critique du #1 vis à vis de ce passage.
Pour finir, cette mini-série se savoure davantage en lisant d'une traite qu'issue par issue. Johns arrive à écrire des dialogues cohérents et intéressants entre les différents personnages et apporte sa touche à la mythologie du Joker sans pour autant la dénaturer, tout ceci étant sublimé par les dessins de Fabok. En revanche, on pourrait regretter que ce soit un peu expéditif par moment et qu'il y ait pas mal de mise en place.
Note : 4/5
Avec de telles promesses et un synopsis aussi envoutant, il est difficile de lire ce récit et de le mettre au même niveau que toutes les autres lectures. En tant que gros lecteur, l'oeil critique était grand ouvert sur le taff de Johns là où il ne sera pas forcément au beau fixe pour une lecture plus secondaire, plus dans la détente. Tout cela pour dire qu'il y a donc eu une certaine sévérité dans mes propos passés notamment vis-à-vis du premier numéro. Je réitère ces propos, mais ils ont bien été donnés dans un contexte précis : une volonté d'être face à une oeuvre parfaite. Le 4/5 de Batman Three Jokers #1 n'est pas le même 4/5 que l'on peut trouver sur un autre titre. Cette petite parenthèse étant faite, passons à la review générale de l'oeuvre.
Nous allons commencer par la partie la plus facile à savoir la partie graphique. Le travail de Jason Fabok est tout simplement hallucinant. Le dessin, la colorisation, la mise en scène, le design différent des trois Jokers, Batman, Red Hood, Batgirl, les visages des personnages... Tout est tout bonnement incroyable dans ce titre. Et je ne parle même pas des scènes qui font écho à d'autres scènes de l'univers Batman et que l'oeil avisé reconnaîtra au premier coup d'oeil. Un boulot incroyable !
Pour ce qui est du scénario, les imperfections du premier numéro sont largement balayés avec les deux suivants. Avant toute chose, la promesse d'avoir un récit construit est tenue par Johns. Il y a bien trois Jokers et aucun twist foireux pour expliquer la chose. La raison est finalement très simple et, surtout, ne pose aucun problème de continuité, cohérence ou autre. Comme quoi, parfois, il ne faut pas chercher bien loin. Cette fois encore, l'auteur s'appuie sur plusieurs récits majeurs du super-vilain afin de construire son récit et rebondir de manière assez incroyable. Plusieurs idées remettent en question la mythologie du Batmanverse et il vaut mieux avoir un esprit ouvert mais ce n'est pas supposé être un problème lorsque l'on est un fan de comics. Ce n'est qu'un faible prix à payer par rapport au nombre incroyable de bonnes idées. Ces pistes permettent également d'avoir une fin relativement ouverte ou, tout du moins, une fin qui permet de partir sur quelque chose de totalement nouveau. Est-ce que ces pistes seront utilisées ? Difficile à dire. En tout cas, elles existent bien, et elles sont intriguantes au possible. Et dans le sens où le récit a commencé a donné un coup de pied dans le Batverse, ce n'est pas plus mal qu'il se termine également de la sorte, plutôt que de terminer avec une fin plus convenue, fermée et qui ferait de ce superbe titre une simple parenthèse dans l'univers du personnage.
Note : 5/5
Avec un postulat de départ comme celui de Batman : Three Jokers, il va forcément y avoir de la controverse (à l’annonce même de la série, d’ailleurs), des attentes et des idées qui se sont formées dans l’esprit des lecteurs après de longues années d’attente, et forcément de la déception pour certains. On pourra toujours trouver des raisons pour ne pas adhérer à cette histoire qui prend des risques et apporte quelques changements à la mythologie de Batman. Pourtant, Three Jokers est maitrisé de bout en bout par ses auteurs et rend totalement justice au personnage du clown maléfique. Geoff Johns ne se défile pas en optant pour la solution de facilité, il introduit habilement son concept, nous réserve de nombreux twists savoureux et offre une conclusion parfaite pour le personnage, respectant et puisant dans tout ce qui a été fait précédemment, dont notamment le fondement qu’est The Killing Joke. Ce n’était pas évident de réussir à convaincre et c’est à mon sens une vraie réussite. Mais Three Jokers ne parle pas que du vilain, il s’attaque aussi à Batman et à sa mythologie et offre un moment clé qui fera date, s’intégrant parfaitement dans le plan du/des Joker(s). Quant à Batgirl et Red Hood, le choix de ces personnages est évidemment parfait au vu de leurs passés respectifs avec le Joker, et les parallèles sont bien amenés et travaillés. Johns remet une couche sur la relation entre Bruce et Jason et l’approfondie encore un peu plus, prouvant qu’elle est définitivement condamnée. Enfin, on pourra peut-être se poser des questions sur l'intérêt d'avoir amorcer une certaine relation romantique (que l'on ne dévoilera pas).
Si quelques points du scénario peuvent gêner, le reste devrait mettre tout le monde d’accord. Jason Fabok produit clairement le meilleur travail de sa carrière, tout, du dessin jusqu’à la mise en scène, est absolument fantastique. Il aura fallu attendre longtemps mais le résultat en vaut clairement la peine. Et franchement, rien que pour ça, cette œuvre se classe déjà très haut. Le rythme de l’ensemble est extrêmement intéressant aussi, Johns et Fabok prennent clairement leur temps pour travailler les personnages et la mythologie, sèment des indices et des bouts de réponses au fil des pages, mais sans qu’il y ait de gros coup d’accélérateur à certains moments, ou de gros cliffhangers un peu artificiels. Ils sont convaincus des forces de leur récit et n’ont besoin d’aucun outil narratif trop souvent utilisés. C’est rafraichissant par rapport à tout ce qu’on peut lire en comics, on est finalement plus proche du rythme et de la narration d’un graphic novel que d’une mini-série. Et je pense que c’est aussi clairement la volonté des auteurs, s’inscrire dans cet héritage des grands graphic novels de DC.
On se fiche de la continuité du Rebirth, on se fiche des fans qui piquent une crise dès qu’on ose toucher à la mythologie de Batman, Geoff Johns et Jason Fabok nous servent un superbe récit, qui respecte totalement le personnage du Joker et lui rend justice, épaississant encore plus l’aura qu’il dégage, et rendant hommage aux grandes œuvres fondatrices du personnage. Il sera intéressant de voir comment cette œuvre s’inscrit sur le long terme et si elle reste dans les mémoires. Petit bémol tout de même pour finir, les dernières pages… me laissent un goût légèrement amer et feront clairement débat. Johns a peut-être été un petit peu trop loin. Peut-être.
Note. : 4,5/5
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