La toute nouvelle série TV produite pour la plateforme de streaming DC Universe, Swamp Thing, a fait ses grands débuts hier soir avec la diffusion de son épisode pilote. La créature des marais créée par Len Wein et  Bernie Wrightson en 1971 revient à la télévision après quelques adaptations et apparitions passées, sous la houlette notamment de James Wan (Aquaman). Ce premier épisode est écrit par Mark Verheiden et Gary Dauberman et réalisé par Len Wiseman.

Le genre et le ton de la série est annoncé d’entrée avec une scène d’introduction rudement efficace, qui puise totalement dans les classiques de l’horreur et le fait avec talent. Elle nous emmène aussi d’emblée au milieu de ces fameux marais, qui seront évidemment l’un des théâtres privilégiés de ce pilote et de la série de manière générale, et qui participe déjà à installer une très belle ambiance. Et c’est peut-être ce que l’on retiendra le plus de ce premier épisode, son ambiance et ses décors. La Louisiane profonde est parfaitement ressentie, que ce soit à travers les différents lieux que l’on découvre, les habitants de la ville ou encore simplement les moyens de déplacement, avec les petits bateaux à moteurs dans les marais. On ressent l’aspect communauté très soudé et identitaire lorsque toute la ville est réunie pour une sorte de conseil municipal et que la peur et la paranoïa ambiantes commencent à prendre. L’unique bar du coin dans lequel se rendent Abby et Alec est très typique de la Louisiane profonde et amène une vraie atmosphère à l’histoire et à la série. Pour ne rien gâcher, la photographie est élégante et la réalisation assure. 

L’autre aspect que l’on peut retenir est évidemment le ton horrifique de la série. Et là aussi, la réalisation de Len Wiseman est au rendez-vous. Plusieurs scènes sont assez choquantes et en même temps… assez magnifiques, comme des tableaux d’horreur, lorsque les racines et les branches s’attaquent aux êtres humains et laissent les corps derrière elles. La beauté et la poésie dans l’horrible, c’est souvent ce qui a fait le succès des grands classiques fantastiques et on retrouve cet ingrédient ici. De manière générale, la réalisation imprime une sensation de danger imminent durant tout l’épisode et la manière de filmer les attaques des occupants du marécage est extrêmement inspirée, plaçant souvent la caméra du point de vue des branchages, ce qui donne des plans fluide et dynamique. Toutes les scènes d’action et d’horreur sont vraiment impressionnantes et bien rythmées, servies par des effets spéciaux largement à la hauteur d’une telle série. On regrettera quand même que la transformation d’Alec Holland, qui est censé être le moment le plus important, soit l’une des scènes les plus décevantes de cette première heure, donnant l’impression d’être assez « cheap » par rapport à tout le reste. 

Si le personnage central de l’histoire est celui d’Alec Holland, son personnage principal, en revanche, est bien celui de d’Abby Arcane. Et c’est une idée qui paraît assez logique puisqu’il sera plus simple de la montrer elle par la suite que la créature des marais, et surtout, elle sera l’ancrage humain en contrepoids de Swamp Thing. L’introduction du personnage fonctionne bien, c’est assez rapide et on est vite dans le vif du sujet, mais on a les informations qu’il nous faut. On n’échappera malheureusement pas à quelques grosses ficelles comme le fait qu’elle soit amenée à revenir travailler dans sa ville natale, ni au manque d’originalité autour de cette intrigue du retour forcée de la fille désavouée. L’actrice Crystal Reed fait le boulot dans ce rôle, elle livre une performance à la hauteur du personnage, sans pour autant se dégager du lot et porter ce pilote. L’introduction d’Alec Holland, elle aussi, tombe dans les clichés du genre dans les premières scènes, mais heureusement le personnage est beaucoup mieux travaillé par la suite et l’acteur Andy Bean réussit à trouver l’équilibre entre une assurance presque arrogante et une certaine vulnérabilité fondamentalement bonne. Mais là où les deux personnages fonctionnent le mieux, c’est ensemble, et c’est bien le plus important. Leur relation évolue assez rapidement sur un épisode mais sans que ce soit forcé, c’est très naturel, leurs scènes sont divertissantes à suivre et la dernière qu’ils partagent est belle est prenante. Dans leur orbite, on croise des personnages qui ont du potentiel et pourraient être intéressants pour la suite, notamment certains tirés de l’univers DC que l’on attend vraiment de voir jouer un rôle plus important. Mais il y a aussi toujours des personnages antagonistes assez irritants, auxquels on n'échappe pas ici non plus, j’ai nommé la famille Sunderland, Avery et Maria. Leurs scènes dans ce pilote sont plutôt bonnes et les acteurs très bons, mais on sent déjà arriver les intrigues lourdingues de mensonges et manipulations et « oh je suis méchant je vais tout faire pour rendre la vie impossible aux personnages principaux ». J’espère me tromper, cela dit. Cet épisode pilote fait le boulot en installant les intrigues et les personnages, et le fait de manière efficace et plutôt convaincante, il sera intéressant de voir comment évolue la série et le choix de direction qu’elle prendra. Si la réalisation réussit à rester à la hauteur de ce premier épisode et que les personnages ne se perdent pas trop en route dans des intrigues nauséabondes, on pourrait vraiment se retrouver avec une très bonne série en les mains, qui dépasserait largement ses compères du DC Universe.