Si vous connaissez
Grant Morrison, vous savez sans doute qu'il est l'auteur d'un run sur
Batman aussi impressionnant que compliqué. Alternant entre excellents récits et passages incompréhensibles pour le commun des mortels (du moins au début, tout s'explique à la fin), mais ça n'a pas toujours été le cas. En effet, il fut un temps où Grant Morrison tentait de percer dans le monde du comic-book, et c'est justement l'une de ses premières œuvres que nous allons voir aujourd'hui :
Arkham Asylum.
Entrez, si vous l'osez...
Edité chez
Urban Comics, Arkham Asylum nous plonge dans l'univers dérangé du célèbre asile, où tout le personnel a été pris en otage par les internés, contraignant
Batman à rejoindre son pire ennemi dans cet enfer, où il devra faire face à sa propre folie. Dès le début, l'ambiance est donnée, c'est sombre, glauque et très légèrement effrayant. Le premier point qui saute aux yeux c'est la relation peu commune entre les deux protagonistes principaux : Batman et le
Joker .
Une relation des plus étranges mélangeant amour et haine.
Mais là où je tire mon chapeau, c'est dans la caractérisation de Monsieur J. Morrison donne un sens à sa folie, une explication, faisant du Clown Prince du Crime une victime de sa propre « sur-santé mentale », ce qui provoque chez lui des changements de comportements aussi inattendus que violents, passant du simple clown blagueur, au tueur psychopathe et sans limites.
Dans le sombre asile, la folie semble toucher tout le monde : que ce soit les internés, qui se déchaînent, les médecins, qui restent de leur plein gré dans l'établissement
et même Batman ! Hé oui, l'une des particularités de l'oeuvre,
c'est de remettre en question le bon sens du Chevalier Noir (ce que Morrison fait très souvent dans son run sur le personnage, de 2006 à 2014, en plongeant dans les pensées du Croisé à la cape) ! Quelle personne saine d'esprit passerait ses nuits à tenter d'éradiquer le crime pour venger la mort de ses parents ? Batman n'a jamais été aussi vulnérable, confronté à sa propre folie. Perdu, et pourtant tellement à sa place.
Après cette excellente introduction, nous explorons le lugubre bâtiment, suivant pas à pas la progression du
Chevalier Noir , rencontrant sur son chemin ses ennemis les plus fous. Les scènes s'enchaînent vite et c'est toujours un plaisir de retrouver des vilains, connus ou non.
Alternant entre les récits d'
Amadeus Arkham , le fondateur de l'asile, et la visite de courtoisie de
Batman , Grant Morrison fait rencontrer ces deux éléments à un point clé de l'histoire que je ne révélerai pas pour ne pas vous gâcher la surprise.
Amadeus
Arkham , parlons-en ! Quoi de mieux pour découvrir l'asile que les textes de son fondateur ? Là aussi, le ton est sombre et son histoire est des plus dramatiques, si vous avez joué au jeu
Arkham Asylum, vous savez sûrement ce qu'il adviendra du pauvre Dr. Arkham (le jeu étant très inspiré de ce récit).
Et le final ! Quel final ! Grant Morrison continue son travail sur la psychologie avec un excellent retournement de situation, auquel il donnera une raison stupéfiante quelques années plus tard.
Pari réussi pour Morrison qui, pour son premier travail sur le personnage (et peut-être le meilleur) a créé le récit culte sur la folie de
Batman , et encore, il n'a pas été au bout de toutes ses idées, j'en reparle juste après.
Dave McKean, maître de l'étrange...
Mais que serait
Arkham Asylum sans ses célèbres peintures signées Dave McKean ? Ce dernier arrive à rendre encore plus effrayant le scénario de Morrison, et retranscrit parfaitement la folie exprimée par les textes de l'auteur écossais. Comment ne pas être terrorisé devant le visage du
Joker ? Chaque apparition de ce dernier provoque chez le lecteur un sentiment de malaise. Les deux sont complémentaires. On a aussi le droit à un découpage de cases peu ordinaire, mélangeant différentes techniques artistiques comme la photo ou le collage. La colorisation est parfaite. Sombre la plupart du temps, même lorsque les ennemis sont colorés, à l'instar de
Maxie Zeus .
C'est un tout. La beauté des illustrations réside dans la superposition de tous ces points : les peintures, le découpages de cases, les couleurs, les bulles... tout ça fait de
Batman : Arkham Asylum, un incontournable graphiquement parlant.
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Le run de Grant Morrison sur Batman : Comme je l'ai dit plus tôt, ce run est impressionnant, mais il est surtout très compliqué pour le lecteur lambda de pouvoir suivre, tant les idées de Morrison sont complexes et farfelues. Malgré cela, le run de G.M sur
Batman reste l'une des meilleures lectures pour découvrir le
Batman que nous connaissons aujourd'hui (malgré le reboot). Ici, la mythologie du
Chevalier Noir est respectée et l'auteur va souvent chercher très loin dans le passé pour pouvoir écrire ses histoires. Les 8 tomes ont été publiés chez Urban Comics sous le nom de Grant Morrison présente
Batman . A noter qu'un tome 0 est sorti il y a quelques semaines, composé d'histoires datant du début des années 1990. On y retrouve
Batman , obligé de faire équipe avec les criminels de Gotham pour stopper un tueur qui sévit dans la pègre.
Et l'ouvrage en lui-même ?
Enfin, un mot pour vous parler des bonus. Urban Comics a eu l'excellente idée de placer en fin d'ouvrage,
le script de M. Morrison. Un script d'autant plus intéressant qu'il nous montre à quel point ce dernier était prêt à aller pour rendre la relation
Batman /Joker la plus étrange possible, faisant du Clown Prince du Crime un cosplayeur de Madonna (je ne plaisante pas, le
Joker devait vraiment être habillé d'un corset, collant et talons hauts). Le tout est fait avec humour, et Morrison vous fera sûrement rire plus d'une fois ! Mais Grant Morrison est aussi un poète, et il nous le prouve avec des portraits des personnages, principaux ou pas. Là aussi, une excellente idée de la part d'Urban. Certains reprocheront peut-être à Urban l'accident des deux premières pages manquantes, mais le second tirage est d'ores et déjà sorti, et puis, quand on voit le prix et la qualité de l'édition (1€ de plus que l'édition de Panini), ce serait injuste.
Merci à Arianovna pour la correction de l'article.
En Résumé
LES POINT FORTS
- Un univers glauque, sale, sombre, l'asile
D'Arkham quoi
- Le travail sur la folie
- Les bonus
- Abordable (19€ pour 216 pages)
LES POINT FAIBLES
- Avouez, ça aurait été tentant de voir le
Joker en Madonna..non ?
Conclusion
En conclusion, Batman : Arkham Asylum est l'une des sorties de l'année à ne pas manquer ! Un chef-d'oeuvre de la part de Grant Morrison, qui, pour son premier travail sur le personnage, a créé un récit maintenant culte. Un récit culte qui n'aurait sûrement pas sa renommée sans les peintures de McKean qui auraient totalement leur place dans un cabinet de curiosités. Je le déconseille toutefois aux âmes sensibles, on est en plein dans l'âge sombre, qui a marqué un tournant dans l'histoire de Batman , et les histoires sont naturellement violentes, mais tous les autres, ne passez pas à côté !
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