[Review VO] Batman Incorporated 13

[Review VO] Batman Incorporated 13
Je m’apprête à me livrer à une tâche bien périlleuse aujourd’hui avec cette review de l'épisode sorti aujourd'hui qui conclut un run de Grant Morrison de 8 ans sur le personnage de Batman . La réputation du scénariste n’est évidemment plus à faire et c’est en tant que lecteur plus qu’averti qu’il faut se plonger dans ses histoires. Ce 13e épisode de Batman Inc. en est évidemment un parfait exemple. Alors accrochez-vous, ce final sera bien loin de vous laisser indifférent.



Avant de dévorer ce récit il est sincèrement conseillé d’avoir en tête tous les épisodes de Batman Incorporated v1 et v2 en tête pour avoir encore plus un sentiment de frustration. Car plus que jamais, si la première lecture comme d’habitude a tendance à refroidir nos ardeurs, on s’aperçoit bien vite que depuis le début Morrison avait semé tout au long de son run sur cette série tout un tas d’indices qui convergeaient vers ce final modéré. Modéré car ici il n’y aura que très peu de grandes scènes de combat interminables et encore moins d’explosions spectaculaires. L’ambiance est beaucoup plus intimiste, comme si le scénariste s’adressait directement à chaque lecteur en lui disant : « je vais te raconter une histoire ». Résultat, l’immersion dans le récit est totale. Mais dans ces pages le narrateur est le commissaire James Gordon qui s’apprête à interroger son vieil ami Bruce Wayne dont l’arrestation avait lieu dès la première page du premier épisode de la saison 2. Rappelez-vous, le milliardaire se tenait non pas devant une stèle identique à celle qu’on découvrira plus tard être celle de son fils mais deux stèles. Déjà un premier indice sur l’issue de cet épisode.



Le récit ne sera finalement qu’un long flashback qui reprendra là où s’est arrêté l’épisode précédent, c'est-à-dire à l’arrivée de Talia Al-Ghul dans la Batcave pour l’ultime confrontation avec le détective qu’elle ne cessera d’aimer. Et tandis que les deux ennemis s’enlacent une dernière fois, à l’image de Morrison qui conclue ici sa déclaration d’amour au Chevalier Noir , en arrière-plan les policiers, les associés de Batman et la mystérieuse organisation apparue dans Batman Incorporated 10 , se livrent au dernier combat face à Leviathan. Sur une double-page, il s’agira ici de la seule allusion à cette bataille car le cœur du récit est ailleurs, au fin fond de la Batcave . D’intimiste, l’histoire devient alors un huis-clos sous tension, un véritable dernier acte d’une tragédie cornélienne où le Deus ex-machina n'est pas une divinité mais en aurait les accents.



Et c’est ici que Morrison joue gros en n’hésitant pas à lancer une polémique qui restera dans les annales du DC Universe. Mais c’est aussi par cette hardiesse qu’il se distingue des autres scénaristes, avouons-le. Sans dévoiler l’identité du personnage qui viendra porter l’ultime coup, rappelons juste que dans une optique de rendre hommage à l’un des plus vieux personnages de l’éditeur, le scénariste n’a jamais hésité à mélanger les époques et les Âges qu’il a traversés. Plusieurs continuités se chevauchent dans son run, rendant encore plus abscons son récit pour les néophytes mais pour les lecteurs avertis, ce n’est qu’un pur plaisir condensé à chaque référence à un temps révolu. Et forcément il n’allait pas se retenir pour son dernier épisode. Et encore une fois, à la première lecture, on ne comprend plus ce qu’il se passe. Mais n’oubliez pas, tous les indices étaient sous nos yeux depuis plusieurs années. Voilà pourquoi je ne peux que conseiller, après avoir lu cet épisode, de retourner vers la première saison de Batman Inc. et de laisser traîner son esprit autour de l’épisode 4. Puis de se diriger vers le #10 de la saison 2. Et là, si vous êtes assez indulgent, vous frémirez de plaisir, et de frustration d’être passé à côté de cette révélation.



Mais un autre sujet à polémique est bien sûr les dernières pages de ce récit, notamment les dernières pensées du Commissaire Gordon . Encore une fois Morrison n’hésite pas à bouleverser tout un statu quo mis en place depuis… toujours, en choquant un lecteur habitué à peut-être un peu trop d’invariants dans le mythe de Batman . Sans oublier cet épilogue que je vous laisserai découvrir mais qui permet à la fois au scénariste de boucler sa boucle, le thème d’Oroboros, le serpent qui se mange la queue prend tout son sens, tout en lançant une volée de questions dont les prochains scénaristes seront libres ou pas de fournir des réponses. Une fin de run à distinguer de celle de Geoff Johns par exemple sur la série Green Lantern qui n’avait pas hésité à écrire un futur à son personnage.



Détail plutôt rare depuis le début de cette série New 52 qui avait du mal à trouver sa place parmi les autres, ici Morrison n’est pas avare en références de ce qu’il se passe dans cette continuité. Si l’on voit pour la première fois le visage de Leslie Thompkins depuis le reboot dans un flashback et qu’on se demande si la destruction puis reconstruction de la tour Wayne aura des répercussions sur les autres titres Batman, surprise est de découvrir des allusions à Zero Year, l’actuel event mené par Snyder sur la série-phare de la franchise. Et si l’on est ambitieux, pourquoi ne pas aussi voir une référence à l’arc Gorilla Warfare de la série Flash ? Surtout, Morrison montre également qu’il est érudit avec la mention d’un poème anglais du XIXe siècle qui narre la rencontre entre un chevalier et une mystérieuse femme qui lui tendra un piège. Ca ne vous rappelle rien ?



Est-il utile de rappeler que Grant Morrison est un grand parmi les grands ? S’il n’est pas forcément utile ici de se replonger dans toutes ses histoires dans les série Batman ou Batman and Robin , pour prendre parfaitement conscience du génie du scénariste il est obligatoire de relire tous ses Batman Inc. pour trouver ici une conclusion peu orthodoxe. Mais qui ne laissera aucun fan du Chevalier Noir indifférent. Finalement cette série s’apparente presque à une double histoire d’amour : celui impossible entre Batman et Talia et en arrière-plan du scénariste pour le super-héros qu’il a dépoussiéré et largement maltraité en l’espace de huit ans. Malheureusement le scénariste souffre toujours du même défaut. S’il nous donne toujours l’impression de savoir où il va, en laissant derrière lui plusieurs indices et quelques lecteurs confus, il n’est guère simple d’attaquer l’un de ses récits autrement que par le premier épisode. Pourtant, dois-je le rappeler, les comics devraient offrir à chaque nouvel arc une nouvelle porte d’entrée. Ce qui est impossible avec ce triste sire. Du moins si on veut apprécier à sa juste valeur son travail.


[conclusion=4,5][/conclusion][onaime]- Le jeu de piste lancé par Morrison qui trouve sa conclusion ici
- Les dessins de Chris Burnham, toujours aussi bons
- Une fin qui ne laissera personne indifférent
- Les références aux anciens Âges[/onaime][onaimepas]- Pas du tout new reader-friendly
- Être obligé d'avoir tous les anciens épisodes en tête pour tout comprendre[/onaimepas]
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  • Kit_Fisto
    Kit_Fisto

    il y a 11 ans

    Hâte de lire cette conclusion du run de Morrison !!!! Merci pour cette review !!!

  • DavIds
    DavIds - Rédacteur de l'article

    il y a 11 ans

    Kit_Fisto a écrit:
    Hâte de lire cette conclusion du run de Morrison !!!! Merci pour cette review !!!
    Mais de rien c'est tout normal ;)

  • BartAllen
    BartAllen Staff MDCU

    il y a 11 ans

    Merde, ca me donne envie de lire alors que j'en suis qu'au 4 (et j'ai lu le 8)

  • Batcow
    Batcow

    il y a 11 ans

    Moo.