Retour à la
Maison des Idées pour ce quinzième voyage à travers le temps. Et c’est aux
Fantastic Four et leur plus grand ennemi que nous allons nous intéresser aujourd’hui.
Septembre 1990 voit débarquer dans les comic shop du monde entier un recueil intitulé
The Trial of Galactus, ce dernier rassemble l’intégralité de l’histoire publiée sporadiquement durant la première moitié des années 80 entre
Fantastic Four #242 et #262. L’effort est louable et l’opération totalement réussie, en effet, c’est un vrai plaisir de découvrir ce livre qui contient tout simplement la meilleure histoire sur
Galactus de tous les temps, écrite et dessinée par un
John Byrne au sommet de son art.
Avant toute chose, petit retour sur le génial inventeur de cette saga : le grand
John Byrne ! Né en 1950, John se fait la main chez le petit éditeur
Charlton Comics au début des années 70 et y signent des comics de genres aussi divers que l’horreur, la science-fiction et le fantastique, d’abord en tant qu’artiste sur des
back-up stories, puis au sein d’anthologies et enfin en tant que co-créateur sur la série
Doomsday +1. Il intègrera
Marvel Comics en 1977 et se fera immédiatement remarqué aux côtés de
Chris Claremont, avec lequel il créera dès 1978 la légendaire
Saga du Phénix. Il quittera les mutants en 1981 après 3 ans et demi passés sur la série, période durant laquelle il se sera clairement amélioré. C’est donc à ce moment-là qu’il débutera son run de six ans sur
Fantastic Four, série à laquelle il donnera une aura comme elle n’en a jamais connu auparavant.
Intéressons-nous maintenant au contenu de notre recueil. Ce dernier se déroule en trois actes, en effet, en plus des arcs contenus dans
Fantastic Four #242-244 et
#261-262, Marvel a eu la très bonne idée d’y intercaler une histoire mettant aux prises les Fantastiques avec Dr Doom, leur autre ennemi le plus célèbre.
Le premier acte verra l’affrontement entre les
Fantastic Four et le terrible
Terrax, alors héraut de Galactus. Cet arc propose au lecteur des moments d’anthologie, avec notamment l’île de Manhattan désolidarisée du reste de la Terre et flottant dans l’espace, sous le pouvoir de Terrax, et bien entendu l’affrontement de ce dernier avec nos héros… mais également l’arrivée sublimement orchestrée de l’incroyable
Galactus, le
Dévoreur de Mondes. Ce dernier viendra cependant en aide à nos héros puisque lui-même menacé par le mutin Terrax, et de manière totalement inattendue, face à un Galactus affaibli et promis à une mort certaine, Reed Richards s’opposera à tout le monde et décidera de guérir ce dernier.
La seconde partie de l’ouvrage nous permet de souffler, nous ne sommes plus trimballés jusque dans l’espace pour assister à des affrontements incroyables… mais à la place, nous retrouvons les Fantastic Four opposés à Dr Doom, l’un de leurs plus terribles ennemis. La particularité de cette histoire est de développer très fortement ce personnage. Ainsi, nous y apprenons l’existence d’un fils, mais ce qui attire forcément le lecteur, c’est la découverte de la psyché et surtout de l’éthique propre à ce dirigeant totalement à contre-courant de l’éthique habituelle, cette dernière étant particulièrement mise en valeur par une phrase prononcée par Tyros : "
I never thought Doom would strike a woman! KILL one, yes, but never strike one..." / « Je n’aurais jamais pensé que Doom frapperait une femme ! En tuer une peut-être, mais jamais en attaquer… »
C’est avant tout le développement du personnage de Dr Doom et de son pays, la
Latvérie, qui resteront en mémoire, mais cet arc va très loin pour l’époque puisque ce dernier n’hésite pas une seule seconde à utiliser
Tyros contre son gré, en lui faisant la promesse d’une puissance incommensurable… mais pour une durée limitée, ce qu’il s’est forcément bien gardé de lui dire.
Le recueil se termine par un arc qui ne présente non pas le jugement de Galactus comme le sous-entend le titre du recueil, mais celui de Reed Richards ! En effet, celui-ci est tenu responsable par
Lilandra (qui se fait alors appeler Shi’Ar Majestrix) et une confédération de races aliens victimes de Galactus d’être indirectement responsable de la destruction de toutes ces planètes, et particulièrement de la planète mère des
Skrulls , détruite en début de récit. En effet, si cette dernière fût détruite, c’est à cause de Reed puisqu’il a sauvé Galactus, qui a alors jeté son dévolu sur cette planète pour se requinquer.
Nous aurons affaire à un véritable procès s’appuyant sur des versions alternatives de lois du code civil américain, nous avons donc vraiment l’impression d’assister à une bataille pénale, mais cette dernière est rendue d’autant plus passionnante par plusieurs petites trouvailles de l’auteur.
Comme vous pouvez le voir, nous avons donc là un recueil absolument passionnant de bout en bout qui non seulement nous propose de l’action à foison, mais en plus nous propose un développement des personnages très riche, même s’il s’agit pour la plupart de personnages « sensibles », car adorés par le public.
Il est maintenant temps de faire un petit point sur le processus de publication totalement original du dernier chapitre de ce recueil, initialement paru dans
Fantastic Four #262. Au moment de la conception de ce chapitre, les éditeurs avaient tous été réquisitionné pour la
San Diego Comic Con, laissant les assistants éditeurs aux manettes pour un mois complet de publication.
Jim Shooter était donc absent et
John Byrne avait ainsi carte blanche pour ce numéro. Ainsi, il décida de réutiliser une technique déjà vue dans
Fantastic Four #12 (par le duo Lee / Kirby), il ferait une histoire dont il serait le narrateur… qui est également un protagoniste de l’histoire !
Ce dernier commence donc par une discussion entre John Byrne et son éditeur, dans laquelle John lui annonce qu’il n’a pas encore d’histoire à lui soumettre (le tout est dessiné et écrit comme cela), c’est alors qu’apparaît le
Watcher. Ce dernier emmènera John avec lui pour assister au procès de Reed Richards, il en sera donc un observateur totalement impliqué.
Comme vous vous en doutez, très peu d’auteurs ont tenté l’aventure, mais Byrne s’en sort avec brio et se sert de ce ressort pour ajouter une touche d’humour à ce numéro très sérieux, puisque l’on y assiste à une véritable bataille légale.
Ce chapitre est d’ailleurs extraordinaire à plus d’un niveau puisque Byrne nous apprend enfin l’idée que
Galactus n’est bel et bien qu’un concept. Avant ce dernier, Galactus est toujours représenté comme un géant à l’apparence anthropomorphe vêtu d’un habit « technologique » violet… et bien, Byrne révolutionne cela en nous révélant l’apparence que revêt ce dernier selon la race qui l’observe, et nous montre cela au travers d’une page absolument sublime (que vous pouvez voir ci-dessus) où l’on retrouve quelques apparences alternatives de ce dernier, qui n’est au final en fait qu’une force, qu’une énergie, qui se révèle différemment selon l'être qui le contemple. Vous l’aurez compris, j’ai décidé de rédiger ce chapitre afin de montrer à tous les détracteurs du Galactus du second film Fantastic Four des années 2000, que ce dernier était au final plus fidèle au modèle du comics qu’ils ne le pensaient.
Pour terminer cette chronique, parlons maintenant de la conclusion de ce recueil qui est tout à fait intéressante, car elle est à l’origine d’une petite controverse. En effet,
Eternité, l’incarnation du temps, de l’existence elle-même (de l’univers Marvel), y apparaît en personne et valide l’existence de
Galactus, fait critiqué par
Marc Singer, professeur de littérature à la
Howard University, qui déclare que John Byrne aurait alors utilisé ce personnage comme un moyen de justification des génocides à une échelle planétaire. Un point de vue qui doit pouvoir se défendre, je vous invite donc à découvrir ce chapitre à la lumière de cette controverse.
Nous avons donc là un recueil intéressant à tous les niveaux que tout fan d’aventures cosmiques se doit de lire. Il n’est malheureusement disponible qu’en VO aux éditions Marvel.
Mais pour ceux désirant aller plus loin dans la découverte du personnage après lecture de cet article, voici une petite sélection d’autres très bonnes histoires mettant en scène le terrible Galactus :
- Les Guerres secrètes (Marvel Gold – Mai 2013 – 16,30€)
- Le Gant de l’Infini (Marvel Gold – Janvier 2012 – 16,30€)
- La Guerre de l’Infini (Best of Marvel – Février 2013 – 25,40€)
- Annihilation (Marvel Deluxe – Nov 2010 (1) – Juin 2011 (2) – 28,40€)
Pour toute information, n’hésitez pas à contacter notre partenaire, la librairie ApoKlyps, qui se fera un plaisir de vous recevoir au 120 rue Legendre, 75017 Paris.
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