Le personnage du
Punisher (alias
Frank Castle) est assez compliqué à gérer pour
Marvel. Il s’agit d’un anti-héros qui a eu des heures de gloire dans les années 80, période propice pour ce genre d’histoire. Cependant, comment utiliser au mieux un personnage qui est juge, juré et bourreau dans un univers où les super-héros se doivent d’être un exemple et ont une ligne de conduite à respecter ? Difficile de glorifier un meurtrier. Lorsque
Marvel crée le label
MAX en 2001 consacré aux séries pour adulte, c’est-à-dire sans limite de violence, c’est tout naturel que le
Punisher y soit intégré. Il y est d’ailleurs dès 2004, et rencontre un certain succès puisque la série fera 75 épisodes jusqu’en 2009. D’abord traduit dans la collection
MAX par
Panini, l’éditeur les réédite en
Marvel Deluxe.
Mère Russie en est le deuxième tome.
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Garth Ennis, un scénariste qui peut produire des choses très violentes, écrit cet album. S’il y en a qui ne le connaissent toujours pas, l’auteur s’est fait remarquer surtout pour ses créations
Preacher et
The Boys, ou pour son
run sur
Hellblazer, mais aussi justement pour son
run sur le
Punisher. D’ailleurs, la série
MAX ne marque pas les débuts du scénariste sur le personnage, il travaille dessus depuis 2000. En effet, il a commencé par écrire les douze numéros du volume 4 de
The Punisher issu du label
Marvel Knights. Suite à ce succès, un volume 5 fut lancé toujours sous le même label qui durera lui 37 numéros de 2001 à 2004. Jusqu’à l’année où
Marvel décide donc de passer le héros dans la gamme
MAX. L’auteur est finalement loin d’être un débutant sur le personnage lorsqu’il commence cette série : il a déjà 4 années de travail, et une cinquantaine de numéros à son actif. Pour le label
MAX, il va d’abord commencer par une mini-série,
Born, racontant ce qu’a vécu
Frank Castle durant la Guerre du Vietnam. Puis la série régulière est lancée, et est composée d’arcs bien distincts. Les histoires sont quasi-indépendantes les unes des autres. Dans le premier
Marvel Deluxe,
Panini nous a proposé
Born, les six premiers numéros de la série nous présentant la première histoire, et un
one-shot. Si l’album ne manquait pas de qualités, le début de la série régulière angoissait un peu, notamment à cause de grossièretés et de violences gratuites que le scénario alambiqué n’arrivait pas à justifier.
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Ce deuxième tome contient deux histoires de 6 épisodes chacune, et n’ont aucun lien entre elles. Je vais donc les traiter séparément. La première se nomme
Kitchen Irish et se déroule notamment à Hell’s Kitchen. Le récit débute par une explosion dans un restaurant où se trouve le
Punisher. Dès lors, on suit le héros qui veut trouver les responsables, épaulé par deux personnes qui connaissent les responsables et qui veulent les tuer. Mais on suit aussi quatre différents gangs qui entrent en guerre pour une histoire de pognon. Dès les premières pages, on sent qu’on est dans le label
MAX, car l’explosion est exagérément violente. Il faut voir une serveuse amputée de ses deux bras en train d’étouffer dans son sang à cause d’un débris de verre enfoncé dans la gorge pour comprendre qu’on ne fait pas dans la finesse. Au début, les gangs se tapent dessus, et on ne comprend pas bien pourquoi. Petit à petit, les éléments de l’intrigue vont se dévoiler. Elle reste au final assez simple, mais plutôt intelligemment racontée pour rendre ça intéressant. L’histoire met en avant le conflit entre l’Angleterre protestante et l’Irlande catholique, et
Ennis n’est vraiment pas tendre avec l’Irlande, pourtant son pays d’origine. Bref, l’histoire est plutôt sympa à suivre, surtout que l’on a en tout cinq groupes à suivre (4 gangs et celui du Punisher). Il est tout de même un peu décevant de voir le
Punisher en retrait, puisque ce sont surtout les gangs qui sont au centre de l’histoire. Mais je vous rassure, le héros fait quelques apparitions remarquées qui finissent souvent en boucherie.
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La seconde histoire est radicalement différente de la première. En effet, si la première s’intéressait au côté urbain du
Punisher, la seconde va se focaliser sur son côté militaire. Enfin, ça on le découvre après une introduction qui nous laisse croire qu’on va rester dans le même style : l’astuce est plutôt bien trouvée. Puis nous avons un invité de marque en la personne de
Nick Fury. Mais attention, c’est le
Fury du label
MAX, le trash, celui qui fume des cigares et se tape des putes. Bref, il contacte le
Punisher pour lui filer une mission pour les militaires américains. En effet, il doit récupérer en Russie un virus qu’une petite fille a dans le sang pendant 48h seulement, sous fond de reliquat de la Guerre Froide. Pour cela, il est secondé par un soldat, chose que n’aime pas trop le
Punisher. Nous avons donc un cadre bien plus large qu’habituellement, mais c’est crédible puisque le héros est un militaire à la base, et ça change ce qui est très positif. Cette fois-ci le
Punisher est vraiment au centre de l’histoire qui va s’emballer, et avoir son lot de boucheries aussi. Pourtant, si les Russes en prennent pour leur grade, les Américains sont loin d’être épargnés. Tous des salauds, comme dirait l’autre. D’ailleurs, la relation entre
Fury et
Castle est assez jouissive.
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Finalement, ces deux histoires se complètent plutôt bien. La violence et la grossièreté sont encore présentes, mais moins gênante que dans le premier tome. En effet, dans les six premiers épisodes de la série, on avait l’impression qu’
Ennis abusait d’insultes, de sang et de vulgarités juste parce qu’on lui avait demandé d’en mettre pour justifier le label
MAX. Attention, on a quand même ici beaucoup de violence pas forcément indispensable, mais c’est moins marqué. Et surtout, les morts ne sont pas sélectifs : tout le monde peut mourir (à part le
Punisher bien entendu).
Ennis n’a pas peur de sacrifier ses personnages, et de renverser des situations, ce qui est plutôt pas mal. On est entre la bande dessinée pure avec un
Punisher qui trucide à tour de bras, et le réalisme dur avec des morts brutales pour tout le monde. Le seul défaut que je pourrais émettre, c’est au niveau de la traduction parfois assez hasardeuse de
Nicole Duclos. Si dans l’ensemble, ça reste très compréhensible, il y a certaines répliques qui sont assez confuses et dénuées de sens.
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Au niveau des dessins, nous avons un artiste par histoire. La première est l’œuvre de
Leandro Fernandez qui a surtout travaillé pour
Marvel, mais aussi sur
Queen & Country ou
Northlanders. Il a un style plutôt simple, mais efficace, avec un bon travail sur les ombres. Malgré le nombre assez important de personnages, tous sont reconnaissables au premier coup d’œil, ce qui était nécessaire pour cette intrigue. Sur la seconde histoire, nous avons
Dougie Braithwaite, un artiste qui a travaillé sur de nombreux projets, dont notamment
Universe X et
Paradise X. Lui aussi a un style plutôt classique, avec une capacité à nous offrir des visages durs qui ont vécu, ce qui donne un certain charme à
Fury et
Castle. Malgré des encreurs et des coloristes différents, les deux histoires sont dans le même ton. C’est réaliste, très sombre, et pourtant parfaitement lisible. Bref, rien à reprocher à ce niveau-là si vous aimez le style, et les couvertures de
Tim Bradstreet sont magnifiques.
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[conclusion=4][/conclusion][onaime]- Deux histoires très différentes
- L'ambiance sombre
- Le duo Fury/Castle[/onaime]
[onaimepas]- La violence et la vulgarité parfois dispensables
- La traduction[/onaimepas][resume=80]
Garth Ennis nous offre deux récits très sombres, avec un goût pour la provocation et la violence gratuite, mais on en attend pas moins pour un psychopathe comme le Punisher. Si ce côté ne vous rebute pas, et que le personnage vous attire, ces histoires pourraient vous intéresser. Elles font partie de ce qui se fait de mieux sur le personnage.[/resume][mot_fin=Boucherie]
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