Je ne sais pas pour vous mais c'est parfois dur d'assumer ses passions. Par exemple, quand tu dis à tes potes non geek « Eh les gars je vais aller voir un film qui s'appelle Cowboys & Aliens » (Cowboys & Envahisseurs en français, ce qui au passage aurait bien sûr pu ne pas être changé mais peut attirer un public qui serait rebuté par une SF trop présente, ce qui n'est pas le cas), bah, il faut s'attendre à des sarcasmes et des « et sinon, le scénario c'est le fils du producteur qui l'a écrit ou quoi ? ». Heureusement pour moi, Cowboys & Envahisseurs n'est pas un simple film de série Z qu'on peut regarder sur la TNT. Alors, si jamais à la fin de l'été, vous avez du mal à convaincre vos proches d'allez voir ce film, balancez le même argument que moi : « C'est peut-être un titre pourri (et encore....) mais y'a James Bond, Han Solo et la bonasse de Tron Evolution dans ce film. Quant au réalisateur, c'est le gars qui a fait
Iron Man ». Promis, ça calme direct votre interlocuteur.
Cowboys & Envahisseurs - Nouvelle bande annonce... par Paramount_Pictures_France
Revenons un peu en arrière. C'est quoi ce film ? Déjà, à la base, c'est un comic-book. Je vous rassure, vous n'êtes pas inculte si vous n'en avez jamais entendu parler. C'est sorti en 2006 aux éditions Platinium Studios (ouais, c'est pas du Marvel, de l'Image ou du Dark Horse, et alors ???) par des artistes obscurs si ce n'est le scénariste Fred Van Lente vu chez Marvel depuis quelques années (notamment sur Hercules et Marvel Zombies) et un « créateur » (en gros, le gars qui a eu l'idée, c'est tout) qui a produit Men In Black. Avec un tel titre et de tels créateurs, difficile de concurrencer les
Captain America ou
Iron Man , non ? Prenez un budget de plus de 160 millions de dollars, les artistes mentionnés plus haut et comme producteurs des gars comme Steven Spielberg et Ron Howard et vous rentrez dans la cour des grands. A la fin du film, quand on comprend qu'on a affaire à une tuerie, on se rappelle que l'habit ne fait pas le moine.
Ouais, vous avez bien lu, malgré un titre cliché, on a là un excellent blockbuster estival. Captain America sort une semaine avant (Docteur vous a dit tout le bien qu'il en pensait) et va devoir engranger le maximum d'entrées car un concurrent implacable l'attend au tournant. Mais de quoi ça parle ce film au final ??? C'est vrai, je tourne autour du pot depuis tout à l'heure sans rentrer dans le vif du sujet. Je ne vais pas vous mettre le synopsis du dossier de presse qui spoile un peu trop, je préfère celui-ci :
Arizona, 1873. Un homme (Daniel Craig) qui a perdu tout souvenir de son passé se retrouve à Absolution, petite ville austère perdue en plein désert. Le seul indice relatif à son histoire est un mystérieux bracelet qui enserre son poignet. Alors que la ville est sous l’emprise du terrible colonel Dolarhyde (Harrison Ford), les habitants d’Absolution vont être confrontés à une menace bien plus inquiétante, venue d’ailleurs...
Voilà, ce n'est pas compliqué et surtout ça parle pas dès le début d'aliens. Eh oui, faut bien comprendre un truc, à la différence du comic-book, le film prend le temps d'installer une ambiance et une tension dignes des meilleurs westerns avant d'introduire progressivement la menace alien. Le comic-book qui privilégie la science-fiction en nous présentant dès le départ les aliens, leur technologie, met en relation les deux races...Ici le film guide le spectateur en débutant par un pur film de western pour lentement se muer en film de SF type ALIEN. On s'inspire de la bande-dessinée voire du titre, pas vraiment plus.La partie SF n'étouffe pas le film, on est bien dans un western qui va ravir les fans du genre, je préfère prévenir dès maintenant si vous n'aimez pas ce genre de film. D'ailleurs, pour les inconditionnels des bon vieux films du Far-West, vous pouvez très bien remplacer les aliens par les indiens pour vous faire une idée du scénario qui n'est franchement pas très original mais diablement jouissif dans son déroulement. En effet, la force du film tient en la prestation des acteurs qui ont le droit à des dialogues savoureux pour commenter le défi incroyable que représente cette chevauchée.
En 1h57, le film prend le temps de mettre en avant chaque personnage et ne perd pas le spectateur dans des détails inutiles ou des retournements de situation absurdes. Non, ici, c'est l'hommage aux classiques du genre qui transpire avec la volonté de mettre le spectateur sur le même plan que les personnages : on ne sait rien de la menace (pas de plans dans le camp des aliens en mode « pendant ce temps-là »), on ne voit que ce que veut bien nous montrer le réalisateur et on se dit à un moment que c'est bien dur d'affronter un seul alien, alors plusieurs... Ici, pas d'arme nucléaire pour la défense hormis un mystérieux bracelet qui est aussi un ressort comique, c'est dire. C'est la nature de l'homme et de ses relations avec les autres qui va sauver ou non les héros, comme dans tout bon western. Je pense que cette manière d'introduire l'histoire va permettre aux réfractaires automatiques de ce genre de film de se faire piéger et savourer à leur grande surprise ce film (vous en avez surement parmi vos proches, vous savez, ceux qui balancent un « ah non moi la SF ce n'est pas mon truc avec tous ces monstres là, beeeeeeeurk »). Quant aux indiens, vous inquiétez pas, ils ont une bonne place dans le film. Et non, on n'est pas dans Wild Wild West donc ce n'est pas un univers décalé mais bien notre bon vieux Far West, comme si l'histoire était vraie et avait été oubliée par l'Histoire.
Je vais maintenant m'attarder sur les acteurs, la grande force de ce film. On commence par Daniel « James Bond » Craig. Alors moi, je fais partie des fans (pas absolu mais bon le gars sait jouer la comédie). Là, il est parfait pour ce rôle. Ouais, la brutalité se lit dans ses yeux, à la Clint, j'ose le dire sans problème. Il a un rôle ultra-simple mais sait lui donner de la consistance dès la première scène du film qui nous met KO direct. Ouhla, je commence à faire trop d'éloges là... pas bon... Problème : l'acteur suivant est un des patrons du cinéma US (quand il le veut bien). Harrison Ford en vieux grinchon qui n'hésite pas à mettre son poing dans votre gueule, c'est encore un rôle pas très original mais désolé, il le fait vivre sous nos yeux. Voir ce duo s'affronter dans des battles en mode « baisse les yeux toi !!! », c'est carrément jouissif. Tiens, en parlant des yeux, y'en a une qui va vous faire craquer : Olivia Wilde. Avec elle, pas besoin de se mettre à poil pour vous retourner le cerveau. La scène finale de toute beauté sublime ainsi son jeu qui s'étoffe au fil du film. Ouais, pour une fois, c'est pas une potiche enlevée par les indiens (ou ici les aliens) et qui perd un sein au milieu d'une scène (même si on a le droit à un rapide aperçu, mais c'est un chouïa justifié par le scénario). Voilà, ces trois acteurs bouffent l'écran comme c'est pas permis. Ajoutez une très bonne galerie d'acteurs que vous connaissez par coeur sans jamais retenir les noms (un jour, c'est sûr vu leur talent) et vous avez là un casting béton.
Bon, je me rends compte que ça fait un peu long pour un article. Soit vous êtes déjà convaincu, soit vous avez compris que ce n'est pas pour vous (mais vous auriez tord), soit vous voulez pas vous faire spoiler, soit vous en avez marre de me lire... Promis, c'est presque fini mais ce qui reste vaut le coup d'oeil. On va parler réalisation. Pour beaucoup, Iron Man fut une claque aussi bien pour son acteur/personnage que pour sa réalisation léchée. Vous inquiétez pas, Favreau n'a pas laissé son talent chez Marvel. Il maîtrise le rythme de son histoire, chose très importante dans tout bon western pour ne pas s'emmerder. Avec un budget du calibre de ses précédents films, il a aussi pu se faire plaisir au niveau des effets spéciaux mais là encore il n'en abuse pas, ce sont des petites apparitions au début qui servent le scénario (après bien sûr, il met le paquet). Certains plans sont bluffants mais j'ai aussi adoré l'utilisation des effets plus traditionnels comme les bonnes vieilles explosions en pleine chevauchée, vous savez ces trucs exagérés mais qui vous font pensez « tout droit mon gars, dis à ton cheval de ne pas changer de course, les gars sont trop cons pour tirer sur toi !!! ». En ce qui concerne la musique, je suis pas le genre à écouter la BO chez moi, c'est dire. Rien ne m'a marqué sur ce point, c'est du classique qui colle bien à l'ambiance sans proposer de thème époustouflant. Faut dire que la photographie monopolisait à fond l'un de mes sens donc je suis pas très objectif.
Que retenir au final de ce film ? Un bon western qui intègre progressivement et intelligemment les aliens, un réalisateur qui maîtrise son sujet en étant soutenu par des acteurs et une technique irréprochables...Ce film est la bombe de la rentrée (bah ouais le 24 août, c'est plus trop l'été). Vous l'aurez compris, en rentrant de vacances, courrez au cinéma voir ce film. Bon y'a
Captain America aussi mais la concurrence ne fait pas de mal, non ?
COWBOYS & ENVAHISSEURS
Sortie nationale le 24 Août 2011 (il est sorti ce week-end aux USA).
Réalisateur : Jon Favreau
Acteurs : Daniel Craig, Harrison Ford, Olivia Wilde, Sam Rockwell, Adam Beach, Paul Dano, Noah Ringer...
D'après le comic-book "Cowboys & Aliens" créé par Scott Mitchell Rosenberg.
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![[Dossier] 10 ans de New 52 : Les oubliés de la VF](https://www.mdcu-comics.fr/upload/news/unes/thumbs/img_une_35477_dossier-10-ans-de-new-52-les-oublies-de-la-vf_1636630341.jpg)
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