Cherchant à financer son procès pour récupérer les droits de Miracleman, Neil Gaiman accepta d'écrire une mini-série pour Marvel, à la grande joie de Joe Quesada qui cherchait à recruter de grandes signatures. Le fruit de cette collaboration avec la Maison des Idées, sobrement intitulé 1602, montre les prémices de l'univers Marvel avec l'apparition de personnages évoquant fortement nos super-héros actuels dans le cadre du début du XVIIe siècle. Pour expliquer ce qui l'a incité à situer son récit dans le passé, Neil Gaiman a affirmé qu'il voulait écrire quelque chose s'éloignant des événements du 11 septembre 2001 qui venaient d'avoir lieu. Son concept, magnifiquement illustré par Andy Kubert et colorisé par Richard Isanove, fut un succès. Exploitant le filon, Marvel a publié diverses mini-séries pour explorer ce nouveau monde, mais sans la participation de Gaiman.
En 1602, le royaume d'Angleterre est confronté à d'étranges phénomènes. Préoccupée, la reine d'Anglettere Elizabeth décide de faire appel au Docteur Stephen Strange et à Sir Nicholas Fury. Alors que la quête pour découvrir l'origine de ces mystères se poursuit, le lecteur découvre une galerie de personnages qui ressemblent à un écho passé des héros et vilains Marvel contemporains.
Bien que la transposition de héros dans un autre contexte temporel ne soit pas nouvelle (la collection Elseworld de DC regorge d'exemples) et a depuis fait florès (Marvel Noir...), 1602 a apporté un vent de fraîcheur dans la production de l'époque. Récit soigné à tout point de vue, il comblera les amoureux de Marvel et de Gaiman. Bien entendu, cette mini-série ne saurait avoir l'ambition, la richesse ou la portée d'une œuvre telle que Sandman, mais c'est une bon moyen pour le lecteur néophyte de découvrir Gaiman ou d'aborder différemment le mythe des super-héros.
Panini a d'abord publié le titre en deux volumes dans sa collection 100% Marvel, puis à deux reprises dans sa collection Marvel Deluxe en un seul tome. Toutes les éditions étant épuisées, il vous faut désormais attendre que Panini rende à nouveau le titre disponible ou vous tourner vers le marché de l'occasion.
Après le succès de 1602, Gaiman écrivit pour Marvel pour une deuxième mini-série. Cette fois, il remit au goût du jour les Eternals, un groupe de divinités (une thématique qui lui est chère) créé par le grand Jack Kirby et depuis un peu tombé dans l'oubli. Revisitant une fois encore un mythe, il réalise ici avec John Romita Jr un excellent travail qui n'a pourtant pas autant marqué que son 1602. Une série régulière dédiée aux Etarnals sera lancée dans la foulée (par une autre équipe artistique) mais sera vite interrompue pour cause de ventes décevantes. Malgré son excellente prestation, Gaiman n'aura pas fait mouche cette fois-ci.
Les Eternals étaient jusqu'il y a peu des entités puissantes et immortelles. Aujourd'hui, tout le monde semble avoir oublié leur existence. Y compris les principaux intéressés. Tout le monde, sauf l'Eternal Ikaris. Ce dernier tente de retrouver de ses compagnons amnésiques vivant désormais comme de simples mortels et de découvrir la cause de ce mystère.
Gaiman est le premier à révéler le potentiel de ce titre issue de l'imagination fertile de Jack Kirby. Malgré leur nature divine, les Eternals ont toujours été des personnages de seconde zone, n'arrivant pas à atteindre la notoriété ni l'affection du public dont ont bénéficié ses autres créations. Leur défaut vient sans doute d'être arrivés après les Asgardiens et les New Gods, autres concepts très proches créés par Kirby. Recyclant l'idée du héros oublié et amnésique (cf le Miracleman de Moore et même le Sentry de Paul Jenkins ou, plus récemment, les Asgardiens de Straczynski), il modernise avec brio les personnages de l'oncle Jack. Avec aux dessins un Romita Jr dont l'influence kirbyesque se fait plus sentir que jamais, ce titre remplit parfaitement son cahier des charges. Se plaçant d'emblée des coudées au-dessus des autres séries Marvel, le scénariste prouve que l'on peut faire des séries super-héroïques respectant à la fois les codes du genre et l'intelligence des lecteurs. Hélas, cette réussite artistique n'a pas connu le retentissement escompté. La faute en échoit sans doute à l'absence de surprise, de ce petit grain de folie et d'originalité qui aurait donné aux Eternals une saveur unique et reconnaissable entre toutes. Un titre excellent qui est retombé dans le même oubli que ses héros.
La série fut traduite par Panini dans en deux volumes de la collection 100 % Marvel sous le titre Les Éternels puis rééditée en un seul tome dans le format économique Marvel Select.
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