Ce nouvel opus de la série polar de référence est proposé dans un format particulier, 80 pages traitées par Brubaker & Philipps comme une nouvelle dont l’action se déroule au sein de l’univers de la série.
1997. Un auteur de BD, Hal Crane, est invité à une ComicCon pour recevoir un prix. Il y retrouve l’un de ses assistants pour le guider sur place. Sa venue n’est cependant qu’une couverture pour régler un conflit vieux de plusieurs années. Ce récit évoque le monde souterrain des auteurs et éditeurs, les scandales internes et les suspicions, une superbe mise en abyme du milieu.

Pas d'avis pour le moment.

Ed Brubaker et Sean Phillipps sont de retour avec ce nouveau format de “nouvelles” se déroulant dans leur univers de Criminal, que l’on avait déjà pu découvrir avec le très bon Mes héros ont toujours été des junkies. Nouvelle histoire courte, nouveaux personnages mais toujours la même ambiance et toujours publié chez Delcourt, bien sûr.

Ce Sale Week-end propose un pitch d’emblée intéressant puisqu’il aborde l’industrie du comic book, et notamment le travail de ses auteurs. Il y a donc un aspect très personnel pour les deux auteurs qui abordent leur travail et le milieu dans lequel ils évoluent depuis des années maintenant. Ce qui apporte forcément une petite “touche” en plus dans la réalisation de cette histoire, puisqu’ils peuvent y aborder leurs propres regards et expériences, y placer plus ou moins discrètement quelques avis sur le métier et son environnement. C’est aussi toujours très intéressant pour nous lecteurs, fans de comics et de BDs au sens large, qui peuvent également s’intéresser à l’envers du décor. Évidemment, ce qui est raconté ici, les personnages utilisés, sont totalement fictifs. Ce n’est pas un documentaire. Mais cela reste malgré tout ancré dans notre univers puisque l’on va régulièrement tomber sur des références connues, des noms d’artistes très célèbres dans l’industrie, ce qui est toujours extrêmement plaisant pour les amateurs de comics, une nouvelle fois.

En plus de l’aspect grand auteur sur le déclin avec le personnage d’Hal Crane, on a aussi l’autre facette avec un jeune auteur, Jacob, qui a grandi en étant passionné par les oeuvres de Crane. S’opposent donc deux visions différentes de leur métier et de l’industrie du comics, avec par-dessus une relation complexe entre les deux, dont la dynamique sert parfaitement le propos, en plus d’être divertissante et bien écrite tout du long de ces soixante-dix pages. Jacob sert aussi à amener la petite touche d’émotion et d’identification, on le voit notamment enfant dans un flashback, lisant des comics, déclarant qu’ils sont ses meilleurs amis, et vouant un culte à certains auteurs, dont Hal. Au-delà de l’intrigue de fond, cette relation maître/élève devenue artiste blasé/artiste désenchanté représente vraiment le coeur et la force du récit. Notons que Jacob est aussi le nom du fils de Sean Phillipps, qui s’occupe des couleurs sur cet album, ce qui n’est une nouvelle fois pas une référence anodyne.

On se situe tout de même dans l’univers de Criminal, il nous faut donc bien une intrigue qui sente bon le polar. Il y est question du passé de Hal Crane et de la mort étrange d’un auteur connu, dont lui-même a été l’assistant. Une relation qui résonne donc une nouvelle fois avec celle entre Jacob et Hal, et qui fait intelligemment le parallèle entre elles jusqu’à la résolution de l’affaire, si on peut appeler ça comme ça. C’est aussi une façon pour les auteurs d’aborder les relations entre créateurs qui travaillent sur de mêmes séries, la reconnaissance de ceux-ci, leurs héritages, le manque de considération qu’il peut aussi parfois y avoir de la part des éditeurs. C’est un métier souvent ingrat. C’est une passion mais cette passion peut parfois être amochée par les conditions et l’environnement de travail. Brubaker et Phillipps mettent bien ces thèmes en avant. Et comme souvent dans les bons polars, on aime être témoin de la descente aux enfers des personnages, on sera satisfaits ici.

Le talent de Sean Phillipps pour installer une ambiance de polar n’est plus à prouver après toutes ses collaborations avec Brubaker sur Criminal et autres. C’est une nouvelle fois rudement efficace, que ce soit dans la représentation des personnages, le ton assez sombre ou la narration. Avec un découpage qui paraît assez classique, il réussit à faire passer beaucoup de choses et offrir des rythmes différents en fonction des scènes. On citera le très bon travail de son fils Jacob aux couleurs, qui participe énormément à l’ambiance du titre.

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

- Le contexte de l'industrie du comics
- La relation entre les personnages
- L'ambiance

LES POINTS FAIBLES

-

 

4

Encore une réussite !

Conclusion

Une nouvelle réussite pour Brubaker/Phillipps et leur univers de Criminal. Ils nous plongent cette fois dans l’industrie du comic book pour y aborder les relations entre auteurs, notamment la dynamique entre maître et apprenti. Quel fan de comics ne serait pas intéressé quand c’est aussi bien réalisé ?