Avant New-York, avant les Tortues, se jouait l'histoire de deux maîtres du Japon féodal, destinés à devenir Splinter d'une part, Shredder de l'autre. Un magnifique one-shot qui détaille la tragédie derrière la quête de vengeance de l'ennemi juré de nos quatre Tortues préférées
J'ai lu ces histoires en VO, c'est parmi mes comics favoris...
Erik Burnham est un auteur et dessinateur américain de comics ayant débuté sa carrière dans Shooting Star Comics Anthology, lui ouvrant par la suite les portes de l’éditeur IDW Publishing, en 2008. Là-bas il écrira des comics autour de la célèbre franchise Ghostbusters, avant de passer chez d’autres éditeurs comme Dynamite Entertainment et Marvel Comics. Chez IDW on lui doit encore le comics Retour vers le futur de la saga cinématographique du même nom, Galaxy Quest et Teenage Mutant Ninja Turtles alias Les Tortues Ninja en VF. Cette mini-série a été écrite principalement par Mateus Santolouco, également en charge du dessin.
Si en France, les publication autour des Tortues ne sont pas inédites, cela faisait de longues années que l’on ne les avait plus aperçus en librairie. Précédemment la franchise était publiée chez l’éditeur Soleil, entre 2012 et 2013, avec quatre bouquins reprenant les seize premières aventures des Tortues de IDW Publishing. À l’automne dernier, l’éditeur français Bragelonne annonce le lancement d’une nouvelle collection dédiée au comics, HiComics, avec à sa tête Sullivand Rouaud, co-fondateur du réseau ARTS (Comicsblog, SyFantasy et 9èmeArt). En tant que grand amoureux des Tortues, Sullivan se devait de rendre les honneurs à nos chères petits reptiles amoureux de pizza. C’est donc le 21 mars denier, que l’éditeur a publié TMNT : La Guerre de Krang tome 1 et TMNT: L’Histoire Secrète du clan Foot. Et c’est sur cette dernière que nous allons nous concentrer aujourd’hui.
Ce récit regroupant 4 numéros publiés en 2011 en VO (inédit en VF), nous narre les origines revisitées de Splinter, maître des Tortues, et Shredder, l’un des vilains emblématiques de cet univers. Pour comprendre comment a débuté le conflit entre les deux, il faut remonter au Japon féodal (XVIIème siècle), où le guerrier et lieutenant Takeshi Tatsuoprovoqua lui-même la disparition de son clan Yuu à coup de katana et de sabre. Afin de le stopper dans son ascension de violence, le Daimyo Ashikaga Yuu envoya une légion entière de guerriers pour être certain de se débarrasser de lui. Survivant tel le démon qui semblait le posséder durant les combats, Tatsuo ne s’en sorti tpas totalement indemne, mais pu compter sur l’aide d’un être mystérieux pour enclencher sa vengeance. De ce point de départ, le récit alterne entre retour en arrière et présent, avec à New York les Tortues (Leonardo, Donatello, Raphael, Michel-Angelo), accompagné de Splinter, de la journaliste April O’Neil et de Casey Jones, justicier autoproclamé à ses heures. Le groupe assiste à la conférence du professeur Baxter Stockman, auteur de recherche sur l’histoire du clan Foot et ses origines (issus des cendres du clan Yuu) à travers des artefacts. Ayant eu vent des trouvailles du professeur, Shredder charge alors Karai, sa plus proche alliée, d’aller le trouver afin qu’il se joigne à eux.
Pour info, mes connaissance sur les Tortues Ninja se limite à la série animée Tortues Ninja : Les Chevaliers d’écaille,des années 80/90 – dont j’étais une grande fan – diffusée à l’époque sur France 2 puis France 3. Si au fil des comics, séries télévisées et films, les origines des Tortues on été aussi diverses que variées, celles dans L’Histoire secrète du clan Foot se veut plus mystiques et intemporelles. Dans cette mini-série, le récit se concentre donc sur les origines de Splinter et de l’ennemi Shredder. Les informations concernant le passé du duo étant rares, il fallait bien qu’on les mette un peu en lumière, non ? La partie flashback est présente à 85% du récit, et c’est certainement la plus dense. Le voyage dans les terres enneigées et montagneuses du Japon se veut à la fois dépaysant et séduisant. En empruntant les codes des récits Japonais le scénariste Erik Burnham offre un bel écrin aux personnages des Tortues, franchise parfois un peu moquée due à son manque de sérieux apparent. Si dans l’ensemble cet univers se veut amusant, l’inclusion du personnage Kitsune (signifiant le renard) issu du folklore japonais donne une mythologie solide à la franchise.
À travers la narration, Burnham et Santolouco explorent les conflits familiaux liés à la succession, au conflit entre clans et disciples, et à la réincarnation. Ce dernier point est subtilement amené au fil des cases, donnant une impression de fluidité. La transition entre le passé et le présent, avec nos Tortues, est harmonieuse et la compréhension du récit n’est pas entachée. C’est d’ailleurs, selon moi, un bon point d’entrée pour ceux n’ayant jamais vraiment lu de comics autour de ces personnages, ou même vu les différentes séries et films depuis leur création en 1984 par Kevin Eastman et Peter Laird. Comme dans toute origin story, l’aspect dramatique est bien là et joue sur la psychologie des personnages, notamment Shredder, qui volerait presque la vedette à Splinter et ses disciples.Noirceur de l’âme, jalousie et possession, le personnage de Shredder se veut plus profond et réaliste dans ses monomanies d’humain.
Dans le présent, les Tortues sont un peu comme nous puisqu’elles assimilent les données au même rythme que le lecteur. L’intégration de cette partie permet au récit principal de respirer et de ne pas se noyer dans les différents éléments qu’elle dévoile. De plus la personnalité de chacun de nos héros à carapace est intacte, voguant entre humour, sérieux et envie de casser des dents à coup de battons.
Le dessin assuré par l’artiste brésilien Mateus Santolouco (Dial H, 2 Guns) met très bien en valeur toute la fresque féodale du récit avec ces créatures fantastiques, ses scènes de combat intense et sanglant sans jamais tomber dans la violence inutile. Le trait se veut précis et dynamique mettent amplement en avant le chara-design des personnages. L’ensemble se veut organique et authentique dans sa mise en page, nous faisant naviguer entre passé et présent sans que le dessin ne souffre de la transition. La colorisation est assurée par João “Azeitona” Vieira (Suffrajitsu Mrs. Pankhurst’s Amazons, Robocop : Memento Mori) épouse parfaitement les courbes du trait de Santolouco, mettant encore plus en lumière le travail artistique aussi bien au premier plan qu’au second plan.
L’édition de HiComics est de bonne qualité, et se voudrait équivalente à celle des éditions Bliss Comics, et presque à celle de Glénat Comics. Le papier étant de qualité, le travail de l’équipe créative est respecté et ne souffre d’aucune coquille. La traduction assurée par les Studios Makma est moderne tout en gardant l’ambiance japonaise antique. On appréciera également le chapitrage des numéros, reprenant soit la couverture du fascicule VO soit une variante. Le seul petit bémol ici est le manque d’édito permettant d’ouvrir le récit sur le contexte de la série et ses aléas de publications en France. Le nouveau lecteur pourrait peut-être se trouver un peu perdu…
En conclusion, Tennage Mutant Ninja Turtles : L’Histoire secrète du clan Foot est aussi bien une porte d’entrée pour les néophytes, qu’un hommage de toute beauté à deux anciens disciples ninjas qui raviront les fans de la franchise. On y ressent toute l’envie de Burnham et Santolouco d’insuffler du sérieux dans cet univers, que l’artiste brésilien et coloriste Vieira viennent compléter de façon lumineuse.
Merci Sofia pour cette superbe chronique trés détaillée et passionnée ;-)
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