Le quatrième numéro de la série française Bertrand Keufterian, qui termine le premier arc, sort ce vendredi 13 septembre prochain. MDCU vous en propose aujourd'hui une review en avance, de quoi vous donner envie de ne pas rater cet épisode, voir de vous intéresser à la série si ce n'est pas encore fait.




Notre chasseur d'Alien Messin préféré, Bertrand Keufterian, en tout cas mon chasseur d'Alien préféré, revit... comment ça il y en a qu'un à Metz ? Vous, vous connaissez pas mon voisin ! En tout cas Bertrand revient un peu plus d'un an après la sortie du numéro 3 et on est heureux de le retrouver ! On reprend directement là où on avait laissé nos personnages, toujours en pleine prise d'otages à la base de Marly Frescaty. Le début du numéro et la résolution de cette situation fonctionnent plutôt bien, Carlos Rodrigo et Guillaume Matthias nous offrent différents points de vue sur cette prise d'otage, à l'extérieur, à l'intérieur et à d'autres endroits de la base, ce qui rend le rythme plus soutenu et on ne s'ennuie pas. Le tout est aussi beaucoup basé sur l'humour, une des marques de fabrique de la série, quand on sait que Bertrand est un loser et qu'il y a peu de chances que ça change (en tout cas pas pour l'instant!), il est difficile d'être totalement sérieux. Voir Bertrand déclarer « C'est ma maman... » en pleine prise d'otage alors qu'il la voit passer à la télé, c'est tellement burlesque et ça passe tellement bien. J'avais adoré le personnage de la mère dans le numéro 3 et j'aurais été vraiment déçu de ne pas au moins la croiser dans ce numéro (Maman à Bertrand je vous fait des bisous!). Le coup de Bertrand qui réussi à faire marcher l'appareil bizarre est aussi très drôle. La résolution est assez inattendue et bien imaginée et amène une bonne dynamique à ces scènes. C'est en somme une très bonne entrée en matière pour cette conclusion du premier arc, d'autant que le meilleur est à venir.



On attend d'un numéro censé conclure un arc d'offrir une certaine résolution sur ce qu'on a lu jusque là et surtout de nouvelles pistes et de faire évoluer l'histoire, c'est exactement ce que nous offre cette deuxième partie. Après quelques pages de transition toujours bien écrites, on entre vraiment dans le vif du sujet de toute cette histoire. Je ne m'attendais vraiment pas à ce qu'il y ait autant de révélations et que le numéro aille si loin, ce qui fut une très bonne surprise. J'ai vraiment été accroché à chaque page et impatient de lire la suivante pour voir ce qui allait s'y passer, ce qui est un signe qui ne trompe jamais, c'est le meilleur sentiment que l'on peut avoir lorsque l'on lit une BD. Les dialogues s'enchainent bien, les différentes situations et révélations aussi. Le duo Bertrand/Nina fonctionne toujours aussi bien, drôle et dynamique. On peut néanmoins trouver que les personnages sont peut-être un peu trop caricaturaux, notamment Nina. Le choix du personnage est très bon, elle est totalement à l'opposé de Bertrand et c'est le genre de duo qu'il faut pour créer des étincelles, c'est fun à lire et également à écrire je n'en doute pas. Mais on peut regretter ne pas voir d'autres aspects de sa personnalité et qu'elle ne sorte pas trop de son rôle de râleuse et de sainte-nitouche. Encore que, on en voit les prémisses et je pense qu'on peut l'espérer pour le deuxième arc vu le nouveau statut-quo de la série.
La fin du numéro est vraiment excellente parce qu'elle offre de grosses révélations et surtout parce qu'elle réussit à relancer l'histoire dans une toute nouvelle direction des plus intéressantes. On a vraiment un joli retournement de situation, ce sera une toute autre série à partir du numéro 5 et je suis déjà impatient de voir comment tout ça va se dérouler.

Il y a néanmoins quelques éléments un peu plus négatifs de ce numéro. J'ai trouvé que toute la construction autour de la grosse découverte du numéro par le couple Bertrand/Nina est un peu « too much ». Sans en dévoiler trop, les révélations des différents indices, la manière d’accéder à la planque, tout ça est un peu tiré par les cheveux et donne une mauvaise impression de fiction hollywoodienne, dans le mauvais sens du terme. Les auteurs auraient gagner à nous proposer quelque chose de plus simple et plus dans l'esprit de la série, du genre Bertrand qui tombe dessus par hasard alors qu'il galère encore à choper un Alien. L'autre élément qui m'a gêné est l'humour un peu lourd par moment, si c'est clairement une force de la série, attention à ne pas en abuser. Notamment sur la première partie, la blague à répétition sur le sextoy ne passe pas trop et le couple de la sécurité qui s’envoie en l'air est assez dispensable.



J'ai aussi beaucoup aimé ce numéro graphiquement. Je fais partie de ceux qui aiment beaucoup les dessins de Guillaume Matthias et étant donné qu'il devient meilleur avec le temps, c'est encore plus agréable. Je le trouve très bon sur les expressions des personnages, notamment celles de Bertrand qui lui donnent tellement de personnalité et sont toujours un régal. J'apprécie aussi beaucoup le découpage des cases, digne des bons comics américains. Il ne se contente pas de faire du 6 ou 8 cases formatées par page, ce qui rend la lecture bien plus dynamique. On a le droit à une très belle double page de baston ou encore une découpée en 13 cases centrées sur les visages lors d'un dialogue, ce dont je suis particulièrement friand. Il n'y aurait au final que les dessins de Nina qui me gênent. Lorsque l'on a que son visage, c'est très beau, aucun soucis. Mais à chaque fois qu'on l'a voit en entier, on a l'impression qu'elle est taillée comme un mec ! Elle manque un peu de féminité et de détails à mon goût, surtout sur la fin du numéro.
Aux couleurs, on retrouve Céline Labriet qui fait toujours un super boulot sur cette série. J'apprécie notamment beaucoup son travail sur les ombres. Avoir une aussi bonne colorisation permet d'apporte de la plus-value à Bertrand Keufterian en comparaison à d'autres séries considérées elle aussi comme du « french comics ».
Sans parler de la magnifique couverture réalisée par Gerard Parel, l'un des dessinateurs français de Marvel.

Pour ne rien gâcher, la petite histoire supplémentaire de ce numéro est aussi très bonne, meilleure que celle du dernier numéro (qui n'était pas mauvaise pour autant). Ce qui est intéressant c'est qu'on se situe déjà dans le nouveau statut-quo instauré à la fin de l'histoire principale, on a ainsi un avant-goût de la suite. L'histoire écrite par Carlos Rodrigo est vraiment bien imaginée, c'est drôle, c'est totalement fidèle au personnage de Bertrand Keufterian et à l'univers de la série et ça nous offre un très joli retournement de situation à la fin, là aussi très intéressant pour la suite. Ismael Ba est au dessin et si c'est un style qui change totalement de celui de Guillaume Matthias, il n'en est pas moins très agréable et offre un petit côté cartoonesque/comique qui passe plutôt très bien.



A noter que j'ai eu l'occasion de lire ce numéro en numérique sur l'application WEBellipses et en plus d'un découpage case par case toujours très agréable pour la lecture, on a le droit à pleins de petits bonus sous forme de liens externes qui donnent des infos sur les différents éléments présentés dans l'histoire. Ce qui rend la lecture encore plus enrichissante et « fournie ».

Au final, ce quatrième numéro de Bertrand Keufterian est une vraie réussite ! Il remplit parfaitement son contrat pour une conclusion d'arc et lance la série dans une nouvelle dynamique qui donne vraiment envie de lire la suite. La série a vraiment su élever le niveau petit à petit pour atteindre quelque chose de très satisfaisant avec ce numéro qui est sans doute le meilleur jusqu'à présent.

[conclusion=4][/conclusion]
[onaime]- Le rythme du numéro
- Les révélations
- Le retournement final
- Les dessins[/onaime][onaimepas]- Quelques facilités
- De l'humour un peu limite par moments[/onaimepas]

Interview des auteurs Guillaume Matthias et Carlos Rodrigo

MDCU : Salut Guillaume & Carlos, et félicitations pour ce Bertrand Keufterian 4 que je trouve vraiment très bon !

GM & CR: Merci à toi pour l'intérêt porté à notre série.


Guillaume à gauche et Carlo à droite

MDCU : Première question, Bertrand Keufterian c'est votre bébé, ça fait quoi de savoir que vous avez déjà réussi à sortir 4 numéros et que vous êtes donc à la moitié de réaliser un truc assez énorme (la série comptera 8 numéros en tout) ?

GM : Ça fait bizarre, surtout qu'avec Phylactères on a fait une troisième édition du premier épisode qui était en rupture de stock. Cela a permit de voir le chemin parcouru. Et il fut long ; à raison d'un épisode par an. Mais je suis content de voir que toute l'équipe a progressé et ce, sur tous les plans.

MDCU : Êtes-vous plus anxieux des retours sur ce numéro que les précédents, sachant que c'est un tournant de l'histoire et que les lecteurs attendent toujours plus ? Notamment aussi de la part des auteurs, censés s'améliorer à mesure que la série avance.

GM : Oui, et on est vraiment très curieux de savoir ce que vont penser les lecteurs de l'évolution de l'histoire et des personnages.

CR : Deux auteurs différents auraient traité l'histoire autrement. Cette histoire correspond à nos sensibilités, nous ne tentons pas d'adhérer à un canon de blockbuster standardisé. Je m'interroge sur l'accueil du lecteur une fois le travail terminé.

MDCU : Sur ce numéro, ce qui m'a le plus gêné comme je l'ai écris est le côté « too much » de la découverte du numéro et de la révélation des différents indices. Tu en penses quoi ? C'est le moment de défendre votre beefsteak !

GM : On s'est beaucoup posé de questions sur ces sujets. Je suis d'accord avec toi : il y a parfois quelques facilités. Mais le cheminement qui mène aux révélations de cet opus est tout de même un peu plus complexe que si Bertrand était tombé dessus totalement par hasard, non ?

CR : Dans l'épisode précédent les personnages sont submergés, K .O . ils ne se sont pas remis de l'assaut des aliens et voilà qu'ils prennent un nouveau coup sur la tronche. Cet épisode-ci correspond à une accélération, un changement d'Etat : les protagonistes décident d'agir pour initier les évènements, prendre le contrôle. Ils sont simplement là où ils ne sont pas attendus, le faisceau d'indices les menant aux découvertes est déjà présent dans l'épisode 3. Je suppose que si on avait fait autrement, tu aurais trouvé ça, « trop attendu » (rires).



MDCU : Guillaume, on sait que tu es un grand fan de la série X-Files et les parallèles peuvent être facilement faits avec Bertrand Keufterian puisque ça parle d'aliens, mais je trouve que tu t'es particulièrement fait plaisir sur ce numéro notamment avec un laboratoire qui ressemble beaucoup à ce que l'on pouvait voir dans X-Files. Je me trompe ?

GM : Hé hé, c'est clair ! Il y a même un gros gros clin d'oeil au dernier épisode de la saison 1 de la série. Et l'ambiance générale est assez similaire à celle de l'épisode E.B.E. (toujours dans la saison 1).

CR : Bon sang les gars je n'en peux plus je dois l'avouer ! : j'étais membre du fan club OFFICIEL X-files en 1995 (je dois encore avoir la casquette quelque part). Pour ma part il y a du Duane Barry dans l'épisode 3 et de l'opération « Paper Clip » dans l'épisode 4, mais je m'en suis aperçu après l'écriture.

MDCU : Et puis, franchement, Bertrand et Nina c'est totalement les anti Mulder et Scully, non ?

CR : DAMNED ! Nous voilà démasqués !!!

MDCU : Le premier arc est terminé, tu écris dans la postface de ce numéro que l'histoire que tu voulais vraiment écrire débute maintenant, ça donne envie ! Carlos et toi pouvez-vous nous en dire un peu sur la suite, les changements notamment que l'on peut attendre par rapport aux quatre premiers numéros ?

GM : Ralala... Comment teaser sans faire trop de spoilers ? Disons que les quatre premiers épisodes servaient à installer le décors, le rendre crédible et légitime pour tout ce qui suivra. Car nous avons effectivement pas mal d'autres idées qui devraient (on l'espère) surprendre un peu les lecteurs. Ce que je peux vous dire c'est que dans la suite la controversée Sandy Cenders, sera très présente, mais qu'elle ne sera pas le seul personnage de ce type (inspiré de personnes réelles venant de la télé-réalité).

CR : Tout ce que je peux dire c'est que les lecteurs interviendront dans des choix cruciaux.

MDCU : Et sinon, 2015 pour le prochain numéro ? Ca va pas être possible ! Ne pouvez-vous pas essayer de nous sortir ça plus vite ?

GM : En fait, cela va m'être difficile. Pour cause de WEBellipses qui prend du temps, de vie personnelle et professionnelle (auteur de BD est une passion, non un métier) et de les versions anglaise et espagnole de B.K. sur lesquelles nous travaillons. Et puis, il y aura peut-être un TPB prévu l'an prochain (projet en cours de discussion encore). D'ailleurs en revoyant les premières planches, je pense que je vais devoir en redessiner quelques-unes pour que tout soit à niveau.

CR : Le temps d'accouchement de chaque numéro est ma plus grande frustration.
Mais comme le précise Guillaume : nous ne le faisons pas à plein temps.


L'équipe de la série sera au Livre sur la Place ce week-end à Nancy.

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