Scénario : Oscar MARTIN
Dessin : Oscar MARTIN
Couleurs : Oscar MARTIN, Diana LINARES

Ravagée par les armes nucléaires et chimiques, la Terre a muté et de nombreuses espèces animales ont développé une taille et une intelligence semblables à celle des humains. Pour faciliter la vie de sa famille, Solo, un jeune rat, décide de prendre la route. Dans ce monde hostile fait de prédateurs, de cannibales, de monstres ou de pirates, Solo va devoir devenir le meilleur guerrier pour survivre.

Pas d'avis pour le moment.
La collection Contrebande chez Delcourt contient la grosse majorité des publications comics de l’éditeur. Pourtant, cette fois, elle va contenir un album d’un auteur espagnol. En effet, Solo est l’œuvre d’Oscar Martin, un dessinateur né à Barcelone. Le format du premier tome, sous-titré Les Survivants du Chaos, n’est pas celui du comics, mais ce n’est pas celui de la bande dessinée franco-belge non plus. Le livre est plus large qu’habituellement, et ses dimensions sont 28,4 x 21,1 cm. Pourtant, à l’intérieur, il y a des éléments qu’on retrouverait sans problème dans un comics. Et surtout, le récit vaut le détour.
 

L’intégralité de l’album est issue du travail d’un seul homme : Oscar Martin. Il s’agit donc d’un auteur espagnol qui a beaucoup travaillé sur Tom & Jerry pour la Warner. Il a aussi fait quelques histoires pour Le Journal de Mickey. Il se fait remarquer dans le monde de la bande dessinée lorsqu’il met en image La Guilde, une série écrite par Dragan et publiée chez Casterman. Il sort ensuite sa propre série, Solo, en Espagne, et elle arrive désormais en France grâce à Delcourt. Sa carrière a réellement débuté vers 1986, ce n’est donc pas un débutant dans le métier. Dans Solo, il raconte l’histoire de Solo justement, qui est un rat qui part faire sa vie. Sauf que nous sommes dans un autre univers. Ici les rats sont humanoïdes, comme de nombreux autres animaux, et ne sont pas loin de la taille d’un homme. Le monde est post-apocalyptique, et la vie est difficile pour toutes les créatures vivantes. Solo, lui, vit avec ses parents et ses frères. Il est l’ainé et part chasser avec son père. Seulement, les conditions sont difficiles, et il est en âge de quitter la maison pour explorer le monde. Du coup, il doit partir vivre sa vie, et subvenir seul à ses besoins.
 
 
La première chose que l’on remarque en ouvrant le livre, c’est que c’est beau. Mais pas seulement, c’est aussi mignon. En effet, le dessin de Martin est issu de l’animation, et on a l’impression de voir des rats sortis de dessins animés Disney. Pourtant, dès les premières planches, on se rend compte que l’univers est dur. Très dur. C’est la survie du plus fort. Lorsque Solo quitte la maison sans se retourner, on comprend bien que l’histoire est résolument adulte, et difficile. La première impression s’estompe donc. Au début, c’est tout de même assez étrange d’avoir cet univers sombre, sans espoir, et des dessins aussi cartoonesque. Pourtant, on s’habitue, et petit à petit, on se laisse happer par l’ambiance absolument géniale de la BD. Car tout se joue sur l’ambiance. Même au niveau de l’histoire en elle-même, c’est du déjà-vu. La civilisation est décimée, c’est la loi du plus fort. Solo tente de survivre et se retrouve gladiateur à devoir gagner sa liberté. Ce ne sont pas des situations inédites.
 
 
L’excellente ambiance est due à un procédé narratif pourtant simple : on lit les pensées du héros. Mais l’écriture est plutôt bonne, et les tournures bien trouvées. On a parfois le droit à des choses assez jolies, voire poétiques. Ça permet d’avoir une description plus précise du monde et de ses dangers. Le côté négatif, c’est une certaine monotonie de la narration qui s’installe, mais qui colle finalement bien à l’état d’esprit du héros qui est un personnage peu bavard, et bourru par sa solitude. L’autre aspect du récit qui renforce énormément l’ambiance et l’intérêt, c’est l’univers créé pour l’occasion. S’il ne parait pas forcément très original, graphiquement ou non, ce sont des petits détails inédits, et sa cohérence, qui font sa force. Dans ce monde post-apocalyptique, les rats humanoïdes côtoient des mustélidés humanoïdes, des humains, des armées de singes, etc. Plusieurs espèces sont créées, et même celles qu’on aperçoit furtivement ont un background travaillé. D’ailleurs en bonus, nous avons la description des différents groupes (avec un petit manque : les chats).
 
 
On retrouve donc des animaux humanoïdes. Et justement, ce qui est plutôt marrant, c’est que du coup, leurs caractéristiques viennent de l’animal réel, mélangées avec des choses totalement inventés. La façon dont vivent les rats ressemblent un peu à comment vivent les vrais rats. La survie, la loi du plus fort, nous retrouvons ça dans la nature. On sent que l’auteur s’est amusé à créer tout cet univers. Le dessin rend finalement les créatures plutôt sympathiques. On se plait à lire les histoires de Solo. Surtout que le côté animation permet un dynamisme dans les planches, une fluidité dans les mouvements et les combats absolument irréprochables. Le trait est totalement maitrisé. De plus, ce tome 1 aura une suite, pourtant l’album se suffit très bien à lui-même. L’histoire de Solo est conclue, et même si une suite est possible (l’univers offre tellement de possibilité), elle n’est pas nécessaire. Normalement, deux autres tomes sont prévus.
 
 
[conclusion=4][/conclusion][onaime]-  L’ambiance
- La plume[/onaime][onaimepas]- Certaines choses déjà-vues[/onaimepas][resume=80]Le dessin cartoon peut déstabiliser au début, mais le récit est résolument adulte. Si on sent dans l’histoire comme un air de déjà-vu, la narration et l’univers rendent la lecture très intéressante. Les dessins se justifient pour le dynamisme des nombreux combats. Bref, une très sympathique histoire post-apocalyptique qui mérite qu’on s’y intéresse.[/resume][mot_fin=Bonne surprise !]