L’univers Ultimate a su moderniser avec brio les récits de super-héros Marvel en les remettant au goût du jour et ceci grâce à des histoires novatrices et passionnantes. Brian M. Bendis a ainsi mis en place un long run sur le titre [i]Ultimates Spider-Man[/i] tandis que Mark Millar a géré avec un talent indéniable le titre [i]Ultimates[/i] (la version des Vengeurs de cet univers) durant près de 26 numéros répartis sur deux arcs, deux saisons. Après son départ du titre, les responsables éditoriaux décident de lancer une troisième saison et la confient à Jeph Loeb et Joe Madureira. Après cette troisième saison, intitulée [i]Sexe, mensonges et DVD[/i], une autre saga, [i]Ultimatum[/i], est lancée et également confiée à l’auteur Jeph Loeb tandis que David Finch prend le relai pour les dessins. [i]Ultimatum[/i] est le premier grand crossover de l’univers Ultimate ! Certes, il y avait déjà eu auparavant plusieurs histoires entre Spider-Man et les Ultimates, entre les X-Men et les Ultimates ou encore entre les X-Men et les Fantastic Four mais [i]Ultimatum[/i] est la première saga à réunir tout ce petit monde au sein d’une même histoire. Ce crossover avait comme unique but de mettre fin à l’univers Ultimate tel qu’il était au moment de sa publication et de le relancer ensuite sur de nouvelles bases.
Un grand défi pour Jeph Loeb qui devait donc nous pondre une histoire à la hauteur du cycle de Mark Millar mais qui soit suffisamment efficace pour mettre fin à « la première ère de l’univers Ultimate ». Eh bien, disons-le clairement : le défi est carrément loupé et Jeph Loeb s’est royalement vautré (que ce soit sur cette saga ou la troisième saison), mettant en scène non pas une histoire mais une véritable purge.
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[i]Les trois Deluxes rassemblant le run de Mark Millar[/i]
Avant de commencer avec la critique pure et dure, rappelons qu’une série de dossiers a été réalisée sur cet univers et qu’ils sont disponibles dans la section [b]Dossiers[/b]. Pour les amateurs de cet univers, deux d'entre eux peuvent notamment vous être utiles :
- [url=http://www.mdcu-comics.fr/news-005451-ultimate-l-univers-ultimate-qu-est-ce-que-c-est-e.html]L’univers Ultimate : qu’est-ce que c’est ?[/url]
- [url=http://www.mdcu-comics.fr/news-007590-ultimate-guide-de-lecture-ultimate.html]Guide de lecture de l’univers Ultimate.[/url]
Enfin, [url=http://www.mdcu-comics.fr/news-005473-ultimate-ultimatum-et-son-hecatombe.html]un dossier récapitulatif sur [i]Ultimatum[/i][/url] a également été réalisé.
On a donc une histoire rééditée dans la collection [i]Marvel Select[/i], moins d’un an après une réédition en [i]Marvel Deluxe[/i], s’il n’y a rien à redire sur le prix ou l’édition de l’ouvrage, j’avoue tout de même trouver bizarre que Panini Comics réédite cette saga dans cette gamme avant les Deluxes consacrés au run de Millar. Un run de bien meilleure qualité et qui permettrait vraiment de se plonger pleinement dans cet univers vu qu’il en marque les débuts. Malgré cela, nous noterons que ce tome reste tout de même très accessible. Certains, comme Lordo’ diront qu’il constitue un très bon point d’entrée à l’univers Ultimate. Je ne vais pas les contredire là-dessus car cette affirmation est vraie dans le sens où Loeb conclut ici la première ère de l’univers Ultimate. Or, du point de vue de la qualité, ce n’est pas forcément la meilleure chose par laquelle commencer…
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[b][i]Pour tout ce qu’ils ont fait, pour avoir tué mes enfants, ils devront payer le prix ultime / Magneto.[/i][/b]
Pour ces nouvelles sagas, Jeph Loeb opte pour des récits plus courts, plus condensés, avec cinq épisodes par saga au lieu des treize habituels. L’auteur change aussi de ton par rapport à Millar et opte pour un récit plus « super-héroïque » et orienté vers l’action. Malheureusement, cela ne fonctionne pas. Que ce soit dans [i]Sexe, mensonges et DVD[/i] ou bien dans [i]Ultimatum[/i], le récit est trop rapide et les rebondissements s’enchaînent aussi vite que dans un film de Michael Bay. Les personnages sont sous-exploités, les dialogues sont mauvais et je ne parle même pas de la surenchère et des multiples incohérences présents dans le récit. Incohérence dans l’histoire mais incohérence aussi avec le reste de l’univers Ultimate car Loeb s’amuse à enchaîner les twists et à saper la continuité mise en place par ses prédécesseurs. Les personnages sont méconnaissables, leur caractérisation est ridicule et surtout, Loeb passe complètement à côté de ce qui fait la force de l’univers Ultimate : sa modernité, les clins d’œil fait à notre époque mais aussi des personnages bien plus ambigus que dans l’univers classique. Jeph Loeb ne reprend donc rien de tout cela à vrai dire, le récit aurait très bien pu coller à l’univers classique tant la caractérisation des personnages s’éloigne de celle de Millar.
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Nous noterons également que le niveau des deux sagas est à peu près le même : les deux font de percutants débuts pour ensuite décliner jusqu’à leur conclusion. Malgré cela, [i]Sexe, mensonges et DVD[/i] contient quelques bons passages, des scènes qui feront aussi sourire et a le mérite de mener directement à [i]Ultimatum[/i].
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Avec [i]Ultimatum[/i], Jeph Loeb livre un véritable récit apocalyptique où les héros doivent affronter un Magneto complètement fou qui a déclenché un raz de marée sur New-York. Si l’idée d’avoir un Magneto en grand vilain était plutôt une bonne idée, malheureusement, une nouvelle fois l’exécution est ratée. Certes, la cause de ce revirement de situation de la part du vilain est assez bien amenée je trouve et je dois bien avouer que durant les premières pages du récit, il a la classe mais encore une fois, Loeb se perd ensuite dans la caractérisation du personnage et nous livre quelque-chose de bien trop manichéen. On ne s’attache pas au vilain qui au final perd de son charisme et de son intérêt et en devient assez ennuyeux.
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Malgré tout, si ce récit a de gros défauts, tout n’est pas à jeter non plus. Comme nous l’avons évoqué auparavant, la tension et l’action en raviront plus d’un mais j’avoue aussi avoir beaucoup apprécié le premier chapitre qui se focalise sur le raz de marée frappant New-York, un chapitre qui est indéniablement le meilleur de l’ouvrage (en même temps, ce n’est pas compliqué) et qui séduit de par ses allures de films catastrophe, d’épopée bibliques. Un air dramatique s’en dégage vraiment et le lecteur est véritablement pris aux tripes en voyant une telle catastrophe toucher nos héros qui s’avèrent au final impuissant. Dommage que la suite du récit n’ait pas suivi dans ce sens et ne soit devenu qu’une suite de combats et de morts sans intérêt. Le final de l’histoire est lui aussi ridicule : le twist de fin est sans intérêt et Jeph Loeb ne peut s’empêcher d’enchaîner les bourdes et les maladresses jusque dans la dernière case, histoire de vraiment rendre cet event imbuvable.
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[b][i]Bigger, Badder, Better.[/i][/b]
Mais Jeph Loeb ne s’arrête pas là dans la médiocrité puisqu’il a « l’excellente » idée de compenser la faiblesse de son scénario par une violence accrue et qui se révèle au final bien inutile. Ainsi, tout au long de l’ouvrage, on assiste une suite de combats sans fin où l’auteur semble appliquer la devise du « Bigger, Badder, Better ».
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Evidemment, les amateurs de bonne baston pourront être ravis et il est indéniable qu’une certaine tension se dégage du récit, chose assez agréable pour captiver le lecteur, mais avouons qu’au final, l’histoire manque cruellement d’âme et de consistance. Des combats certes mais très violents et jonchées de morts. En général, je ne crache pas sur la violence et les morts surtout lorsqu’ils sont bien amenés. Or, ici c’est tout le contraire ! La violence est gratuite, inutile et sans intérêt et quant aux morts, elles sont tellement nombreuses que cela en devient ridicule. Jeph Loeb a vraiment pris le mot d’ordre « fin d’une ère » au pied de la lettre puisqu’il tue quasiment 75 % des personnages de cet univers et le plus souvent pas de la plus belle des manières. Des personnages très emblématiques meurent ainsi sans aucune raison, sans intensité dramatique, sans aucun lyrisme et disons-le clairement, sans aucun travail derrière ! Oui, voilà, désolé mais je l’ai sorti : il n’y a eu aucun travail sur cette histoire. Je me demande comment Jeph Loeb, le génie derrière [i]Batman : Un Long Halloween[/i], [i]Batman Dark Victory[/i], [i]Batman Silence[/i], [i]Spider-Man : Blue[/i] ou encore [i]Daredevil : Yellow[/i], a pu sortir une telle bouse ! Lui qui était si fort pour le travail sur les personnages, les intrigues recherchées, les retournements de situations habiles… Ici, il ne fait rien de tout cela et se contente de purger un univers, qui n’en avait pas tant besoin que cela, afin de repartir sur de nouvelles bases.
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[b][i]A quoi bon un roi, s’il n’y a pas de royaume ? / Dr. Fatalis.[/i][/b]
Heureusement, parmi toutes ses déceptions, les dessins relèvent le niveau d’un Loeb très peu inspiré.
L’arc [i]Sexe, mensonges et DVD[/i] est ainsi assuré par un Joe Madureira en grande forme. Notre homme, connu pour avoir œuvré sur les X-Men et Spider-Man, livre une excellente prestation dont il y a très peu à redire. Les personnages sont soignés, l’ensemble s’avère spectaculaire et j’avoue que les personnages féminins (la Sorcière Rouge ou la Guêpe) sont plus que réussis et nul doute que leurs courbes très peaufinées y sont pour quelque-chose. Malgré tout, on pourra critiquer le rendu des couleurs qui est un peu trop pastel et aussi l’approche visuelle de Madureira qui ne convient peut-être pas forcément au ton adulte et moderne de la série. Or, cette remarque n’engage véritablement que moi et n’enlève en rien l’excellent travail de l’artiste.
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[i]Ultimatum[/i] quant à lui est dessiné par David Finch ([i]X-Men, Batman, New Avengers, Justice League Of America[/i]…) qui s’en sort lui aussi avec les honneurs. Certes, ce n’est pas son meilleur travail et on pourra pointer du doigt les planches inégales et les visages qui se ressemblent un peu trop mais le tout reste efficace et permet même parfois d’oublier les bévues de Loeb.
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[b]Cette conclusion à la première phase de l’univers Ultimate n’est guère convaincante et s’avère même très décevante. On était en droit d’attendre mieux de la part d’un scénariste de la trempe de Jeph Loeb qui nous livre ici une véritable purge. Il y a néanmoins quelques bonnes idées (notamment dans la saison 3 et dans le premier chapitre d’[i]Ultimatum[/i]) mais malheureusement, le tout est bien trop sous-exploité. La surenchère, les facilités et les morts en pagaille en lèseront plus d’un et seul les dessins de Madureira et de Finch (et encore, car ce dernier n’est pas à son meilleur niveau) pourront réconforter les nostalgiques de l’ère Millar.
Ainsi, cette histoire ne révolutionne en rien l’univers Ultimate mais se contente juste de le purger et de se hisser au rang des pires events de l’histoire des comics. Une page se tourne donc pour ce label, prêt à repartir sur de nouvelles bases, qui n’arrive jamais à atteindre de nouveau la qualité de ses débuts comme si [i]Ultimatum[/i] en avait amorcé le début d’un long déclin.[/b]
[conclusion=1,5][/conclusion]
[onaime]- Le prix et l’édition de Panini.
- Un récit important pour l'univers Ultimate et qui reste facile d’accès.
- Quelques scènes fortes.
- Les dessins de Madureira et de Finch.[/onaime][onaimepas]- Pourquoi le rééditer avant le run de Millar ?
- Un Jeph Loeb à la dérive…
- Trop d’action et de surenchère.
- La violence gratuite et le nombre de morts.
- David Finch pas à son meilleur niveau.[/onaimepas]
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