Le monde tel que nous le connaissions a disparu. Depuis que ces structures extra-terrestres se sont installées sur la surface du globe, l'humanité tout entière vit au rythme végétal de leur présence, sans véritablement savoir à quoi s'attendre. Suite aux événements survenus à la station arctique de Blindhail, on ignore encore tout de la nature de cette invasion extraterrestre. Ces Arbres seraient-ils une avant-garde, endormie en attendant une intervention de plus grande ampleur ? À New York, une menace s'éveille sous l'Arbre de Manhattan...
Contient : #8-14

Pas d'avis pour le moment.

Warren Ellis est un scénariste important du monde des comics, et ce depuis plusieurs années déjà. Parmi toutes les séries qu’il a écrites, il n’est jamais aussi bon que lorsque c’est une de ses créations. En effet, ses œuvres majeures sont notamment Transmetropolitan et The Authority. Lorsque l’auteur a annoncé son retour chez Image, on avait de quoi être excité. Ça a donné Trees, dont le premier tome est sorti en France en octobre 2015 chez Urban Comics. Nous nous intéressons ici à sa suite.

Si vous aviez acheté le tome 1 à l’époque, vous avez bien fait. Car en plus de faire une très bonne affaire (il coûtait 10€ en offre de lancement, aujourd’hui il est à 17,50€), vous avez un album de qualité. L’histoire se passait dans un futur proche qui a été marqué par l’arrivée de ce qu’on appelle des Arbres. Ce sont de gros cylindres qui se sont posés à différents endroits de la planète. Et pendant 10 ans, il ne s’est rien passé. Enfin du côté des arbres, parce que l’humanité, elle, a réagi. En effet, chacun a interprété cet évènement, chacun essaie de trouver un sens à ces Arbres. Dans le tome 1, Warren Ellis nous racontait les histoires de plusieurs personnages, se trouvant dans plusieurs zones du monde, mais toujours en contact avec les Arbres. On y découvrait une humanité qui, même si elle s’est habituée à leur compagnie, s’interroge toujours, et subit finalement la présence de ces géants amorphes. Le tome 1 se terminait par le réveil d’un arbre, celui de Blindhail en Norvège, créant un précédent.

Si le tome 1 se centrait principalement sur trois intrigues se situant en Somalie, en Norvège et en Chine, le tome 2 se concentre uniquement sur deux histoires. Nous suivons d’un côté le nouveau maire de New York avant qu’il ne prenne ses fonctions. On l’avait découvert dans le tome précédent, même si son histoire avait été un peu mise à part. De l’autre côté, nous suivons le Dr Joanne Creasy, que l’on connaît bien puisqu’elle travaillait avec le Dr Marsh, qui est décédé. Cette simplification du nombre d’intrigue permet à Ellis de se focaliser sur les deux choses qui intéressent le plus le lecteur. D’une part, ce qu’implique la présence de l’Arbre sur les comportements humains. A New York, son arrivée a provoqué l’inondation de la ville, entraînant de nombreux morts. La police a d’ailleurs participé à la tuerie en empêchant les gens de fuir. Le futur maire veut se venger de ça. Et d’autre part, on s’intéresse au mystère des Arbres : ce qu’ils sont, et ce qu’ils vont devenir. C’est la scientifique, Creasy, qui obtient quelques réponses et émet des théories. Elle est envoyée dans les îles Orcades, en Angleterre.

Ellis n’oublie cependant pas les autres endroits du globe, et on a rapidement un coup d’œil en Chine et au Brésil. La véritable prouesse du scénariste est d’offrir un récit passionnant à partir d’un pitch aussi simple. Le monde qu’il décrit est à la fois très proche du nôtre, mais aussi très différent juste par la présence des Arbres. Les personnages sont réellement intéressants, et on prend beaucoup de plaisir à les voir évoluer. Encore une fois, la vision d’Ellis de la société tape juste. Ce que l’on apprend de Blindhail, c’est que la présence de fleurs noires peut provoquer l’explosion d’un Arbre. La surveillance des zones autour des Arbres est donc à surveiller, mais les humains semblent préoccupés par d’autres soucis. Il y a un sous-entendu écologique dans le récit d’Ellis bienvenu. Les humains doivent essayer de trouver une solution pour éviter la destruction de leur planète, au lieu s’entretuer. Le plus grand danger ici, ce ne sont pas cette présence extra-terrestre, mais bien les humains eux-mêmes.

Au niveau du dessin, le trait de Jason Howard est très brut. On voit ses coups de crayons, ce qui donne un côté très dynamique aux planches. Malgré ce foisonnement de traits, ses compositions sont assez épurées, et très lisibles. C’est principalement dû au fait qu’Howard gère sa planche jusqu’au bout : il encre et colorise. Son jeu des couleurs est très bien trouvé, avec des prédominances selon l’ambiance et le lieu. Du gris pour New York, du rouge pour les flashbacks, du vert pour les îles Orcades, etc. C’est extrêmement plaisant à lire. Bref, vous l’aurez compris, cette série est un véritable coup de cœur. Les thèmes abordés, la façon dont ils le sont, les personnages, l’ambiance, les dessins, tout est maîtrisé et captivant. Le seul regret que l’on peut avoir, c’est sur la suite de la série. Les numéros américains sortaient à un rythme mensuel, mais les deux derniers ont mis un an à sortir. Pour le moment, aucune suite n’est annoncée par Image, mais il faut être confiant. Ellis a rencontré certains problèmes de santé, et il a un emploi du temps assez chargé avec ses séries, et notamment la reprise de WildStorm. Donc la suite de Trees est probable, il suffit juste d’être patient !

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

Le pitch
Les thèmes
L’ambiance
Les personnages

LES POINTS FAIBLES

La suite qui va se faire attendre

 

4.5

Excellent !

Conclusion

Un gros coup de cœur que cette série intelligente, captivante et très bien mise en image.