Cette année 2015,
Urban Comics a décidé de développer assez agressivement son catalogue indé, c’est-à-dire autre que
DC/
Vertigo. Agressivement, parce que pour installer ces nouvelles séries en France, l’éditeur n’hésite pas à temporairement casser les prix de ses tomes 1. Quelques albums ont déjà eu le droit à cette opération.
Urban a d’ailleurs mis la main sur des séries à fort potentiel, notamment au niveau des auteurs ou des univers développés.
Black Science, scénarisé par
Rick Remender et dessiné par
Matteo Scalera, est attendue par ceux qui apprécie les scénarios du scénariste chez
Marvel, mais aussi ceux qui ont adoré
Fear Agent par exemple (du même auteur). Si le premier tome est disponible en avant-première à Angoulême, il sortira dans les librairies françaises vendredi prochain. Et il sera donc au prix de 10€ au lieu de 15 pendant quelques mois, mais faut-il craquer pour autant ?
L’album s’ouvre sur une préface de James Robinson, qui visiblement, a apprécié la série. A nous de juger si c’est mérité. Le récit débute en tout cas assez abruptement puisqu’on débarque dans le cœur de l’action. Deux personnages fuient de drôles de créatures. On est dans la tête d’un des deux, et l’autre se fait tuer. Dans ces premières pages, deux choses marquent le lecteur. La première, c’est que c’est très confus. On arrive en pleine action, des noms sont cités, et ce n’est vraiment pas clair si on ne sait pas de quoi parle la série, ou si on n’a pas lu le quatrième de couverture. Mais on fait confiance à Rick Remender et on s’accroche. L’autre chose qui frappe, c’est que c’est extrêmement beau. Les dessins de Matteo Scalera sont magnifiques, et les couleurs de Dean White sont merveilleuses.

Par la suite, on en apprend un peu plus. On découvre un peuple poisson qui semble ne pas s’entendre avec le peuple grenouille. Et surtout, on a un premier contact avec l’équipe d’humains qui sont finalement au centre de la série. Une dizaine de personnes et un appareil étrange : le Pilier. Celui-ci permet de voyager entre différentes dimensions, plus précisément ce qu’ils appellent l’oignon, et ses différentes couches qui représente les dimensions. Mais à peine a-t-on ces quelques informations que le groupe se téléporte dans un autre monde, cette fois-ci au milieu d’une guerre entre les Allemands et des Indiens d’Amérique. On touche là un point fort de la série : les dimensions peuvent être très délirantes, et fourmillent d’idées et de designs très intéressants. On a hâte de voir tout ce que les auteurs vont pouvoir inventer au fil de la série.

On pige aussi le principe de l’histoire : le Pilier a été saboté par une personne de l’équipe, et tant qu’ils ne l’auront pas réparé, les protagonistes ne pourront pas rentrer chez eux et seront régulièrement téléportés dans de nouvelles dimensions. L’idée n’est pas nouvelle, on a pu la voir par exemple dans la série Exiles chez Marvel, ou plus simplement dans Code Quantum. Sauf qu’ici, en plus du visuellement inédit, Remender est totalement libre d’insérer les éléments qu’il veut dans son récit, et il le fait. D’ailleurs, le deuxième chapitre de l’histoire apporte un élément très important : des flashbacks d’avant le sabotage. Clairement, le gros défaut du début d’histoire, c’est de proposer principalement de l’action. C’est dynamique, mais ça crie un peu dans tous les sens, et on n’a pas le temps de découvrir plus en profondeur les personnages. L’effet pervers, c’est que lorsqu’ils frôlent la mort, on s’en fiche un peu, vu qu’on n’a pas pris le temps de les connaitre. Les flashbacks vont aider à atténuer cette sensation.

Rick Remender n’est plus un scénariste débutant, on le sait, du coup, on continue. Et heureusement, c’est d’ailleurs là l’intérêt d’avoir un album et non des fascicules, c’est qu’arrivé à un moment, l’auteur s’arrête un peu plus sur les personnages. Et on fait les liens. Ce n’est pas très complexe, mais c’est bien de le savoir. Le héros s’appelle Grant McKay, est chercheur sur le voyage inter-dimensionnel et a une attitude de rebelle. Ses deux enfants, Nathaniel et Pia, font partie du voyage. Rebecca est sa collègue et maitresse, Ward son ami protecteur, Kadir le chef, Chandra l’assistante du chef, et Shawn le nouveau. On comprend mieux les enjeux scénaristiques, et on découvre des pistes que lance de temps en temps le scénariste. Et surtout, on commence à bien apprécier la lecture.

Ce qui fait aussi la richesse de cette histoire, c’est le plaisir que semble prendre les auteurs à créer des mondes. Les protagonistes passent parfois moins d’un chapitre dans une dimension, mais elle reste tout de même travaillée, que soit visuellement ou non. D’ailleurs, visuellement, c’est toujours aussi splendide. Le trait de Matteo Scalera sied autant dans le dynamisme des phases d’action, que dans la contemplation de certains environnements. Ajoutez à ça la couleur magnifique de Dean White, qui donne un aspect peinture, sans forcément diminuer le dynamisme ou la lisibilité des dessins, et vous obtiendrait une partie graphique qui vaut clairement le détour. On retrouve parfois ses yeux de gamin, un peu comme quand on a découvert Star Wars pour la première fois par exemple. Et on est très content d’avoir un sketchbook à la fin de l’album, ainsi que des couvertures alternatives.

Il y aurait probablement d’autres choses à ajouter, des petites choses qu’on trouve un peu faciles, d’autres très bien fichues. Le point positif, c’est qu’on ressent le plaisir des auteurs, et on sent qu’ils s’amusent à exploiter les différentes dimensions. Une petite mythologie se met petit à petit en place, et quelques réflexions intéressantes sont amenées. On est aussi très curieux de savoir comment la série va tenir sur la durée, car l’histoire avance vite, et des personnages sont déjà morts. Mais le titre a de toute façon un certain potentiel, puisque la « Science Noire » est la science interdite dont le héros se sert pour créer sa machine interdimensionnelle. En tout cas, l’album finit sur un rebondissement plutôt inattendu et donne envie de continuer. On y a aussi une postface plutôt sympa de Remender qui nous parle de son addiction à la création de comics.
En Résumé
LES POINT FORTS
- Graphiquement sublime
- Le plaisir de la découverte
- Le prix de lancement
LES POINT FAIBLES
- Confus au début
Conclusion
Le début de l’album est très confus, et on a beaucoup de mal à entrer dans le récit. Mais ensuite, Rick Remender calme le jeu, et ça devient bien plus intéressant. Niveau dessin, Matteo Scalera et Dean White font des merveilles. Les auteurs nous transmettent leur plaisir de découvrir des univers ! Et pour répondre à la question de l’intro : oui.
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