Cette co-création de deux légendes des comics, Kirkman & McFarlane est dessinée par les deux artistes majeurs que sont Greg (Spawn, Batman) Capullo et Ryan (Invincible) Otlley. Une série à redécouvrir en Intégrale.
La vie du prêtre Daniel Kilgore n'a jamais été un modèle de stabilité, et la haine qu'il voue à son frère Kurt n'a pas arrangé les choses. Ennemis, ils sont néanmoins contraints de collaborer par-delà la mort lorsque Kurt, agent secret fraîchement assassiné, revient le hanter... Plongés au coeur d'une sombre conspiration, les deux frères s'unissent et donnent forme à une entité appelée Haunt.

  • Adrien L.
    Adrien L. Staff MDCU

    il y a 3 ans

    Haunt est une série très sympa à lire, pas prise de tête. C'est plutôt bien écrit, et graphiquement bon. Même si l'histoire est parfois un peu décousue, elle a le mérite de ne pas trop s'étendre.

La série Haunt revient sur le devant de la scène chez Delcourt le temps d’une intégrale. Elle avait débuté fin 2009 aux Etats-Unis avec une belle promesse : la collaboration entre les équipes de Spawn et d’Invincible. En effet, il s’agit d’une création de Todd McFarlane, papa de Spawn, et de Robert Kirkman, celui d’Invincible, mais aussi Walking Dead notamment. Aux dessins, Greg Capullo faisait son grand retour après son passage remarqué sur Spawn, et il était accompagné de Ryan Ottley, le dessinateur d’Invincible.

Si l’équipe de choc tient la route, elle ne garantit pas une série de qualité. Haunt a tout de même un bon postulat de base. Elle nous raconte l’histoire de deux frères : l’un est un soldat travaillant pour une agence secrète, le second est un prêtre. Lorsque Kurt, le premier, meurt en mission, Daniel, le second, va voir son fantôme. Le plus intéressant arrive lorsqu’ils vont "fusionner", et former l’entité Haunt. La patte McFarlane se voit assez rapidement dans les idées, notamment le personnage de Kurt, un tueur violent qui peut rappeler Al Simmons dans Spawn, mais aussi le rapport avec la religion pour Daniel. Entre les frères Kilgore se trouve une femme, que Daniel aime, mais que Kurt a épousé. Les histoires d’amour des protagonistes a une part non négligeable dans leurs caractères, encore un point qui rappelle Spawn.

Toute une toile scénaristique va être développée, avec des ennemis plutôt charismatiques. Le débit du récit est fluide, et on reconnaît le talent de Kirkman pour raconter des histoires. Avec son postulat, le scénariste peut se permettre de partir dans l’action débridée. Le personnage de Haunt, que l’on voit sur la couverture, rappelle fortement Spider-Man, dans son costume, mais aussi dans son attitude. En effet, en plus d’avoir une souplesse à toute épreuve, il peut lancer des protubérances pour s’accrocher aux murs, et peut adhérer aux parois avec ses mains et ses pieds. Cependant, il s’agit d’un Spider-Man ultra-violent, puisqu’il a aussi des griffes, et finit souvent ses combats dans un bain de sang.

Haunt est finalement dans la lignée des séries des débuts d’Image, dans les années 90. Un scénario qui tient à peu près la route, mais qui permet surtout d’offrir beaucoup d’action et de violence (et des femmes sexy…). Il ne faut pas d’attendre à un récit profond, même si c’est efficace. La force se situe aussi au niveau du dessin. Le début de l’album est assez perturbant puisque Capullo fait les croquis, et Ottley dessine. Du coup, le dessin est un mélange hybride entre les styles très particuliers des deux auteurs, mais il fonctionne plutôt bien. L’encrage est de plus en partie gérée par McFarlane. La BD oscille finalement entre trois styles, ce qui plutôt amusant pour ceux qui connaissent bien les dessinateurs. Ottley va en revanche quitter assez rapidement le navire, laissant Capullo seul. Malheureusement, ce n’est pas le Capullo de Batman, et si certaines de ses planches sont superbes, il y en aussi des très bâclées.

La difficulté de tenir la série se fait donc un peu sentir par moment, notamment au niveau des dessins. Le succès de la série a eu aussi du mal à suivre, ce qui nous amène à la conclusion. Cette "intégrale" contient, comme le dit Delcourt, "tous les épisodes par leurs créateurs", donc 18 numéros sur les 28 de la série. Du coup, l’album laisse des éléments en suspens. Cependant, ce choix est finalement logique, puisque la suite de la série change totalement d’équipe artistique, et part dans une autre direction. Ce sont les tomes 4 et 5 de la série déjà publiés chez Delcourt avant cette intégrale qui ne contient donc que les tomes 1 à 3. D’ailleurs, l’éditeur atténue cette non-fin en supprimant deux dernières planches du n°18, lançant un ultime rebondissement. Malheureusement, il s’agit aussi d’un travers des séries de McFarlane qui ne savent pas trop où elles vont, qui lancent des pistes, mais qui ne concluent jamais vraiment tout, car même en lisant la suite, il reste beaucoup de questions.

La série Haunt ne se terminera donc jamais vraiment, et le personnage sera intégré à la série Spawn. Notre intégrale est un moyen de passer un très bon moment de lecture, bourrée d’action, et parfois graphiquement très inspirée. Elle contient en conclusion une belle galerie de couvertures, et un carnet de croquis nous détaillant le processus de création. Un bel ouvrage si vous aimez ce genre d’histoire qui complétera à merveille votre collection d’intégrales de Spawn du même format.

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

- La trame scénaristique de base
- Un style particulier de comics
- L'action
- Parfois de superbes planches

LES POINTS FAIBLES

- Dessins irréguliers
- Pas de vraie fin
- Des thèmes déjà vus

 

3.5

Spawn-like

Conclusion

Une histoire plutôt convaincante, et des dessins irréguliers mais réussis, cette intégrale est un bon moyen de découvrir l”histoire incomplète de Haunt.